Le Conseil Objectivé

Les Français et la condamnation de Nicolas Sarkozy

L’opinion publique est choquée par les attaques et menaces dirigées contre la présidente du tribunal correctionnel de Paris

Des juges, en particulier la présidente du tribunal, ont reçu des menaces à la suite de la condamnation de Nicolas Sarkozy. 72% des Français se disent choqués par ces attaques et menaces dirigées contre la présidente du tribunal correctionnel de Paris, dont 39% très choqués et 33% plutôt choqués. A l’inverse, 28% ne sont pas choqués, dont 22% pas vraiment choqués et 6% pas du tout choqués.

Une opinion majoritairement partagée par tous les sympathisants y compris les sympathisants LR (65% choqués), même si les sympathisants RN se montrent plus partagés (52% choqués, 47% pas choqués).

Une décision impartiale pour 6 Français sur 10 mais une décision politisée pour 4 Français sur 10

Plusieurs responsables Les Républicains et proches de Nicolas Sarkozy ont affirmé que la sévérité du jugement (notamment exécution provisoire et mandat de dépôt) traduisait une volonté d’« humilier » un ancien président ou ont parlé d’un « jugement politique ». Le président du tribunal judiciaire de Paris et le parquet national financier ont insisté sur l’absence de toute motivation politique, rappelant que les juges appliquent la loi et rendent des décisions collégiales motivées en droit. 58% des Français estiment que les juges ont rendu une décision de manière impartiale en appliquant le droit, contre 41% que les juges ont rendu une décision de manière politisée.

Mandat de dépôt à effet différé avec exécution provisoire : une règle perçue comme juste par 6 Français sur 10

Dans cette condamnation, le tribunal correctionnel de Paris a prononcé un mandat de dépôt à effet différé avec exécution provisoire. 61% des Français considèrent que cette règle d’exécution provisoire est juste, contre 38% injuste. En comparaison, cette règle apparaît moins juste que celle appliquée à la peine d’inéligibilité de Marine Le Pen (68% juste, 31% injuste le 31 mars 2025).

Condamnation de Nicolas Sarkozy : 40% des Français satisfaits, 39% indifférents, 21% mécontents

Le 25 septembre 2025, Nicolas Sarkozy a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à 5 ans de prison ferme et 100 000 € d’amende pour « association de malfaiteurs » dans l’affaire du financement présumé de sa campagne présidentielle de 2007 par le régime libyen de Kadhafi. Concernant cette condamnation, 40% des Français se disent satisfaits, contre 21% mécontents et 39% indifférents. A titre de comparaison, les Français éprouvent moins de mécontentement que pour la condamnation de Marine Le Pen (29%, 31 mars 2025) et davantage d’indifférence (29%), le niveau de satisfaction est quant à lui similaire (42%).

Les principales déclarations de Nicolas Sarkozy ne convainquent pas une majorité de Français

Nicolas Sarkozy a prononcé un discours dans le tribunal juste après sa condamnation. Une majorité de Français n’est pas d’accord avec 3 phrases qu’il a prononcées :

  • « Si quelqu’un a trahi les Français ce n’est pas moi, c’est cette injustice invraisemblable à laquelle vous venez d’assister » : 64% des Français ne sont pas d’accord (contre 35% d’accord)
  • « Ce qui s’est passé dans cette salle du tribunal correctionnel de Paris est d’une gravité extrême pour l’Etat de droit et pour la confiance que l’on peut avoir dans la justice. » : 60% ne sont pas d’accord (contre 39% d’accord)
  • « Naturellement je ferai appel, sans doute devrais-je apparaître les menottes aux mains devant la cour d’appel. Ceux qui me haïssent à ce point pensent m’humilier, ce qu’ils ont humilié aujourd’hui, c’est la France, c’est l’image de la France. » : 59% ne sont pas d’accord (contre 40% d’accord).

Impact de cette décision sur la confiance des Français dans la justice : 39% pas d’effet, 31% la renforce, 29% l’affaiblit

Concernant cette décision de justice, 31% des Français disent qu’elle renforce leur confiance dans la justice, 29% qu’elle l’affaiblit et 39% qu’elle n’a pas d’effet sur la confiance qu’ils ont dans la justice.

Cette décision de justice clive politiquement : les sympathisants de gauche, du centre et les Français sans préférence partisane l’approuvent, les sympathisants LR et RN la désapprouvent

La condamnation de Nicolas Sarkozy clive politiquement en deux blocs :

  • Les sympathisants de gauche (PS, Ecologistes, LFI, PCF) sont satisfaits de cette condamnation (71%), les sympathisants du centre (Renaissance et alliés) et les Français sans préférence partisane y sont plutôt indifférents (respectivement 44% et 48%, 1 sur 3 satisfait). Tous trois estiment que cette décision de justice est juste en ce qui concerne l’exécution provisoire (85%, 64%, 62%), qu’elle a été rendue de manière impartiale en appliquant le droit (83%, 65% et 58%) et qu’elle renforce (54%, 44%, 26%) ou ne change pas (37%, 38%, 48%) la confiance qu’ils ont dans la justice
  • A contrario, les sympathisants des Républicains et du Rassemblement National sont plutôt mécontents (respectivement 55%, 40% et 1 sur 3 indifférents) par une décision de justice perçue comme politisée (70% et 62%) et par une condamnation jugée injuste en ce qui concerne l’exécution provisoire (71%, 61%) qui ont pour effet d’affaiblir la confiance qu’ils ont dans la justice (64% et 56%)

8 Français sur 10 ne souhaitent pas qu’Emmanuel Macron accorde sa grâce présidentielle à Nicolas Sarkozy

Selon l’article 17 de la Constitution, le président de la République dispose du droit de grâce, c’est-à-dire la possibilité d’alléger ou de supprimer la peine prononcée par un tribunal, sans effacer la condamnation du casier judiciaire. Après sa condamnation à 5 ans de prison ferme dans l’affaire du financement libyen, certains responsables politiques proches de Nicolas Sarkozy ont fait part de leur souhait qu’Emmanuel Macron use de son droit de grâce. Nicolas Sarkozy affirme n’espérer « en aucun cas » une grâce présidentielle, car « pour être gracié, il faut accepter sa peine et donc reconnaître sa culpabilité. Jamais je ne reconnaitrai ma culpabilité pour quelque chose que je n’ai pas fait ». 78% des Français ne souhaitent pas qu’Emmanuel Macron accorde sa grâce présidentielle à Nicolas Sarkozy, contre 21% qui le souhaitent.

Une opinion largement partagée par tous les segments politiques, y compris par les sympathisants LR (70%)


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