Pour les Français, le problème actuel du pouvoir d’achat est la résultante de plusieurs causes : niveau des salaires/retraites (en progression en 2 mois), poids des dépenses contraintes et coût de la vie
Pour 54% des Français (2 réponses possibles parmi 5 items, +8 points par rapport au 2 février 2022), le problème du pouvoir d’achat aujourd’hui en France est avant tout causé par le niveau des salaires/des retraites, pour 53% (+2) il est la résultante du poids des dépenses fixes, contraintes comme le logement, les factures d’électricité, l’essence, etc., et pour 45% (-4) du prix des achats du quotidien (alimentation, etc.). Nettement derrière ces 3 raisons, les Français citent le poids des impôts et taxes (28%, -6) et le mode de consommation, la multiplication des occasions de dépenser (nouveaux produits, abonnements, etc.) cité par 16% (+4).
En 2 mois, le niveau des salaires/retraites progresse dans la plupart des catégories de population. Il augmente dans les mêmes proportions tant chez les cadres et professions intermédiaires (52%, +7), au sein des catégories populaires (59%, +7) que chez les retraités (54%, +6).
Les trois raisons en tête (niveau des salaires/retraites, dépenses contraintes, achat du quotidien) sont les plus citées au sein de toutes les catégories de population. Quelques nuances sont toutefois à noter :
- Le niveau des salaires et retraites est particulièrement cité par les catégories populaires (59%, contre 52% cadres et prof. Inter), par les Français qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois (59%, contre 50% fins de mois sans se restreindre) et politiquement par les électeurs de 1er tour à la présidentielle 2022 de Jean-Luc Mélenchon (70%)
- Le prix des achats du quotidien est une raison un peu plus évoquée par les catégories populaires (49%, contre 39% cadres) et politiquement par les électeurs de 1er tour de Marine Le Pen (54%)
- Le poids des impôts et taxes est particulièrement cité par les électeurs de droite (45% E. Zemmour, 38% M. Le Pen, 36% V. Pécresse)
- Enfin, les 18-24 ans (27%) et les cadres (21%) sont plus nombreux à souligner le mode de consommation
Les postes de dépenses qui ont le plus augmenté ces derniers mois pour les Français sont les essentiels du quotidien (se nourrir, se chauffer, se déplacer). En 2 mois, la hausse des prix de l’alimentation et dans une moindre mesure du carburant ont un fort impact
Pour les Français, les postes de dépenses qui ont le plus augmenté ces derniers mois sont l’alimentation (76%, 3 réponses possibles parmi 12 items) en forte progression de 12 points depuis le 2 février 2022, le chauffage (64%, -2) et le déplacement (62%) également en progression mais dans une moindre proportion (+6).
Près d’1 Français sur 4 cite se loger (22%, -4) et près d’1 sur 10 payer les impôts (13%, -3), se soigner (13%, -2), partir en vacances (8%, +1).
Enfin, les autres postes évoqués sont s’habiller (5%, +1), téléphoner/communiquer/internet (4%, =), se divertir (4%, =), et équiper/décorer son logement (3%, =). Seul 1% (=) des Français déclare qu’aucun de ces postes de dépenses n’a augmenté.
En deux mois, la perception d’une hausse des prix de l’alimentation progresse dans toutes les catégories de populations, et de manière particulièrement forte au sein des catégories populaires (80%, +17).
Se nourrir, se chauffer et se déplacer sont les 3 postes de dépenses les plus cités au sein de toutes les catégories de population. Quelques nuances sont toutefois à noter :
- Se nourrir et se chauffer sont davantage cités avec l’âge : respectivement de 54%/38% chez les 18-24 ans jusqu’à 82%/78% chez les 65 ans et +
- Se nourrir est davantage cité par les catégories populaires (80%, contre 72% professions intermédiaires et 64% cadres)
- Se déplacer est davantage évoqué au sein des communes rurales (71%) et petites agglomérations (75%) qu’au sein des moyennes/grandes agglomérations (59%) et surtout que dans l’agglomération parisienne (41%)
- Se loger est un posté particulièrement cité par les habitants de l’agglomération parisienne (35%, contre 25% moyennes/grandes agglomérations et 14% petites agglomérations/communes rurales) et par les locataires (29%, contre 18% des propriétaires)
Plusieurs mesures proposées ces derniers jours par les principaux candidats à la présidentielle sont jugées efficaces pour améliorer le pouvoir d’achat, notamment celles portant sur les retraites et l’énergie
Une nette majorité de Français juge efficaces pour améliorer le pouvoir d’achat les mesures suivantes proposées ces derniers jours par les principales personnalités politiques (Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon) :
- Baisser la TVA de 20% à 5,5% sur les produits énergétiques (carburants, fioul, gaz et électricité) – 82% efficace
- Réindexer les retraites sur l’inflation – 82% des Français jugent cette proposition efficace pour améliorer le pouvoir d’achat, les retraités en sont particulièrement convaincus (95%)
- Relever le montant de la pension minimale de retraite à taux plein à 1 100 € (contre 980 € aujourd’hui) – 81% efficace
- Le maintien du gel des prix du gaz et du plafonnement de la hausse des tarifs de l’électricité, et de la ristourne de 18 centimes à la pompe pour l’essence – 76% efficace
- Obliger les entreprises versant des dividendes à mettre en place un dispositif de partage des profits (via la prime Macron, la participation ou l’intéressement) – 75%
- Bloquer provisoirement les prix des produits de « première nécessité » (énergie, carburant, alimentation) – 74% efficace
- Augmenter le SMIC à 1 400 € net par mois (contre 1 270 actuellement) – 73% efficace, une proposition particulièrement efficace pour les catégories populaires (76%)
- Exonérer de cotisations patronales une hausse des salaires de 10 % (jusqu’à 3 fois le smic) de la part des employeurs – 67% efficace
- Relever à 3 000 € (contre 1 000 € actuellement) le seuil de défiscalisation de la prime de fin d’année versée par les employeurs qui le peuvent (et à 6 000 € contre 2 000 € actuellement pour les entreprises qui ont un accord d’intéressement) – 62% efficace
- Limiter l’écart (de 1 à 20 maximum) entre le salaire le plus bas et le salaire le plus haut dans une entreprise – 61% efficace, 69% chez les électeurs de Mélenchon
- Supprimer la redevance audiovisuelle (actuellement de 138 € par an) – 60% efficace, 71% des catégories populaires partagent cet avis
- Supprimer de la charge des familles les coûts liés à la scolarité dans les écoles publiques (cantine, manuels, fournitures, etc.) – 58% efficace, 67% électeurs J.-L. Mélenchon
- Verser les aides sociales (comme le RSA, la prime d’activité, les aides au logement ou les allocations familiales) « à la source », de manière automatique (et non uniquement à ceux qui font les démarches pour les percevoir) – 57% efficace, 61% des catégories populaires partagent cet avis
Une courte majorité de Français (53%) considère qu’augmenter de 10% le salaire des enseignants, et conditionner une hausse complémentaire à la réalisation de nouvelles missions (notamment sur le temps périscolaire) serait efficace pour améliorer le pouvoir d’achat. A noter que 61% des électeurs de 1er tour d’E. Macron la jugent efficace.
En revanche, une majorité de Français estime qu’exonérer les moins de 30 ans de l’impôt sur le revenu ne serait pas efficace (64%) pour améliorer le pouvoir d’achat. Une mesure perçue comme inefficace au sein de toutes les catégories de population, y compris par les électeurs de la personnalité qui en est à l’origine (58% des électeurs de 1er tour de Marine Le Pen la juge pas efficace), à l’exception notable des moins de 30 ans qui la jugent majoritairement (63%) efficace.
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