Les mesures annoncées sont accueillies favorablement, à l’exception de la réouverture progressive des écoles qui fait débat.
- La mise en place d’un test de dépistage pour les personnes présentant des symptômes (94% favorable, dont 62% très favorable) et la mise à disposition de masque « grand public » pour l’ensemble de la population (94%, dont 64% très favorable) font l’unanimité. Ces deux mesures sont plébiscitées de tous.
- La mise en place d’un plan spécifique d’aide aux secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration, de la culture et de l’évènementiel (92%, dont 37% très favorable) et la mise en place d’aides spécifiques pour les familles les plus modestes avec enfants et pour les étudiants les plus précaires (86%, dont 38% très favorable) sont également suivies par environ 9 Français sur 10. Ces mesures d’ordre économique, qu’elles soient à destination des entreprises ou des particuliers, sont également très largement soutenues de tous : les électeurs de François Fillon et de Marine Le Pen se caractérisent toutefois par un plus fort soutien aux mesures destinées aux entreprises (93-91%) qu’à celles destinées aux particuliers (79%). Ces différences sont peu marquées auprès des autres électorats. Les plus jeunes sont par ailleurs ceux qui soutiennent le moins ces mécanismes d’aides.
- Dans un autre registre, la fermeture jusqu’à nouvel ordre des frontières avec les pays non-européens (90%, dont 59% très favorable) recueille également l’assentiment favorable de plus de 9 Français sur 10. Bien que largement soutenue quel que soit le profil des répondants, la fermeture des frontières obtient un soutien plus marqué auprès des personnes de plus de 65 ans (96%) et légèrement moins important auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (83% contre plus 90% pour les autres électorats).
- La possibilité de rendre visite à des proches en fin de vie (89%, dont 47% très favorable) ne fait pas apparaître de différence majeure entre les publics, seuls les 18-24 ans (83%) et les cadres (82%) y sont légèrement moins sensibles.
- Le prolongement du confinement jusqu’au 11 mai (83%, dont 41% très favorable) et au-delà pour les personnes vulnérables, âgées ou en situation de handicap sévère (81%, dont 35% très favorable) sont soutenus de 8 Français sur 10. Ces deux mesures font néanmoins apparaître des divergences en fonction de l’âge des répondants : si ce sont les Français de moins de 35 ans qui soutiennent le moins la prolongation du confinement jusqu’au 11 mai (76%), ce sont les Français de plus de 65 ans qui se montrent le moins favorables à la prolongation au-delà du 11 mai pour les personnes fragiles (65%). Cette dernière mesure est à l’inverse soutenue de plus de 8 Français de moins de 65 ans sur 10. Nous le verrons, nos aînés s’inquiètent en réalité de ne pas pouvoir supporter trop longtemps cette situation.
- Le maintien de la fermeture des universités et établissements d’enseignement supérieur jusqu’à la fin de l’été (75%) ou celui de la fermeture des lieux recevant du public (70%) sont des mesures soutenues par plus de 7 Français sur 10. Les moins de 25 ans sont moins nombreux à soutenir la fermeture des établissements d’enseignement supérieur (67%), tandis que le maintien de la fermeture des lieux accueillant du public comme les bars ou les restaurant fait apparaitre un léger clivage politique : 76% des électeurs du 2nd tour d’Emmanuel Macron la soutiennent contre 65% des électeurs de Marine Le Pen.
- Enfin, les Français se montrent davantage partagés concernant la réouverture progressive des crèches et des écoles, mais sont néanmoins une majorité à soutenir cette mesure (55%). Elle fait apparaître des différences plus marquées entre les profils et active un clivage plus politique.
- Les parents avec enfants à la maison y sont légèrement plus favorables (58% contre 53% pour les Français vivant sans enfant).
- En termes d’âge, les 35-49 ans sont une majorité à ne pas approuver l’idée (45% favorable) tandis que les Français de moins de 35 ans se montrent très partagés (51-53% favorable) et les plus de 50 ans soutiennent majoritairement la mesure (58-64%).
- Enfin, politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (54%), de Benoît Hamon (52%) et les abstentionnistes (50%) sont partagés, les électeurs de François Fillon (61%) et d’Emmanuel Macron (66%) approuvent tandis que ceux de Marine Le Pen rejettent cette proposition (53%).
Si la défiance reste majoritaire, un léger rebond de la confiance se confirme depuis 15 jours.
Après une forte baisse enregistrée fin mars, la confiance accordée à l’exécutif pour gérer la crise enregistre une deuxième semaine de hausse consécutive. Après l’allocution d’Emmanuel Macron, 45% (+2) des Français font aujourd’hui confiance à l’exécutif pour lutter efficacement contre l’épidémie du Coronavirus, dont 9% d’entre eux lui font tout à fait confiance. A l’inverse, 55% (-1) ne le font pas confiance, dont 21% pas confiance du tout.
Si la hausse de la confiance se confirme quelle que soit la catégorie sociale des répondants, des différences notables sont encore enregistrées : ainsi les cadres (55%, +6) accordent majoritairement leur confiance, les professions intermédiaires se montrent particulièrement partagées (47%, +4) tandis que les catégories populaires ont majoritairement un jugement négatif (38%, +5). Au-delà de la profession, la situation financière joue également : 55% (+4) des Français affichant une situation financière aisée accordent leur confiance à Emmanuel Macron et Edouard Philippe, contre 33% (stable) au sein des foyers subissant une situation financière tendue.
Ce clivage est également politique puisque l’exécutif obtient la confiance de 79% (+4) des électeurs d’Emmanuel Macron, mais de 55% des électeurs de François Fillon (stable), de 45% (+13) des électeurs de Benoît Hamon et de « seulement » 30% (+1) des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de 28% (+4) de ceux de Marine Le Pen.
Si la volonté de mise à disposition de masques fait l’unanimité, seul un tiers des Français pense l’Etat capable de tenir sa promesse.
Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé que l’Etat devra mettre à disposition des masques « grand public » pour l’ensemble de la population à partir du 11 mai, 65% des Français considèrent que l’Etat ne parviendra probablement pas (48%) ou certainement pas (17%) à distribuer ces masques à tout le monde. A l’inverse, 35% estiment qu’il y parviendra certainement (6%) ou probablement (29%) à le faire.
Ce scepticisme s’exprime plus clairement chez les femmes (70% contre 59% chez les hommes), chez les personnes entre 35 et 49 ans (73%, cette proportion est inférieure à 64% chez les autres classes d’âge) et chez les employés, population très exposée au public (71%).
Ce jugement est également politique puisque les électeurs d’Emmanuel Macron (50% non) et de François Fillon (54% non) se montrent partagés, tandis que les électeurs de Benoit Hamon (63%) et plus encore de Jean-Luc Mélenchon (71%), de Marine Le Pen (72%) et les abstentionnistes (74%) estiment majoritairement que l’Etat ne sera pas capable de distribuer une telle quantité de masques.
Les Français portent un regard sévère sur la gestion de la crise.
- De manière générale, la gestion des masques et des tests par l’exécutif reste vivement critiquée.
Environ 8 Français sur 10 considèrent que l’approvisionnement en tests pour détecter la maladie du Covid-19 (78%) ainsi qu’en masques FFP2 et masques chirurgicaux (83%) a été mal géré par l’exécutif.
Les moins de 25 ans sont les plus indulgents vis-à-vis de l’exécutif (mal géré : 76% pour les masques et 70% pour les tests) tandis que les 35-49 ans sont les plus critiques (respectivement 91% et 85%). Professionnellement, les cadres (73% et 70%) sont moins sévères que les professions intermédiaires (89% et 83%) ou les catégories populaires (87% et 82%). Notons également le jugement plus sévère des habitants des zones rurales qu’il s’agisse des masques (89%) ou des tests (83%). Politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron sont logiquement les plus cléments. Les différences sont plus nettes concernant la gestion de tests : 61% ont un jugement négatif, contre 71% des électeurs de François Fillon, 80% des électeurs de Benoît Hamon, 85% de ceux de Marine Le Pen, 88% de ceux de Jean-Luc Mélenchon et 83% des abstentionnistes.
- Celle du déconfinement fait davantage débat.
Les Français se montrent en revanche partagés concernant la préparation du déconfinement qui apparaît mal géré selon 52% d’entre eux.
A nouveau les mêmes variables expliquent ce jugement : les 35-49 (60% mal géré), les catégories populaires (60%), les habitants des zones rurales (58%), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (65%), de Marine Le Pen (70%) et les abstentionnistes (62%) sont ceux qui ont le regard le plus critique.
- Une très large majorité de Français restent convaincus que la réaction de l’exécutif a été trop tardive.
Plus précisément 68% des Français considèrent qu’« Emmanuel Macron, Edouard Philippe et le Gouvernement ont trop tardé à prendre les mesures nécessaires », tandis que 32% estiment qu’« ils se sont adaptés du mieux possible à l’évolution de la situation ».
Si l’impression d’une réaction tardive se vérifie quel que soit l’âge ou la profession des répondants, elle est moins forte auprès des Français de moins de 25 ans (entre 68% et 71% pour les autres classes d’âge) et auprès des cadres qui sont plus partagés (54% réaction tardive). Ce sentiment est également moins présent dans le quart Nord-Est (64%) et en Île-de-France (62%), région parmi les plus touchées.
Enfin, politiquement, seuls les électeurs d’Emmanuel Macron considèrent que l’exécutif s’adapte au mieux à la situation (64%).
Si trois quarts des Français jugent supportable la prolongation du confinement jusqu’au 11 mai, mais un quart redoutent son prolongement
Plus précisément, 73% d’entre eux jugent cette prolongation tout à fait (24%) ou plutôt (49%) supportable. A l’inverse, 27% la jugent pas vraiment (20%) ou pas du tout (7%) supportable.
Sans doute à cause de la crainte de la solitude, les Français de plus de 65 ans semblent être ceux qui redoutent le plus une telle prolongation et sont ainsi les moins nombreux à juger cette situation « tout à fait supportable » (18%). En termes socio-professionnels, les cadres (76%) et les professions intermédiaires (75%) supportent mieux le confinement que les catégories populaires (67%). Au-delà de l’emploi, le fait d’être en télétravail aide également à supporter cette situation : 78% jugent cette situation supportable contre seulement 69% de ceux qui continuent à se rendre sur leur lieu de travail habituel. Enfin l’aisance financière aide également à mieux supporter cette situation : 78% des Français ayant une situation financière aisée juge cette situation supportable contre 64% de ceux subissant une situation financière tendue.
Enfin, ces différences d’appréciation s’expliquent également politiquement : alors que 81% des électeurs d’Emmanuel Macron du 2nd tour jugent cette prolongation supportable, ils ne sont « que » 66% auprès des électeurs de Marine Le Pen à faire de même.
L’utilisation de l’application mobile divise les Français
Soumis à une présentation de « l’application de suivi », 51% des Français affirment vouloir l’utiliser si elle était proposée par le Gouvernement, dont 14% certainement. A l’inverse, 42% affirment leur volonté de ne pas l’utiliser, tandis que 7% n’ont pas le téléphone adapté.
Ce sont les Français de plus de 65 ans qui sont les plus intéressés par cette application (56%), mais également les moins nombreux à disposer de téléphone de ce type (15%). A l’inverse, les moins intéressés sont les 35-49 ans (50%).
Socialement, les cadres (63%) se montrent plus intéressés que les professions intermédiaires (49%) ou les catégories populaires (47%). Cette application mobilise moins les zones rurales (44%) où le nombre de smartphone est également le moins nombreux (10% n’en ont pas). Enfin, politiquement, cette application intéresse d’abord les électeurs de François Fillon (74%) et d’Emmanuel Macron (63%) mais suscite un avis plus partagé auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (47%), des abstentionnistes (45%) et des électeurs de Marine Le Pen (42%). Elle suscite en revanche la méfiance des électeurs de Benoît Hamon (33%).
8 Français sur 10 se disent inquiets de la propagation du coronavirus en France, un niveau stable par rapport à la semaine dernière
Plus précisément, 83% des Français se disent très inquiets (26%) ou plutôt inquiets (57%) de la propagation du Coronavirus en France. A l’inverse, 17% si disent plutôt pas (15%) ou pas du tout inquiet (2%) des conséquences de ce virus. Après une forte baisse la 1ère semaine du mois d’avril, la proportion de personnes très inquiètes entame un léger rebond cette semaine (+2 points).
Les femmes (85%, +1) et les personnes de plus de 65 ans (91%, +6) restent les populations les plus inquiètes. Néanmoins, c’est auprès des 18-24 ans que l’inquiétude augmente le plus (+11 points, à 73%). Notons également que les Franciliens, habitant l’une des régions les plus touchées de France, sont également moins nombreux à se dire inquiets que le reste de la France (77%, -3).
Apres l’annonce de la prolongation du confinement, le moral en baisse
Cette semaine, le moral des Français est plutôt stable. Invités à l’évaluer sur une échelle allant de 0 à 10 (0=très mauvais ; 10=très bon), les Français accordent en moyenne une note de 6.1/10, légèrement inférieur à celle de la semaine dernière (-0,2 point). Elle est au même niveau qu’il y a trois semaines.
Plus en détail, 7% (+3) des Français évaluent leur moral comme très mauvais (note 0 à 2), 14% (+1) comme plutôt mauvais (note 3 à 4), 17% (+1) comme moyen (note 5), 35% (-3) comme plutôt bon (note 6 à 7) et 27% (-2) comme très bon (note 8 à 10).
Les catégories de Français auprès de qui le moral est le moins bon sont les femmes (5,9), les 25-34 ans (5,9) et chez les ouvriers (5,8). La situation financière apparaît par ailleurs être un critère prépondérant pour expliquer le moral des Français : les Français aisés accordent une note de 6,4/10, bien supérieure aux Français subissant une situation financière tendue (5.6).
…mais reste dominé par l’inquiétude.
61% des Français citent d’abord un sentiment négatif pour décrire leur état d’esprit – au premier rang desquels l’inquiétude, qui apparaît légèrement plus citée que la semaine passée (54%, +5, dont 28%, +4, en premier). La tristesse (23%, +4) est également plus citée cette semaine. A l’inverse, 26% (-5) citent en premier un sentiment positif : la sérénité et le bonheur (heureux) sont des sentiments moins affirmés (-5 points). 29% (+2) des Français sont néanmoins ambivalents et citent à la fois un sentiment négatif et positif.
Téléchargez le rapport d’études ici : Les Français face au coronavirus – Vague 9 / Sondage ELABE « L’Opinion en direct » pour BFMTV
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