Coronavirus (vague 8) : les Français restent fortement inquiets, mais leur moral s’améliore

Après deux semaines de baisse, la confiance accordée à l’exécutif pour gérer la crise se stabilise, à 43% (+2)

Après une chute de 18 points entre le 13 et le 31 mars, la confiance accordée à l’exécutif pour lutter efficacement contre l’épidémie du Coronavirus entame un léger rebond (+2 points). 43% des Français font aujourd’hui plutôt (34%, +3) ou tout à fait confiance (9%, -1) à Emmanuel Macron et au gouvernement d’Edouard Philippe pour lutter efficacement contre le Coronavirus. A l’inverse, 56% (-2) des Français ne font pas vraiment (33%) ou pas du tout (23%) confiance à l’exécutif dans la gestion de cette crise. L’exécutif enregistre un regain de confiance auprès des populations qui expriment habituellement le plus fortement leur méfiance : auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (29%, +10) et de Marine Le Pen (24%, +6). Il enregistre à l’inverse un léger recul auprès des électeurs de Benoît Hamon (33%, -7), d’Emmanuel Macron (74% -4) et de François Fillon (55%, -4). En termes d’âge, la confiance recule auprès des 18-24 ans (50%, -4) maisse renforce auprès des Français âgés entre 25 et 64 ans (+3 et +4 selon la classe d’âge).

Alors que la France guette le pic de l’épidémie, l’inquiétude vis-à-vis du Coronavirus reste très élevée mais recule

8 Français sur 10 (81%) se disent aujourd’hui inquiets de la propagation du Coronavirus en France, une proportion en baisse de 6 points depuis une semaine. La part de Français très inquiets de cette propagation est en très forte baisse cette semaine (24%, – 13 points). A l’inverse, 19% affirment ne pas vraiment (17%) ou pas du tout (2%) être inquiets.

Si ce recul de l’inquiétude se vérifie auprès de l’ensemble des classes d’âge, il est plus marqué auprès des 18-24 ans (62%, -10 points). Notons néanmoins que parmi les plus de 35 ans, plus de 8 sur 10 se disent encore inquiets de cette propagation. La proportion de personnes très inquiète est plus nettement en recul auprès des Français âgés de plus de 50 ans (16%), auprès des habitants de province (15%) et notamment dans les communes rurales (21%).

Moins inquiets, plus sereins et plus occupés, les Français ont meilleur moral

Après une semaine passée marquée par un recul de l’optimisme, le moral des Français s’améliore. Invités à l’évaluer sur une échelle allant de 0 à 10 (0=très mauvais ; 10=très bon), les Français accordent en moyenne une note de 6.3/10, sensiblement supérieure à la semaine précédente (+0.6 point).

Dans le détail, 4% (-3) des Français évaluent leur moral comme très mauvais (note 0 à 2), 13% (-4) comme plutôt mauvais (note 3 à 4), 16% (-3) comme moyen (note 5), 38% (+1) comme plutôt bon (note 6 à 7) et 29% (+10) comme très bon (note 8 à 10).

Le moral s’améliore notamment chez les femmes (28% note 8-10, +13 points), chez les personnes de plus de 30 ans (entre +9 et +10), populations les plus pessimistes la semaine dernière. Politiquement, ce sont les électeurs d’Emmanuel Macron (note moyenne à 6.7/10) et de François Fillon (6.6/10) qui affichent un meilleur moral.

Si l’état d’esprit des Français reste prédominé par des sentiments négatifs, au premier rang desquels l’inquiétude, il laisse peu à peu la place à des considérations plus positives. Plus précisément, pour décrire leur état d’esprit actuel, 52% (-14) des Français citent en premier un sentiment négatif – l’inquiétude est citée par 49% des Français (-8), dont 24% en 1er –, tandis que 31% (+6) citent, aujourd’hui, d’abord un sentiment positif : la sérénité est celui qui progresse le plus (25%, +8, dont 11% en 1er). Ils sont par ailleurs 27% à décrire un état d’esprit ambivalent, citant à la fois un sentiment positif et un sentiment négatif.

Notons également que si 23% des Français affirment s’ennuyer (=), 36% d’entre eux se disent occupés (+4) pendant cette période de confinement.

La perspective d’un déconfinement s’éloigne mais les Français se sentent capables de résister dans la durée

Alors que le Gouvernement prépare l’opinion à une sortie de confinement progressive et différenciée, seuls 3% des Français pensent que le confinement s’arrêtera au 15 avril (-3). A l’inverse, 26% (-5) pronostiquent une fin au 30 avril, 71% (+9) au-delà : 35% (+6) des Français anticipent même une fin du confinement au-delà du 15 mai. Les employés sont plus nombreux que les autres à prévoir un confinement qui irait au-delà du 15 mai (42% contre 36% au sein des cadres et 31% au sein des professions intermédiaires et 30% au sein des ouvriers). C’est également le cas des habitants de la région parisienne (41% contre 33% pour la province).

Après plus 3 semaines de confinement, le Français se sentent capables de rester confinés dans la durée. Seuls 11% (-4) d’entre eux se sentent capables de tenir que jusqu’au 15 avril, 31% (+2) jusqu’au 30 avril et 58% (+3) au-delà ; une majorité relative, 38% (+3), se sent même capable de tenir au-delà du 15 mai. Ce sont néanmoins les personnes âgées de plus de 65 ans, population qui sera sans doute amenée à endurer un confinement plus long, qui se sentent le moins capables de rester confinées au-delà du 15 mai (35%, à égalité avec les 25-34 ans).

92% des Français affirment être moins ou autant sortis récemment qu’au début du confinement. Les jeunes et les franciliens sont néanmoins plus sortis que les autres 

Plus précisément, 47% des Français affirment être moins sortis de leur domicile durant ces derniers jours que pendant les premiers jours du confinement et 45% affirment ne pas avoir changé de comportement. « Seuls » 8% affirment être davantage sortis de leur domicile.

Ce sont les 18-24 ans (14%), les 25-34 ans (11%) et les habitants de l’agglomération parisienne (11%) qui sont les plus nombreux à reconnaitre leurs sorties récentes.

86% des Français se disent inquiets des conséquences d’un relâchement du confinement

Alors que plusieurs professionnels de santé ont constaté « qu’il y avait trop de monde à l’extérieur et que les mesures de confinement étaient moins respectées », 86% des Français se disent inquiets car relâcher le confinement risquerait d’aggraver la propagation du coronavirus. A l’inverse, 14% estiment que cela est compréhensible car la population est en confinement depuis 3 semaines.

La corrélation entre le fait d’être davantage sortis récemment et le fait de se sentir compréhensif ne se vérifie pas systématiquement. En termes d’âge, ce sont les 50-64 ans qui se disent le plus inquiets (90%), tandis que les  moins de 50 ans sont plus compréhensifs (entre 15 et 18% compréhensifs). Les habitants de l’agglomération parisienne sont légèrement plus compréhensifs que les autres (17%). Politiquement les électeurs d’Emmanuel Macron (90%), de Benoit Hamon (89%) et de François Fillon (93%) sont plus nombreux à partager leur inquiétude, tandis que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (16%) et de Marine Le Pen (18%) se montrent plus compréhensifs.

Favorables au port du masque, les Français regrettent la réaction trop tardive des autorités sanitaires. Les moyens alternatifs de s’en procurer se diffusent

6 Français sur 10 (59%) estiment que l’ensemble de la population devrait porter des masques de protection, dès maintenant. 2 sur 10 estiment qu’elle devrait en porter à partir de la fin du confinement. Enfin, 2 sur 10 (21%) estiment à l’inverse que le port de masques n’est pas nécessaire pour l’ensemble de la population, il ne doit concerner que les personnels soignants.

En termes d’âge, une rupture existe entre les 18-24 ans, qui sont plus nombreux à privilégier le port du masques pour le personnel soignant uniquement (41%), et les plus de 25 ans, qui sont 6 sur 10 à privilégier le port du masques pour tous (contre seulement 35% des 18-24 ans). Par ailleurs, les femmes (63%), les électeurs de Marine Le Pen (69%) et de Benoît Hamon (68%) sont également plus nombreux à préférer le port de masques par l’ensemble de la population.

Deux tiers (68%) des Français considèrent que l’encouragement à porter le masque par les autorités sanitaires a été trop tardif et qu’il démontre une mauvaise gestion de la crise concernant les masques. A l’inverse, un tiers (32%) considèrent que ce changement de doctrine est compréhensible car les recommandations évoluent en même temps que la connaissance du virus.

Si l’ensemble de la population considère majoritairement ce changement trop tardif, cette question active néanmoins un clivage social et politique : 75% des catégories populaires estiment que cet encouragement a été trop tardif contre 67% des professions intermédiaires et 61% des cadres. Les électeurs de Marine Le Pen (79%), de Jean-Luc Mélenchon (77%), de Benoît Hamon (73%) et dans un moindre mesure de François Fillon (62%) considèrent majoritairement que ce changement démontre la mauvaise gestion de la crise tandis que les électeurs d’Emmanuel Macron sont très partagés (51% tardif, 49% compréhensible)

Masques : 43% des Français ont essayé de s’en procurer et 25% d’en fabriquer eux-mêmes.

Alors que les masques homologués sont réservés à certaines catégories de population, 43% des Français affirment avoir essayer de s’en procurer et 25% de s’en fabriquer soi-même. Pour avoir des masques, toutes les populations n’ont pas adopté les mêmes moyens : les 25-34 ans (50%) sont plus nombreux à avoir essayer de s’en procurer tandis que les plus de 65 ans sont plus nombreux à s’en fabriquer (37%). Si les habitants de l’agglomération parisienne, territoire le plus dense de France, sont une majorité à avoir essayé de s’en procurer (54%), ils ne privilégient pas la fabrication (24%). Politiquement, les électeurs de Marine Le Pen se distinguent par leur forte propension à tenter de s’en procurer (53%).

 

Téléchargez le rapport d’études ici : Les Français face au coronavirus (vague 8) – Sondage ELABE « L’Opinion en direct » pour BFMTV

 

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