Gilets jaunes : l‘approbation de la mobilisation reste élevée (72%, -3 points en une semaine)
Malgré les annonces d’Edouard Philippe, le niveau d’approbation reste important : 72%* des Français approuvent la mobilisation (-3 points en une semaine). Dans le détail, 46% (stable) la soutiennent et 26% (-3) ont de la sympathie.
A l’inverse, 21% la désapprouvent (+4), dont 11% y sont opposés (stable) et 10% hostiles (+4).
6% (-2) y sont indifférents.
A titre de comparaison, le niveau d’approbation reste largement supérieur aux mobilisations sociales des cheminots (environ 40%) et contre la réforme du droit du travail (53%) en septembre 2017. Il reste cependant inférieur au niveau de soutien et de sympathie suscité par les mobilisations des retraités (81%) et des personnels d’EHPAD (86%) en mars dernier.
Dans le détail, la mobilisation des « gilets jaunes » reste majoritairement approuvée auprès de l’ensemble des catégories de population. Cependant, l’intensité de cette approbation diffère selon la classe sociale, la situation financière, la zone d’habitation et la catégorie politique :
- 79% (-4) auprès des classes populaires, 69% (-6) auprès des classes moyennes et 56% (stable) auprès des cadres.
- L’intensité des opinions favorables continue de différer selon la zone d’habitation : d’une part, les habitants des communes rurales (76%, -7), petites (78%, +1) et moyennes agglomérations (80%, stable), et d’autre part, ceux des grandes agglomérations (69%, -1) et de l’agglomération parisienne (64%, -4).
- Le mouvement bénéficie toujours d’une très large approbation auprès des personnes décrivant une situation financière tendue (81%, -3) alors qu’elle est moins nette auprès de celles qui déclarent une situation financière plus aisée (63%, -4).
- D’un point de vue politique, le mouvement reste approuvé par une majorité au sein de chaque électorat : 87% (-4) chez les électeurs de Marine Le Pen, 83% (-3) chez ceux de Jean-Luc Mélenchon, 78% (-1) chez les abstentionnistes, 64% (-6) chez ceux de François Fillon et 52% (stable) auprès de ceux d’Emmanuel Macron.
*Le terrain d’enquête a débuté mardi après-midi, soit après les annonces d’Edouard Philippe.
20% (stable) des Français se définissent comme « gilets jaunes ». Une sur-représentation de personnes peu diplômées, en difficulté financière, d’habitants de zones rurales et villes moyennes, et de jeunes. Politiquement, une forte sur-représentation des électeurs de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon.
20% des Français se définissent comme « gilets jaunes » et 54% ne se définissent pas comme « gilets jaunes » mais soutiennent leur action et leurs revendications.
Si le sentiment d’être « gilet jaune » traverse l’ensemble des catégories de population, quel que soit l’âge, la classe sociale ou la zone d’habitation, le taux de personnes se définissant comme « gilets jaunes » est plus élevé auprès des :
- Personnes ayant un diplôme inférieur au baccalauréat (28%, +1)
- Personnes déclarant une situation financière tendue (26%, -1)
- Habitants des zones rurales (25%, -2) et des agglomérations de 20 000 à 100 000 habitants (25%, +11)
- Personnes âgées de 18-24 ans (25%, +11) et de 25-34 ans (24%, +1)
- Catégories populaires (23%, -4)
D’un point de vue politique, les écarts sont très nets. Le taux de personnes se déclarant gilets jaunes est :
- élevé auprès des électeurs de 1ertour de Marine Le Pen (36%, -6) et de Jean-Luc Mélenchon (28%, +8)
- en recul auprès de ceux de François Fillon (9%, -7)
- toujours faible auprès de ceux d’Emmanuel Macron (5%, stable)
Pour 63% des Français (-6 points en une semaine), la mobilisation doit se poursuivre.
Le recul de 6 points en une semaine est principalement lié à la baisse auprès des électeurs de François Fillon (-24) et d’Emmanuel Macron (-7).
La volonté de poursuite du mouvement est particulièrement forte auprès des catégories populaires (75%, -4), et des personnes ayant une situation financière tendue (74%, -7). En revanche, il est plus faible auprès des cadres (43%, -5), des personnes ayant une situation financière aisée (52%, -5) et des habitants de l’agglomération parisienne (57%, -3). A noter que cette volonté est en baisse auprès de l’ensemble des catégories de population, hormis auprès des plus jeunes (+5 points auprès des 18-24 ans, à 68%).
D’un point de vue politique, l’électorat de François Fillon semble avoir radicalement changé d’avis sur la poursuite du mouvement : « seuls « 38% estiment que la mobilisation doit se poursuivre, soit une baisse de 24 points en une semaine.
Pour les autres catégories politiques, 87% (-3) des électeurs de Marine Le Pen, 83% (+4) de ceux de Jean-Luc Mélenchon et 69% (-3) des abstentionnistes estiment que la mobilisation doit se poursuivre. Auprès des électeurs d’Emmanuel Macron, ce taux est de 35% (-7), 64% (+6) estimant que la mobilisation doit s’arrêter.
Annonces d’Edouard Philippe : aucune d’entre elles n’est perçue comme réellement efficace pour améliorer le pouvoir d’achat
Parmi les trois mesures annoncées ce mardi 4 décembre par Edouard Philippe, aucune ne parvient à convaincre une majorité de Français de son efficacité sur le pouvoir d’achat :
- Suspension de 6 mois des nouvelles modalités du contrôle technique : 75% ne la jugent pas efficace pour améliorer leur pouvoir d’achat
- Moratoire (suspension de 6 mois) de la hausse des taxes sur les carburants : 68% ne la jugent pas efficace
- Suspension de l’augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité cet hiver : 54% ne la jugent pas efficace.
De manière générale, l’ensemble des catégories de population estime majoritairement que ces mesures sont inefficaces, hormis pour les tarifs du gaz et de l’électricité auprès des plus jeunes et des plus âgés qui sont partagés. C’est auprès des classes populaires et des personnes âgées de 35 à 49 ans et de 50 à 64 ans que ces mesures sont perçues les moins efficaces.
D’un point de vue politique, chaque électorat estime majoritairement que ces mesures ne seront pas efficaces pour améliorer le pouvoir d’achat. La suspension de l’augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité cet hiver font exception : 60% des électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon jugent qu’elle sera efficace.
Pour près de 8 Français sur 10, les annonces d’Edouard Philippe ne répondent pas aux attentes exprimées par les « gilets jaunes »
Malgré les annonces d’Edouard Philippe ce mardi 4 décembre, 78% des Français estiment que les mesures ne répondent pas aux attentes exprimées par la mobilisation des « gilets jaunes » (dont 34% « Non, pas du tout »). Seuls 22% estiment que le gouvernement a répondu aux attentes.
Le sentiment d’un manque d’écoute est partagé auprès de l’ensemble des catégories de population, y compris auprès des électeurs de 1er tour d’Emmanuel Macron (60%).
Violences du 1er décembre : 82% des Français les condamnent mais 37% les comprennent
Suite aux violences qui ont eu lieu lors de certaines mobilisations le samedi 1er décembre, 82% des Français affirment les condamner, et 37% les comprendre. A noter que 22% déclarent les condamner et les comprendre.
La condamnation de ces violences est corrélée à l’âge des répondants : elle atteint 88% chez les personnes âgées de plus de 65 ans alors que n’est « que » de 66% auprès des 18-24 ans.
Politiquement, la condamnation est partagée par une large majorité de chaque électorat : 92% des électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron, 76% des électeurs de Marine Le Pen et 74% chez ceux de Jean-Luc Mélenchon.
En revanche, si 81 % des électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon ne les comprennent pas, 55% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 51% de ceux de Marine Le Pen déclarent les comprendre.
Télécharger ici : Les Français, les gilets jaunes et les mesures annoncées par Edouard Philippe / Sondage ELABE pour BFMTV / L’Opinion en direct
Crédits image : Thomas Bresson / Wikimedia Commons