Les Français doutent de l’influence d’Emmanuel Macron sur les institutions et décisions européennes

Une opinion divisée sur le rôle d’Emmanuel Macron dans la campagne : devoir de réserve selon les oppositions, demande d’un soutien plus engagé dans son camp

Si deux Français sur trois estiment que le Président de la République ne doit pas s’impliquer davantage dans la campagne car ce n’est pas son rôle, un tiers jugent qu’il est normal qu’il s’y engage et qu’il soutienne la liste de son camp.

Le débat clive fortement les oppositions et le camp présidentiel : plus de la moitié de ceux qui ont l’intention de voter pour une des listes d’opposition estiment que ce n’est pas son rôle, alors que 71% de ceux qui soutiennent la liste Renaissance sollicitent un soutien plus net du Président.

Pour l’opinion publique, une défaite nette de la liste Renaissance à l’élection européenne serait synonyme de d’échec personnel pour Emmanuel Macron

En cas de large défaite de la liste menée par Valérie Hayer, plus de 6 Français sur 10 (61%) estiment que ce serait avant tout un échec personnel pour Emmanuel Macron ; à l’inverse, 38% pensent que ce serait plutôt un échec de la candidate Valérie Hayer et de son équipe.

Plus de la moitié des potentiels électeurs d’opposition (hormis ceux de Raphaël Glucksmann) rejetteraient la responsabilité de la défaite sur Emmanuel Macron, alors que les soutiens de la liste Renaissance auraient plutôt tendance à faire porter la responsabilité d’une défaite sur la candidate (même si 37% estiment que ce serait avant tout l’échec du Président de la République).

Quelles leçons tirer d’une éventuelle défaite du camp présidentiel ? Changer d’orientation politique. L’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée divise, celle d’un changement de Premier ministre rejetée

En cas de large défaite de la liste du camp présidentiel, 61% des Français estiment qu’Emmanuel Macron devra changer significativement d’orientation politique (une opinion largement partagée auprès des oppositions, ainsi que par 43% des électeurs 2022 de 1er tour d’Emmanuel Macron).

L’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée Nationale partage les Français (46% « oui », 54% « non ») ; elle est soutenue par les électeurs de Marine Le Pen (65%) et d’Éric Zemmour (72%), rejetée par ceux d’Emmanuel Macron (73%), et divise ceux de Jean-Luc Mélenchon (51% « oui » / 49% « non »).

En cas de défaite importante du camp présidentiel, le changement de Premier ministre n’est pas sollicité par l’opinion (61%). Les électeurs d’Emmanuel Macron et les sympathisants LR s’y opposent clairement, alors que les électorats de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen ne sont qu’une petite majorité à le souhaiter (respectivement 52% et 55%).

L’influence d’Emmanuel Macron sur les institutions et décisions européennes est mise en doute

57% des Français estiment qu’Emmanuel Macron n’a pas eu depuis 2017 une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union Européenne, un score quasi-identique à celui mesuré en juillet 2018 (56%) un peu plus d’un après sa première élection. A l’inverse, 42% jugent qu’il y est parvenu.

L’électorat d’Emmanuel Macron portent un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs d’opposition sont plutôt négatifs (56% à 77% selon l’électorat).

L’appartenance de la France à l’Union Européenne : un jugement volatile, très partagé mais moins critique que lors de la crise agricole

Si 37% des Français considèrent toujours que l’appartenance de la France à l’UE apporte plus d’inconvénients que d’avantages (stable dans le temps long), 37% jugent que la balance est équilibrée (autant d’avantages que d’inconvénients), en recul de 9 points en deux mois et demi, et 25% qu’elle apporte plus d’avantages (+7). Le regard s’était fortement dégradé pendant la crise agricole, et revient à des niveaux plus proches de l’avant-crise.

Ce regard est très clivé politiquement : l’appartenance à l’UE est largement critiquée dans les électorats de Marine Le Pen (63%) et d’Éric Zemmour (80%), alors que le jugement est avant tout positif auprès de ceux d’Emmanuel Macron (47% / 33% autant d’inconvénients que d’avantages / 19% plus d’inconvénients). Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont dans une position intermédiaire, à l’image de l’ensemble de la population (40% autant l’un que l’autre, 32% plus d’inconvénients, 28% plus d’avantages). A noter que les potentiels électeurs de Raphaël Glucksmann se distinguent par un regard particulièrement positif sur l’UE : 51% « plus d’avantages », 35% « autant l’un que l’autre », 11% « plus d’inconvénients ».

L’Union Européenne, un atout pour peser sur la scène internationale (géopolitique et commerce), pour relever les défis climatique et numérique (IA). Un regard partagé sur sa contribution économique, et encore plus sur le plan de l’immigration et de la politique agricole

Plus de 60% des Français considèrent que l’UE est un atout et que l’on est plus fort à plusieurs pays, sur le plan de :

  • la défense/puissance militaire (69%), la lutte contre le terrorisme (68%) et le rôle dans le monde, géopolitique (66%)
  • La lutte contre le dérèglement climatique (66%)
  • Le commerce international (64%)
  • Le développement de l’IA (62%)
  • Et dans une moindre mesure pour la production d’énergie (59%), la production de médicaments et d’équipements de santé (57%).

Pour la croissance économique, 54% la considèrent comme un atout et 45% comme un inconvénient. Le regard est encore plus mitigé pour l’immigration (51% inconvénient) et la politique agricole (53%).

Si l’électorat d’Emmanuel Macron est largement positif, celui de Jean-Luc Mélenchon est (dans une moindre mesure) lui aussi en majorité positif sur l’ensemble des champs testés. L’électorat de Marine Le Pen est très partagé, à l’exception de l’immigration et de la politique agricole qui sont les seuls domaines où il est clairement négatif.

Une campagne européenne… mais fortement teintée d’enjeux nationaux

Si 58% des électeurs potentiels de la prochaine élection européenne déclarent tenir compte avant tout d’enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu’ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux.

Les potentiels électeurs du PS, d’EELV et de Renaissance considèrent davantage les enjeux européens (plus de deux tiers d’entre eux), alors que ceux du RN tiendront davantage compte des enjeux nationaux (61%).

Aux yeux de l’ensemble des Français, la campagne devrait être centrée autour de deux enjeux principaux : l’amélioration du pouvoir d’achat, la lutte contre l’inflation (42% de citations) et l’immigration (40%) ; suivis par la lutte contre le dérèglement climatique (30%) et la lutte contre le terrorisme (28%).

Les autres enjeux sont cités par moins de 20%.

L’immigration arrive en tête des enjeux de la campagne auprès des électeurs potentiels du RN (72%), suivi du pouvoir d’achat (52%) ; alors que ceux de Renaissance souhaiteraient mettre au centre de la campagne le sujet de la guerre en Ukraine (46%), l’immigration (43%), la lutte contre le terrorisme (36%) et la lutte contre le changement climatique (30%).


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