François Hollande face aux Français

 

Après un premier trimestre calamiteux pour l’exécutif (démission de Christiane Taubira, remaniement incompris, abandon de la révision constitutionnelle, contestation autour de la réforme du Code du travail, etc.), les dernières enquêtes d’opinion témoignent d’un net durcissement du regard, pourtant déjà sévère, porté par les Français sur l’action de François Hollande comme président de la République. En l’espace de quelques semaines, le peu de terrain regagné en 2015 a été perdu, ramenant le chef de l’Etat à ses plus mauvais niveaux de l’automne 2014.

Avec seulement 13% des Français (Elabe / BFMTV) qualifiant son bilan de « positif », en baisse de 6 points par rapport à il y a un an, François Hollande atteint désormais un niveau plancher compromettant sérieusement ses chances de réélection en 2017. Certes François Hollande n’est pas dépourvu de qualités du point de vue des sondés, en particulier parmi les sympathisants de gauche. L’homme est fréquemment jugé sympathique et honnête, voire à la hauteur des événements lorsque ces derniers atteignent des degrés de gravité exceptionnels. Mais les jugements portés sur son action pèsent autrement plus lourd, comme balayant tout sur leur passage. Y compris à gauche, une large majorité s’accorde pour pointer son manque de dynamisme, douter de sa capacité à réformer le pays, et surtout constater l’absence de résultats.

François Hollande pourra se consoler en relevant qu’une majorité (65%) estime que Nicolas Sarkozy n’aurait pas fait mieux s’il avait été réélu président de la République en 2012. Il n’empêche, le tableau est aujourd’hui nettement plus sombre pour le Président en exercice qu’il ne l’a jamais été pour son prédécesseur lorsqu’il était en fonction. Ainsi en avril 2011 après quatre ans de mandat, Nicolas Sarkozy était encore crédité d’une cote de confiance de 31%, soit 13 points de plus que celle mesurée pour François Hollande cinq ans plus tard. En janvier 2012, 30% des Français jugeaient « positif » le bilan du Président sortant (Opinion Way / Le Nouvel Observateur), soit 17 points de plus que pour François Hollande aujourd’hui. Encore plus inquiétant pour François Hollande, 69% des sympathisants de gauche jugent son bilan négatif alors que 77% des sympathisants de droite jugeaient positivement celui de Nicolas Sarkozy à la fin de son mandat !

De tel résultats illustrent la situation de grande fragilité politique à laquelle se trouve aujourd’hui confronté François Hollande, et ce jusqu’au sein de son camp. « On ne gagne pas une élection présidentielle sur un bilan » affirmait récemment Manuel Valls. Parions toutefois que la perception d’un bon bilan y contribue, ne serait-ce que pour légitimer une candidature à un second mandat.

 

Yves-Marie CANN