Coronavirus (vague 11) : Des mesures largement approuvées mais un retour à l’école mal accueilli

Les mesures annoncées par le Premier ministre devant l’Assemblé Nationale sont largement approuvées.

Parmi les mesures annoncées par le premier ministre dans son discours à l’Assemblée Nationale, trois recueillent l’assentiment d’environ 9 Français sur 10 ou plus.

  • 95% des Français se disent favorables (dont 70% très favorables) au port du masque obligatoire dans les transports publics.
  • 93% des Français sont favorables (dont 49% très favorables) à la mise en place de mesures d’isolement pour les personnes testées positives au Covid-19 avec leur consentement.
  • 89% des Français soutiennent le maintien du dispositif de chômage partiel jusqu’au 1er juin (dont 40% très favorables).

3 autres propositions suscitent un avis favorable d’environ 8 Français sur 10.

  • 85% des Français (dont 33% très favorables) soutiennent la possibilité de mettre en place des mesures de déconfinement plus ou moins strictes selon la situation des départements. Les moins de 25 ans (92%) y apparaissent plus sensibles, tout comme les électeurs d’Emmanuel Macron du 1er tour (93%).
  • 81% des Français se disent favorables (dont 36% très favorables) à l’interdiction des rassemblements publics et privés de plus de 10 personnes. Cette proposition fait l’objet d’un plus fort clivage, que ce soit entre les femmes (86%) et les hommes (75%), entre les plus anciens (90%) et les jeunes (73%) ou selon l’électorat ; les électeurs d’Emmanuel Macron (92%) y sont le plus favorables.
  • 79% sont d’accord (dont 24% très favorables) avec la réouverture des commerces le 11 mai sauf pour les cafés et restaurants. Cette mesure suscite une forte différence d’appréciation entre les moins de 25 ans (67%) et les plus de 65 ans (87%).

Enfin trois mesures sont soutenues par environ deux tiers des Français.

  • 69% des Français apparaissent favorables (dont 32% très favorables) à la fermeture des plages jusqu’au 1er juin. Les habitants des régions longeant l’Atlantique sont ceux qui soutiennent le moins cette mesure (61% pour le Sud-Ouest et 62% pour le Nord-Ouest).
  • 66% d’entre eux soutiennent (27% très favorables) l’interdiction des déplacements à plus de 100 kilomètres de son domicile, sauf pour motifs professionnels ou impérieux. Les habitants des communes rurales (60%) et, politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (53%), y sont moins favorables.
  • Enfin, 62% sont d’accord (dont 24% très favorables) avec le prolongement de la fermeture des cafés et restaurants au moins jusqu’à début juin. Les habitants des grandes agglomérations sont plus nombreux à soutenir cette mesure (68% et 72% pour le Grand Paris) à l’inverse des communes rurales (54%). Cette mesure réactive également un clivage politique (72% électeurs d’E. Macron vs 45% électeurs de JL Mélenchon).

A l’exception de la réouverture des écoles : 6 Français sur 10 sont opposés

Après avoir lu un court texte expliquant les mesures annoncées par Edouard Philippe concernant le retour à l’école, 60% des Français sont opposés (dont 28% très opposés) à la réouverture progressive des crèches, des écoles et des collèges à partir du 11 mai. Cette proportion est en forte augmentation sur deux semaines (+15 points). A l’inverse, 40% d’entre eux sont favorables à cette proposition, mais « seulement » 9% se disent très favorables.

Les populations qui marquent le plus fortement leur opposition à cette mesure sont les femmes (65%), les catégories populaires (66%), les 35-49 ans (65%) et les parents (64%). Parmi ces derniers, ce sont ceux ayant un enfant en crèche qui s’y opposent le plus frontalement (76% dont 35% très opposés).

Mais sur cette question, le clivage est également politique – les électeurs d’Emmanuel Macron soutiennent cette mesure (67% favorables), les électeurs de François Fillon se montrent partagés (52% favorables) tandis que les autres électorats s’y opposent (entre 60 et 70% pas favorables) – et financier : 53% des foyers à l’aise financièrement s’y opposent contre 73% de ceux rencontrant des difficultés financières.

Parmi les parents d’enfants scolarisés interrogés dans notre échantillon, 59% d’entre eux déclarent ne pas avoir l’intention de laisser leur enfant retourner à l’école après le 11 mai, dont 35% certainement pas. A l’inverse, 32% en ont l’intention, dont 13% certainement. 9% n’ont pas encore pris de décision et ne savent pas encore.

Cette proportion reste en revanche similaire que l’enfant soit scolarisé en crèche/maternelle (29%), dans le primaire (28%) ou dans le secondaire (32%).

Le plan de déconfinement convainc sept Français sur dix sur le volet économique et social, mais « seul » un Français sur deux sur le volet sanitaire.

  • 73% des Français estiment que le plan de déconfinement présenté par le Premier ministre à l’Assemblée nationale va permettre de faire redémarrer la vie économique du pays (dont 20% certainement). Les populations les plus confiantes sur ce redémarrage sont les femmes (76%), les électeurs d’Emmanuel Macron du 1er tour (81%) et les foyers présentant une situation financière aisée (77%). Notons également une plus forte inquiétude sur ce point des habitants de l’agglomération parisienne, territoire particulièrement touché par la baisse du tourisme (67%).
  • 70% d’entre eux considèrent également qu’il va permettre de retrouver une vie sociale (dont 18% certainement). Ce sont ici les hommes (73%), les moins de 35 ans (entre 75 et 79% selon la classe d’âges), les habitants des communes urbaines de province (72%) qui apparaissent les plus optimistes. Le clivage politique existe mais reste mesuré (entre 62% et 74% selon l’électorat). En revanche peu de différence existe selon la situation financière des ménages.
  • 51% estiment qu’il va garantir la sécurité sanitaire des Français (dont 11% certainement). La confiance dans ce domaine est plus forte auprès des moins de 25 ans (57%), mais surtout auprès des plus de 65 ans (60%). Cette mesure fait avant tout l’objet d’un clivage politique très marqué : 73% des électeurs d’Emmanuel Macron partagent cette opinion, contre 52% des électeurs de Benoît Hamon, 51% des électeurs de François Fillon, 45% des électeurs de Marine Le Pen et 34% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Ces différences existent également selon la situation financière des ménages : 56% au sein des foyers aisés contre 43% pour ceux connaissant une situation financière tendue.
  • 47% considèrent que ce plan va permettre de contenir la circulation du virus et éviter une deuxième vague (dont 11% certainement). Les plus confiants sont les plus de 65 ans (54%). Le clivage politique enregistré sur la mesure précédente se retrouve également ici, mais dans une moindre proportion : 67% des électeurs d’Emmanuel Macron ont confiance dans la plan, contre 50% des électeurs de François Fillon, 40% des électeurs de Benoît Hamon, 40% des électeurs de Marine Le Pen et 36% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon.

Le déconfinement inquiète plus de 6 Français sur 10.

La perspective du déconfinement inquiète 63% (-3 points en une semaine) des Français. Dans le détail, 48% d’entre eux se disent plutôt et 15% très inquiets concernant le début du confinement le 11 mai. A l’inverse, 37% (+3) se disent plutôt (33%) ou très confiants (4%).

Le fait d’aller travailler est prépondérant dans la manière dont on anticipe la phase de déconfinement : 67% (stable) des actifs se disent inquiets de cette phase, contre 57% (-8 points) des inactifs. De fait, deux tiers des Français entre 25 et 65 ans se disent inquiets, alors que c’est auprès des moins de 25 ans (47% inquiets, -9) et des plus de 65 ans (57%, -10%) que l’inquiétude recule le plus.

Politiquement, seuls les électeurs d’Emmanuel Macron sont une courte majorité à être confiants (56% confiants). Les électeurs de François Fillon (56% inquiets) et de Benoît Hamon sont partagés (58% inquiets), tandis que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (76% inquiets), de Marine Le Pen (68% inquiets) et les abstentionnistes (64% inquiets) expriment fortement leur inquiétude.

Le niveau d’inquiétude augmente également avec les difficultés financières (71% inquiets) ou avec la présence d’enfant dans le foyer (68%).

Les Français sont notamment inquiets à l’idée d’utiliser les transports en commun, et pour les parents, de laisser leurs enfants retourner en classe.

A l’approche du déconfinement, deux situations provoquent l’inquiétude d’environ 8 personnes sur 10.

  • 78% des Français se disent inquiets (dont 44% très inquiets) d’utiliser les transports en commun. Le niveau d’inquiétude est à peine plus fort dans la région parisienne (81%).
  • 78% des parents se disent inquiets de laisser leur enfants aller à l’école ou à la crèche, proportion qui monte jusqu’à 83% pour les parents d’enfants allant en primaire.

Deux autres cas de figure suscitent l’inquiétude d’une majorité de Français

  • 65% des Français se disent inquiets (dont 23% très inquiets) à l’idée de rendre visite à des personnes âgées ou des personnes vulnérables, inquiétude d’abord exprimée par les moins de 50 ans (entre 69 et 72%), par les franciliens (73% contre 50% dans le Sud-Ouest), et par les parents (72%).
  • 54% des Français sont inquiets à l’idée de partir en weekend ou en vacances (dont 20% très inquiets). Socialement, les cadres sont les moins inquiets (41%) et, géographiquement, les habitants du Sud-Ouest (38%).

Une part importante des actifs en emploi (48%) se disent inquiets à l’idée d’aller travailler (dont 18% très inquiets). Ce sont les personnes qui ont continué de travailler normalement qui apparaissent les plus confiantes à cette idée (57% confiants) et notamment celles qui ont poursuivi leur activité en présentiel (64% confiants). A l’inverse, l’inquiétude est majoritaire parmi ceux qui ont cessé partiellement ou entièrement de travailler (entre 55% et 58% selon la situation).

Deux autres situations n’inquiètent qu’une minorité de répondants.

43% sont inquiets à l’idée de faire ses courses ou à l’idée de rendre visite à des amis ou de la famille. L’inquiétude est ici légèrement moins forte auprès des habitants des communes rurales (36%-38%) et des électeurs d’Emmanuel Macron (34%-36%).

Notons également que les femmes sont systématiquement plus inquiètes que les hommes, quelle que soit la situation envisagée.

La critique sur la préparation du déconfinement recule mais reste majoritaire.

  • 59% de la population considèrent que le soutien à l’économie française pour limiter les effets de la crise du Coronavirus est bien géré par l’exécutif (dont 12% très bien géré).

Les populations ayant le regard le plus bienveillant sur cette gestion sont les moins de 25 ans (64%), les plus de 65 ans (65%), les catégories supérieures (65%) et ceux ayant une situation financière aisée (65%). Le clivage politique s’exprime également fortement: les électeurs d’Emmanuel Macron (81%), de François Fillon (71%) et de Benoît Hamon (70%) soutiennent la gestion du gouvernement tandis que les électeurs Marine Le Pen (45%) de Jean-Luc Mélenchon (43%) ont un regard plus critique. Les abstentionnistes sont plus partagés (54%).

  • 45% des Français estiment que la préparation du déconfinement est bien géré. A l’inverse, 55% d’entre eux la considèrent mal géré, dont 21% très mal géré. Après la présentation du plan de déconfinement par le Premier ministre la veille à l’Assemblée Nationale, la part de ceux ayant un regard critique est en baisse de 8 points. Ce sont globalement les mêmes populations qui ont un regard plus positive sur cette gestion de la sortie de crise, et d’abord les moins de 25 ans (52%) et les plus de 65 ans (51%), les catégories supérieures (45% contre 38% pour les catégories populaires) et les foyers aisés (51%). Le clivage politique est également marqué : 76% des électeurs d’Emmanuel Macron, 54% des électeurs de François Fillon, 53% des électeurs de Benoît Hamon, 32% des électeurs de Marine Le Pen, 27% de Jean-Luc Mélenchon et 38% des abstentionnistes considèrent la préparation du déconfinement bien gérée.
  • Malgré les annonces du Premier ministre, la gestion des masques et des tests par l’exécutif reste toujours vivement critiquée. Seuls 2 Français sur 10 considèrent que l’approvisionnement en tests pour détecter la maladie du Covid-19 (22%, +5) ainsi qu’en masques FFP2 et masques chirurgicaux (18%, +1) a été bien géré par l’exécutif.

En termes d’âges, les moins de 25 ans sont les plus indulgents vis-à-vis de l’exécutif (mal géré : 27% pour les masques et 37% pour les tests). Les différences socio-professionnelles, enregistrées la semaines dernière, s’estompent. Politiquement, si les électeurs d’Emmanuel Macron restent les plus favorables au gouvernement, ils ont néanmoins un regard majoritairement critique : environ un tiers considère cet aspect de la crise bien géré qu’il concerne les masques ou les tests. Cette proportion est de l’ordre d’un quart pour les électeurs de François Fillon, d’un cinquième pour les électeurs de Benoît Hamon et de 10-15% pour les électeurs de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon ainsi que les abstentionnistes.

Les Français sont pessimistes sur la capacité de l’Etat à distribuer des masques pour l’ensemble de la population. Ce scepticisme s’étend à l’objectif de 700 000 tests par semaine

Environ 7 Français sur 10 ne pensent pas l’Etat capable de remplir les promesses du Gouvernement qu’elles concernent l’approvisionnement de l’ensemble de la population en masques ou la réalisation de 700 000 tests virologiques par jour. Plus précisément,

  • 73% (+8 points en deux semaines) des Français ne pensent pas que l’Etat parviendra à faire distribuer ces masques à l’ensemble de la population pour la fin du confinement le 11 mai, dont 30% certainement pas.
  • 71% des Français ne pensent pas que l’Etat parviendra à faire réaliser 700 000 tests virologiques de dépistage du coronavirus par semaine à partir du 11 mai, dont 26% certainement pas.

Les populations qui ont le regard le plus critique sur l’approvisionnement futur en masques ou en tests sont les femmes (22% pour les masques et 24% pour les tests), les habitants de province (26% pour les masques et 27% pour les tests).

Concernant la réalisation de 700 000 tests virologique par semaine, des différences apparaissent également entre classes d’âge et entre catégories socio-professionnelles : ainsi les moins de 25 ans (37%) et les cadres (39%) apparaissent plus confiants que les autres. Ces différences sont moins fortes concernant la gestion des masques.

A l’approche de la fin du confinement, la confiance accordée à l’exécutif recule

38% des Français font confiance à l’exécutif pour lutter efficacement contre l’épidémie de coronavirus (dont seulement 7% tout à fait confiance). Cette proportion est en baisse de 7 points en une semaine. A l’inverse, 62% (+7) des Français ne lui font pas confiance, dont 28% (+3) pas du tout confiance. La confiance accordée à l’exécutif est au plus bas depuis le début de la crise (précédent point bas le 31 mars, à 41%).

C’est notamment auprès des personnes entre 25 et 34 ans (34%, -11 points), des catégories populaires (33%, -6 points) que la confiance accordée à l’exécutif faiblit le plus. Politiquement, la confiance se dégrade auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (19%, -9 points) et de Benoît Hamon (40%, -6 points). Elle reste en revanche quasi-stable auprès des électeurs d’Emmanuel Macron (76%, -1), de François Fillon (49%, -1) et de Marine Le Pen (21%, -1) qui continuent néanmoins de marquer fortement leur opposition à l’action de l’exécutif. Par ailleurs, le clivage enregistré sur la situation financière s’accentue encore : 47% (stable) des foyers aisés font confiance à l’exécutif (dont 57%, +8 parmi ceux qui arrivent à mettre de l’argent de côté), mais seulement 24% (-7%) des foyers subissant une situation financière tendue.

Une inquiétude face à l’épidémie élevée mais en baisse

Environ 8 Français sur 10 sont toujours inquiets de la propagation du Coronavirus. Précisément, 78% des Français se disent plutôt (57%) ou très inquiets (21%). Toujours très élevée, l’inquiétude est néanmoins en baisse de 4 points en une semaine. A l’inverse, 22% ne sont pas inquiets.

En termes d’âge, l’inquiétude baisse d’abord auprès des Français entre 50 et 64 ans (76%, -12 points) ; elle reste particulièrement élevée auprès des plus de 65 ans (82%, -2 points). Géographiquement, elle reste élevée dans le Nord-Est, territoire particulièrement touché par le virus (84%, +1), alors qu’elle est plus faible dans le Sud-Ouest (68%, -16 points). L’inquiétude baisse par ailleurs d’abord auprès des Français vivant sans enfant (77%, -7 vs 81%, -2 pour les Français vivant avec des enfants).

Et un moral plutôt bon et stable

Cette semaine, le moral des Français est plutôt stable. Invités à l’évaluer sur une échelle allant de 0 à 10 (0=très mauvais ; 10=très bon), les Français accordent en moyenne une note de 6.3/10, légèrement inférieur à celle de la semaine dernière (-0.1 point).

Plus en détail, 5% (stable) des Français évaluent leur moral comme très mauvais (note 0 à 2), 11% (+1) comme plutôt mauvais (note 3 à 4), 14% (-1) comme moyen (note 5), 41% (+2) comme plutôt bon (note 6 à 7) et 29% (-2) comme très bon (note 8 à 10).

En terme d’âge, c’est auprès des 35-49 ans que le moral est le moins bon (5.9/10, -0.4 point). Mais c’est la situation financière des Français qui est le facteur le plus important pour expliquer leur niveau de moral : les personnes bénéficiant d’une situation financière aisée affichent un moral à 6.6/10, atteignant 6.9/10 parmi les Français parvenant à mettre de l’argent de côté ; à l’inverse, le moral est au plus bas auprès des personnes subissant une situation financière tendue (5.8/10) et notamment parmi ceux obligés de puiser dans leur réserve ou d’emprunter de l’argent (5.4/10).

Le fait de vivre dans une maison individuelle (6.4/10), dans un grand espace (6.4/10 pour plus de 100m2) et de bénéficier d’un espace extérieur (6.3/10) permet logiquement de mieux vivre son confinement.

 

 

Téléchargez le rapport d’études ici : Les Français face au coronavirus – Vague 11 / Sondage ELABE « L’Opinion en direct » pour BFMTV

 

Crédits image : capture d’écran BFMTV