Une société française lassée, et tiraillée entre nostalgie, colère et tristesse
La lassitude est l’état d’esprit le plus largement éprouvé par la société française (55% de citations parmi les 3 mots qui décrivent le mieux leur état d’esprit). Un sentiment encore plus présent chez les femmes (59%) que les hommes (50%).
Derrière cette lassitude, les Français sont partagés entre colère (42% / 53% dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon et 57% chez les ménages les plus en difficulté financière), nostalgie (39% / particulièrement marquée chez les plus de 65 ans à 49%) et tristesse (36% / à nouveau particulièrement marquée chez les plus de 65 ans à 46%, mais aussi chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à 44%)
L’opposition à la réforme reste très majoritaire, les lignes ne bougent plus depuis de nombreuses semaines
69% des Français sont opposés à la réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron et le gouvernement. Ce taux reste circonscrit entre 65% et 72% depuis la mi-janvier.
76% des actifs s’y opposent, contre 52% des retraités.
Politiquement, ce sont chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon que l’opposition est la plus large (91%). Elle est très majoritaire mais moins unanime dans l’électorat de Marine Le Pen (77%). Sur cette réforme, le Président de la République a le soutien de 73% de ses électeurs (+ 10 pts en un mois), mais 27% s’y opposent tout de même. L’opposition se renforce chez les abstentionnistes (78%, +5).
L’opposition à la réforme des retraites est également en partie corrélée au pouvoir d’achat des ménages : 84% des ménages les plus en difficulté s’y opposent, soit 22 points de plus que chez les ménages les plus aisés (62% d’opposition).
L’opinion publique continue d’approuver la mobilisation sociale (63%)
63% des Français continuent d’exprimer leur soutien (40%,- 3) ou leur sympathie (23%, +3) à l’égard de la mobilisation contre la réforme des retraites. Une approbation qui ne fléchit pas et qui oscille depuis fin janvier entre 60% et 68%.
Le mouvement est approuvé par 83% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Bien que plus faible, l’approbation reste élevée auprès des électeurs de Marine Le Pen (69%). Chez les électeurs d’Emanuel Macron, 34% expriment leur soutien ou leur sympathie.
Malgré la décision du Conseil Constitutionnel et la promulgation de la loi, les Français « votent » pour la poursuite du mouvement, voire son durcissement
64% des Français souhaitent la poursuite du mouvement, un chiffre stable par rapport à fin mars. Une grande partie d’entre eux (45%) appellent à un durcissement, en hausse de 5 points en 3 semaines. A l’inverse, 35% demandent son arrêt.
La volonté d’un durcissement progresse de 7 points chez les actifs, pour atteindre 53%, et de 7 points également chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (67%). Si une majorité des électeurs de Marine Le Pen font le même souhait (54%), la volonté de voir maintenant le mouvement prendre fin est en progression (32%, +9).
Pour plus de 6 Français sur 10, le « combat continue »
Malgré la décision du Conseil Constitutionnel et la promulgation de la loi par Emmanuel Macron, 63% affirment que le « combat continue », et notamment 70% chez les actifs. Ce taux atteint 89% chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Chez ceux de Marine Le Pen, le soutien est plus distant (67%).
A l’inverse, 37% estiment qu’il faut maintenant « tourner la page », et notamment 77% des électeurs d’Emmanuel Macron.
La promulgation rapide de la loi par Emmanuel Macron est reprouvée par 7 Français sur 10
71% des Français considèrent qu’il a eu tort de promulguer la loi dans les heures qui ont suivi la décision du Conseil Constitutionnel car « cela va alimenter la colère ». Une opinion partagée par 93% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 77% de ceux de Marine Le Pen.
A l’inverse, 28% jugent qu’il a eu raison car « il faut avancer et être efficace ». Sur cette décision, il a le soutien de 68% de ses électeurs.
L’exécutif est toujours tenu responsable du conflit social par une majorité de Français
61% des Français estiment qu’Emmanuel Macron et le gouvernement sont responsables de la situation de conflit social, un chiffre stable depuis fin mars. Ce taux atteint 87% chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 74% chez ceux de Marine Le Pen, et 21% chez ceux d’Emmanuel Macron.
15% estiment que ce sont les syndicats les principaux responsables (et notamment 41% chez les électeurs d’Emmanuel Macron), 23% renvoient les deux parties dos-à-dos (38% chez ceux d’Emmanuel Macron).
Les Français peinent à imaginer que la prochaine prise de parole d’Emmanuel Macron puisse apaiser la situation
90% pronostiquent que l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron lundi soir ne permettra pas d’apaiser la situation sociale (dont 48% « certainement pas », un taux très important). Ce pronostic est très élevé chez l’ensemble des électorats, y compris chez ceux d’Emmanuel Macron (85%, dont 18% « certainement pas »).
Si la 2ème demande de RIP était validée, 68% des Français prêts à apporter leur signature
39% déclarent qu’ils seraient « certainement » prêts à signer pour soutenir la démarche de Référendum d’Initiative Partagée, et 29% « probablement ».
Le taux d’intention « certaine » atteint 44% chez les actifs. Politiquement, ce sont 61% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 49% de ceux de Marine Le Pen qui se déclarent « certains » d’apporter leur signature.
Plus que jamais, les Français tirent la sonnette d’alarme sur le pouvoir d’achat
61% des Français placent le pouvoir d’achat parmi les 3 priorités d’action de l’exécutif pour les prochains mois. Ce taux a progressé de 5 points depuis début janvier, pour retrouver son plus haut niveau déjà atteint en juillet 2022. Quel que soit son âge, sa classe sociale ou sa préférence politique, cet enjeu est n°1 auprès de toutes les catégories de population.
Second enjeu le plus largement cité, la santé est évoquée comme une des trois priorités d’action par 33% des Français.
Derrière, de multiples enjeux sont cités par 18% à 23% des Français : environnement/écologie (23%), les retraites (22%), la sécurité (20%), l’éducation (19%), l’immigration (18%), les inégalités sociales (18%) et l’emploi (18%).
La priorisation de deux sujets clivent politiquement : l’environnement/l’écologie qui doit être une priorité d’action de l’exécutif selon 35% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, et 28% de ceux d’Emmanuel Macron, contre seulement 10% de ceux de Marine Le Pen. A l’inverse, l’immigration doit être au cœur des priorités d’après 37% des électeurs de Marine Le Pen contre seulement 9% de ceux d’Emmanuel Macron et 5% de ceux de Jean-Luc Mélenchon.
Télécharger le rapport : Les Français et la réforme des retraites (vague 13)
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