Baromètre de la perception du chômage et de l’emploi – 4ème volet

Dans le cadre de la quatrième édition du Baromètre de la perception du chômage et de l’emploi, l’institut Elabe a analysé pour l’Unédic le regard des Français sur la situation de l’emploi, et leurs représentations du chômage. Les trois volets précédents du Baromètre avaient été réalisés respectivement en mars 2020 (avant la crise Covid-19), juillet 2020 et septembre 2021.

LA PERCEPTION D’UNE AMÉLIORATION DE LA SITUATION DE L’EMPLOI POURSUIT SA PROGRESSION

Le premier enseignement de cette édition du Baromètre est la poursuite de la hausse, entamée en juillet 2020, du sentiment d’amélioration de la situation de l’emploi en France (16 %, +5 pts1, +12 pts/juil. 2020), même s’il faut noter qu’une majorité (51 %) considère toujours qu’elle se dégrade.

Pour eux-mêmes, les actifs en emploi redoutent moins de connaître une période de chômage dans les deux prochaines années (63 % estiment que la probabilité est faible, +6 pts) et les demandeurs d’emploi sont plus confiants sur leur retour en emploi (40 % probabilité forte, +5 pts).

En conséquence, l’optimisme pour son avenir professionnel se consolide tant chez les actifs en emploi (67 %, dont 16 % +4 pts très optimiste) que chez les demandeurs d’emploi (63 %, +3 pts).

LE REGARD DE L’OPINION PUBLIQUE SUR LES DEMANDEURS D’EMPLOI SE DURCIT

Si le chômage est toujours, aux yeux des Français, avant tout causé par les évolutions de la société (59 %, -6 pts), la responsabilité prêtée aux chômeurs eux-mêmes est en forte hausse (50 %, +7 pts) et dépasse celle des entreprises (45 %, -2 pts).

La perception de demandeurs d’emploi « victimes » d’une situation subie demeure majoritaire mais recule. Pour 72 % (-3 pts) des Français, le chômage est une situation davantage subie que choisie et pour 63 % (-3 pts), il est une fatalité, un coup du sort.

En parallèle, le « soupçon » à l’égard des demandeurs d’emploi progresse. Une majorité de Français estime que si les demandeurs d’emploi rencontrent des difficultés à trouver du travail, c’est parce qu’ils ne font pas de concession dans leur recherche d’emploi (60 %) et qu’ils ne veulent pas risquer de perdre leur allocation chômage (57 %, +2 pts). En définitive, 49 % affirment que la plupart des chômeurs ne cherche pas vraiment à retrouver un emploi.

LES DEMANDEURS D’EMPLOI PERÇOIVENT LE DURCISSEMENT DE L’OPINION ET EN SOUFFRENT

Plus d’1 demandeur d’emploi sur 2 perçoit ce regard critique : invités à décrire spontanément ce que, d’après eux, les Français pensent des chômeurs, plus de la moitié (52 %, +7 pts) cite un terme péjoratif (fainéant, profiteur, assisté, fraudeur, etc.). Cet item a progressé de 13 points depuis le premier volet du Baromètre en mars 2020.

Le regard négatif de l’opinion est ressenti par les demandeurs d’emploi : 25 % d’entre eux entendent d’autrui qu’ils sont des assistés, 22 % des paresseux et 23 % se sentent même méprisés au quotidien.

Ils font l’expérience régulière de l’inquisition et du soupçon : 47 % déclarent être questionnés avec insistance sur leur recherche d’emploi et 43 % ne sont pas crus lorsqu’ils affirment rechercher activement un emploi.
Les demandeurs d’emploi réfutent l’image que leur renvoie la société.

UN SYSTEME D’ASSURANCE CHOMAGE JUGE INDISPENSABLE MAIS DONT LES MODALITES DIVISENT

La conviction que tout le monde peut connaître une période de chômage au cours de sa carrière reste fortement présente (95 %, dont 59 % tout à fait d’accord). Le système d’Assurance chômage est donc toujours considéré comme un droit utile et un bouclier pour protéger contre les évolutions de la société. Néanmoins, l’attachement au modèle français d’Assurance chômage se dégrade (59 % des Français se disent attachés à l’Assurance chômage, -4 pts) et ses modalités clivent toujours l’opinion.

L’opinion des Français reste fondée sur une connaissance partielle de la réalité des allocations chômage et des réalités du chômage, avec notamment une surestimation du taux de chômage en France estimé en moyenne à 15 %, alors qu‘il se situait à 7,4 % au moment de l’enquête.

LES MÉTIERS DANS 10 ANS : LES FRANÇAIS S’ATTENDENT A DE GRANDS BOULEVERSEMENTS MAIS SONT CONFIANTS POUR LEUR SITUATION PERSONNELLE

Quand ils pensent à l’évolution des métiers dans les 10 prochaines années, les Français imaginent un monde du travail bouleversé où de plus en plus d’actifs alterneront des phases de chômage et des phases d’emploi (81 % probable), mobiliseront les algorithmes et l’intelligence artificielle (80 %), n’exerceront pas un seul métier mais plusieurs simultanément (79 %), travailleront davantage à distance, en télétravail (76 %)…

Dans ce monde bouleversé, les Français anticipent une forte expansion de 2 métiers « d’avenir » : les métiers du soin – 61 % pensent qu’il y aura plus d’emplois d’aides à domicile, et 38 % d’infirmiers, de sage-femmes ou d’aides-soignants – et les métiers dans l’informatique : 56 % estiment qu’il y aura plus d’emplois d’ingénieurs en informatique.

La projection dans un marché de l’emploi bouleversé s’accompagne d’un certain pessimisme : 49 % des Français pensent que la situation de l’emploi dans 10 ans sera moins bonne qu’aujourd’hui, 38 % aussi bonne, 13 % meilleure.

Et, à l’égard des transitions en cours dans notre société, de quelques inquiétudes : 41 % estiment que les évolutions technologiques causeront davantage de destructions que de créations d’emplois (et 38 % autant), une proportion légèrement moindre partage cette crainte concernant le vieillissement de la population (33 % plus de destructions, 36 % autant).
En revanche, les Français sont plus optimistes à l’égard de la transition écologique : 42 % pensent qu’elle génèrera autant de créations que de destructions d’emplois, 26 % plus de créations, 22 % plus de destructions.

7 actifs sur 10 sont convaincus que leur métier sera touché par ces évolutions : 50 % déclarent qu’il va changer mais pas radicalement, 15 % qu’il va changer radicalement, 6 % pensent même qu’il va disparaître.
Mais ils accueillent ces changements avec confiance : 82 % s’estiment capables de s’adapter aux évolutions qui pourraient toucher leur métier dans les 10 prochaines années.

Pour les aider à s’adapter aux évolutions de leur métier, les actifs comptent avant tout sur les organismes de formation professionnelle (34 %) et les entreprises (33 %), devant l’Etat (25 %), les collectivités locales (18 %) et les syndicats de salariés (18 %).

 

 

Vous pouvez télécharger le rapport complet ici et la synthèse des principaux enseignements ici.

 

Retrouvez l’ensemble des résultats et des infographies sur le site de l’Unédic.