COP28 : 6 Français sur 10 sont pour une sortie progressive des énergies fossiles

Dérèglement climatique : une crainte massive pour la survie de l’humanité

Alors que l’augmentation de la température moyenne mondiale se rapproche de plus en plus de 1,5 °C, 71% des Français estiment aujourd’hui que la survie de l’humanité est en danger (dont 24% oui, certainement).

Cette crainte est majoritairement partagée par l’ensemble des catégories de population, et est encore plus forte auprès des 18-24 ans (82%) et des électorats de Jean-Luc Mélenchon (82%) et de Yannick Jadot (90%). Seul l’électorat d’Éric Zemmour réfute en partie cette idée (38%).

La conviction qu’il est indispensable de modifier nos modes de vie et se diriger vers davantage de sobriété

Pour faire face aux enjeux environnementaux, 79% des Français considèrent que nous sommes dans l’obligation de changer nos habitudes et d’adopter un mode de vie plus sobre. Une conviction majoritairement partagée par l’ensemble des catégories de population, et en hausse de 5 points en un an.

A l’inverse, 20% pensent que nous pouvons faire face aux enjeux environnementaux tout en gardant nos habitudes et notre mode de vie actuel.

Quel avenir pour les énergies fossiles ? Y mettre fin, mais progressivement

Alors que l’utilisation des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), est responsable de 80 % des émissions de gaz à effet de serre mais qu’elles représentent aujourd’hui encore 82% de la production énergétique mondiale, 61% des Français optent pour mettre fin progressivement à leur pour faire une transition en douceur, même si cela ne permet pas de limiter suffisamment le dérèglement climatique et ses conséquences. 23% font plutôt le choix d’une sortie très rapide même si cela nécessite des changements très importants. A l’inverse, 15% préfèrent ne pas mettre fin à l’usage des énergies fossiles.

L’ensemble des catégories de population partagent ce regard, malgré quelques nuances : les sympathisants EELV sont plus nombreux à prôner une sortie très rapide (46%), mais 50% d’entre eux pensent en revanche qu’elle doit être progressive. A l’inverse, les électeurs de Marine Le Pen sont un peu plus nombreux à souhaiter ne pas mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles (24%).

Pour relever le défi environnemental, la nécessité d’une action collective et coordonnée

L’opinion publique prêtent à l’ensemble des acteurs une réelle capacité d’action pour améliorer les choses en matière d’environnement :

  • les collectivités locales : 81% (dont 34% tout à fait)
  • les entreprises : 80% (dont 42% tout à fait)
  • les citoyens : 79% (dont 38% tout à fait)
  • les Etats : 77% (dont 41% tout à fait)
  • l’Union Européenne : 73% (dont 37% tout à fait)
  • les associations et ONG environnementales : 72% (dont 30% tout à fait)

Mais un regard critique sur l’utilité des conférences internationales (COP)…

Si une action collective, coordonnée et ambitieuse est souhaitée, les COP ne semblent pas répondre à ce besoin aux yeux des Français : 65% jugent que les COP (conférences internationales à l’initiative de l’ONU) ne sont pas utiles pour limiter le dérèglement climatique et s’adapter aux conséquences déjà présentes.

Les électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour sont particulièrement critiques (respectivement 80% et 85% pas utiles) alors que ceux d’Emmanuel Macron sont plus partagés (54% utiles, 46% pas utiles). Les plus jeunes sont eux aussi moins critiques (52% utiles, 48% pas utiles chez les 18-24 ans).

… et sur l’action du gouvernement français

59% des Français considèrent qu’Emmanuel Macron et le gouvernement d’Elisabeth Borne n’en font pas assez concernant le réchauffement climatique et la protection de l’environnement. Alors que la critique était en baisse progressive depuis plus de 3 ans (69% à 53% entre 2019 et 2022), elle repart à la hausse (+6 pts par rapport à novembre 2022). La critique est en forte hausse dans la plupart des catégories de population, à l’exception des retraités et de l’électorat d’Emmanuel Macron. 30% pensent que l’action est suffisante, et 11% que le gouvernement en fait trop.

Le regard de l’Institut Montaigne

Une fois n’est pas coutume, les résultats de ce sondage montrent l’état avancé de la prise de conscience des Français sur la réalité du dérèglement climatique. La grande majorité des sondés souligne la nécessité de changer nos modes de vie actuels et le besoin de sortir des énergies fossiles. Les français sont lucides et donnent aux collectivités locales et aux entreprises un grand rôle à jouer dans l’action climatique, montrant les attentes et le devoir qu’ont ces acteurs à faire davantage en faveur de la transition.

Chose inquiétante, le sondage montre également la défiance des Français envers les autorités en place quant à leur capacité à combattre le dérèglement climatique. Ils sont aussi nombreux à ne pas comprendre, voir à critiquer le rôle de l’action multilatérale(les COP). Les Français attendent plus de leurs décideurs, lesquels sont réticents à prendre des mesures trop contraignantes. Une équation difficile à résoudre… 


Télécharger le rapport : Les Français et la COP28

Crédits image : General view of flags during the UN Climate Change Conference COP28 at Expo City Dubai on November 30, 2023 (Photo by COP28 / Christophe Viseux)| Flickr