Covid-19, séparatisme… Le regard des Français sur Emmanuel Macron

Partie 1 : Les Français, Emmanuel Macron et la Covid-19

Pour 6 Français sur 10, Emmanuel Macron n’a pas été à la hauteur de la crise du Covid.

Des Français partagés sur son action économique, et plutôt critiques sur ses décisions sanitaires…

Pour 61% des Français, Emmanuel Macron n’a pas été à la hauteur de la situation depuis le début de la crise du coronavirus, notamment parce qu’il n’a pas pris les bonnes décisions sur un plan sanitaire pour 55%. Toutefois, les Français sont plus partagés sur un plan économique et social (52% bonne décisions, 48% mauvaises décisions).

Politiquement :

  • Seuls les électeurs d’Emmanuel Macron ont majoritairement un regard positif sur l’attitude et l’action d’Emmanuel Macron lors de cette crise sanitaire et économique (85% bonnes décisions économiques et sociales, 74% bonnes décisions sanitaires, et 74% à la hauteur)
  • Les électeurs de François Fillon et de Benoît Hamon ont majoritairement un regard positif sur l’action du chef de l’Etat en matière économique et social (60% et 53%) mais ils sont plus critiques à l’égard de ses décisions sanitaires (45%, et 36%) et de son bilan global (38% et 18% à la hauteur).
  • Les électeurs de Marine Le Pen, de Jean-Luc Mélenchon et les abstentionnistes sont majoritairement critiques sur ces trois aspects

En termes d’âge, les 65 ans et plus ont un point de vue plutôt positif sur la gestion de la crise économique (59%, contre 49%-50% pour les autres tranches d’âge). Mais, comme les autres tranches d’âge, ils ont un point de vue négatif concernant la gestion sanitaire (41%-47% bonnes décisions) et sur son bilan global (35%-38% à la hauteur). Sur ce dernier point, les 18-24 ans se montrent plus partagés (49% à la hauteur).

D’un point de vue socio-économique, les catégories sociales supérieures et en particulier les cadres ont un jugement plutôt positif sur les décisions économiques (63% bonnes décisions chez les cadres), mais ils sont plus partagés sur les décisions sanitaires (53%) et le fait d’avoir été à la hauteur (51%). A l’inverse, les catégories populaires et en particulier les ouvriers sont critiques sur l’attitude et l’action du chef de l’Etat (40% bonnes décisions économiques, 30% bonnes décisions sanitaires, et 21% à la hauteur chez les ouvriers).

… et sur la difficulté des autorités à tirer les leçons de la première vague

65% des Français ont le sentiment qu’Emmanuel Macron, le gouvernement et les autorités sanitaires n’ont pas tiré les leçons de la première vague, dont 42% pas vraiment et 23% pas du tout. A l’inverse, 34% des Français estiment que les autorités en ont tiré les leçons, dont 30% plutôt et 4% tout à fait.

Politiquement, seuls les électeurs d’Emmanuel Macron considèrent en majorité que les autorités ont tiré des enseignements de la première vague de l’épidémie (65% oui, 34% non), les autres électorats se montrant plus critiques (26%-31% oui, 66%-78% non).

En termes d’âge, seuls les 18-24 ans sont partagés (49% oui, 48% non), les autres tranches d’âges se montrant majoritairement critiques (30%-35% oui, 64-70% non).

D’un point de vue socio-économique, les ouvriers sont plus critiques (73% non) que les autres catégories (55%-67% non).

Communication : pour la moitié des Français Emmanuel Macron s’est exprimé juste ce qu’il faut depuis le début de l’épidémie, pour un tiers il ne s’est pas assez exprimé

Dans le détail, 53% des Français considèrent qu’Emmanuel Macron s’est exprimé juste ce qu’il faut depuis le début de l’épidémie, 33% estiment qu’il ne s’est pas assez exprimé, et 13% qu’il s’est trop exprimé.

Le sentiment qu’Emmanuel Macron s’est exprimé de manière équilibrée est majoritaire au sein de toutes les catégories de population et des électorats, à l’exception des électeurs de Marine Le Pen dont une majorité relative estime qu’il ne s’est pas assez exprimé (46% pas assez, 42% juste ce qu’il faut). L’opinion selon laquelle le président de la République s’est exprimé dans de bonnes proportions est particulièrement élevée chez les électeurs de François Fillon (59% juste ce qu’il faut, 28% pas assez) et surtout chez ses propres électeurs (79% juste ce qu’il faut). A noter qu’un électeur sur cinq de Jean-Luc Mélenchon considère qu’il s’est trop exprimé (20% trop).

Au global, l’image d’Emmanuel Macron est relativement stable par rapport à mai 2020

Après une amélioration entre janvier et mai 2020, l’image d’Emmanuel Macron est stable en 5 mois. Le président de la République est toujours perçu par la majorité des Français comme arrogant (65%, +3 par rapport au 20 mai 2020), autoritaire (63%, +1), et inquiétant (59%, +5).

Ses points forts aux yeux des Français restent son dynamisme (63%, +2), sa capacité à bien représenter la France à l’étranger (55%, stable), et dans une moindre mesure son courage (51%, +1).

Une minorité de Français porte un jugement positif sur sa capacité à réformer le pays (43% s’applique bien, +3), à respecter ses engagements (37%, -2), à obtenir des résultats (34%, -4), à rassembler les Français (26, -2) et sur son empathie « comprend les gens comme vous » (26%, +2). Et une minorité le voit comme une personnalité sympathique (42%, +1), sincère (33%, stable), et rassurante (30%, +1).

A noter que l’image d’Emmanuel Macron par rapport à mai 2020 se détériore auprès des électeurs de François Fillon : -15 obtient des résultats (33%), +14 arrogant (68%), +14 inquiétant (57%), et -10 dynamique (70%).

Partie 2 : Les Français, Emmanuel Macron et le séparatisme

4 Français sur 10 déclarent comprendre le terme « séparatisme », et 4 sur 10 pensent savoir de quoi il s’agit mais sans certitude

Dans le détail, concernant le terme de « séparatisme » évoqué par Emmanuel Macron, 41% des Français déclarent très bien voir de quoi il s’agit, 37% pensent savoir de quoi il s’agit mais ne sont pas sûr, et 22% ne comprennent pas ce terme.

Le terme « séparatisme » semble être mieux compris par les cadres (63% voient très bien de quoi il s’agit) et les professions intermédiaires (52%), que par les employés (29% comprennent très bien, 40% pensent savoir mais ne sont pas sûrs, et 30% ne comprennent pas) et les ouvriers (24%, 44%, et 32%).

Politiquement, 4 à 5 électeurs sur 10 de Benoît Hamon, d’Emmanuel Macron, de François Fillon et de Marine Le Pen comprennent très bien ce terme. Seuls les électeurs de Jean-Luc Mélenchon se distinguent par une compréhension partielle de ce terme (36% comprennent très bien, 49% pas sûr, et 15% ne comprennent pas).

« Ce à quoi nous devons nous attaquer, c’est le séparatisme islamiste » : Emmanuel Macron a eu raison de tenir ces propos pour 3 Français sur 4

Concernant cette phrase prononcée par Emmanuel Macron lors de son discours du vendredi 2 octobre, 75% des Français considèrent qu’il a eu raison, contre 24% qu’il a eu tort.

La majorité des Français au sein de l’ensemble des catégories de population et des électorats considère qu’Emmanuel Macron a eu raison, mais l’intensité de cet assentiment diffère selon le vote au 1er tour de la présidentielle 2017 et l’âge :

  • Politiquement, la quasi-totalité des électeurs de François Fillon (96% a eu raison) et la grande majorité de ceux d’Emmanuel Macron (85%) et de Marine Le Pen (79%) estime qu’il a eu raison de tenir ces propos. C’est un peu moins le cas des électeurs de Benoît Hamon (71%), des abstentionnistes (68%) et des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (61%).
  • L’assentiment augmente avec l’âge : de 61% chez les moins de 35 ans, 73% chez les 35-49 ans, 80% chez les 50-64 ans, jusqu’à 86% chez les 65 ans et plus

La quasi-totalité des mesures annoncées par le président de la République favorablement accueillies et jugées efficaces.

A l’exception du développement de l’enseignement de l’arabe à l’école qui est critiqué

Lors de son discours prononcé le vendredi 2 octobre dernier, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures dont l’objectif est de lutter, selon lui, contre le « séparatisme islamiste ». La plupart des mesures testées sont approuvées et jugées efficaces par une nette majorité de Français :

  • Le renforcement du contrôle des financements des lieux de culte (86% favorables, et 73% efficace)
  • L’extension des motifs de dissolution des associations, pour « atteinte à la dignité de la personne » et des « pressions psychologiques ou physiques » (83% favorables, et 70% efficace)
  • La mise en place d’une charte de la laïcité pour toute association sollicitant une subvention de l’Etat ou d’une collectivité territoriale (83% favorables, et 68% efficace)
  • Le renforcement de l’encadrement des écoles hors contrat (82% favorables, et 70% efficace)
  • L’extension de l’obligation de neutralité religieuse aux salariés des entreprises délégataires de service public (81% favorables, et 67% efficace)
  • La mise en place d’un label des formations des imams en France (81% favorables, et 66% efficace)

A noter toutefois que le jugement sur l’efficacité de ces mesures n’est pas à la hauteur de leur réception dans l’opinion : si 46% à 56% des Français y sont très favorables, « seuls » 27% à 36% les jugent très efficaces.

La majorité des Français au sein de toutes les catégories de populations et des électorats sont favorables à ces mesures et ont un jugement positif quant à leur efficacité. C’est particulièrement le cas des électeurs d’Emmanuel Macron, de François Fillon et des Français âgés de 50 ans et plus.

La fin de la possibilité de recevoir une instruction scolaire à domicile dès 3 ans (sauf impératif de santé) rencontre un assentiment majoritaire mais moins fort (63% favorables) et divise quant à son efficacité (53% efficace, 46% pas efficace). Une mesure moins bien perçue par les parents : 59% sont favorables, contre 67% pour les non-parents, et 48% la jugent efficace (contre 58%).

En revanche, 61% des Français sont opposés au développement de l’enseignement de l’arabe à l’école, et 65% la jugent inefficace pour lutter contre le « séparatisme islamiste ». Cette mesure est particulièrement mal accueillie par les électeurs de Marine Le Pen (81% opposés) et de François Fillon (76%), et jugée inefficace (respectivement 77% et 79%).

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Crédit image : Capture d’écran BMFTV