Présidentielle 2017 : Les intentions de vote à 7 mois du scrutin / Sondage ELABE pour Les Echos et Radio Classique

Marine Le Pen serait qualifiée pour le second tour dans toutes les hypothèses

Si une enquête d’intentions de vote ne constitue pas un élément de prédiction des résultats le jour du vote et qu’il n’existe à ce jour aucune certitude quant à l’issue de l’élection présidentielle, force est de constater que notre troisième vague d’enquête pour Les Echos et Radio Classique confirme l’un des principaux enseignements des précédentes, à savoir une qualification systématique de la présidente du Front national pour le second tour. Avec des scores de 27% à 28% dans l’hypothèse d’une candidature LR incarnée par Alain Juppé, et des scores oscillant entre 25% et 27% dans l’hypothèse d’une victoire de Nicolas Sarkozy à la primaire, elle arrive en tête des intentions de vote exprimées dans 5 des 8 hypothèses testées.

Dans le détail, Marine Le Pen profite de sa capacité à fédérer sur son nom environ 90% des électeurs ayant déjà voté pour elle au premier tour de la présidentielle de 2012. Et elle parvient à élargir son socle électoral en attirant sur son nom de l’ordre de 15% (hypothèses Sarkozy candidat LR) à 25% (hypothèses Juppé candidat LR) des anciens électeurs de Nicolas Sarkozy.

Alain Juppé seul candidat LR à pouvoir devancer Marine Le Pen en termes d’intentions de vote

Sur les huit hypothèses de premier tour testées, Alain Juppé est le seul candidat LR à devancer Marine Le Pen dans trois hypothèses sur les quatre le concernant, avec un score oscillant entre 26% (hypothèse 3 : François Hollande candidat concurrencé par Emmanuel Macron) et 34% (hypothèse 1 : François Hollande seul candidat de la gauche gouvernementale). Le socle électoral du Maire de Bordeaux s’avère sensiblement supérieur à celui de Nicolas Sarkozy qui oscille quant à lui entre 18% et 23%, du fait de la concurrence de François Bayrou en cas d’élimination d’Alain Juppé à l’issue de la primaire de la droite et du centre.

Ces résultats favorables à Alain Juppé s’expliquent par sa capacité à rassembler sur son nom une majorité d’anciens électeurs de Nicolas Sarkozy et de François Bayrou, ainsi qu’une proportion non négligeable d’anciens électeurs de François Hollande (fréquemment de l’ordre de 25%). Notons toutefois que la présence d’Emmanuel Macron dans le jeu politique s’avère de nature à pénaliser les candidats LR : le Maire de Bordeaux parce que la candidature Macron entraîne une décote de 6 à 8 points du score de Juppé, l’ancien Président de la République parce qu’elle limite à 3 points au maximum l’écart Sarkozy / Macron.

Emmanuel Macron devancerait François Hollande et creuserait l’écart avec Manuel Valls et Arnaud Montebourg

Deuxième personnalité politique préférée des Français dans l’Observatoire politique Elabe pour Les Echos et Radio Classique, Emmanuel Macron s’impose, à ce stade encore très avancé de la campagne et alors que l’offre électorale s’avère très incertaine, face à François Hollande, Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Ainsi, parmi les six hypothèses d’intentions de vote testant l’éventualité d’une candidature Macron en dissidence avec celle de la gauche gouvernementale incarnée par un candidat socialiste, il devance systématiquement ce dernier, quel qu’il soit : 2 points à 2,5 points de plus que François Hollande (hypothèses 3 et 4), 5 à 6 points de plus que Manuel Valls (hypothèses 5 et 6) et 9 points de plus qu’Arnaud Montebourg (hypothèses 7 et 8).

Dans le détail, les individus exprimant une intention de vote en faveur d’Emmanuel Macron se caractérisent par des origines politiques diversifiées, mêlant principalement anciens électeurs de François Hollande, de François Bayrou et de Nicolas Sarkozy au premier tour de la dernière élection présidentielle.

Jean-Luc Mélenchon progresse sensiblement et pourrait profiter des divisions à gauche

Notre enquête témoigne enfin d’une progression non négligeable de Jean-Luc Mélenchon par rapport au début de l’été. Il est ainsi crédité de 14% (+2) à 15% (+4) des intentions de vote exprimées en cas de candidature de François Hollande comme seul représentant de la gauche gouvernementale. Le représentant du Front de gauche fait d’ailleurs jeu égal (15%) avec le chef de l’Etat dans l’hypothèse (H1) avec Alain Juppé comme candidat LR, et devance même François Hollande de 2,5 points (H4) en cas de candidature d’Emmanuel Macron et de Nicolas Sarkozy, le chef de l’Etat étant alors relégué à la 5e place du classement. Cette poussée de Jean-Luc Mélenchon se trouve confirmée dans les autres hypothèses avec des scores comparables aux hypothèses précédentes. Il devance même de plusieurs points Manuel Valls et Arnaud Montebourg, et fait fréquemment jeu égal avec Emmanuel Macron.

Cette dynamique s’explique par au moins deux éléments : sa capacité à fédérer sur son nom une large majorité d’électeurs ayant voté pour lui en 2012 (aux alentours de 80%, sauf en cas de candidature d’Arnaud Montebourg qui mord sur son électorat), et sa capacité à capter une proportion désormais non négligeable d’anciens électeurs de François Hollande, de l’ordre de 15% à 20% selon les hypothèses testées.

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