Les Français et les 100 jours de François Bayrou

L’image de Français Bayrou se dégrade nettement depuis sa nomination il y a 100 jours

Par rapport au moment de sa nomination, François Bayrou perd 12 à 17 points sur de nombreux traits d’image : capacité à faire des compromis, sympathique, courageux, compétent, à l’écoute, sincère, a de bonnes idées pour la France, rassurant, comprend les gens comme vous, capacité à rassembler les Français, dynamisme, capacité à réformer le pays.

Alors que plus d’un Français lui accordaient mi-décembre une capacité à faire des compromis et une certaine sympathie, désormais aucune qualité ne lui est attribuée par plus de 50% des Français.

Ce recul de 15 à 20 points s’observe dans l’ensemble des électorats, y compris auprès de celui d’Ensemble. Il est légèrement moindre (5-10 points) auprès des électeurs du Rassemblement National, qui étaient déjà plus critiques en décembre dernier.

Dans l’absolu, il garde une meilleure image auprès des électeurs d’Ensemble, qu’auprès de ceux de LR, du NFP et du RN.

1 Français sur 2 estime son action décevante, plus d’un tiers souhaite lui laisser encore du temps avant de juger

50% des Français jugent que l’action du Premier ministre est décevante, 37% qu’il est encore trop tôt pour se prononcer, et seulement 12% qu’elle est satisfaisante.

A titre de comparaison, 33% étaient déçus de l’action de Gabriel Attal 100 jours après sa nomination, 46% estimaient qu’il était trop tôt pour juger, 21% étaient satisfaits.

Pour François Bayrou, la déception est largement majoritaire auprès des électeurs du NFP (69%) et du RN (60%). Les électeurs LR sont plus partagés, entre déception (41%) et attente (49%), alors que ceux d’Ensemble sont plutôt dans l’attente (51%) voire satisfaits (26%).

Dans le même temps, près de 6 Français sur 10 souhaitent qu’il privilégie l’apaisement, quitte à reporter des réformes qui peuvent cliver la société

58% attendent avant tout de François Bayrou qu’il rassemble les Français et apaise la société, même si cela signifie reporter à plus tard certaines mesures ou réformes qui ne font pas consensus. A l’inverse, 40% lui demandent de réformer le pays en profondeur même si cela divise les Français et provoque des mouvements sociaux importants.

C’est avant tout l’électorat NFP qui privilégie le report des réformes (80%), et dans une moindre mesure celui d’Ensemble (58%), alors que les électeurs LR et RN penchent plutôt pour des réformes en profondeur quitte à déclencher des mobilisations sociales (55%).

A titre de comparaison, quelques semaines après la promulgation de la réforme des retraites d’Elisabeth Borne, la demande d’apaisement et de report des réformes clivantes était de 70%.

Réduction de la dette, accès aux soins, éducation, « lutte contre la bureaucratie » : la défiance pour mener à bien ces chantiers est massive dans l’opinion

Pour l’ensemble des 4 chantiers annoncés le week-end dernier par François Bayou pour le mois d’avril, la défiance de l’opinion publique est très forte (entre 70% et 79%). Ces niveaux de défiance sont supérieurs à ceux mesurés pour Gabriel Attal 100 jours après sa nomination.

  • Réduire la dette, le déficit public (79% ne lui font pas confiance, 8 points de plus que Gabriel Attal à la même époque)
  • Améliorer le système de santé et l’accès aux soins (75%, 8 points de plus également)
  • Améliorer l’école, le système éducatif (72%, 17 points de plus)
  • « Lutter contre la bureaucratie », simplifier l’administration et ses normes (71%, non mesuré pour Gabriel Attal)

La défiance est majoritaire auprès de l’ensemble des électorats, à l’exception de celui d’Ensemble qui est très partagé (sauf sur la dette où la défiance est majoritaire, 63%).

Motion de censure spontanée : 44% y sont favorables, 55% y sont opposés

44% des Français sont favorables au vote de la censure contre le gouvernement de François Bayrou, une hausse de 3 points par rapport à fin janvier au moment de l’adoption du budget. 55% y sont opposés. Ce souhait est majoritaire auprès des électeurs du NFP (65%, + 9), les électeurs du RN sont partagés (50% favorables +7, 50% opposés -7), alors que ceux d’Ensemble et de LR y sont massivement opposés (respectivement 85% -4, et 75% +5).

A noter cependant que le souhait d’une censure sur le sujet des retraites obtenait la semaine dernière un score légèrement plus élevé, à 50%.

Pas de retour à 62 ans pour les retraites : l’opinion est très partagée sur l’annonce de François Bayrou

53% estiment qu’il a eu tort d’affirmer qu’il n’y aurait pas de retour à 62 ans, 46% qu’il a eu raison.

Les électeurs du NFP rejettent massivement sa prise de position (76%), alors que ceux du RN sont beaucoup plus partagés (53% « tort », 47% « raison »). Les électeurs d’Ensemble et de LR soutiennent en revanche massivement sa déclaration (respectivement 78% et 70%).

Il persiste un écart entre les actifs et les retraités (17 points), mais « seuls » 58% des actifs lui donnent tort.

Quelles priorités pour demain ? Le pouvoir d’achat reste n°1, mais recule. Sécurité et immigration progressent, la santé complète le podium

Parmi les priorités d’action pour Emmanuel Macron et le gouvernement de François Bayrou, le pouvoir d’achat reste le sujet le plus cité (44%), mais recule de 4 points par rapport à fin janvier. La sécurité (34%, +5) progresse, l’immigration (29%, +2) et la santé complètent le podium (29%, -4).

La dette publique est citée par 23%. Nouvellement testé, le sujet de la défense et des tensions internationales s’installe en 6ème position, à 20%.

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