Mobilisation interprofessionnelle du mardi 18 octobre : 49% des Français désapprouvent, 39% approuvent

Mobilisation interprofessionnelle du mardi 18 octobre : 49% des Français désapprouvent, 39% approuvent

49% des Français désapprouvent la mobilisation à l’initiative certains syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires) dans certains secteurs d’activité (notamment SNCF, RATP, transports routiers et fonction publique) « pour les salaires et la défense du droit de grève », dont 25% qui y sont opposés et 24% hostiles. A l’inverse, 39% approuvent, dont 20% qui en ont de la sympathie et 19% qui la soutiennent.
12% des Français déclarent y être
indifférents.

Cette mobilisation est faiblement soutenue en comparaison d’autres mobilisations catégorielles mesurées ces dernières années : les personnels des urgences hospitalières (88% approbation, 06.11.19), les policiers (78%, 06.11.19), le début du mouvement des « gilets jaunes » (73%, 14.11.2018) et les syndicats de salariés SNCF (34%, 14.03.2018).

A l’égard de cette mobilisation, des écarts importants existent d’un point de vue politique, socio-professionnel et générationnel : les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (73%), les 25-34 ans (52%) et les catégories populaires (49%; contre 36% désapprobation) approuvent plutôt la mobilisation tandis que les électeurs d’Emmanuel Macron (78%), dans une moindre mesure de Marine Le Pen (47% ; contre 37% approbation), les cadres et professions intermédiaires (49% ; contre 39% approbation) et les 65 ans et plus (66%) la désapprouvent.

L’opinion se durcit à l’égard de la mobilisation d’une partie des salariés de Total et ExxonMobil : 48% (+8) des Français désapprouvent, 40% (-2) approuvent et 12% (-6) sont indifférents

48% (+8 points en 5 jours) des Français désapprouvent la mobilisation d’une partie des salariés des groupes pétroliers Total et ExxonMobil, dont 24% (+6) qui y sont hostiles et 24% (+2) opposés. A l’inverse, 40% (-2) approuvent, dont 23% (-1) qui en ont de la sympathie et 17% (-1) qui la soutiennent. 12% (-6) des Français déclarent y être indifférents.

On observe à l’égard de cette mobilisation une polarisation politique : la désapprobation se renforce chez les électeurs d’Emmanuel Macron (75%, +13) et devient majoritaire chez les électeurs de Marine Le Pen (51%, +11 ; contre 34% approbation, -12). Mais à l’inverse, l’approbation progresse chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (71%, +14).

D’un point de vue générationnel : la majorité des moins de 35 ans approuvent la mobilisation (51%, +4), les 35-49 ans sont partagés (45% désapprobation, 42% approbation), les 50 ans et plus la désapprouvent (57%).

D’un point de vue socio-professionnel : 5 jours après notre première mesure, une majorité des cadres et des professions intermédiaires sont maintenant opposés voire hostiles à cette mobilisation (50%, +16) tandis que les catégories populaires sont plus partagés (44%, -5 ; contre 37% désapprobation).

A noter que les variables politique, socio-professionnelle et générationnelle sont nettement plus explicatives des dynamiques d’opinion que l’expérience des pénuries. En effet, on n’observe aucune différence significative entre les Français directement impactés par les pénuries (48% désapprobation, 42% approbation) et ceux qui n’ont pas du tout été impactés (46% désapprobation, 37% approbation).

Une nette majorité dorénavant favorable à la réquisition des salariés en grève pour rétablir l’approvisionnement des stations essence (60%, +9)

Face à la situation actuelle de pénuries dans un certain nombre de stations essence, 60% (+9 points en 5 jours) des Français estiment que le gouvernement doit réquisitionner les salariés en grève pour assurer l’approvisionnement des stations essence. A l’inverse, 40% (-8) considèrent qu’il ne doit pas réquisitionner les salariés en grève, et qu’il faut respecter le droit de grève.

Politiquement, le soutien aux réquisitions se renforce chez les électeurs d’Emmanuel Macron (86%, +9) et devient majoritaire chez les abstentionnistes (61%, +17) et les électeurs de Marine Le Pen (57%, +10). A l’inverse, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (65% ne doit pas réquisitionner) sont contre.

D’un point de vue socio-professionnel, les cadres et professions intermédiaires sont majoritairement favorables aux réquisitions (62%, +16) tandis que les catégories populaires sont partagés (51% pour, 48% contre).

A la faveur d’une forte hausse, les Français qui n’ont pas été impactés par les pénuries de carburant (59% doit réquisitionner, +14) rejoignent désormais l’opinion des Français impactés (60%, +5).

Il existe une corrélation logique entre le jugement sur la mobilisation et sur les réquisitions : 70% des Français qui approuvent la mobilisation sont contre les réquisitions, 86% qui la désapprouvent y sont favorables.

Suite à l’accord proposé par la direction de Total et accepté par une partie des syndicats, les Français estiment que les grévistes devraient arrêter leur mobilisation

Dans la nuit de jeudi à vendredi, une partie des syndicats (CFDT et CFE-CGC) ont accepté un accord proposé par la direction de Total, comprenant une augmentation de 7% des salaires (dont 5% garantie pour les non-cadres) et 3 000 à 6 000 euros de prime. Le syndicat CGT a refusé cette proposition, demandant une hausse de 10% pour « couvrir l’inflation et partager la richesse », et ont décidé de poursuivre la mobilisation. 71% des Français estiment que les salariés ont déjà obtenu une augmentation suffisante de la part de la direction de Total et qu’ils devraient arrêter la mobilisation. A l’inverse, 28% considèrent qu’ils n’ont pas obtenu une augmentation suffisante et qu’ils doivent poursuivre la mobilisation.

L’opinion selon laquelle les salariés ont déjà obtenu une augmentation suffisante est majoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats (93% E. Macron, 75% M. Le Pen, 69% abstentionnistes), seuls les électeurs de Jean-Luc Mélenchon ont un avis contraire (58% doivent poursuivre).

Pourtant la direction des groupes pétroliers est de plus en plus perçue comme responsable du conflit social

Pour 43% (+6 points en 5 jours) des Français, la direction est responsable du conflit social en cours au sein des groupes pétroliers.

A l’inverse, pour 35% (-5), les salariés en grève sont responsables. 22% (-1) des Français n’expriment pas d’opinion sur cette question.

Politiquement, le responsable du conflit social est la direction pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (68%, +9) et de plus en plus d’électeurs d’Emmanuel Macron (31%, +15 ; contre 47% salariés en grève, -20). Les électeurs de Marine Le Pen demeurent assez partagés (43% salariés en grève, 36% direction).

Pénuries d’essence : l’exécutif pas à la hauteur de la situation pour 3 Français sur 4, une critique qui reste forte mais recule légèrement en 5 jours (74%, -5)

74% (-5 points en 5 jours) des Français considèrent qu’Emmanuel Macron et le gouvernement n’ont pas été à la hauteur de la situation concernant les pénuries d’essence, dont 41% (-4) pas vraiment et 33% (-1) pas du tout. A l’inverse, l’exécutif a été à la hauteur aux yeux de 25% (+5) des Français, dont 23% (+6) plutôt et 2% (-1) tout à fait.

En 5 jours, la critique envers l’exécutif recule dans la plupart des catégories de populations et électorats, et de manière particulièrement importante chez les 25-34 ans (66%, -13), les cadres (67%, -11) et les Français qui n’ont pas été gênés pour trouver de l’essence (64%, -12). A noter que la critique de l’exécutif ne recule pas chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (87%, +1).

Malgré cette baisse, une large majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et électorats estiment que le gouvernement n’est pas à la hauteur, seuls les électeurs d’Emmanuel Macron font exception (60% à la hauteur).

L’expérience de la pénurie impacte directement le regard porté sur l’exécutif : 82% des Français qui n’ont pas pu trouver d’essence estiment qu’il n’a pas été à la hauteur contre 64% des Français qui n’ont pas du tout été gênés pour en trouver.

1 Français sur 3 se dit prêt à se mobiliser dans les prochaines semaines pour le pouvoir d’achat et les salaires

32% des Français se disent prêts à se mobiliser dans les semaines à venir dans le cadre de grèves ou manifestations à propos du pouvoir d’achat et des salaires, dont 20% probablement et 12% certainement. A l’inverse, 67% ne sont pas prêts, dont 34% probablement pas et 33% certainement pas.

Un niveau légèrement inférieur à celui mesuré en novembre 2019 pour la réforme des retraites (37% oui).

Les populations qui ont le plus l’intention de se mobiliser sont les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (62%) et dans une moindre mesure de Marine Le Pen (42%), les ouvriers (45%) et les 25-34 ans (42%).

Le risque d’explosion sociale est élevé aux yeux des Français

84% des Français jugent que le risque d’une explosion sociale en France avec une multiplication des conflits sociaux voire un blocage du pays est aujourd’hui élevé, dont 59% assez élevé et 25% très élevé. 15% le jugent faible, dont 13% assez faible et 2% très faible.

Un diagnostic largement partagé par toute les catégories de population et électorats, et de manière particulièrement intense par les électeurs de Marine Le Pen (40% très élevé) et dans une moindre mesure de Jean-Luc Mélenchon (31%).

Pouvoir d’achat : le sentiment que l’action du gouvernement est inefficace progresse dans l’opinion

Concernant les mesures pour le pouvoir d’achat prises par le gouvernement au cours des derniers mois, 45% (+6 depuis le 28 septembre) des Français pensent qu’elles n’améliorent pas du tout la situation en matière de pouvoir d’achat, 45% (-3) qu’elles vont dans le bon sens mais sont insuffisantes, et 9% (-3) qu’elles permettent vraiment d’améliorer la situation en matière de pouvoir d’achat

En 3 semaines, le sentiment que les mesures de l’exécutif n’améliorent pas du tout les choses progresse chez les Français qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois (57%, +8), les 18-24 ans (40%, +13), les 25-49 ans (51%, +10), les habitants des communes rurales (51%, +11) et politiquement chez les électeurs de Marine Le Pen (62%, +10) et de Jean-Luc Mélenchon (60%, +8).

2 Français sur 3 opposés au recours à l’article 49-3 pour voter le budget 2023

66% des Français sont opposés au recours à l’article 49-3 de la Constitution pour adopter la loi fixant le budget 2023, dont 33% plutôt opposés et 33% tout à fait opposés. A l’inverse, 33% sont favorables, dont 26% plutôt favorables et 7% tout à fait favorables.

A l’exception des électeurs d’Emmanuel Macron qui sont majoritairement favorables (68%), l’opposition au 49.3 pour voter le budget est majoritaire au sein de toutes les catégories de populations et électorats. On observe une forte opposition chez les habitants des communes rurales (76%), les catégories populaires (73%) et politiquement chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (84%), de Marine Le Pen (74%) et chez les abstentionnistes (73%).

Télécharger le rapport : Les Français et le climat social

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