L’opposition à la réforme des retraites progresse dans l’opinion

L’opposition à la réforme des retraites progresse dans l’opinion publique (66%, +7 en une semaine)

66% des Français se disent opposés à la réforme des retraites annoncée par la Première ministre, une proportion en hausse de 7 points en 1 semaine, dont 29% (-8) plutôt opposés et 37% (+15) très opposés. A l’inverse, 34% (-7) sont favorables, dont 28% (-5) plutôt favorables et 6% (-2) très favorables.

L’opposition à la réforme progresse en 1 semaine dans toutes les catégories de population et électorats. On observe des hausses particulièrement fortes chez les populations les plus opposées à la réforme : les actifs (76%, +9), et en leur sein les professions intermédiaires (82%, +14) et les employés/ouvriers (79%, +8) et les 35-64 ans (75%, +8).

A ce jour, un clivage important se confirme entre :

  • Les actifs largement opposés à la réforme (24% favorables, 76% opposés) et les retraités plutôt favorables (53% favorables, 46% opposés)
  • Les électeurs d’Emmanuel Macron qui soutiennent la réforme de l’exécutif (72% favorables) et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (88% opposés) et de Marine Le Pen (79%) qui la rejettent

Les deux principaux motifs d’opposition sont le refus de l’augmentation de l’âge de départ et la perception d’une réforme injuste

Parmi les 66% des Français opposés à la réforme, les motifs d’opposition sont :

  • Le fait qu’on travaille déjà assez longtemps, il ne faut pas repousser l’âge de départ à la retraite (cité par 45% d’entre eux, soit 30% de l’ensemble des Français)
  • La réforme du gouvernement est injuste (44%, soit 29% de l’ensemble des Français)
  • Ce n’est pas le bon moment, il y a d’autres urgences à traiter (32%, soit 21%)
  • Avant de repousser l’âge de départ à la retraite, il faudrait améliorer le taux d’emploi des seniors (26%, soit 17%)
  • La réforme a été élaborée sans concertation ni débat avec les Français et les syndicats (26%, soit 17%)
  • Le système est financièrement à l’équilibre, il n’y a aucune nécessité de le réformer (13%, soit 9%)

Le premier motif de soutien à la réforme est son caractère indispensable pour rétablir les finances du système des retraites

Parmi les 34% des Français favorables à la réforme, les motifs de soutien sont :

  • La réforme du gouvernement est indispensable pour rétablir les finances du système des retraites (cité par 68% d’entre eux, soit 23% de l’ensemble des Français)
  • On vit plus longtemps, il est normal de travailler plus longtemps (55%, soit 19% de l’ensemble des Français)
  • La réforme du gouvernement rend le système de retraites plus juste (45%, soit 15%)
  • Le gouvernement a écouté les organisations politiques et syndicales, la réforme du gouvernement est un bon compromis (16%, soit 5%)

Une majorité de Français a le sentiment que cette réforme demande des efforts d’abord aux actifs les plus modestes

Concernant la réforme des retraites prévue par le gouvernement, 55% des Français ont le sentiment qu’on demande le plus d’efforts d’abord aux actifs les plus modestes, contre 7% aux actifs les plus aisés et 38% à l’ensemble des Français. 

Le sentiment que l’effort est avant demandé aux actifs les plus modestes est très présent chez les populations les plus opposées à la réforme : les actifs (60%) et, parmi eux, les employés/ouvriers (63%) et les professions intermédiaires (62%), les 35-64 ans (61%) et politiquement les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (70%) et dans une moindre mesure de Marine Le Pen (57%).

A contrario, une majorité relative des retraités (50%) et absolue des électeurs d’Emmanuel Macron (59%) considèrent que les efforts sont équitablement répartis sur l’ensemble des Français.

En une semaine, la réforme du gouvernement est jugée plus injuste, inefficace pour assurer la pérennité du système et pas nécessaire

Concernant la réforme des retraites annoncée par le gouvernement :

  • 64% (+6) des Français l’estiment injuste, contre 27% (-5) juste
  • 57% (+6) considèrent qu’elle est inefficace pour assurer la pérennité du système de retraites, contre 32% (-9) efficace
  • 53% (+8) la jugent pas nécessaire, contre 38% (-9) nécessaire

Les critiques à l’égard de la réforme progressent fortement au sein des populations qui y sont les plus opposées : les actifs (inefficace 68%, +10), et plus particulièrement les professions intermédiaires (injuste 83% +16 ; inefficace 72% +17 ; pas nécessaire 64% +18) et les catégories populaires (inefficace 70% +11 ; pas nécessaire 65% +13). Les retraités estiment en majorité que cette réforme est nécessaire (57%) et plutôt efficace (45%, contre 35% pas efficace) mais ils sont en revanche beaucoup plus partagés sur son caractère juste (43% juste, 42% injuste).

Enfin, d’un point de vue politique, la majorité des électeurs d’Emmanuel Macron juge cette réforme nécessaire (76%), efficace (68%) et juste (63%) tandis que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (79%-86% selon les items) et de Marine Le Pen (62%-80%) sont largement d’un avis contraire.

Réforme des retraites : l’opinion publique approuve le choix du gouvernement de ne pas faire contribuer les retraités actuels

Les retraités actuels ne sont pas impactés par la réforme prévue par le gouvernement. Concernant ce choix :

  • 81% des Français estiment que les retraités ont déjà cotisé pendant toute leur carrière, on ne peut pas leur demander de contribuer maintenant qu’ils sont à la retraite
  • 18% pensent au contraire que ce n’est pas juste de demander des efforts uniquement aux actifs, l’effort doit être collectif et les retraités aussi doivent contribuer

Une majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et électorats estiment que les retraités n’ont pas à contribuer à l’effort collectif.

A noter que les 25-34 ans (31%) ainsi que les cadres (32%) sont plus nombreux, en comparaison, à considérer que les retraités doivent aussi contribuer.

Une majorité de Français estime que l’on peut réformer le système de retraite sans travailler plus longtemps

Concernant le système de retraite, 53% des Français estiment qu’il y a d’autres solutions que de travailler plus longtemps, 28% qu’il faut travailler plus longtemps mais pas comme le propose la réforme du gouvernement car elle n’est pas équilibrée, pas juste et 18% qu’il faut travailler plus longtemps et sont favorables à la réforme prévue par le gouvernement.

Les actifs sont convaincus qu’on peut réformer le système de retraite sans devoir travailler plus longtemps (60%).

A contrario, seule une minorité de retraité sont de cet avis (38%), ils sont partagés entre le soutien à la réforme du gouvernement (31%) et le sentiment qu’il faut augmenter l’âge de départ mais que la réforme prévue par le gouvernement n’est pas équilibrée ou pas juste (30%).

D’un point de vue politique, le sentiment qu’il y a d’autres solutions que de travailler plus longtemps est particulièrement exprimée par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (75%) et dans une moindre mesure de Marine Le Pen (61%). Une majorité relative des électeurs d’Emmanuel Macron approuve la réforme du gouvernement qui prévoit une hausse de l’âge de départ (48%), même si près d’un quart (27%) juge cette réforme injuste ou pas équilibrée.

Mobilisation contre la réforme des retraites : 56% (-4) des Français approuvent (soutien/sympathie), 29% (+2) désapprouvent (opposition/hostilité), 15% (+3) sont indifférents. Dynamique de polarisation sur 1 semaine :

le soutien (39%, +5) et la désapprobation (29%, +2) progressent au détriment de la sympathie (17%, -9)

56% (-4 en une semaine) des Français approuvent la mobilisation contre la réforme des retraites, dont 39% (+5) la soutiennent et 17% (-9) en ont de la sympathie. A l’inverse, 29% (+2) désapprouvent, dont 16% (+1) y sont opposés et 13% (+1) hostiles. Enfin, 15% (+3) des Français déclarent être indifférents.

Dans le détail, la polarisation de l’opinion se manifeste en une semaine par :

  • Un renforcement du soutien chez les actifs (46%, +8), et en leur sein chez les professions intermédiaires (51%, +15) et les catégories populaires (50%, +8), et politiquement chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (67%, +17) et dans une moindre mesure de Marine Le Pen (55% ,+6)
  • Une progression de la désapprobation chez les retraités (49%, +4)

Ainsi, à ce jour, le clivage reste fortement présent entre :

  • Les actifs qui approuvent la mobilisation (65% soutien/sympathie) et les retraités qui désapprouvent (49% opposition/hostilité)
  • Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen (respectivement 86% et 67% soutien/sympathie) et d’Emmanuel Macron (58% opposition/hostilité)

Pour s’opposer à la réforme du gouvernement, une majorité de Français comprendrait le blocage du pays

55% des Français déclarent qu’ils comprendraient que les grévistes bloquent le pays, car c’est le seul moyen pour que le gouvernement retire ou modifie sa réforme des retraites. A l’inverse, 44% ne comprendraient pas que les grévistes bloquent le pays, et n’approuvent pas ce type d’action.

On retrouve sur cette question le même clivage :

  • Les actifs (63%), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (78%) et de Marine Le Pen (67%) comprendraient que les grévistes bloquent le pays
  • Les retraités (63%) et les électeurs d’Emmanuel Macron n’approuvent pas ce type d’action (80%).

L’état d’esprit des Français demeure pessimiste, dominé par la lassitude et la colère

Sans évolution significative en 2 semaines, les mots qui décrivent le mieux l’état d’esprit des Français sont toujours très négatifs : lassitude (54%, +3), colère (42%, =), tristesse (36%, -1), peur (34%, -2) et nostalgie (33%, -3). Ils devancent nettement des mot positifs : confiance (23%, +2), sérénité (20%, +1) et satisfaction (18%, +2).

Les populations les plus pessimistes sont les Français qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois (57% lassitude, 41% peur), les 50-64 ans (51% colère), les ouvriers (51% colère) et politiquement les électeurs de Marine Le Pen (55% colère, 41% peur) et de Jean-Luc Mélenchon (62% lassitude, 51% colère).

A contrario, les électeurs d’Emmanuel Macron semblent plus optimistes : si le mot qui décrit le mieux leur état d’esprit est la lassitude (46%, 8 pts de moins que la moyenne des Français), ils ressent également de la confiance (2ème mot, 41%, soit +18/FR), de sérénité (32%, +12/FR) et de la satisfaction (30%, +12/FR).

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