La rentrée de l’exécutif sous pression face à l’inflation et à la crise climatique

La hausse des prix et les phénomènes climatiques sont les événements qui ont le plus marqué les Français cet été

Parmi une liste de 15 événements politiques, économiques et sociaux survenus cet été, ceux qui ont le plus marqué les Français sont l’inflation, la hausse des prix (citée par 56%, 3 réponses possibles parmi 15 items), les violents incendies qui ont touché le pays et en particulier la Gironde (55%), devant les épisodes de canicule et de fortes températures (46%).
Ensuite, près d’1 Français sur 4 a été particulièrement marqué par le risque d’accident nucléaire à Zaporijjia en Ukraine suite à des bombardements effectués près de la centrale (27%) et près d’1 sur 5 par les orages meurtriers qui ont frappé la Corse (20%) et le phénomène des rodéos urbains (17%).

Les autres événements cités sont : les difficultés de recrutement dans certains métiers (15%), l’adoption à l’Assemblée nationale et au Sénat du projet de loi « mesures d’urgence » pour le pouvoir d’achat (10%), la polémique suscitée par l’organisation d’une course de karting dans la prison de Fresnes (8%), la polémique autour des vols en jets privés d’hommes d’affaires et milliardaires (8%), le projet d’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen souhaité par Gérald Darmanin et suspendu par le Conseil d’Etat (7%), la tentative d’assassinat perpétrée contre Salman Rushdie (7%), la fin de l’opération « Barkhane » (4%), l’assassinat de Shinzo Abe ancien premier ministre japonais (4%) et l’assassinat de Daria Douguina fille d’Alexandre Douguine un intellectuel nationaliste russe proche de Vladimir Poutine (3%).

Au global, 8 Français sur 10 ont été marqués par au moins un événement environnemental et climatique (incendies, canicules ou orages).

Une lecture des résultats par catégorie de population révèle quelques nuances :

  • La hausse des prix est particulièrement évoquée par les 25-34 ans (64%), professions intermédiaires (62%) et ouvriers (69%)
  • Les incendies dans le quart sud-ouest du pays (63%)
  • Le risque d’accident nucléaire a davantage marqué les 50 ans et plus (32%) que les moins de 50 ans (22%)

Le phénomène des rodéos urbains et le karting dans la prison de Fresnes sont un peu plus cités par les électeurs de M. Le Pen (23% et 17%).

Si le pouvoir d’achat reste la priorité d’action de l’exécutif pour cette rentrée, l’environnement et la sécurité ont fortement progressé pendant l’été

Pour les Français, la priorité d’action dans les prochains mois pour Emmanuel Macron et le gouvernement d’Elisabeth Borne est le pouvoir d’achat (cité par 58%, 3 réponses possibles parmi 17 items, -3 par rapport au 13 juillet), il devance deux enjeux qui ont fortement progressé pendant l’été : l’environnement/l’écologie (30%, +5) et la sécurité (28%, +7). Juste derrière, 27% (-5) des Français citent la santé.

Pour près d’1 Français sur 5, les sujets prioritaires des prochains mois sont l’emploi (19%, =), l’immigration (19%, +2), l’éducation (17%, +3), les retraites (16%, -5), les inégalités/injustices sociales (16%, -4). Près d’1 sur 10 évoque la guerre en Ukraine (11%, +1), la dette publique (9%, -3), la protection sociale (8%, =), le logement (8%, +3), la fiscalité (7%, -4), la menace terroriste (7%, -2), la place de la France dans le monde (6%, +1) et les inégalités hommes-femmes (5%, +1).

Le pouvoir d’achat est en recul depuis le 13 juillet chez les cadres (48%, -11) et au sein de tous les principaux électorats. A noter toutefois qu’il progresse chez les 25-34 ans (67%, +6) et reste stable chez les professions intermédiaires (60%, =) et les ouvriers (70%, +2).

L’environnement/l’écologie progresse dans tous les principaux électorats – électeurs d’Emmanuel Macron (38%, +13), de Jean-Luc Mélenchon (49%, +8) et dans une moindre mesure de Marine Le Pen (19%, +6) – et dans la plupart des catégories de population, notamment chez les 35-64 ans (33%, +9) et chez les catégories populaires (27%, +11). Cet enjeu reste particulièrement important aux yeux des cadres (50%) et des 18-24 ans (43%).

La sécurité est également en hausse dans la plupart des catégories de population et électorats, et de manière particulièrement forte chez les 65 ans et plus (35%, +13), les habitants des petites et moyennes agglomérations (moins de 100 000 habitants, 35%, +17) et dans l’électorat d’Emmanuel Macron (29%, +10).

Les Français abordent cette rentrée avec un état d’esprit morose

Les mots qui décrivent le mieux l’état d’esprit des Français ces derniers temps sont avant tout négatif : la lassitude (citée par 44%, 3 réponses possibles parmi 10 items), la nostalgie (40%) et la tristesse (31%).

Derrière ce trio, 2 émotions positives sont exprimées : la confiance (30%) et la sérénité (30%).

Près d’1 Français sur 4 ont ressenti de la satisfaction (28%), de la colère (26%) et de la peur (25%).

Enfin, la surprise (9%) et la culpabilité (5%) sont 2 ressentis peu exprimés.

Les 65 ans et plus abordent cette fin d’été avec un état d’esprit plus négatif (51% lassitude, 48% nostalgie) que les plus jeunes, en particulier les 18-24 ans (56% confiance, 44% satisfaction).

D’un point de vue politique, la colère est un sentiment particulièrement exprimé par les électeurs de M. Le Pen (37%, contre 18%-27% autres principaux électorats) et la sérénité par ceux d’Emmanuel Macron (42%, contre 23%-30%).

La rentrée de l’exécutif confrontée à la défiance des Français

Près de 2 Français sur 3 ne font pas confiance à l’exécutif pour mener a bien les chantiers des prochains mois :

  • La réforme des retraites (70% pas confiance, dont 37% pas confiance du tout)
  • Le projet de loi Immigration (68% pas confiance, dont 33% pas confiance du tout)
  • La planification écologique avec notamment une loi « d’accélération des énergies renouvelables » (68% pas confiance, dont 28% pas confiance du tout)
  • L’objectif d’atteindre le plein emploi (66% pas confiance, dont 28% pas confiance du tout)
  • Le plan de sobriété pour faire face à la crise énergétique (66% pas confiance, dont 27% pas confiance du tout)
  • La réforme de l’Assurance chômage (64% pas confiance, dont 30% pas confiance du tout)

L’exécutif conserve une confiance majoritaire auprès des électeurs d’Emmanuel Macron (67%-80% confiance) mais pâtit d’une défiance très forte des électeurs de Marine Le Pen (81%-89% pas confiance), de Jean-Luc Mélenchon (70%-84%) et des abstentionnistes (74%-80%).

Une majorité attend prioritairement de l’exécutif qu’il rassemble les Français avant de réformer le pays

56% des Français attendent en priorité du Président de la République et du gouvernement d’Elisabeth Borne qu’ils rassemblent les Français et apaisent la société, même si cela signifie reporter à plus tard certaines mesures ou réformes qui ne font pas consensus. A l’inverse, 41% souhaitent qu’il réforme le pays en profondeur même si cela divise les Français et provoque des mouvements sociaux importants.

L’apaisement de la société est privilégié par une large majoritaire des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (72%) et par une plus courte majorité de ceux de Marine Le Pen (56%). A l’inverse, les électeurs d’Emmanuel Macron attendent de l’exécutif qu’il réforme le pays (63%).

Des chiffres relativement stables depuis avril 2021: 58% des Français privilégiaient un président qui apaise la société et rassemble les Français, contre 41% qui réforme en profondeur.

Face aux enjeux environnementaux, des Français convaincus que nous devons adopter un mode de vie plus sobre

Pour faire face aux enjeux environnementaux, 80% des Français considèrent que nous sommes dans l’obligation de changer nos habitudes, et adopter un mode de vie plus sobre (réduction de notre consommation). A l’inverse, 18% estiment que nous pouvons faire face aux enjeux environnementaux tout en gardant nos habitudes et notre mode de vie actuels.

L’obligation d’adopter un mode de vie plus sobre est une conviction qui progresse depuis mars 2021* (+4) et qui est aujourd’hui largement partagée par toutes les catégories de population et électorats.

Les Français s’attendent à une rentrée mouvementée sur le plan social

88% des Français pensent que le pays connaitra des mouvements sociaux importants dans les prochains mois, dont 34% certainement et 54% probablement. A l’inverse, 11% pensent qu’il n’y aura pas de mouvements sociaux importants, dont 9% probablement pas et 2% certainement pas.

Une large majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et électorats s’attendent à des mouvements sociaux importants à la rentrée. Mais les électeurs de Marine Le Pen (50% oui certainement) et dans une moindre mesure de Jean-Luc Mélenchon (41%) en sont plus certains que ceux d’Emmanuel Macron (20%). En termes d’âge, la certitude d’une rentrée mouvementée augmente avec l’âge : de 16% chez les 18-24 ans à 40% chez les 65 ans et plus.

Télécharger le rapport : Les Français et la rentrée politique

Crédits image : Commons Wikimedia Leynadmar