L’inquiétude vis-à-vis de la propagation du virus reste stable par rapport à la mi décembre (64%)
Environ deux tiers des Français (64%, stable depuis le 15 décembre) se disent inquiets de la propagation du Covid-19 en France, dont 46% (-3) plutôt inquiets et 18% (+3) très inquiets. A l’inverse, 36% (=) ne sont pas inquiets, dont 26% (-2) pas vraiment inquiets et 10% (+2) pas du tout inquiets.
Par rapport à la mi décembre, l’inquiétude est forte et progresse notamment chez les plus de 65 ans, population structurellement la plus inquiète (72%, +4). C’est un sentiment également davantage exprimé par les femmes (67%, contre 59% par les hommes).
On enregistre également sur cette question un clivage fort entre les électeurs d’Emmanuel Macron au 2nd tour de l’élection présidentielle (71% inquiets, +1) et ceux de Marine Le Pen, qui restent néanmoins majoritairement inquiets (58%, +1). C’est auprès des abstentionnistes que l’inquiétude diminue le plus fortement (57%, -10).
Face à la vague Omicron, le moral des Français rechute
Alors que le moral des Français avait connu une amélioration sensible à la sortie de l’été 2021, on enregistre en ce début d’année 2022 une forte poussée des sentiments négatifs exprimés par les Français.
Les Français expriment plus fortement des sentiments négatifs.
Et en premier lieu la lassitude (63%, +22), un sentiment davantage ressenti par les 50-64 ans (70%) et par les cadres (74%).
Le deuxième sentiment le plus exprimée est la nostalgie (37%, -3), puis viennent la colère (35%, +11) et la tristesse (34%, +7). La colère est un sentiment qui anime d’abord les électorats d’opposition (48% auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, 44% auprès de ceux de Marine Le Pen) et les 35-49 ans (42%), tandis que la tristesse est davantage exprimée par les femmes (39%) et par les personnes de plus de 65 ans (46%). Depuis cet automne, la colère est un sentiment qui progresse qu’elle que soit la catégories socio-professionnelle des Français interrogés, mais plus particulièrement auprès des 18-24 ans (32%, +15), des 35-49 ans (42%, +18) et des plus de 65 ans (38%, +12). Professionnellement, la colère monte notamment chez les employés (41%, +19) et chez les professions intermédiaires (38%, +15). Politiquement, elle progresse notamment auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (48%, +24) et de Benoît Hamon (40%, +19).
Parmi les qualificatifs proposés pour qualifier leur état d’esprit, un quart des Français affirment ressentir de la peur (26%, +7), un sentiment moins fortement exprimé par les électeurs d’Emmanuel Macron (18%).
Les ressentis positifs, et plus particulièrement la satisfaction, sont en fort recul.
« Seul » un cinquième des Français garde confiance (20%, -13) ou se dit serein (19%, -14), deux sentiments nettement moins ressentis qu’a l’automne 2021. Les hommes (respectivement 25% et 23%) et, politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron (36% et 27%) sont plus nombreux à les exprimer.
Les Français se disent également moins satisfaits (11%) : ce qualificatif enregistre la plus forte évolution depuis cet automne, avec une baisse de 23 points. Finalement, seuls 19% des électeurs d’Emmanuel Macron se disent satisfaits en ce début d’année.
La surprise (8%, =) et la culpabilité (3%, -3) sont deux ressentis peu exprimés.
Les Français ont le sentiment que la fin de l’épidémie s’éloigne
Parmi deux propositions, 58% des Français considèrent que « l’épidémie est loin d’être terminée et elle reprendra de nouveau fortement » et, à l’inverse, 41% estiment que « le plus gros de l’épidémie est derrière nous, elle va se réduire progressivement ». Le sentiment que l’épidémie reprendra de nouveau fortement est en hausse de 4 points depuis le 18 novembre.
A nouveau sur cette question, les femmes sont plus pessimistes (63% l’épidémie est loin d’être terminée) que les hommes (53%). Professionnellement, les cadres sont les plus optimistes (55% le plus gros de l’épidémie est derrière nous), tandis que les autres classes d’âge sont majoritairement pessimistes (61% l’épidémie est loin d’être terminée pour les professions intermédiaires et 63% pour les catégories populaires).
7 Français sur 10 privilégient toujours leur santé et celle des autres à leurs libertés individuelles
70% (-3 points depuis le 23 août 2021) des Français estiment qu’il faut parfois accepter de réduire nos libertés, parce que la priorité c’est de se protéger contre la maladie. A l’inverse, 29% (+3) considèrent que rien n’est plus important que les libertés individuelles, même notre santé et celle des autres.
La priorité accordée à la santé sur les libertés individuelles est majoritaire dans toutes les catégories de population, et de manière particulièrement forte chez les 65 ans et plus (84%, contre 70% des 50-64 ans et 63% des moins de 50 ans). Seuls les non-vaccinés accordent plus d’importance aux libertés individuelles (69%), ils ont ainsi une opinion opposée aux personnes vaccinées (77% santé).
Les mesures annoncées par l’exécutif ces derniers jours sont plutôt approuvées par l’opinion
Celles sur l’école et la vaccination des enfants divisent les Français et suscitent l’opposition des parents
Parmi les mesures annoncées par l’exécutif ces derniers jours pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, une majorité de Français est favorable à :
- L’obligation de travailler à distance (télétravail) au minimum 3 à 4 jours par semaine pour les métiers qui le permettent (79% favorables)
- L’obligation du port du masque dans les transports collectifs et lieux en intérieur recevant du public dès l’âge de 6 ans (75%)
- La fermeture des discothèques jusqu’au 24 janvier inclus (65%)
- L’instauration d’une jauge maximum de 2000 personnes pour les rassemblements en intérieur et 5000 personnes en extérieur (64%)
- L’allègement des règles d’isolement pour les personnes ayant un schéma vaccinal complet lorsqu’elles sont positives au Covid-19 (5 à 7 jours d’isolement) ou cas contacts (pas d’isolement) (62%)
- L’obligation du port du masque en extérieur dans les centres-villes (61%)
- Le passage d’un « pass sanitaire » à un « pass vaccinal » conditionnant l’accès à certains lieux aux personnes âgées de 12 ans et plus ayant un schéma vaccinal complet (57%)
- L’interdiction des concerts où les spectateurs sont debout (55%)
Les Français sont en revanche divisés sur :
- La réduction du délai de la dose de rappel à 4 mois (contre 7 mois actuellement) pour conserver un « pass vaccinal » valide à partir du 15 février (51% favorables, 49% opposés)
- Si un cas positif au Covid est détecté dans une classe d’enfants de moins de 12 ans, tous les autres élèves devront faire trois tests en quatre jours pour rester à l’école (50% favorables, 50% opposés). 67% des parents d’enfants âgés de 5 à 11 ans sont y sont opposés
- L’ouverture de la vaccination aux enfants âgés de 5 à 11 ans (48% favorables, 52% opposés). 72% des parents d’enfants âgés de 5 à 11 ans y sont opposés
Enfin, une majorité de Français est opposée à l’interdiction de consommer debout dans les bars et cafés (39% favorables, 61% opposés). L’opposition est majoritaire dans toutes les catégories de population, y compris chez les 65 ans plus d’une courte tête (51%), seuls les électeurs d’Emmanuel Macron y adhèrent majoritairement (57% favorables).
De manière générale, l’adhésion à ces mesures augmente avec l’âge, avec des écarts importants entre les plus de 50 ans d’une part et les moins de 50 ans d’autre part. C’est sur le « pass vaccinal » que ce clivage est le plus net :
- 69% des 50 ans et plus sont favorables au passage du « pass sanitaire » au « pass vaccinal », contre 50% des 35-49 ans et 41% des moins de 35 ans
- 65% des 50 ans et plus sont favorables à la réduction du délai à 4 mois de la dose de rappel pour converser un pass valide, contre 41% des 35-49 ans et 32% des moins de 35 ans
L’adhésion au passage du « pass sanitaire » au « pass vaccinal » diffère également selon le rapport à la vaccination. Les Français qui déclarent s’être fait vacciner sans hésiter (67% des vaccinés) l’approuvent à 84%. Mais à l’inverse, ceux qui déclarent s’être vaccinés par contrainte (33% des vaccinés) y sont majoritairement opposés (70%), tout comme les non vaccinés (91%).
Pour les Français, les meetings politiques devraient eux aussi être soumis aux jauges
Les rassemblements politiques (ou « meetings ») qui se tiendront dans le cadre de la campagne de l’élection présidentielle ne seront pas soumis à l’obligation d’une jauge à 2000 personnes maximum (en intérieur) et 5000 personnes (en extérieur). Les organisateurs de ces meetings seront libres d’instaurer ou non une limite du nombre de participants.
A l’égard de cette exception, 89% des Français estiment que les meetings politiques devraient être soumis eux aussi à ces restrictions, car la lutte contre l’épidémie est la priorité. A l’inverse, 10% considèrent qu’il est normal que les meetings politiques ne soient pas soumis à ces restrictions, car ils sont essentiels pour la vie démocratique du pays.
L’opposition à cette exception est largement majoritaire au sein de tous les électorats (87%-95%).
Des Français partagés sur le niveau d’adéquation entre ces mesures et la situation sanitaire
Pour 39% des Français, les mesures prises par l’exécutif sont adaptées à la situation sanitaire, pour 31% elles ne sont pas assez strictes, et pour 30% trop strictes.
Politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron estiment en majorité que ces mesures sont adaptées (66%) tandis que les autres électorats sont partagés.
Il est à noter que cette question divise les Français au sein de toutes les catégories de population. Dans le détail, le jugement sur l’adéquation de ces mesures avec la situation sanitaire est surtout lié à :
- L’inquiétude vis-à-vis de la propagation de l’épidémie, 53% des Français très inquiets estiment qu’elles ne sont pas assez strictes, contre 72% des pas du tout inquiets qui considèrent qu’elles sont trop strictes
- Le rapport à la vaccination : 52% des vaccinés qui déclarent l’avoir fait sans hésiter pensent qu’elles sont adaptées (35% pas assez strictes, 13% trop). A l’inverse, 43% des Français qui déclarent s’être fait vacciner par contrainte les jugent trop strictes, une opinion qui monte à 72% chez les non vaccinés.
Responsabilité des non-vaccinés (1/2) : si deux tiers des Français estiment que les non-vaccinés portent une responsabilité sur la situation hospitalière, la majorité d’entre eux considèrent néanmoins que la vaccination est un choix individuel qu’il faut respecter.
66% des Français considèrent que « si tous les Français étaient vaccinés, la situation dans les hôpitaux serait meilleure », dont 36% sont tout à fait d’accord et 30% plutôt d’accord. A l’inverse, 34% des Français ne sont pas d’accord, dont 19% pas du tout d’accord. Si l’ensemble des catégories socio-professionnelles sont d’accord avec cette affirmation, des différences importantes sont néanmoins enregistrées selon l’âge des répondants (78% des plus des 65 ans et 70% des 50-64 ans font des non-vaccinés les responsables de la situation hospitalière contre 57%-59% pour les autres classes d’âge) ou la profession des répondants (les ouvriers sont les plus partagés : 53% d’accord vs 45% pas d’accord).
Néanmoins, 57% des Français estiment dans le même temps qu’« être non vacciné c’est un choix individuel, [qu’]il faut respecter», dont 31% sont tout à fait d’accord et 26% plutôt d’accord. A l’inverse, 43% des Français sont en désaccord, dont 19% pas du tout d’accord. Les Français sont sur cette question plus divisés : les moins de 50 ans sont une majorité à exprimé cet avis (entre 68% et 73%), à l’inverse des plus de 50 ans (entre 49% et 63% pas d’accord). En termes professionnels, les cadres sont les plus partagés (54% d’accord), tandis que deux tiers des autres catégories professionnelles expriment cette opinion (entre 64 et 69%).
« Seule » une courte majorité de Français (53%) ne souhaitent pas « faire payer les frais hospitaliers aux patients atteints de la Covid-19 qui ne sont pas vaccinés », dont un tiers d’entre eux (32%) expriment leur total désaccord avec cette proposition (pas du tout d’accord). A l’inverse, 46% des Français soutiennent cette proposition, dont un quart (24%) est tout à fait d’accord. En termes socio-professionnels, seuls les plus de 50 ans (53%-54%) et les cadres (57%) sont majoritaires d’accord pour faire payer les non-vaccinés. Politiquement cette proposition est soutenue par deux tiers des électeurs d’Emmanuel Macron (65%) et 59% des électeurs de François Fillon. Les électeurs de Marine Le Pen sont partagés (50% d’accord). Les autres électorats sont majoritairement contre (entre 35% d’accord pour l’électorat de Jean-Luc Mélenchon et 41% pour les abstentionnistes).
42% considèrent également que « si tous les Français étaient vaccinés, l’épidémie serait déjà terminée », dont 10% d’entre eux sont tout à fait d’accord. Les plus de 65 ans (55%) et, politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron (58%) sont majoritaires à exprimer cette opinion.
Responsabilité des non-vaccinés (2/2) : de fortes différences existent entre ceux qui se sont fait vacciner sans hésiter et ceux qui ont vécu la vaccination comme une contrainte.
Sur ce sujet, d’importants clivages se font jour entre, d’une part, ceux qui se sont fait vacciner sans hésiter, d’autre part, ceux qui se sont fait vacciner par contrainte et, enfin, les non-vaccinés.
-90% des Français s’étant fait vacciner sans hésiter pointent la responsabilité des non-vaccinés vis-à-vis de la tension à l’hôpital. Cette proportion tombe à 47% pour les Français ayant vécu la vaccination comme une contrainte et à 11% pour les non-vaccinés.
-A l’inverse, « seuls » 38% des Français s’étant fait vacciner sans hésiter estiment que la vaccination est un choix individuel qu’il faut respecter. Cette proportion est de 80% pour les Français ayant vécu la vaccination comme une contrainte et à 90% pour les non vaccinés.
-La proposition de faire payer les frais hospitaliers aux non vaccinés est soutenu par 65% des Français s’étant fait vacciner sans hésiter ; par 32% des Français ayant vécu la vaccination comme une contrainte ; et par 6% des non-vaccinés.
Des Français partagés sur les propos tenus par Emmanuel Macron
Dans une interview accordée au Parisien, Emmanuel Macron a tenu les propos suivants : « En démocratie, le pire ennemi, c’est le mensonge et la bêtise. Nous mettons une pression sur les non-vaccinés en limitant pour eux, autant que possible, l’accès aux activités de la vie sociale. D’ailleurs, la quasi-totalité des gens, plus de 90 %, y ont adhéré. C’est une toute petite minorité qui est réfractaire. Celle-là, comment on la réduit ? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l’emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie »
53% des Français ont été choqués par ces propos, dont 35% très choqués et 18% assez choqués. A l’inverse, 47% n’ont pas été choqués, dont 25% pas vraiment et 22% pas du tout.
Dans cette même interview, Emmanuel Macron a également tenu les propos suivants : « Et ça, c’est l’immense faute morale des antivax : ils viennent saper ce qu’est la solidité d’une nation. Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen. »
48% des Français ont été choqués par ces propos, dont 32% très choqués et 16% assez choqués. A l’inverse, 52% n’ont pas été choqués, dont 26% pas vraiment et 26% pas du tout.
Près de 70% des personnes qui se sont vaccinés sans hésiter (ils représentent 67% des vaccinés) déclarent ne pas avoir été choquées par ces propos. A l’inverse, près de 70% des personnes qui déclarent s’être fait vacciner par contrainte (33% des vaccinés) ont été choquées. Près de 9 non-vaccinés sur 10 ont été choqués, dont 7 sur 10 très choqués.
Les électeurs d’Emmanuel Macron (76% et 83% pas choqués) et dans une moindre mesure de François Fillon (57% et 60%) n’ont pas été choqués par ces propos. A contrario, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (71% et 67% choqués) et de Marine le Pen ont été choqués (58% et 56%) en majorité.
Télécharger le rapport : Les Français et l’épidémie de Covid-19 – Vague 47
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