Deux tiers des Français adhèrent au principe d’une politique de défense commune européenne
67% des Français se disent favorables au principe d’une politique de sécurité et de défense commune dans l’Union européenne, c’est-à-dire au partage de moyens humains et matériels, de technologies et d’investissements d’ordre militaire entre les pays de l’Union européenne, dont 51% plutôt favorables et 16% très favorables. A l’inverse, 32% y sont opposés, dont 23% plutôt opposés et 9% très opposés.
Le principe d’une politique de défense commune européenne est majoritairement approuvé dans tous les électorats, à des degrés divers : plus de 8 électeurs sur 10 de Yannick Jadot (88%), d’Emmanuel Macron (85%) et de Valérie Pécresse (84%) y sont favorables, 69% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, 60% de Marine Le Pen et 55% d’Éric Zemmour.
D’un point de vue générationnel, il est davantage approuvé par les 65 ans et plus (75%), les 50-64 ans (70%) et par les plus jeunes (18-24 ans, 72%) que par les 25-49 ans (59% favorables, 41% opposés).
Les Français ont le sentiment que la construction d’une politique de défense commune bénéficierait autant à la France qu’aux autres pays européens
54% des Français ont le sentiment la construction d’une politique de défense commune entre les pays de l’Union européenne bénéficierait autant à la France qu’aux autres pays européens, un tiers (32%) qu’elle bénéficierait avant tout aux autres pays européens au détriment de la France, et 13% qu’elle bénéficierait avant tout à la France au détriment des autres pays européens.
La majorité des électeurs d’Emmanuel Macron (68%), de Yannick Jadot (66%), de Valérie Pécresse (61%) et de Jean-Luc Mélenchon (54%) considèrent qu’une politique de défense commune bénéficierait à l’ensemble des pays européens. Les électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour sont davantage partagés entre cette opinion (respectivement 46% et 42%) et le sentiment qu’elle se ferait au détriment de la France (37%, 48%).
En termes d’âge, les 25-49 ans sont plus critiques (42% au détriment de la France, 43% bénéficierait autant à la France qu’aux autres pays européens) tandis que les autres tranches d’âge ont un regard plus positif sur le partage des bénéfices d’une politique de défense commune : 71% des 65 ans et plus estiment qu’elle bénéficierait à tous, 56% des 50-64 ans et 47% des 18-24 ans (et 26% avant tout à la France).
Pour l’opinion, la France doit viser un juste équilibre entre autonomie nationale et coopération européenne
Concernant la politique de défense de défense de la France et de l’Union européenne, 42% des Français estiment que la France doit viser un juste équilibre entre autonomie nationale et coopération européenne, 33% qu’elle doit s’entendre avec les autres pays européens pour construire une véritable politique commune de défense et tendre vers la création d’une armée européenne. A contrario, 24% considèrent que la France doit être le plus autonome possible et ne compter que sur elle-même.
D’un point de vue politique, 3 blocs émergent :
- Les électeurs d’Emmanuel Macron et de Yannick Jadot sont une majorité (relative) à souhaiter une véritable coopération européenne pour tendre vers une armée européenne (respectivement 50% et 48%, et un peu plus d’un tiers d’entre eux privilégie l’équilibre)
- Les électeurs de Valérie Pécresse (45% équilibre, 38% armée européenne) et de Jean-Luc Mélenchon (43%, 37%) sont partagés entre une position d’équilibre et l’ambition d’aller plus loin dans une politique commune européenne
- Les électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour sont quant à eux partagés entre une position d’équilibre (respectivement 45% et 38%) et la volonté que la France soit la plus autonome possible (34%, 32%)
Les mesures proposées par Emmanuel Macron lors de son discours à la Sorbonne sont approuvées par l’opinion, à l’exception de la mutualisation de la dissuasion nucléaire française qui clive
Lors de son discours sur l’Europe prononcé à la Sorbonne, Emmanuel Macron a évoqué un certain nombre de mesures pour développer une politique commune de sécurité et de défense entre les pays de l’Union européenne. Concernant ces mesures, entre 7 et 8 Français sur 10 approuvent :
- La mise en place d’un bouclier anti-missile européen (80% favorables)
- L’instauration d’une préférence européenne dans l’achat de matériel militaire (74% favorables)
- La création d’une Académie militaire européenne pour former les futurs cadres militaires et civils européens aux futurs enjeux de sécurité et de défense (69%)
- La mise en place d’une force de réaction rapide de 5 000 militaires européens d’ici 2025 notamment pour venir en aide aux ressortissants européens (69%)
Ces 4 mesures sont largement approuvées au sein de tous les électorats : électeurs de Valérie Pécresse (88% à 95% selon les mesures), électeurs d’Emmanuel Macron (84% à 93%), de Yannick Jadot (81% à 93%), de Jean-Luc Mélenchon (64% à 78%), d’Éric Zemmour (66% à 79%) et de Marine Le Pen (60% à 74%).
Une courte majorité est favorable à la mise en place de financements supplémentaires, avec notamment un nouvel emprunt européen, pour développer une industrie de défense européenne (52%). A l’inverse des 4 précédents mesures, la mise en place de financements supplémentaires ne fait pas l’unanimité d’un point de vue politique : 72% des électeurs d’Emmanuel Macron, 63% de Yannick Jadot et 61% de Valérie Pécresse y sont favorables tandis que les électeurs de Marine Le Pen (59%), d’Éric Zemmour (52%) de Jean-Luc Mélenchon (51%) y sont plutôt opposés.
La mutualisation de la dissuasion nucléaire française avec les autres pays de l’Union européenne clive davantage : 50% des Français y sont favorables, contre 49% opposés. Les électeurs de Yannick Jadot (77%) et d’Emmanuel Macron (67%) approuvent largement cette mesure, les autres électorats sont une majorité à y être opposés : électeurs d’Éric Zemmour (64%), de Jean-Luc Mélenchon (58%), de Marine Le Pen (57%) et de Valérie Pécresse (55%).
Le regard de l’Institut Montaigne :
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, les appels au renforcement de la défense européenne commune se multiplient. Paris, Berlin, Varsovie, Washington… : si la défense européenne est aujourd’hui principalement assurée par l’OTAN, nombreux sont ceux qui appellent l’Union européenne à jouer un plus grand rôle dans ce domaine. Selon les résultats de notre sondage Elabe, 67% des Français y sont favorables. Ce chiffre grimpe à 88% pour les électeurs de Yannick Jadot et à 85% pour ceux d’Emmanuel Macron. Le soutien reste également élevé pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (69%), de Marine Le Pen (60%) et d’Éric Zemmour (55%).
C’est une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron qui, lors de son discours prononcé à la Sorbonne le 25 avril, a mis en avant quatre nouvelles mesures pour renforcer cette politique de défense commune : selon notre étude, 80% des Français veulent la mise en place d’un bouclier anti-missile européen ; 74% soutiennent l’instauration d’une préférence européenne dans l’achat de matériel militaire au niveau européen ; 69% soutiennent la création d’une Académie militaire pour former les cadres militaires et civils européens sur les enjeux de sécurité et de défense commune ; et 69% sont favorables à la mise en place d’une force de réaction rapide pour venir en aide aux ressortissants européens.
Néanmoins, la mutualisation de la dissuasion nucléaire française avec les autres pays de l’Union européenne clive davantage : 50% des Français y sont favorables, contre 49% opposés. Ils sont également 42% à estimer que la France vise un juste équilibre entre autonomie nationale et coopération européenne.
Georgina Wright – Directrice adjointe des Études Internationales
Télécharger le rapport : Les Français et la politique de défense commune européenne
Crédits image : Apache Hélicoptère Militaire – Pixabay