Menace terroriste : 6 Français sur 10 jugent insuffisants les moyens mis en œuvre par l’exécutif

La menace terroriste inquiète plus de 8 Français sur 10

Dans le détail, 83% des Français se disent inquiets de la menace terroriste en France, dont 51% plutôt inquiets et 32% très inquiets. A l’inverse, 16% ne sont pas inquiets, dont 14% pas vraiment et 2% pas du tout.

L’inquiétude vis-à-vis de la menace terroriste est majoritaire au sein de toutes les catégories de population et des électorats, mais l’intensité de cette inquiétude varie :

  • Elle augmente avec l’âge : de 64% (dont 11% très inquiets) chez les 18-24 ans, jusqu’à 92% (dont 41% très inquiets) chez les 65 ans et plus.
  • D’un point de vue socio-économique, les cadres se disent moins inquiets (71%) que les professions intermédiaires (87%), les employés (85%) et les ouvriers (85%).
  • L’inquiétude est plus forte chez les femmes (89%) que chez les hommes (78%).

D’un point de vue politique, les électeurs de François Fillon et de Marine Le Pen (94% inquiets, dont 49% très inquiets pour les deux électorats) sont les plus inquiets, devant ceux de Benoît Hamon (86%), d’Emmanuel Macron (85%), les abstentionnistes (79%), et de Jean-Luc Mélenchon (75% inquiets, dont 18% très inquiets).

Les mesures annoncées par l’exécutif pour lutter contre le terrorisme islamiste et la radicalisation sont jugées efficaces

Suite à l’attentat terroriste contre le professeur Samuel Paty, Emmanuel Macron et le gouvernement ont annoncé des mesures pour lutter contre le terrorisme islamiste et la radicalisation. Une nette majorité de Français juge efficaces 4 mesures testées :

  • L’expulsion d’un certain nombre d’étrangers fichés pour radicalisation (83% efficace, dont 51% très efficace ; contre 17% pas efficace)
  • La dissolution d’associations qui soutiennent l’islamisme radical (79% efficace, dont 42% très efficace ; contre 21% pas efficace)
  • La fermeture de mosquées dont certaines personnalités sont impliquées dans l’islamisme radical (72% efficace, dont 36% très efficace ; contre 28% pas efficace)
  • La création d’un nouveau délit de « mise en danger par la publication de données personnelles » (67% efficace, dont 26% très efficace ; contre 33% pas efficace)

Ces quatre mesures sont jugées efficaces pour lutter contre le terrorisme islamiste et la radicalisation par une majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et des électorats. Quelques différences d’intensité peuvent toutefois êtres notées :

Politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron sont les plus convaincus de l’efficacité de ces mesures (+2 à +15 par rapport à l’ensemble des Français), en particulier la fermeture de certaines mosquées (83% efficace) et la création du délit de mise en danger par publication de données personnelles (82% efficace).

La perception de l’efficacité de ces mesures augmente légèrement avec l’âge. Le plus grand écart est enregistré sur la fermeture de certaines mosquées : 57% efficace chez les 18-24 ans, et 78% chez les 65 ans et plus.

D’un point de vue socio-économique, les cadres ont un regard plus positif sur l’efficacité de ces mesures (+3 à +8 par rapport à l’ensemble des Français) que les autres catégories socioprofessionnelles.

Mais pour 6 Français sur 10, l’exécutif ne met pas en œuvre tous les moyens nécessaires pour lutter contre la menace terroriste

Dans le détail, 60% des Français considèrent qu’Emmanuel Macron et le gouvernement de Jean Castex ne mettent pas en œuvre tous les moyens nécessaires pour lutter contre la menace terroriste en France, dont 41% pas vraiment et 19% pas du tout. A l’inverse, pour 39% des Français, l’exécutif met en œuvre tous les moyens nécessaires, dont 33% plutôt et 6% tout à fait. L’opinion négative sur l’action de l’exécutif en matière de lutte contre la menace terroriste est à son plus haut niveau depuis le début du quinquennat Macron : 60% aujourd’hui, contre 50% en mai 2018 (attentat quartier Opéra à Paris), et 58% en mars 2018 (attentats de Trèbes et Carcassonne).

Pour plus de 8 électeurs sur 10 de Marine Le Pen, l’action de l’exécutif pour lutter contre la menace terroriste est insuffisante (83% ne met pas en œuvre tous les moyens nécessaires), une opinion également partagée par 2 électeurs sur 3 de Benoît Hamon (69%) et de Jean-Luc Mélenchon (65%), ainsi par une courte majorité des électeurs de François Fillon (56%). Seuls les électeurs d’Emmanuel Macron ont un regard positif sur l’action de l’exécutif (72% met en œuvre tous les moyens nécessaires, contre 27% ne met pas tout en œuvre).

D’un point de vue socio-économique, les ouvriers sont les plus critiques (73% ne met pas tout en œuvre), devant les employés (64%) et les professions intermédiaires (59%). Les cadres se montrent plus partagés (51% ne met pas tout en œuvre, contre 48% met tout en œuvre).

Géographiquement, les Français vivant en milieu rural (67% ne met pas tout en œuvre) et au sein des petites agglomérations (2.000 à 19.999 hab., 68%) ont un point de vue plus négatif que ceux résidant au sein des moyennes (20.000 à 99.999 hab., 58%) et grandes agglomérations (100.000 hab. et plus, 55%).

D’autres mesures proposées par certains responsables politiques notamment de l’opposition sont très largement soutenues

Certains responsables politiques, notamment de l’opposition, ont proposé des mesures pour lutter contre le terrorisme islamiste et la radicalisation.

Concernant ces mesures, plus de 3 Français sur 4 jugent efficaces, dont près d’1 sur 2 très efficaces :

  • Le renforcement des moyens dans le renseignement et la justice (88% efficace, dont 48% très efficace ; contre 11% pas efficace)
  • L’expulsion de tous les étrangers fichés S (fichier de surveillance) (80% efficace, dont 56% très efficace ; contre 20% pas efficace)
  • La déchéance de nationalité des personnes radicalisés détenant une double-nationalité (dont française) (79% efficace, dont 48% très efficace ; contre 21% pas efficace)

3 Français sur 4 jugent efficace la création d’un délit de « prédication subversive et séditieuse », qui ciblerait, y compris en ligne, « toute prédication visant à imposer la loi religieuse au-dessus de la loi de la République » (75% efficace, dont 33% très efficace ; contre 25% pas efficace)

Près de 2 Français sur 3 jugent efficaces :

  • L’interdiction de l’anonymat sur internet et les réseaux sociaux (69% efficace, dont 33% très efficace ; contre 31% pas efficace). Les 18-24 ans sont partagés sur l’efficacité de cette mesure (48% efficace), tandis que les 65 ans et plus en sont nettement plus convaincus (82%).
  • Un moratoire (arrêt provisoire) de l’immigration légale et des naturalisations (67% efficace, dont 34% très efficace ; contre 32% pas efficace). Seuls les 18-24 ans (47% efficace) et les cadres (51%) sont plus partagés sur cette mesure.
  • L’armement obligatoire de toutes les polices municipales, dans chaque commune (67% efficace, dont 30% très efficace ; contre 33% pas efficace)
  • La création d’un délit d’ « entrave à l’enseignement » (66% efficace, dont 27% très efficace ; contre 33% pas efficace)
  • La lutte contre les inégalités sociales et géographiques (égalité des chances, lutte contre les « ghettos », mixité sociale, implantation de services publics) (63% efficace, dont 23% très efficace ; contre 37% pas efficace)

Enfin, une courte majorité de Français juge efficace la mise en place d’une semaine dédiée à la laïcité dans toutes les écoles, collèges et lycées (55% efficace, dont 18% très efficace ; contre 44% pas efficace). Des parents partagés sur l’efficacité de cette mesure (52% efficace).

De manière générale, l’électorat de François Fillon est celui qui a le regard le plus positif sur l’efficacité de ces mesures, celui de Jean-Luc Mélenchon le moins positif. Entre ces deux électorats, des écarts importants sont à noter sur l’arrêt provisoire de l’immigration et des naturalisations (83% efficace F. Fillon, et 51% J-L. Mélenchon), l’expulsion des fichés S étrangers (90%, et 63%), et l’armement obligatoire de la police municipale (79%, et 53%). A l’inverse, la lutte contre les inégalités sociales et géographiques est jugée efficace par une grande partie des électeurs du leader de la France Insoumise (78%) mais divise ceux de François Fillon (53% efficace). Sur cette mesure, les électeurs de Marine Le Pen sont particulièrement sceptiques (38% efficace).

7 Français sur 10 favorables à l’interdiction de l’anonymat sur les réseaux sociaux

Dans le détail, 71% des Français considèrent qu’il faut interdire l’anonymat sur les réseaux sociaux, cela permettra de poursuivre les auteurs de contenus illégaux et de réduire la haine sur internet. A l’inverse, 28% estiment qu’il ne faut pas interdire l’anonymat sur les réseaux sociaux, cela serait une atteinte à la liberté d’expression.

La majorité des Français au sein de toutes les catégories de population et des électorats estime qu’il faut interdire l’anonymat sur les réseaux sociaux.

Politiquement, l’interdiction de l’anonymat sur les réseaux sociaux est davantage plébiscitée par les électeurs de François Fillon (81%) que par les autres électorats (65%-73%).

L’opinion en faveur de l’interdiction de l’anonymat progresse avec l’âge : de 54% chez les 18-24 ans, 61% chez les 25-34 ans, 68% chez les 35-49 ans, 76% chez les 50-64 ans, jusqu’à 80% chez les 65 ans et plus.

 

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