Près d’un an après, la déception l’emporte sur la patience

Près d’un an après son élection, 44% des Français jugent l’action d’Emmanuel Macron décevante, 36% estiment qu’il est trop tôt pour se prononcer

Après l’interview du chef de l’Etat dans le JT de TF1, et avant celle qui sera réalisée par BFMTV et Mediapart, 44% des Français expriment de la déception concernant l’action d’Emmanuel Macron. 36% estiment qu’il est encore trop tôt pour se prononcer, et 20% jugent son action satisfaisante.

Depuis le début du quinquennat, la proportion de Français satisfaits est relativement stable et a oscillé entre 12% et 20% (hormis en septembre 2017, à 7%). En revanche, si seulement 21% des Français se disaient déçus deux mois après l’élection, ce taux a fortement progressé jusqu’en octobre (44%), pour se stabiliser ensuite.

S’ils étaient près de deux tiers (64%) deux mois après son élection à estimer qu’il est trop tôt pour se prononcer, cette proportion a été quasiment réduite de moitié.

Près d’un an après son élection, les cadres se montrent plus positifs : 30%  la jugent satisfaisante, 38% décevante et 32% estiment qu’il est trop tôt pour se prononcer.

Les catégories populaire sont plus nombreuses à juger son action décevante (51%). Les retraités sont plus nombreux que la moyenne à trouver qu’il est encore trop tôt pour juger l’action d’Emmanuel Macron (41% contre 36%). Enfin, parmi les habitants des communes rurales et des communes de moins de 20 000 habitants, la déception est sensiblement plus élevée que la moyenne (49%).

La lecture politique fait apparaitre des clivages très nets:

  • Une majorité des électeurs de Marine Le Pen (66%), de Jean-Luc Mélenchon (65%) et dans une moindre mesure de Benoît Hamon (54%) jugent son action décevante. Hormis lors des deux premiers mois, ces électorats ont toujours être majoritairement déçu par l’action d’Emmanuel Macron.
  • Une majorité relative des électeurs de François Fillon estiment qu’il est trop tôt pour se prononcer (40%) et plus d’un tiers expriment de la déception (35%). Alors que la proportion de personnes satisfaites stagnait autour de 15% jusqu’au mois de décembre, elle a connu une hausse dès janvier pour atteindre 25% aujourd’hui.
  • Enfin, si les électeurs d’Emmanuel Macron déclarent majoritairement être satisfaits (48%), 35% estiment qu’il est encore trop tôt pour ne prononcer et 17%

        expriment de la déception. S’ils étaient un tiers à se déclarer satisfaits au début de son élection, ce taux a nettement progressé entre novembre et décembre et s’est stabilisé autour de 50%. 

Une politique menée plutôt en faveur des plus aisés pour deux tiers des Français

67% des Français considèrent que la politique menée par Emmanuel Macron et le gouvernement est plutôt en faveur des plus aisés, 20% qu’elle est en faveur de toutes les catégorie de population. 6% estiment qu’elle est plutôt en faveur des classes moyennes et des classes les plus aisées.

Ce sentiment d’une politique dirigée avant tout vers les classes les plus aisées est relativement homogène : en effet, ce taux atteint 67% auprès des cadres, 66% auprès des classes moyennes et 71% auprès des classes populaires.

D’un point de vue politique, une très large majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, de Benoît Hamon et de Marine le Pen ainsi que les abstentionnistes de la dernière élection présidentielle considèrent que la politique menée est plutôt en faveur des plus aisés (respectivement 84%, 81%, 82% et 71%).

Les électeurs de François Fillon partagent également en majorité ce constat mais sont plus nuancés : 54% estiment que la politique menée est plutôt en faveur des plus aisés, 32% qu’elle est en faveur de toutes les catégories.

Enfin, les électeurs d’Emmanuel Macron sont partagés : une majorité relative (46%) considère que la politique menée est plutôt en faveur des populations les plus aisées et 41% qu’elle est en faveur de toutes les catégories de population.

Volonté de réformer (35%) et détermination (32%) sont les premières qualités d’Emmanuel Macron selon les Français.

Mais 36% des Français ne trouvent rien de positif chez Emmanuel Macron.

Invités à choisir parmi une liste de neuf qualités que l’on entend dans le débat public à l’égard d’Emmanuel Macron, 35% citent sa volonté de réformer et 32% sa détermination. Viennent ensuite sa façon de représenter la France à l’étranger (18%), sa jeunesse (17%), le fait qu’il tienne ses promesses (16%), sa capacité à renouveler la politique (11%) et sa façon d’incarner la fonction présidentielle (10%).

Enfin, moins de 10% des Français citent sa vision pour la France (7%) et l’orientation globale de sa politique (5%).

Enfin, les Français sont 36% à déclarer ne rien trouver de positif concernant Emmanuel Macron.

Les électorats les plus négatifs à l’égard du Président de la République sont ceux de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon : ils sont 59% à affirmer ne rien trouver de positif chez Emmanuel Macron. Respectivement 29% et 27% des électeurs de François Fillon et de Benoît Hamon partagent également ce constat.

A noter que chez les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron, sa volonté de réformer (respectivement 52% et 66%) et sa détermination (36% et 53%) sont nettement plus citées que la moyenne. 

Une politique en faveur des plus aisés (44%), un manque d’écoute (32%) et une déconnexion des réalités quotidiennes (31%) sont les principales critiques envers Emmanuel Macron.

Invités cette fois-ci à choisir parmi une liste de neuf critiques, les Français citent d’abord sa politique en faveur des plus aisés (44%), son manque d’écoute des Français (31%) et sa déconnexion des réalités quotidiennes (32%). Viennent ensuite son arrogance (30%), son autoritarisme (21%), le fait qu’il décide seul (19%) et l’orientation globale de sa politique (12%). Enfin, moins de 10% des Français citent le fait qu’il ne tienne pas ses promesses (7%), son excès de communication (6%).

14% des Français ne lui trouvent rien de négatif.

Critique la plus largement partagée, sa politique en faveur des plus aisés est d’autant plus citée chez les personnes âgées de 50 à 64 ans (49%), chez les habitants de communes rurales (51%) et chez les électeurs de Benoît Hamon (56%) et de Jean-Luc Mélenchon (60%).

Ses propres électeurs déprécient avant tout sa politique en faveur des plus aisés (39%), son autoritarisme (25%) et son manque d’écoute des Français (23%). A noter que 27% d’entre eux ne lui trouvent rien de négatif.

La hausse de la CSG et la suppression de la taxe d’habitation sont les réformes qui ont le plus marqué les Français

Invités à choisir les mesures ou réformes (3 réponses possibles parmi 11 propositions) qui les ont le plus marqué depuis le début du quinquennat, 44% des Français citent la hausse de la CSG (dont 24% l’ont cité en premier). Cette réforme est celle jugée la plus négative (84%). Deuxième réforme la plus marquante, 38% citent la suppression de la taxe d’habitation (une réforme largement jugée positive, à 72%).

33% des Français citent la réforme du code du travail, 31% la réduction de la vitesse à 80km/h. Si la première partage l’opinion publique (47% positif et 52% négatif), la réduction de limitation de vitesse fait l’objet de nombreuses critiques (76%).

Viennent ensuite la réforme de la SNCF, citée par 29% (réforme jugée positivement par 59% des Français et négativement par 40%), puis la réforme sur le remplacement de l’ISF par l’IFI (15%) . Cette dernière est jugée négativement par 66%.

La limitation du nombre d’élèves par classe de CP et de CE1 dans les secteurs les plus défavorisés (14%) semble avoir nettement moins marquée les Français, mais est la mesure jugée la plus positive (80%, dont 30% très positive).

13% citent la loi de la moralisation de la vie politique (69% la jugent positivement), 12% la réforme de la formation professionnelle (64% la juge positivement), 12% la réforme du baccalauréat (jugée positivement par 55%) et 10% la loi sur l’asile et l’immigration (jugée négativement par 53%).

Dans le détail, quelques mesures présentent des spécificités et sont plus souvent mentionnées par certaines catégories de population :

La hausse de la CSG est davantage citée auprès des retraités (63%, première mesure citée). A noter que 88% des retraités la jugent négative ;

– La réforme du code du travail est davantage citée par les cadres (43%), qui sont partagés : 52% la juge positive et 48% négative ;

– La réduction de la vitesse à 80 km/h est davantage mentionnée par les habitants de communes rurales (43%), qui la jugent largement négative (86%) ;

– La réforme du bac est nettement plus citée auprès des personnes âgées de 18 à 24 ans (35%), qui la jugent plutôt négativement (57%).

D’un point de vue politique :

– La CSG est la première mesure citée par les électeurs de François Fillon (55%), de Marine Le Pen (53%), de Jean-Luc Mélenchon  (50%) et de Benoît Hamon (46%). Cette réforme est très largement jugée négative par tous les électorats (score allant de 71% à 90%), y compris les électeurs d’Emmanuel Macron (71%).

La réforme de la SNCF est la deuxième réforme ayant le plus marqué les électeurs de François Fillon (34%), jugée positivement par 76% d’entre eux.

La réduction de la vitesse à 80km/h est citée par 49% des électeurs de Marine Le Pen (deuxième réforme la plus citée), elle est très largement jugée négativement (91%).

– La réforme du code du travail est citée en deuxième par les électeurs de Benoît Hamon (44%) et de Jean-Luc Mélenchon (41%). Les électeurs de Benoit Hamon sont 62% à la juger négativement, tout comme 80% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon

–  La taxe d‘habitation est citée par 38% des électeurs d’Emmanuel Macron (deuxième réforme la plus citée), qui la jugent largement positive (86%).

Télécharger ici : Les Français et Emmanuel Macron / Sondage ELABE pour BFMTV

Crédits image : Wikipédia / Gouvernement français