Dans un contexte de défiance généralisée, Marine Le Pen confirme son statut de première opposante

Aucun mouvement politique ne parvient à incarner l’opposition à l’exécutif pour 45% des Français, le premier parti d’opposition cité est le Rassemblement National (23%).

45% des Français estiment qu’aucun mouvement politique n’incarne l’opposition. Cette mesure est en hausse de 4 points par rapport à celle enregistrée en février 2020.

Le Rassemblement national est le premier parti cité, par 23% des Français (-2), nettement devant la France Insoumise (12%, -1). Les Républicains sont cités par 6% (-1), EELV également par 6% (+1) des Français. Les autres partis recueillent, chacun, 2% ou moins des citations.

Le Rassemblement national est le premier parti cité à la faveur d’un fort soutien de son électorat : 63% des électeurs de Marine Le Pen au 1er tour de la présidentielle citent ce parti comme premier parti d’opposition. A titre de comparaison, « seuls » 38% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon citent la France Insoumise. Pour 36% des électeurs de François Fillon aucun parti ne représente l’opposition, ils sont ensuite partagés entre Les Républicains (27%) et le Rassemblement National (26%). Les électeurs de Benoît Hamon considèrent en premier lieu qu’aucun parti n’incarne l’opposition (38%), puis citent au même niveau les formations politiques de gauche : EELV (16%), Génération.s (13%), le PS (12%) et LFI (10%). Enfin, pour 44% des électeurs d’Emmanuel Macron aucun parti ne représente l’opposition à l’exécutif, ils citent ensuite le RN (14%), LFI (14%), et EELV (13%).

Dans un contexte de défiance généralisée, Marine Le Pen se distingue toujours sur l’immigration et la sécurité mais parvient peu à convaincre sur les questions économiques et sociales

Le premier enseignement est que sur les 7 thématiques testées, les Français indiquent d’abord ne faire confiance à aucune personnalité (entre 36% et 45% selon la thématique) pour améliorer la situation en France, une opinion en hausse sur tous ces items (+4 à +6) par rapport à février 2020.

Marine Le Pen se distingue toujours sur l’immigration et la sécurité : 36% des Français lui font confiance sur l’immigration (stable en 7 mois), et 31% pour améliorer la sécurité, en hausse de 5 points. C’est également sur ces deux thématiques que Nicolas Dupont-Aignan recueille le plus de soutien (11% sur les deux thèmes). Sur ces deux thématiques Marine Le Pen parvient à recueillir la confiance au-delà de son propre socle électoral : sur l’immigration 86% de ses électeurs lui font confiance, ainsi que 43% des électeurs de François Fillon, 25% des abstentionnistes, 23% des électeurs d’Emmanuel Macron, et même 20% de ceux de Jean-Luc Mélenchon. Sur la sécurité, 80% de ses électeurs lui font confiance, 29% de François Fillon, 23% des abstentionnistes, 20% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 15% de ceux d’Emmanuel Macron.

Concernant la gestion de la crise sanitaire du coronavirus, l’amélioration de l’emploi et du pouvoir d’achat : si la défiance prédomine, Emmanuel Macron est la première personnalité citée grâce à la confiance de son électorat et au soutien d’une partie de celui de François Fillon. 28% des Français lui font confiance pour gérer la crise sanitaire, 23% (-1) pour améliorer la situation de l’emploi et 21% (+2) le pouvoir d’achat. Sur ces trois thématiques, Emmanuel Macron recueille la confiance de plus d’un de ses électeurs sur deux (54%-68%) et près d’un tiers de ceux de François Fillon (23%-35%). Concernant la gestion de la crise sanitaire, les Français citent, après Emmanuel Macron, Marine Le Pen (12%) et Xavier Bertrand (10%). Pour l’amélioration de l’emploi, Marine Le Pen (16%), Jean-Luc Mélenchon (13%) et Xavier Bertrand (13%). Et pour le pouvoir d’achat Marine Le Pen (16%), Jean-Luc Mélenchon (14%) et Xavier Bertrand (10%).

Sur l’environnement, Yannick Jadot, en légère baisse, se détache à peine : 18% (-3) des Français lui accordent leur confiance. Dans le détail, il recueille la confiance de la moitié des électeurs de Benoit Hamon (49%) et près d’un tiers de ceux de Jean-Luc Mélenchon (32%) et d’Emmanuel Macron (29%). En revanche, « seuls » 3% à 5% des Français font confiance au leader écologiste sur les autres thématiques testées. Derrière Yannick Jadot, 14% des Français font confiance à Emmanuel Macron et 10% à Marine Le Pen.

Aucune personnalité n’émerge sur le thème des inégalités. 16% des Français déclarent faire confiance à Emmanuel Macron, 16% à Jean-Luc Mélenchon et 16% à Marine Le Pen. Une situation qui s’explique par une confiance incomplète de leurs propres électorats sur cette question (45% E. Macron, 59% J-L. Mélenchon et 62% M. Le Pen) et à une très faible confiance au-delà de leur socle électoral.

Marine Le Pen : une image qui reste stable

Les traits d’image les plus largement associés par les Français à Marine le Pen sont autoritaire (78%), arrogante (66%) et inquiétante (58%), mais aussi dynamique (59%) et courageuse (59%), et voulant vraiment changer les choses (54%).

Moins d’un Français sur deux juge qu’elle a de bonnes idées pour la France (42%), qu’elle est capable de réformer le pays (41%), qu’elle est sincère (38%), qu’elle comprend les gens comme vous (37%), capable de rassembler les Français (35%), ayant les qualités nécessaires pour être Présidente de la République (34%), et sympathique (33%).

Sur l’ensemble de ces items, ses scores sont stables en un an, à l’exception d’une légère progression de sa proximité (comprend les gens comme vous, +3) et d’une légère baisse de son dynamisme (-3).

Dans le détail, Marine Le Pen conserve une excellente image auprès de ses électeurs de 1er et 2nd tour de la présidentielle 2017 (entre 77% et 94% sur les items positifs pour ses électeurs de 1er tour).

Son image est globalement assez mauvaise auprès des électeurs de François Fillon, même si une majorité d’entre eux lui reconnait un certain courage (63%), son dynamisme (61%) et sa volonté de vraiment changer les choses (58%).

Son image est particulièrement mauvaise au sein des autres électorats. A titre d’exemple, plus des deux tiers des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron (66%-82%) trouvent la leader du Rassemblement National inquiétante.

Plus d’1 Français sur 2 de temps en temps d’accord avec Marine Le Pen

Dans le détail, 9% des Français se disent toujours en accord avec les idées exprimées par Marine Le Pen et le Rassemblement National, 53% le sont de temps en temps sur certains sujets, et 37% jamais.

D’un point de vue politique :

  • Les électeurs de Marine Le Pen sont logiquement les plus nombreux à se dire toujours en accord avec ces idées (39%), même si une majorité dit ne l’être « que » de temps en temps, sur certains sujets (60%).
  • La majorité des électeurs de François Fillon et des abstentionnistes sont de temps en temps en accord (68%-60%) et près d’un tiers jamais (28%-36%)
  • Les autres électorats ne sont majoritairement jamais en accord avec les idées de Marine Le Pen et du RN (56%-70%)

D’un point de vue socio-économique, une proportion significative d’ouvriers se dit toujours en accord avec ces idées (19%, contre 60% de temps en temps, et 21% jamais).

Une courte majorité de Français estime que le terme « ensauvagement » (utilisé par Gérald Darmanin) décrit plutôt bien la situation de la société française. Celui de « barbarie » (Marine Le Pen) suscite l’opposition de 58%

Ces dernières semaines, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a utilisé le terme d’ « ensauvagement » et la présidente du Rassemblement National Marine Le Pen celui de « barbarie » pour décrire l’état de la société française.

Pour 53% des Français le terme « ensauvagement » utilisé par Gérard Darmanin correspond plutôt (31%) ou tout à fait (22%) à l’état actuel de la société française. Mais à l’inverse, ce terme ne décrit pas la situation actuelle du pays pour 47% des Français, dont 26% pas vraiment et 21% pas du tout.

En revanche, 58% des Français considèrent que le terme de « barbarie » prononcé par Marine Le Pen ne correspond pas à la société française actuelle, dont 31% pas vraiment et 27% pas du tout. Pour 42% ce terme correspond plutôt (22%) ou tout à fait (20%) à la situation du pays.

Pour près de deux électeurs sur trois de François Fillon (66% oui) et de Marine Le Pen (61%), le terme « ensauvagement » est approprié pour décrire la société française, les autres électorats se montrant plus partagés (43%-55% oui, 45%-57% non).

Seuls les électeurs de Marine Le Pen sont une majorité à considérer comme adéquat l’utilisation du mot « barbarie » pour qualifier la société française (68% oui, 32% non), tandis que ceux de François Fillon sont sur ce point partagés (50% oui, 50% non). Les autres électorats réfutent majoritairement ce terme (65%-77% non).

En termes d’âge, les moins de 35 ans sont moins convaincus de la pertinence de ces deux termes (42% oui pour le terme « ensauvagement », et 37% « barbarie »), que les 65 ans et plus (59%, et 47%).

Marine Le Pen et le Rassemblement National bénéficient d’un potentiel électoral supérieur à 3 Français sur 10

Le potentiel électoral du RN à l’élection présidentielle est de 34% (dont 17% déclarent un vote « tout à fait probable »), et de 31% pour les élections régionales (dont 14% « tout à fait probable »), des mesures stables en un an. Le vote RN n’est pas envisagé par environ deux tiers des Français (respectivement 66% et 68% pas probable), et est rédhibitoire (« pas du tout probable ») pour plus d’un sur deux (52% aux deux élections).

Le RN « fait le plein » sur son cœur électoral dans le cadre de la présidentielle (93% probable) et des régionales (86%). Le vote RN est envisagé par près d’un quart des électeurs de François Fillon (26%) et des abstentionnistes (24%) pour la présidentielle et près de 20% pour les régionales (respectivement 19% et 22%).

Sur les deux élections, le potentiel électoral du RN est plus important auprès des catégories populaires (43% présidentielle et 42% régionales) et plus particulièrement des ouvriers (52%-51%). Géographiquement, il est plus élevé dans les communes rurales (39%-37%) et dans les petites agglomérations (2 000 à 20 000 habitants, 37% aux deux élections).

Présidentielle 2022 : 6 Français sur 10 jugent peu probable ou impossible une victoire de Marine Le Pen

Dans le détail, 59% des Français jugent peu probable (36%) ou impossible (23%) la victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2022. A l’inverse, cette victoire est possible pour 41% des Français, dont 35% l’estimant probable et 6% certaine.

Pour les électeurs de Marine Le Pen, la victoire de leur candidate est de l’ordre du possible (80%), même si seul un quart d’entre eux l’anticipe avec certitude (24%, et 56% probable). Pour les autres électorats, cette victoire est peu probable voire impossible (60%-76%).

Les Français âgés de moins de 25 ans (53% oui, 47% non), les habitants des petites agglomérations (2 000 à 20 000 habitants, 51% oui, 48% non) et les ouvriers (51% oui, 49% non) sont partagés sur la question. A l’inverse, les Français âgés de 65 ans et plus (31% oui, 69% non), les habitants de l’agglomération parisienne (29% oui, 71% non) et les cadres (35% oui, 65% non) sont majoritairement convaincus de l’improbabilité d’une victoire de Marine Le Pen.

 

Télécharger le rapport d’études ici : Les Français et Marine Le Pen