Inquiétude, colère, lassitude : une séquence politique qui alimente la défiance
La situation politique actuelle inspire principalement aux Français de l’inquiétude (61% de citations), de la colère (55%) et de la lassitude (48%).
Cette réaction traverse l’ensemble de la population, quel que soit l’électorat.
Ces trois sentiments prennent largement le dessus sur le désintérêt, cité par seulement 12% des Français. 9% trouve la situation intéressante et 5% se disent confiants.
Qui à Matignon demain ? La tentation d’un Premier ministre apolitique. En 2nd choix, une légère avance pour la gauche.
41% des Français souhaitent que le Premier ministre du prochain gouvernement n’appartienne à aucun parti politique (société civile ou monde de l’entreprise). Si ce souhait est nettement majoritaire parmi les abstentionnistes (60%), il est également émis par 4 électeurs sur 10 de LR (42%) et d’Ensemble (43%), ainsi que 26% de ceux du RN et 20% de ceux du NFP.
Plus loin, 23% des Français souhaitent que le prochain Premier ministre soit de gauche (72% parmi les électeurs NFP et 20% chez ceux d’Ensemble), 17% du RN (55% parmi les électeurs du RN), 12% de droite (28% chez les électeurs LR) et 6% du camp présidentiel (19% chez les électeurs Ensemble).
La crainte d’une instabilité qui dure, d’un système bloqué
70% des Français pensent que l’instabilité politique actuelle va durer encore longtemps et que le système est bloqué.
Ce pronostic est majoritairement partagé par tous les électorats, et plus particulièrement par ceux du RN (85%). Les électeurs d’Ensemble se montrent un peu moins pessimistes (58%).
L’opinion exhorte les partis à trouver un compromis pour mettre fin à l’instabilité
76% des Français estiment qu’il ‘est urgent que les partis politiques s’entendent et trouvent un compromis pour stabiliser la situation politique et économique du pays, même s’ils ne sont pas d’accord sur tout. Cette opinion est largement majoritaire parmi tous les électorats, à l’exception des sympathisants LFI qui sont plus partagés (51%).
A l’inverse, 21% pensent que les partis politiques ne doivent pas mettre de côté leurs convictions et le programme pour lequel ils ont été élu, même si cela fait durer l’instabilité politique et économique (44% auprès des sympathisants LFI).
Présence du PS, des Ecologistes et du Parti Communiste à la rencontre à l’Elysée : une démarche jugée constructive
Alors que la France Insoumise a reproché à ses partenaires du NFP de s’être rendus à la rencontre entre partis politiques à l’Elysée, 74% des Français estiment qu’il est normal qu’ils s’y soient rendus, c’est une démarche constructive.
Cette opinion est majoritairement partagée par tous les électorats (77% parmi ceux du NFP), y compris par les sympathisants LFI (64%).
L’exclusion du RN et de LFI, une erreur aux yeux de l’opinion
65% des Français estiment qu’Emmanuel Macron a eu tort de ne pas inviter le RN, 54% pour la France Insoumise.
Les électeurs et sympathisants de chacun de ces partis déplorent très majoritairement cette non-invitation. A l’inverse, les électeurs Ensemble (77% pour l’exclusion de LFI et 66% pour le RN) et LR (68% pour l’exclusion de LFI) soutiennent le choix d’Emmanuel Macron, sauf pour le RN où les électeurs LR sont divisés.
Le principe d’un accord de non-censure entre partis est largement approuvé…
69% des Français soutiennent le principe d’un accord de non-censure, estimant que cela serait raisonnable de se mettre d’accord sur quelques points consensuels pour mettre fin à l’instabilité politique actuelle. Cette opinion est majoritairement partagée par tous les électorats, et plus particulièrement par ceux d’Ensemble (91%), alors que les électeurs NFP (63%) et RN (60%) sont plus partagés.
Au sein du NFP, les sympathisants PS (77%) et écologistes (67%) approuvent assez largement ce principe, alors que ceux de la France Insoumise sont divisés (49% «bonne chose» / 51% «mauvaise chose»).
A l’inverse, 29% des Français jugent que cet accord serait une mauvaise chose, cela mélangerait des forces politiques qui sont trop différentes et serait une trahison à l’égard des électeurs de ces forces politiques.
… mais les Français ne croient pas à la capacité des partis à s’entendre
S’ils approuvent le principe en large majorité, 67% des Français pensent en revanche que ces partis ne parviendront pas à s’entendre pour trouver un accord de «non-censure».
Ce pessimisme est partagé par 80% des électeurs RN, 66% de ceux du NFP et 61% de ceux de LR. Les électeurs Ensemble sont divisés : 51% y croient, 49% n’y croient pas.
Proposition de la gauche de ne pas utiliser le 49-3 s’ils obtiennent Matignon : dans ces conditions, 2 Français sur 3 consentiraient à la nomination d’un Premier ministre de gauche
63% des Français accepteraient la proposition des partis de gauche présents à la rencontre, c’est-à-dire la nomination d’un Premier ministre de gauche à la condition qu’il n’utilise pas l’article 49-3 pour faire adopter un texte de loi sans vote.
Au-delà des électeurs NFP qui approuvent largement cette proposition (81%, dont 74% des sympathisants LFI), 76% des électeurs Ensemble accepteraient cette proposition. Les électeurs LR sont divisés (52% «oui» / 48% «non»), alors qu’une courte majorité des électeurs RN s’y opposerait (55%).
Télécharger le rapport : Les Français et la situation politique française
Crédits image : Wikimédia commons / Richard Ying et Tangui Morlier / Croquant