6 actifs sur 10 ont bénéficié de la formation professionnelle mais l’usage est hétérogène selon les profils
En effet, 59% des actifs français déclarent avoir suivi une (25%) ou plusieurs formations (34%). Ce chiffre cache pourtant des réalités très différentes selon le profil socioprofessionnel et la taille d’entreprise. Ce taux atteint 67% auprès des catégories sociales moyennes (professions intermédiaires) et supérieures (cadres), alors qu’il n’est que de 46% parmi les ouvriers. La différence est encore plus criante pour ceux ayant effectué plusieurs formations : cela concerne 44% des catégories moyennes et supérieures, contre 18% des ouvriers. La lecture par le prisme de la taille d’entreprise fait elle aussi apparaitre des disparités : 63% des salariés d’ETI/Grandes entreprises (plus de 250 salariés) et 58% de ceux de TPE en ont déjà bénéficié, contre 50% des salariés de PME (20 à 249 salariés).
Pour les actifs n’ayant jamais bénéficié de formation professionnelle, c’est avant tout l’inexistence d’une démarche qui en est à l’origine : 61% d’entre eux n’en ont pas suivi car « leur employeur ne leur a pas proposé et ils n’ont pas utilisé leur droits à la formation (DIF ou CPF) ». Seuls 17% font état d’une inadaptation de l’offre à leurs besoins et 4% d’un refus de l’employeur. Parmi les actifs ayant bénéficié d’une formation professionnelle, près d’un sur deux (47%) l’a réalisé « sur proposition de son employeur dans le cadre du plan de formation de son organisation » (51% chez les catégories sociales moyennes et 54% chez les catégories populaires). A l’inverse, 33% affirment que cela était de leur initiative, mais dans le cadre du plan de formation de son organisation » (51% chez les cadres). Seuls 19% déclarent avoir utilisé leur DIF ou CPF pour en suivre une. Quel que soit leur profil et la démarche ayant amené à suivre la formation, leur bilan est très partagé : celle-ci ne répond que partiellement aux attentes selon 48% d’entre eux. 7% affirment même que la dernière formation professionnelle suivie n’a « pas du tout » répondu aux attentes. A l’inverse, 44% la jugent complètement à la hauteur.
Formation professionnelle : une bonne image a priori auprès de l’opinion publique mais un très net manque d’information
8 Français sur 10 (81%) affirment avoir une bonne opinion de la formation professionnelle, dont 64% une « assez bonne opinion » et seulement 17% une « très bonne opinion ». Ce sont les 18-24 ans qui portent le jugement le plus positif (89%) alors que les cadres (73%) et les personnes plus âgées sont légèrement plus en retrait (77% des 50-64 ans et 79% des 65 ans et plus). Cette bienveillance est avant tout construite sur l’utilité perçue de la formation professionnelle (50%): « permet de trouver du travail » (13%), « permet d’évoluer, de s’adapter » (10%), « indispensable, utile » (7%), « permet de se reconvertir » (5%), etc. Pour 14% d’entre eux, c’est une expérience positive qui en est le levier. A l’inverse, la mauvaise image de la formation professionnelle (19% des Français) s’appuient d’abord sur des expériences négatives (50% d’entre eux) : « n’a pas répondu aux attentes » (22%), « pas efficace » (16%), etc. 29% évoquent plutôt le cadre définissant et organisation la formation professionnelle : « pas adapté pour tous » (9%), « manque d’information » (9%), « coûte cher/gâchis » (8%), etc. A noter que 14% de ceux ayant une bonne opinion et 7% de ceux ayant une mauvaise opinion, soit 13% des Français, confondent apprentissage et formation professionnelle.
L’utilité de la formation professionnelle, spontanément restituée par les Français, trouve sa confirmation dans l’importance qui lui est accordée dans le cadre d’un parcours professionnel : 92% jugent qu’y accéder est important pour sa carrière, dont 43% « très important ». Et ce, quelque soit l’étape de sa carrière et le profil :
- « Acquérir des nouvelles compétences liées aux évolutions de son métier » (92% « d’accord »)
- « Accompagner un projet de reconversion professionnelle » (89%)
- « Evoluer professionnellement au sein de l’organisation dans laquelle on travaille » (88%)
- « Favoriser l’accès à l’emploi des jeunes peu ou pas diplômés » (84%)
- « Favoriser le retour à l’emploi des demandeurs d’emploi » (84%)
S’ils en ont une bonne opinion a priori, les Français s’avèrent être peu informés : 57% estiment être mal informés au sujet de la formation professionnelle
L’ensemble des catégories de population est concerné, mais cela touche davantage les salariés du privé (61%) et plus particulièrement ceux travaillant dans une TPE (63%) et dans une ETI/GE (61%). La notoriété très partielle des différents dispositifs existants témoigne de ce manque d’information : 75% à 88% des Français ont déjà entendu parlé du bilan de compétences, de la validation des acquis de l’expérience et du compte personnel de formation, mais seulement 35% à 52% déclarent connaître précisément ce dont il s’agit. Le manque de connaissance est encore plus criant concernant le compte personnel d’activité : 60% déclarent en avoir déjà entendu parler et 20% seulement pensent savoir précisément ce dont il s’agit. A noter que pour chacun de ces dispositifs, les catégories populaires en ont une connaissance plus partielle que les catégories sociales moyennes et supérieures.
Réforme de la formation professionnelle : selon les Français, les entreprises et les branches professionnelles doivent être au centre du dispositif
Invités à choisir le ou les acteurs qu’ils souhaiteraient voir définir le contenu des formation, 7 français sur 10 (71%) citent les entreprises et les branches professionnelles, nettement devant les organismes de formations (46%). Cités par environ un Français sur quatre, l’Etat (27%), les Régions (26%) et les syndicats de salariés (22%) sont plus en retrait. Signe qu’ils ne souhaitent pas une gestion aux mains d’un seul acteur, les Français citent 1,9 acteurs en moyenne.
Alors qu’Emmanuel Macron et le gouvernement d’Edouard Philippe ont annoncé un projet de réforme de la formation professionnelle, 60% des Français jugent que les moyens doivent être alloués de manière égale à l’ensemble des actifs. Ce sentiment est plus particulièrement partagé par les tranches d’âge intermédiaires : 69% parmi les 25-34 ans et 68% parmi les 35-49 ans. A l’inverse, 39% estiment que les moyens doivent être alloués en priorité aux demandeurs d’emploi et personnes en situation d’emploi précaire. Public plus largement touché par ces problématiques, une majorité des 18-24 ans (57%) partage cet avis.
Télécharger ici : Les Français et la formation professionnelle / Sondage ELABE pour l’Institut Montaigne et L’Express