Emmanuel Macron jugé pas convaincant pour la majorité des Français ayant vu ou eu connaissance de la conférence de presse

Conférence de presse : 64% de ceux ayant vu ou eu connaissance de l’intervention d’Emmanuel Macron ne l’ont pas trouvé convaincant

64% des Français ayant vu ou entendu parler de la conférence de presse d’Emmanuel Macron ne l’ont pas trouvé convaincant, contre 35% « convaincant ».

Il est parvenu à convaincre 76% de ses électeurs qui ont eu connaissance de la conférence de presse, ainsi que 58% des sympathisants LR. Ce score est de 23% chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de 17% chez ceux de Marine Le Pen.

A titre de comparaison, il s’agit d’un meilleur score que lors de sa dernière interview en mars dernier dans le cadre de la réforme des retraites (71% pas convaincant, 27% convaincant).

Un accueil favorable à la grande majorité des mesures annoncées…

La plupart des mesures annoncées par Emmanuel Macron hier soir recueillent une large majorité d’avis favorables :

  • La simplification des normes et la réduction des délais et procédures administratives pour les entreprises : 88%
  • La baisse des impôts de 2 milliards d’euros pour les classes moyennes : 87%
  • La mise en place de recommandations nationales sur l’usage des écrans par les enfants : 78%
  • Le doublement du nombre d’heures d’éducation civique à l’école : 77%
  • L’apprentissage de la Marseillaise à l’école primaire : 75%
  • La régularisation des médecins étrangers exerçant en France : 75%
  • La généralisation du Service National Universel en classe de 2nde : 72%
  • L’expérimentation de la tenue unique à l’école dans une centaine d’établissements : 69%
  • Le durcissement des règles pour les demandeurs d’emploi qui refusent un emploi : 68%
  • La mise en place d’un plan de lutte contre l’infertilité : 68%
  • Donner une place plus importante au mérite dans la rémunération des fonctionnaires : 67%
  • L’enseignement de l’histoire de l’art au collège et au lycée à la rentrée 2024 : 62%
  • La tenue d’un hommage aux victimes françaises de l’attaque terroriste du Hamas en Israël : 61%
  • La mise en place d’un « congé de naissance » mieux rémunéré et plus court (6 mois) pour les deux parents, à la place du congé parental : 59%

A l’inverse, l’obligation de la pratique théâtrale au collège (50%) clive davantage, et le doublement de la franchise de 0,5 à 1€ sur les médicaments est rejetée (34%).

L’ensemble des mesures reçoivent un accueil très favorable de la part des électeurs d’Emmanuel Macron, à l’exception du doublement de la franchise sur les médicaments qui clive (54% favorable, 46% opposé).

Le soutien est également largement majoritaire chez les sympathisants LR, à l’exception une nouvelle fois du doublement de la franchise (49% favorable) et de la pratique du théâtre au collège (53%).

Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon approuvent les mesures les plus consensuelles, mais sont beaucoup plus partagés sur les autres (voire les rejettent).

A noter que l’approbation est majoritaire chez les électeurs de Yannick Jadot.

… et à la plupart des constats faits par Emmanuel Macron  

Les Français partagent aussi la plupart des constats faits par Emmanuel Macron sur les maux de la société française :

  • Nous devons partager à nouveau des valeurs communes comme celle du respect. Nous réengagerons un réarmement civique : 77% d’accord
  • La France sera plus forte si nous sommes unis si nous rapprenons le sens du vivre-ensemble dans les transports, les écoles, les commerces : 75%
  • Il y a ce que j’appellerais une France de l’angle mort. C’est tous nos compatriotes qui gagnent déjà trop pour être aidés et pas assez pour bien vivre. C’est la France populaire, la France des classes moyennes, la France qui dit « quand vous proposez quelque chose, c’est jamais pour moi » : 75%
  • Sur les complexités administratives : « Les gens se demandent plus ce qui n’est pas interdit que ce qu’ils peuvent faire » : 70%

Mais un désaccord profond sur le bilan de son action, et un décalage fort avec son optimisme

Les Français rejettent en revanche le regard positif qu’il porte sur son bilan, notamment sur le pouvoir d’achat, ainsi que son optimisme pour l’avenir :

  • Nous sommes mieux armés qu’il y a six ans et demi (…) Nous pouvons compter sur des forces économiques et républicaines retrouvées : 67% « pas d’accord »
  • La France est le pays où le pouvoir d’achat des travailleurs a le plus augmenté malgré l’inflation : 68% « pas d’accord »
  • Nos enfants vivront mieux demain que nous ne vivons aujourd’hui : 77% « pas d’accord »

Ses propres électeurs sont partagés sur ces propos, notamment sur l’optimisme pour les générations futures (44% d’accord, 56% pas d’accord).

L’opinion publique est également critique sur son action écologique :

  • Je ne vais pas vous annoncer aujourd’hui un nouveau cap écologique parce que je pense qu’on a pris des décisions historiques et qu’elles sont les bonnes : 61% « pas d’accord »

Ses propos sur le RN, sur la composition et la mission (« pour que la France reste la France ») du nouveau gouvernement, ainsi que sur Gérard Depardieu divisent :

  • Je n’ai aucun regret d’avoir défendu la présomption d’innocence pour une personnalité publique, un artiste en l’espèce, comme je l’ai fait pour des responsables politiques (…) Si j’ai un regret à ce moment-là, c’est de ne pas avoir assez dit combien la parole des femmes qui sont victimes de ces violences est importante et combien ce combat est essentiel pour moi : 52% d’accord, 47% pas d’accord
  • Le nouveau gouvernement est composé autour d’une ligne simple, pour que la France reste la France, pour que la France demeure cette nation du bon sens, des résistances et des lumières : 48% d’accord, 51% pas d’accord
  • Le Rassemblement National est le parti de l’appauvrissement collectif et du mensonge : 44% d’accord, 55% pas d’accord

Sur la critique du RN, il bénéficie du soutien des électorats de gauche.

A noter que sur l’ensemble des propos, il est davantage soutenu par les électeurs d’Éric Zemmour que par ceux de Marine Le Pen (en moyenne 20 pts).

Une défiance toujours massive sur les sujets prioritaires des Français (pouvoir d’achat, santé, immigration), un meilleur jugement sur le rayonnement de la France et la lutte contre le terrorisme

La défiance reste élevée à l’égard d’Emmanuel Macron sur la plupart des sujets, et notamment ceux jugés prioritaires par l’opinion publique :

  • Pouvoir d’achat : 74% « pas confiance » (-2 en 2 semaines)
  • Immigration : 70% (-3)
  • Santé : 68% (-3)
  • Éducation : 66% (+1)

La défiance reste très importante mais recule en 2 semaines sur l’international et l’écologie, sous l’effet de la place accordée au sujet lors de la conférence de presse pour l’international, et d’un contexte moins difficile pour l’écologie (sondage précédent pendant les inondations dans le Nord)

  • Environnement, écologie : 65% (-5)
  • Gestion du conflit entre Israël et le Hamas : 64% (-4)
  • Gestion de la guerre en Ukraine : 59% (-6)
  • Place de la France en Europe et dans le monde : 52% (-7)
  • Menace terroriste : 53% (-4)

La défiance reste importante sur la sécurité et l’économie :

  • Sécurité : 64% (-2)
  • Economie et emploi : 63% (-4)

A noter que la semaine dernière, Gabriel Attal bénéficiait de meilleurs scores de confiance (hormis sur l’international non testé) qu’Emmanuel Macron cette semaine.

Une critique sur le manque de vision pour la France

57% des Français jugent qu’Emmanuel Macron n’a pas de projet, de vision globale pour la France, une opinion majoritairement partagée chez les électeurs de Marine Le Pen (76%) et de Jean-Luc Mélenchon (64%). A l’inverse, 42% jugent qu’il a une vision pour la France, et notamment 81% de ses électeurs de 1er tour en 2022.

La critique d’un manque de projet est cependant en recul par rapport à mai 2023, de 7 points, et retrouve les niveaux du début de 2nd quinquennat.

Un déficit d’image persistant, notamment sur le manque de proximité et de capacité à rassembler

L’image du Président de la République reste caractérisée par un important déficit sur les attributs suivants :

  • Capable de rassembler les Français : 21% « correspond bien »
  • Proche de mes préoccupations : 25%
  • Sincère : 32%
  • Prend les bonnes décisions pour le pays : 32%
  • Respecte ses engagements : 33%

Ainsi que d’importantes critiques sur :

  • Autoritaire : 70%
  • Arrogant : 69%
  • Méprisant : 64%
  • Vous inquiète : 60%

En revanche, il garde un certain crédit sur les traits d’image suivants :

  • Dynamique : 61%
  • Audacieux : 54%
  • Représente bien la France à l’étranger : 50%
  • Courageux : 51%

Sa capacité à vouloir vraiment changer les choses (46%), sa compétence (42%), sa capacité à réformer le pays (41%) et sa sympathie (41%) divisent.

Son image s’améliore légèrement par rapport à la séquence « réforme des retraites » mais retrouve son niveau du début de 2nd quinquennat.

Sur l’image également, Gabriel Attal bénéficiait de meilleurs scores dans le sondage de la semaine dernière qu’Emmanuel Macron cette semaine.

La nomination de Gabriel Attal, un regard qui reste à dominante positive

41% considèrent que la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre est une bonne chose pour la France (stable en une semaine), contre 33% qui pensent que c’est une mauvaise chose (+5). 26% n’ont pas d’avis (-5).

Elle reste très largement approuvée parmi les électeurs d’Emmanuel Macron (81%), mais également chez les sympathisants LR (72%).

Remaniement : des arrivées qui clivent ou laissent indifférents

L’arrivée de Rachida Dati au gouvernement, au poste de ministre de la Culture est perçue plutôt négativement par l’opinion publique (48% mauvaise chose, 29% bonne chose, 23% sans opinion), tout comme l’élargissement du périmètre d’Amélie Oudéa-Castera à l’Education Nationale (52% mauvaise chose, 21% bonne chose, 27% sans opinion).

La nomination de Rachida Dati est bien accueillie par les sympathisants LR (65%), mais l’est plus timidement par les électeurs d’Emmanuel Macron (50% bonne chose, 35% mauvaise chose).

La nomination de Catherine Vautrin au Travail et à la Santé et celle de Stéphane Séjourné à l’Europe et aux Affaires étrangères laissent les Français avant tout indifférents (respectivement 39% et 45% sans opinion).

Polémique Oudéa-Castera : les Français divisés sur son maintien en poste

53% des Français pensent qu’elle ne peut pas rester à son poste (dont une majorité au sein des oppositions), contre 46% qui jugent qu’elle peut s’y maintenir (dont 69% des électeurs d’Emmanuel Macron).

Politique de l’exécutif : une coloration de droite

51% des Français jugent que l’orientation politique de l’exécutif est de droite (-1 par rapport à avril 2023), 36% au centre et 12% à gauche.

Les électeurs d’Emmanuel Macron sont une majorité à estimer que la politique menée est de droite (51%), tout comme les sympathisants LR (52%).


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Crédits image : Capture d’écran BFMTV