Selon le sociologue Didier Lapeyronnie, si la caractérisation de nos banlieues françaises en termes de « ghettos » est à distinguer de l’acception américaine, l’utilisation de cette terminologie est loin d’être abusive. Certes, ils ne sont pas exclus et campent aux marges de la société, mais leur réalité sociale s’organise autour de questions névralgiques telles que la disparition de l’expérience collective du travail ouvrier, la transmission de valeurs communautaires, des valeurs guerrières, l’exaltation de la virilité ou l’obsession de la réputation. Il y a vingt ans, Lapeyronnie analysait l’expérience des jeunes adultes issus de ces quartiers en co-signant La galère avec François Dubet. Dans Ghetto urbain, il décortique un univers qui a vu l’exclusion s’accroitre et la rage s’installer, un contre-monde qui s’efforce de résister au racisme, à la pauvreté et à l’isolement.
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