Réforme des retraites : 2 Français sur 3 souhaitent que la mobilisation se poursuive

Au lendemain de la 2ème journée de manifestation, l’approbation de la mobilisation contre la réforme reste majoritaire et stable (64%)

64% (stable en une semaine, et +8 en deux semaines) des Français approuvent la mobilisation contre la réforme des retraites, dont 40% (=) la soutiennent et 24% (=) éprouvent de la sympathie. A l’inverse, 21% (-1) la désapprouvent, dont 12% (-2) y sont opposés et 9% (+1) hostiles. Enfin, 14% (=) des Français déclarent être indifférents.

La forte hausse de l’approbation de la mobilisation mesurée la semaine dernière est confirmée, notamment auprès des retraités (57%, +2 en une semaine et +17 en deux semaines). L’approbation reste largement majoritaire chez les actifs (67%, -2). Elle reste également très élevée auprès des personnes contraintes de se restreindre pour boucler leurs fins de mois (71%).

D’un point de vue politique, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (87%, +4), de Marine Le Pen (79%, +8) et les abstentionnistes (64%, -7) soutiennent ou éprouvent de la sympathie pour la mobilisation. La désapprobation reste majoritaire chez les électeurs d’Emmanuel Macron (46%, stable), soit 11 points de plus que l’approbation (34%, -2).

2 Français sur 3 souhaitent que la mobilisation se poursuive…

66% des Français affirment que la mobilisation doit continuer, contre 33% qui souhaitent qu’elle s’arrête.

L’ensemble des catégories de population souhaitent majoritairement la poursuite du mouvement, à l’exception des électeurs d’Emmanuel Macron (73%) et ceux de Valérie Pécresse (61%).

… voire qu’elle se durcisse : l’hypothèse d’un blocage du pays pour « faire plier » le gouvernement est de plus en plus acceptée

60% (+3 points en 1 semaine et +5 en 2 semaines) des Français déclarent qu’ils comprendraient que les grévistes bloquent le pays, car c’est le seul moyen pour que le gouvernement retire ou modifie sa réforme des retraites. A l’inverse, 39% (-3) ne comprendraient pas que les grévistes bloquent le pays, et n’approuvent pas ce type d’action.

En une semaine, cette hypothèse est notamment davantage acceptée par les femmes (62%, +8), les moins de 25 ans (75%, +15) et les 35-49 ans (71%, +9). Cette opinion reste également majoritaire chez les actifs (67%, +3) et quasi-unanime chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (92%, +7) et dans une moindre mesure de Marine Le Pen (72%, +3).

Le rejet de ce type d’action reste très fort chez les électeurs d’Emmanuel Macron (77%, -2) et de Valérie Pécresse (72%).

Une intention de se mobiliser contre la réforme qui s’intensifie

23% des Français se disent « certainement » prêts à se mobiliser dans les semaines à venir, une hausse de 3 points en une semaine. Pour 23%, cela est « probable ».

A l’inverse, 53% affirment ne pas avoir l’intention de se mobiliser (dont 25% « certainement pas »).

En une semaine, elle s’intensifie notamment auprès des jeunes (18% certainement, +7 chez les moins de 25 ans), les 35-64 ans (32%, +10) et les électeurs de Marine Le Pen (38%, +14).

Elle reste la plus élevée auprès des Français ayant des difficultés pour boucler leurs fins de mois (29%), des 35-64 ans (32%), des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (42%) et ceux de Marine Le Pen (38%).

La mobilisation dans la rue… et la mobilisation par procuration

Au-delà des 2 Français sur 10 qui déclarent manifester/faire grève ou en avoir l’intention, 32% des Français affirment qu’ils aimeraient pouvoir manifester et faire grève mais ne pas être en capacité de le faire. Cette attitude est encore plus marquée chez les femmes (36%), les employés et ouvriers (42%).

L’opposition à la réforme des retraites reste très forte (71%)

71% (-1 point en 1 semaine, +5 en 2 semaines) des Français se disent opposés à la réforme des retraites proposée par le gouvernement, dont 30% (-2) plutôt opposés et 41% (+1 en 1 semaine, +19 en 3 semaines) très opposés. A l’inverse, 28% (+1) sont favorables, dont 23% (+1) plutôt favorables et 5% (stable) très favorables.

L’opposition reste majoritaire auprès de l’ensemble des catégories de population, y compris les retraités (58%, stable en 1 semaine et +12 en 2 semaines), à l’exception des électeurs de 1er tour d’Emmanuel Macron (71% favorables). Elle est de 75% (-3) chez les actifs.

L’opposition est dorénavant plus marquée chez les femmes (74%) que chez les hommes (67%).

Le clivage politique demeure entre les électeurs d’Emmanuel Macron majoritairement favorables à la réforme (71% favorables, +3) et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (85% opposés, -3), de Marine Le Pen (87%, +5) et des abstentionnistes (82%, =) opposés. A noter que l’opposition de l’électorat de Marine Le Pen est en constante progression (+16 en 3 semaines).

Une réforme toujours jugée injuste, inefficace pour assurer la pérennité du système et pas nécessaire par une majorité

Concernant la réforme des retraites annoncée par le gouvernement :

  • 74% (stable en 1 semaine, +10 en 2 semaines) des Français l’estiment injuste, contre 22% (+3 en 1 semaine et -5 en 2 semaines) juste
  • 60% (-2 en 1 semaine, +3 en 2 semaines) considèrent qu’elle est inefficace pour assurer la pérennité du système de retraites, contre 35% (+5 en une semaine et +3 en 2 semaines) efficace
  • 56% (+2 en 1 semaine et +3 en 2 semaines) ne la jugent pas nécessaire, contre 39% (stable) nécessaire

Pour un tiers des opposants, le rejet de la réforme et notamment des 64 ans est non négociable. Pour une partie des opposants, les leviers de compromis sont la prise en compte de la pénibilité, l’abandon du report à 62 ans pour les carrières longues, l’abandon de l’allongement de durée de cotisation et la prise en compte de la spécificité de carrières des femmes

Pour 33% des Français se déclarant opposés à la réforme (soit 24% de l’ensemble des Français), rien ne pourra les faire accepter le projet proposé par le gouvernement en dehors de l’abandon de la mesure d’âge des 64 ans.

Pour une partie des opposants, les leviers de compromis pourraient être :

  • Une meilleure prise en compte de la pénibilité (26%, soit 18% de l’ensemble des Français)
  • L’abandon du report de 2 ans (60 à 62 ans) pour les carrières longues (21%, soit 15%)
  • L’abandon de l’allongement à 43 ans de la durée de cotisation pour avoir une retraite complète (19%, soit 14%)
  • Une meilleure prise en compte de la spécificité de carrière des femmes, notamment liée à la maternité (18%, soit 13%)
  • La mise en place d’un système général de retraite progressive / réduction du temps de travail progressive en fin de carrière (16%, soit 11%)
  • La mise en place de sanctions pour les employeurs qui n’embauchent pas suffisamment de seniors (10%, soit 7%)
  • L’abandon de la suppression des régimes spéciaux (9%, soit 6%)

Gérald Darmanin et Sandrine Rousseau, deux conceptions du travail qui divisent la société

51% des Français se disent en accord avec les déclarations de Sandrine Rousseau évoquant le « droit à la presse » et le « refus de travail davantage au nom de la croissance », 48% sont en revanche en désaccord. L’opinion défendue par Sandrine Rousseau est plus largement partagée par les employés et ouvriers (63%) et les moins de 50 ans (59%). D’un point de vue politique, elle convainc 80% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 59% de ceux de Marine Le Pen.

49% se disent en accord avec les déclarations de Gérald Darmanin évoquant la valorisation de la « valeur travail, de l’effort du mérite » et l’action du gouvernement en ce sens. 50% sont en revanche en désaccord. L’opinion défendue par Gérald Darmanin est plus largement partagée par les retraités (61%), les cadres (64%) et les ménages les plus aisés (60%). D’un point de vue politique, il convainc 81% des électeurs d’Emmanuel Macron et 67% de ceux de Valérie Pécresse.

Déclarations complètes présentées aux personnes interrogées :

Sandrine Rousseau : « Ils veulent nous obliger à travailler jusqu’à 64 ans ? Au nom de quoi ? Au nom du productivisme et de la croissance. Ils nous demandent de passer notre vie à développer une croissance qui nous mène dans le mur. Notre vie vaut mieux que quelques points de PIB » et « On a un droit à la paresse, on a un droit à la transition des métiers, on a le droit aussi de faire des pauses dans sa vie »

Gérald Darmanin : « Le travail n’est pas une maladie. C’est au contraire une belle valeur. La majorité du président de la République défend le travail, les valeurs de l’effort, de mérite et d’émancipation » et « Oui, il faut se lever tôt pour aller travailler, oui, il faut bosser à l’école. Comme on dit chez moi : on n’a rien sans rien. Et le travail, c’est une belle valeur. À mes yeux, c’est même le débat principal qui est posé en ce moment : celui du choix de société que nous voulons, une société de travail et de mérite. »

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