Lutte contre le terrorisme : un souhait de durcissement ?


58% des Français considèrent qu’Emmanuel Macron et le gouvernement d’Edouard Philippe ne mettent pas tout en œuvre pour lutter contre le terrorisme

Interrogés suite aux attentats ayant eu lieu dans l’Aube le 23 mars 2018, 58% des Français considèrent que le Président de la République et le gouvernement ne mettent pas en œuvre tous les moyens nécessaires à la lutte contre la menace terroriste en France. A l’inverse, 42% considèrent que tous les moyens sont mis en œuvre (dont seulement 7% oui, tout à fait).

A noter qu’à la suite des attentats de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray en juillet 2016, lorsque nous avions interrogé les Français lors d’un sondage Elabe pour Atlantico, 65% considéraient que tous les moyens nécessaires n’avaient pas été mis en place par François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls.

Le jugement à l’égard de l’action de l’exécutif en matière de lutte contre le terrorisme suscite un clivage politique prononcé.

Les électeurs de Marine le Pen sont les plus critiques : 86% considèrent que tous les moyens n’ont pas été mis en place (dont 37%  pas du tout) .

S’ils sont majoritairement critiques, les électeurs de François Fillon et de Jean-Luc Mélenchon sont moins tranchés : respectivement 66% et 60% considèrent que tous les moyens n’ont pas été mis en place.

La tendance s’inverse auprès des électeurs d’Emmanuel Macron et de Benoît Hamon, (respectivement 77% et 63% considèrent tout a été mis en œuvre). 

Lutte contre le terrorisme : pour une majorité absolue ou relative, aucun parti de l’opposition ne ferait mieux que le gouvernement actuel. Cependant, 31% estiment que Le Front National ferait mieux.

Une majorité de Français estime que les principaux partis d’opposition ne feraient ni mieux, ni moins bien qu’Emmanuel Macron et le gouvernement actuel : 70% des Français déclarent que Les Républicains ne feraient ni mieux ni moins bien, 67% pour le Parti Socialiste, 53% pour la France Insoumise et 39% pour le Front national (majorité relative). Le Parti Socialiste et la France Insoumise font même l’objet d’un jugement négatif (moins bien) de la part de 30% et 37% des Français. A l’égard du Parti Socialiste, de Les Républicains et de la France Insoumise, moins de 15%  estiment que le parti ferait mieux, à l’exception du Front National à 31%.

En effet, le Front National clive davantage : si 39% des Français considèrent qu’il ne ferait ni mieux ni moins bien, 31% qu’il ferait mieux et 29% qu’il ferait moins bien. Politiquement, ce score s’explique par le soutien quasi-unanime de ses partisans, et celui d’une partie des sympathisants de droite (40%).

Si les partisans du Front National croient largement en leur parti pour faire mieux que le gouvernement actuel (88%), les sympathisants des Républicains sont plus partagés au sujet de leur parti (52% pensent qu’il ferait mieux et 45% qu’il ne ferait ni mieux ni moins bien). Il en est de même pour la France Insoumise (43% pensent qu’il ferait mieux et 49% qu’il ne ferait ni mieux ni moins bien).

A l’inverse, les partisans du Parti Socialiste considèrent majoritairement que leur parti ne ferait ni mieux ni moins bien (86%). 

Lutte contre le terrorisme : expulsion du territoire français des individus fichés S de nationalité étrangère et rétention administrative des individus fichés S les plus dangereux largement approuvées par les Français.

En revanche, le retour de l’état d’urgence divise.

Interrogés sur sept mesures évoquées dans le débat public relatives à la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, six obtiennent un soutient solide des Français:

  • Isoler les détenus radicalisés des autres personnes incarcérées en prison (efficace 84% dont 48% très efficace)
  • Renforcer les moyens financiers et humains du renseignement (84% dont très efficace 41%)
  • Expulser du territoire français les individus fichés S de nationalité étrangère (80% dont 55% très efficace)
  • Interdire le retour des Français partis en Irak et en Syrie (78% dont 52% très efficace)
  • Mettre en rétention administrative (internement) les individus fichés S jugés les plus dangereux (73% dont 41% très efficace)
  • Déchoir de la nationalité française les individus binationaux condamnés pour terrorisme (72% dont 49% très efficace).

En revanche, au sujet du rétablissement de l’état d’urgence, les Français se montrent plus partagés : 52% considèrent que la mesure serait efficace pour lutter contre le terrorisme et la radicalisation, et 48% qu’elle ne le serait pas.

D’un point de vue politique, il existe d’importantes différences entre, d’une part les électorats de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon et, d’autre part, ceux de François Fillon et de Marine Le Pen (sauf sur les mesures jugées les plus consensuelles : renforcement des moyens financiers et humain du renseignement et isolation des détenus radicalisés des autres personnes incarcérées en prison).

Auprès des électeurs de François Fillon et de Marine Le Pen, les mesures sont plébiscitées (plus de 80% les jugent efficace, hormis pour la remise en place de l’état d’urgence).

S’ils les approuvent majoritairement, les électorats de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon sont plus mesurés sur l’efficacité des mesures proposées (en moyenne, le score est inférieur de 25 points par rapport aux électeurs de Marine Le Pen et de François Fillon).

Les électeurs d’Emmanuel Macron occupent quant à eux une position intermédiaire notamment concernant l’expulsion du territoire des individus fichés S de nationalités étrangère (75%), la rétention administrative des fichés S les plus dangereux (69%) et l’interdiction du retour des Français partis en Irak ou en Syrie (77%).

Au sujet du rétablissement de l’état d’urgence (41%) et de la déchéance de nationalité pour les individus binationaux condamnées pour terrorisme (63%), ils se rapprochent plutôt des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon.

56% des Français considèrent que les responsables politiques ne doivent pas faire des attaques terroristes des sujets de polémique.

A l’inverse, pour 43% des Français il est normal que les responsables politiques expriment leurs désaccords et critiques suite à des attaques terroristes.

Pour une majorité des électeurs d’Emmanuel Macron (77%) et de Benoît Hamon (65%), il ne doit pas y avoir de polémique suite aux attaques terrorismes.

Les électeurs de François Fillon et de Jean-Luc Mélenchon sont partagés (respectivement 51% et 52% pensent qu’il ne doit pas y avoir de polémique).

A l’inverse, pour 60% des électeurs de Marine Le Pen, il est normal que les responsables politiques expriment leurs désaccords et critiques suite à des attaques terroristes.

Télécharger ici : Les Français et la lutte antiterroriste / Sondage ELABE pour BFMTV

Crédits image : ActuaLitté / Flickr