Plus de 3/4 des Français partagent le constat d’une société de plus en plus violente

Le sentiment d’insécurité reste à un niveau élevé, et diffus dans toute la société

60% des Français déclarent se sentir souvent (17%) ou de temps en temps (43%) inquiets pour leur propre sécurité, et 79% des parents pour celle de leurs enfants (39% souvent, 40% de temps en temps). Sur le temps long, ce sentiment d’insécurité reste élevé, mais recule en tendance (baisse progressive depuis 2020, mesurée à son point le plus haut, 74%).

Ce sentiment de vulnérabilité traverse toutes les catégories de population, quel que soit le genre, l’âge, la classe sociale, le lieu d’habitation (rural/urbain) ou encore la sensibilité politique du répondant.

Cette peur est cependant encore plus importante auprès des femmes (65%, dont 20% souvent) et des classes populaires (66% dont 16% souvent).

Et si elle traverse tous les électorats, elle est encore plus largement ressentie à l’extrême droite de l’échiquier politique (électorat d’Éric Zemmour : 73% ; Marine Le Pen : 72% ; Emmanuel Macron : 49% ; Jean-Luc Mélenchon : 52%).

Le constat largement partagé d’une société de plus en plus violente

Aux yeux de l’opinion publique, la société française vit une réelle augmentation de l’insécurité (77%), rejetant l’hypothèse d’une sur-médiatisation qui déformerait la réalité. Seuls 23% jugent que les médias parlent plus qu’avant de la violence mais sans réelle augmentation de la violence dans la société française.

Si ce sentiment est globalement partagé par l’ensemble des catégories de population, il est moins unanime auprès des cadres (63%) et au sein de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon (58%).

Recul de l’autorité, laxisme de la justice et violence répandue dans la société : un constat partagé par les Français

Mais loin d’être fatalistes, ils considèrent que l’on peut agir contre la hausse de la violence et que la France n’est pas un cas isolé

  • 88% des Français partagent l’idée que le recul de l’autorité est un problème majeur dans la société française. Une opinion largement majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats (ceux de Marine Le Pen, d’Éric Zemmour et les sympathisants LR en sont encore plus convaincus).
  • Ce sentiment d’un recul de l’autorité est notamment nourri du constat d’une justice trop laxiste (85% d’accord). Une opinion à nouveau partagée par toutes les catégories de population et électorats (et de manière encore plus prononcée parmi les électeurs de Marine Le Pen, d’Éric Zemmour et les sympathisants LR).
  • Les Français considèrent majoritairement que la violence se répand dans toute la société, 58% sont en désaccord avec la phrase suivante : « c’est faux de dire que la violence se répand dans toute la société, elle n’est le fait que de quelques-uns ». Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron sont plus partagés et sont une courte majorité à estimer que la violence est le fait de quelques-uns (respectivement 50% et 53% d’accord).
  • Malgré ces constats, 73% réfutent l’idée selon laquelle « la violence est inéluctable, quel que soit les moyens que l’on donne à la police et à la justice, on ne peut rien faire contre la hausse de la violence ». Aucune catégorie de population ne se montre fataliste, le désaccord est majoritaire dans tous les pans de la société et électorats.
  • De plus, 60% considèrent que la France n’est pas un cas isolé et qu’il n’y a ni plus ni moins de violences en France que dans les pays voisins et les pays occidentaux de manière générale, la France n’est pas une exception. Les électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour sont en revanche nettement plus critiques et considèrent en majorité que la France fait exception quant au niveau d’insécurité (respectivement 60% et 77%).

Quelles responsabilités face aux épisodes de violence entre jeunes ? Défaillance des parents et influence des réseaux sociaux/écrans sont pointées du doigt

Aux yeux des Français, les violences entre jeunes qui ont eu lieu ces derniers temps s’expliquent avant tout par le fait que les parents ne jouent pas leur rôle (59% de citations, dont 34% en 1er) et par la violence sur les réseaux sociaux et écrans (43%).

En second plan, 37% évoquent le manque de sévérité de la justice, 26% les trafics de drogue et 16% les difficultés économiques et sociales.

L’hypothèse d’une école qui ne remplirait pas sa mission est rejetée (seulement 7% de citations). Et le renforcement de la présence policière n’apparaît plus aujourd’hui comme une réponse à ce type d’évènements (seuls 7% évoquent le manque de policiers).

A noter que les électorats de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour pointent beaucoup plus le manque de sévérité de la justice (respectivement 53% et 57%) et nettement moins les réseaux sociaux/écrans (30% et 26%). Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon placent en 4ème position les difficultés économiques et sociales (28%). Les réseaux de trafics de drogue sont plus largement cités dans le Sud-Est (33%).

L’interdiction du smartphone au collège : une efficacité qui interroge pour répondre aux violences entre jeunes

Alors que la ministre de l’Education Nationale Nicole Belloubet a évoqué l’hypothèse d’une interdiction du smartphone au collège, 50% estiment que cette mesure pourrait être efficace pour répondre aux problèmes de violence entre jeunes, alors que 50% jugent qu’elle serait inefficace.

L’ensemble des catégories de population sont très partagées (y compris les parents 51% efficace / 49% pas efficace), et la mesure peinent également à convaincre totalement les électeurs d’Emmanuel Macron (61% efficace).


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