L’opposition à la reforme des retraites reste majoritaire mais recule, conséquence de la perception de concessions du gouvernement

Par rapport au projet initial, 1 Français sur 2 estime que le gouvernement a fait des concessions, mais un tiers d’entre eux les juge insuffisantes

Par rapport à la proposition initiale du gouvernement de réforme des retraites, 49% des Français estiment que le gouvernement n’a pas fait de concessions, 35% qu’il a fait des concessions mais cela reste insuffisant et 15% qu’il a fait des concessions significatives.

Le sentiment que le gouvernement n’a pas fait de concession est majorité chez les actifs (56%), et en leur sein les employés/ouvriers (60%) et les 25-49 ans (61%) et politiquement chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (66%) et de Marine Le Pen (62%).

Les retraités (41% concessions insuffisantes, 33% pas de concession et 24% des concessions significatives) et les électeurs d’Emmanuel Macron (40% concessions insuffisantes, 38% concessions significatives, 19% pas de concession) sont plus partagés.

Pour une majorité de Français, les députés doivent adopter une démarche de compromis pour améliorer le projet du gouvernement

Depuis ce lundi, le projet de réforme des retraites du gouvernement est examiné et discuté à l’Assemblée Nationale. 56% des Français souhaitent les députés soient dans une démarche de compromis, en essayant d’améliorer le projet initial du gouvernement. A l’inverse, 42% souhaitent que les députés soient dans une démarche d’opposition ferme, en rejetant en bloc le projet du gouvernement et en bloquant l’avancée de son examen.

Une large majorité des électeurs d’Emmanuel Macron (86%) et des retraités (69%) souhaitent que les députés adoptent une démarche de compromis tandis qu’une majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (61%) et de Marine Le Pen (54%) privilégient l’opposition ferme.

Les actifs sont très partagés (50% opposition ferme, 49% compromis). Dans le détail, les cadres (60%) et dans une moindre mesure les professions intermédiaires (52%) privilégient plutôt le compromis, les employés/ouvriers l’opposition ferme (55%).

Si elle reste très largement majoritaire, l’opposition à la réforme des retraites recule (65%, -6), conséquence de la perception par une partie de l’opinion de concessions du gouvernement

65% (-6 points en 1 semaine) des Français se disent opposés à la réforme des retraites proposée par le gouvernement, dont 26% (-4) plutôt opposés et 39% (-2) très opposés. A l’inverse, 34% (+6) sont favorables, dont 25% (+2) plutôt favorables et 9% (+4) très favorables. Depuis l’annonce du contenu de la réforme par Elisabeth Borne il y a un mois, l’opposition a d’abord fortement progressé les 2 premières semaines (de 59% à 72%) pour se stabiliser la semaine dernière à 71%, elle recule donc cette semaine pour la première fois.

Alors que les retraités avaient basculé dans l’opposition entre le 18 et le 25 janvier (de 46% à 59%), ils sont aujourd’hui partagés : 52% sont opposés (-6 points en 1 semaine) et 48% favorables. On observe également un net recul chez les employés/ouvriers (75%, -8), catégorie socio-professionnelle la plus opposée à la réforme avec les professions intermédiaires (76%, +4) et des chiffres stables chez les cadres (63%). Ainsi au global, 71% (-4) des actifs sont opposés à la réforme. A noter que l’opposition est plus forte chez les salariés du public (77%) que du privé (70%).
D’un point de vue politique, l’opposition reste très élevée mais recule chez les électeurs de Marine Le Pen (79%, -8) et reste stable chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (85%). Elle demeure minoritaire mais progresse légèrement chez les électeurs d’Emmanuel Macron (33%, +4).

Enfin, l’opposition à la réforme recule baisse fortement chez les 18-24 ans (63%, -15).

Un jugement toujours très négatif du projet de réforme (injuste, inefficace, pas nécessaire), mais des critiques en recul  

Concernant la réforme des retraites annoncée par le gouvernement :

  • 70% (-4 en 1 semaine) des Français l’estiment injuste, contre 23% (+1) juste
  • 58% (-2) considèrent qu’elle est inefficace pour assurer la pérennité du système de retraites, contre 34% efficace
  • 53% (-3) ne la jugent pas nécessaire, contre 40% (+1) nécessaire

On observe une baisse des critiques adressées à la réforme proposée par l’exécutif chez les retraités – 56% (-8) injuste, 43% (-4) inefficace, 35% (-6) pas nécessaire – et chez les électeurs de Marine Le Pen (80% injuste, -7).

Les actifs conservent un regard très largement négatif sur cette réforme (77% injuste, 66% inefficace, 61% pas nécessaire).

En parallèle, au lendemain de la 3ème journée de mobilisation, l’opinion publique souhaite maintenir la pression sur le gouvernement : l’approbation de la mobilisation contre la réforme progresse (68%, +4)

68% (+4 en une semaine, et +12 en trois semaines) des Français approuvent la mobilisation contre la réforme des retraites, dont 46% (+6) la soutiennent et 22% (-2) éprouvent de la sympathie. A l’inverse, 19% (-2) la désapprouvent, dont 13% (+1) y sont opposés et 6% (-3) hostiles. Enfin, 13% (-1) des Français déclarent être indifférents.

L’approbation de la mobilisation progresse en 1 semaine et atteint son niveau le plus élevé chez les actifs (72%, +5), elle reste très forte en particulier chez les professions intermédiaires (75%) et les employés/ouvriers (73%), et demeure majoritaire chez les retraités (60%).

D’un point de vue politique, l’approbation progresse légèrement chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (90%, +3) mais à contrario elle recule légèrement chez les électeurs de Marine Le Pen (76%, -3). La désapprobation reste majoritaire chez les électeurs d’Emmanuel Macron (45%, -1) mais l’écart se réduit avec l’approbation (37%, +3).

72% des Français souhaitent que la mobilisation continue, dont 4 sur 10 qu’elle se durcisse

41% des Français estiment que la mobilisation doit se durcir, s’accentuer (mobilisation plus importante, blocages, grèves reconductibles, etc.), 31% qu’elle doit continuer de la même façon qu’actuellement et 28% qu’elle doit s’arrêter.

La mobilisation doit s’accentuer pour une majorité relative des actifs (50%) mais s’arrêter pour une majorité relative des retraités (47%). Au sein des actifs, les populations les plus favorables à une intensification de la mobilisation sont les employés/ouvriers (53%), les professions intermédiaires (49%) et les 35-64 ans (50%).

Politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon considèrent que la mobilisation doit s’accentuer (70%), une position partagée dans des proportions moindres par les électeurs de Marine Le Pen (51%, et 29% doit rester comme actuellement). A l’inverse, la majorité des électeurs  d’Emmanuel Maron (61%) considère qu’elle doit s’arrêter.

L’intention de se mobiliser contre la réforme s’intensifie

27% (+4 points en 1 semaine, +7 en 2 semaines) des Français se disent « certainement » prêts à se mobiliser dans les semaines à venir. Pour 23% (stable), cela est « probable ».

A l’inverse, 49% (-4) affirment ne pas avoir l’intention de se mobiliser (dont 25% « certainement pas »).

En une semaine, elle s’intensifie notamment auprès des actifs (35% certainement, +5 en 1 semaine, +11 en 2 semaines) et en particulier chez les employés/ouvriers (37% certainement, +7 en 1 semaine, +12 en 2 semaines) et politiquement chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (47%, +5 et +7). Elle reste la plus élevée, en termes d’âge, chez les 35-64 ans (34%). A noter que l’intention de se mobiliser reste plus élevée que la moyenne des Français mais faiblit cette semaine chez les électeurs de Marine Le Pen (33%, -5).

Une majorité pense que la réforme sera votée et appliquée

68% (-3 en 2 semaines, -7 en 1 mois) des Français pensent que la réforme des retraites annoncée par le gouvernement sera votée et appliquée, une opinion qui demeure majoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats mais qui recule au sein des populations les plus opposés à la réforme et les plus en soutien à la mobilisation : actifs (65%, -6) et en particulier employés/ouvriers (61%, -10), et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (51%, -6). A l’inverse, 31% (+3) pensent qu’elle sera retirée face aux contestations.

Pour financer le système de retraite, les Français privilégient l’augmentation des salaires, du taux d’emploi des seniors, des taxes sur les dividendes et des impôts pour les plus aisés. A contrario, la réduction du montant des retraites, l’augmentation des cotisations salariales et de la durée de travail sont rejetés

Pour financer le système des retraites et permettre qu’il soit à l’équilibre financièrement, une majorité de Français est favorable à :

  • Augmenter les salaires (ce qui aurait pour effet d’augmenter le montant récolté des cotisations), 84% favorables
  • Augmenter le taux d’emploi des seniors (ce qui aurait pour effet d’augmenter le montant récolté des cotisations), 67%
  • Augmenter les taxes sur les dividendes, 64%
  • Augmenter les impôts pour les ménages les plus aisés, 62%

Ces 4 propositions sont approuvées par une majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et électorats. A noter toutefois quelques différences :

Les cadres (53%) et les électeurs d’Emmanuel Macron (55%) sont plus partagés concernant l’augmentation des impôts pour les ménages les plus aisés

L’augmentation des dividendes et des impôts pour les plus aisés sont particulièrement approuvées par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (respectivement 78% et 81%)

Augmenter le taux d’emploi des seniors est particulièrement approuvée par les 65 ans et plus (75%)

Les Français sont divisés sur l’augmentation des cotisations patronales : 48% y sont favorables, 50% opposés. Une proposition source d’un clivage politique entre des électeurs de Jean-Luc Mélenchon plutôt favorables (63%) et des électeurs d’Emmanuel Macron (58%) et de Marine Le Pen (57%) plutôt opposés

Une majorité de Français est opposé à :

  • Réduire le montant des retraites, 92% opposés
  • Augmenter les cotisations salariales (ce qui signifie une baisse du salaire net), 82%

Une majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et électorats sont opposés à ces propositions

  • Et dans une moindre mesure à augmenter la durée de travail hebdomadaire (ce qui aurait pour effet d’augmenter le montant récolté des cotisations), 61%

Les actifs (68% opposés) – en particulier les professions intermédiaires (72%) et les employés/ouvriers (70%) – et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (73%) sont largement opposés à cette proposition. Les électeurs d’Emmanuel Macron (46% favorables, 53% opposés) et de Marine Le Pen (45% et 55%) sont plus partagés. A l’inverse, les retraités (54% favorables) et les électeurs de Valérie Pécresse (68%) y sont majoritairement favorables.

Les alternatives consistant à augmenter les salaires et le taux d’emploi des seniors ne souffrent pas d’un déficit de crédibilité : à l’inverse, respectivement, 69% et 54% des Français les jugent réalisables.

Réformes proposées par les oppositions : les Français y sont favorables et les jugent en majorité réalisables

75% des Français sont favorables à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans (au bout de 40 années de cotisation) et le maintien des 62 ans pour les autres (dont 66% qui jugent cette proposition crédible/réalisable)

Et 68% sont favorables à la retraite à 60 ans, après 40 années de cotisation (dont 54% crédibles/réalisables).

La proposition de maintenir la retraite à 62 ans et à 60 ans pour les carrières longues est largement approuvée par une majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et électorats, y compris par les électeurs d’Emmanuel Macron (69% favorables et 63% réalisables).

La proposition d’abaisser l’âge de départ à la retraite à 60 ans après 40 années de cotisation rencontre l’assentiment des actifs (73% favorables, 61% réalisables) et des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (91% et 73%) et de Marine Le Pen (73% et 64%) mais les retraités (57% favorables, 48% réalisables) et les électeurs d’Emmanuel Macron (50% et 36%) doutent de la faisabilité de cette proposition.

Pourtant, aucun opposant politique ne semble pour l’instant tirer son épingle du jeu pour incarner l’opposition. Dans ce rôle d’opposant n°1 à Emmanuel Macron, Marine Le Pen recule nettement   

27% (-2 points depuis le 28 octobre 2022) des Français estiment que Jean-Luc Mélenchon et l’union de la gauche « NUPES » incarne le mieux l’opposition à Emmanuel Macron, 26% (-9) Marine Le Pen, 5% (stable) les dirigeants du parti Les Républicains et 41% (+11) aucun d’entre eux.

Le sentiment qu’aucune de ces personnalités n’incarne le mieux l’opposition à Emmanuel Macron progresse fortement depuis octobre chez les électeurs d’Emmanuel Macron (55%, +18) et les abstentionnistes (56%, +15).

Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen conservent le titre de 1er opposant aux yeux de leurs électeurs respectifs (72% et 72%).

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