Sécurité : la situation se dégrade pour 6 français sur 10

  • Derrière la santé première priorité des Français, la sécurité en forte progression (+ 14 points en un an) en deuxième position à égalité avec l’environnement
  • Pour 6 Français sur 10, la situation en matière de sécurité des biens et des personnes est mauvaise. Elle se dégrade depuis quelques années également pour 6 français sur 10
  • Un sentiment d’insécurité qu’il arrive de ressentir à 3 Français sur 4 (plus d’1 sur 2 de temps en temps, 1 sur 5 souvent). Sentiment ressenti plus fortement dans les communes rurales et en région parisienne  
  • L’action du gouvernement attendue en priorité sur les agressions physiques, celles à caractère sexuel ou sexiste et les trafics de drogue
  • Effectivité des peines (49%), durcissement du code pénal (44%) mesures les plus attendues devant le renforcement de la présence policière (36%) et des effectifs (29%)
  • Pour l’instant, Darmanin ne convainc pas : seuls 27% des sondés lui font confiance
  • Sur la plupart des questions, les clivages se retrouvent essentiellement en fonction de l’âge des répondants et surtout de leur préférence partisane, beaucoup plus qu’au niveau de leur CSP

 

Derrière la santé, et quasiment au même niveau que l’environnement, la sécurité est en forte progression parmi les préoccupations des Français

Si, dans ce contexte d’épidémie de coronavirus la santé est devenue la première préoccupation des Français (41%, +19 points en un an), la sécurité est également en forte progression (32%, +14) à égalité avec l’environnement (32%, +3).

La préoccupation sécuritaire est marquée par un double clivage :

  • Générationnel d’abord, cette préoccupation augmente avec l’âge, de 14% chez les 18-24 ans jusqu’à 41% chez les 65 ans et plus
  • Politiquement ensuite, il s’agit de la 1ère préoccupation – devant la santé – des électeurs de François Fillon du 1er tour de la présidentielle 2017 (50%). La sécurité est un enjeu assez important pour les électeurs de Marine Le Pen (35%), d’Emmanuel Macron (34%) et pour les abstentionnistes (29%). Il s’agit en revanche d’un enjeu plutôt secondaire pour ceux de Benoît Hamon (20%) et de Jean-Luc Mélenchon (15%)

Géographiquement, la sécurité est un thème particulièrement préoccupant pour les Franciliens par rapport au reste du pays (39%, contre 27%-32%).

A noter qu’il y a peu de différences selon les catégories socio-professionnelles : 28% chez les cadres, 27% chez les professions intermédiaires et 32% chez les employés et ouvriers.

Derrière le trio de tête, le pouvoir d’achat est un sujet de préoccupation pour 30% des Français. Un enjeu qui concerne une partie importante des Français mais qui est en baisse de 7 points en un an, et de 15 points par rapport à mars 2019.

Viennent ensuite l’emploi (24%, =), les inégalités et injustices sociales (22%, =), l’éducation (19%, +6), les retraites (17%, -5), l’immigration (17%, -4), la menace terroriste (13%, +2), la protection sociale (11%, +1), les inégalités hommes-femmes (9%, +2), la dette publique (8%, -2), le logement (8%, +2) et la fiscalité (5%, -6).

Pour 6 Français sur 10 la situation actuelle en matière de sécurité des biens et des personnes est mauvaise et s’est dégradée depuis quelques années

Pour 59% des Français, la situation actuelle en France en matière de sécurité des biens et des personnes est mauvaise, dont assez mauvaise pour 43% et très mauvaise pour 16%. A l’inverse, cette situation est bonne pour 41% des Français, dont assez bonne pour 38% et très bonne pour seulement 3% d’entre eux.

Une situation qui s’est dégradée depuis quelques années pour la même proportion de Français (58%). 37% estiment qu’elle n’a pas changé et 4% seulement ont perçu une amélioration.

Les perceptions de la situation actuelle et de son évolution dans le temps sont marquées par des différences générationnelles : pour la majorité des moins de 35 ans, la situation actuelle est bonne (59%) et stable (52%). Mais pour les plus de 50 ans elle est mauvaise (67%) et se dégrade (68%).

Cette perception se caractérise également par des différences politiques :

  • La situation est bonne pour une courte majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (52%) et stable (52%)
  • L’état actuel de la sécurité en France est également bonne pour une courte majorité des électeurs d’Emmanuel Macron (53%), mais ils sont une majorité à identifier une dégradation depuis quelques années (57%)
  • La situation est mauvaise pour une large majorité des électeurs de Marine Le Pen (79%), de François Fillon (69%) et se dégrade pour ces deux électorats (respectivement 76% et 73%)

Dans une moindre mesure, des différences existent d’un point de vue socio-économique : les ouvriers considèrent davantage que la situation est mauvaise (67%, contre 47%-58% pour les autres catégories) et se dégrade (65%, contre 47%-60%).

Un sentiment d’insécurité qu’il arrive à 3 Français sur 4 de ressentir

74% des Français sont souvent (19%) ou de temps en temps (55%) inquiets pour leur sécurité physique ou celle de leurs biens. A l’inverse, 26% se disent rarement (22%) ou jamais (4%) inquiets.

Cette proportion de Français, de temps en temps ou souvent inquiets, est relativement homogène au sein de toutes les catégories de population, que ce soit selon l’âge (67%-78% de temps en temps ou souvent), la catégorie socio-professionnelle (67%-79%) ou la taille de la commune (68%-78%). Politiquement les électeurs de François Fillon (83% de temps en temps ou souvent) et de Marine Le Pen (82%) se disent plus fréquemment inquiets que les autres électorats (57%-72%).

Les agressions physiques (57%), à caractère sexuel ou sexiste (46%) et les trafics de drogues (41%) sont les sujets sur lesquels le gouvernement doit agir en priorité

Interrogés sur les sujets sur lesquels le Gouvernement doit agir en priorité, les Français mettent d’abord en avant : 

Les agressions physiques dans la rue (57%, dont 23% en 1er). Elles sont notamment prioritaires pour 60% des catégories populaires et 64% des électeurs de Marine Le Pen.

Les agressions à caractère sexuel ou sexistes (46%, dont 19% en 1er) sont quant à elles d’abord pointées par les femmes (53%), et surtout par les jeunes générations (68% pour les moins de 25 ans et 57% pour les 25-34 ans). Politiquement, le Gouvernement doit agir en priorité sur ce sujet pour une majorité d’électeurs de Benoît Hamon (59%), de Jean-Luc Mélenchon (50%) et d’abstentionnistes (56%).

Les trafics de drogues (41% dont 18% en 1er). L’importance de ce sujet est liée à l’âge des répondants, passant de 25% de citations pour les moins de 25 ans à 51% pour les plus de 65 ans. Politiquement, c’est un sujet prioritaire pour une majorité d’électeurs de François Fillon (54%).

Les incivilités (36% dont 14% en 1er) est un sujet plus important pour les hommes (43%). Politiquement, il est mis en avant par une plus forte proportion d’électeurs d’Emmanuel Macron (44%), de Marine Le Pen (43%) et de Benoît Hamon (40%).

3 sujets sont mentionnés par un peu moins d’un quart des Français interrogés :

  • Les vandalismes (24%, dont 6%), qui revêtent une importance plus grande pour les plus de 65 ans (35%)
  • Les piratages informatiques et les vols de données (24%, dont 6% 1er)
  • Les cambriolages (22%, dont 5% en 1er)

3 sujets sont mentionnées par moins d’un Français sur cinq :

  • Les vols à l’arraché dans la rue (16%, dont 3% en 1er). Cette proportion monte à 22% dans l’agglomération parisienne.
  • Les chantages, rackets ou escroqueries (12%, dont 2% en 1er)
  • Les vols de voitures, de motos ou de vélos (6%, dont 1% en 1er)

Enfin, notons que 2% des Français ne mentionnent aucun sujet en priorité.

S’assurer de l’application réelle des peines (49%) et durcir le code pénal (44%) sont les mesures les plus attendues

Interrogés sur les mesures que le Gouvernement doit mettre en priorité en place pour améliorer la situation en matière de sécurité, les Français mettent d’abord en avant l’application réelle des peines et le durcissement du code pénal.

S’assurer que les personnes effectuent réellement les peines auxquelles elles ont été condamnées : 49%, dont 17% en premier. Le soutien a cette mesure augmente par ailleurs avec l’âge, passant de 38% auprès de moins de 25 ans à 56% auprès des plus de 65 ans. Elle est davantage soutenue des électeurs de François Fillon (55%) et de Marine Le Pen (55%).

Durcir le code pénal (sévérité des peines) : 44%, dont 20% en premier. En termes d’âge, seuls les moins de 25 ans soutiennent moins fortement cette mesure (32%). Les catégories populaires s’y montrent à l’inverse plus sensibles (50%). Elle est par ailleurs soutenue par une majorité d’électeurs de François Fillon (57%) et de Marine Le Pen (54%).

Les Français mettent ensuite en avant l’augmentation de la présence policière et l’amélioration de leur équipement.

Renforcer la présence policière sur le terrain (36%, dont 13% en premier) et augmenter les effectifs de police (29% dont 10% en 1er). Ces deux mesures sont d’abord attendues des 35-65 ans (42-43% pour la présence et 33% pour les effectifs) et par les catégories supérieures (respectivement 42% et 34%). Politiquement, elles reçoivent d’abord les faveurs des électeurs de Benoît Hamon (52% et 30%), de Jean-Luc Mélenchon (45% et 36%) et d’Emmanuel Macron (43% et 34%).

Mieux équiper les policiers et les gendarmes : 25% dont 9% en premier. Cette mesure fait l’objet de moins de clivages, mais est moins attendue des moins de 25 ans (16%).

Les cours d’instruction civique et morale devraient être renforcés pour 29% des Français, dont 10% en premier. Cette mesure est moins attendue des 35-49 ans (21%). Elle reçoit une plus forte approbation des électeurs de Benoît Hamon (36%) et d’Emmanuel Macron (34%).

5 mesures apparaissent moins prioritaires.

  • Renforcer la vidéosurveillance : 23%, dont 7% en 1er
  • Améliorer la formation des policiers : 18%, dont 5% en 1er. Cette mesure reçoit un plus fort soutien auprès des électeurs de Benoît Hamon (36%) et de Jean-Luc Mélenchon (30%)
  • Construire plus de places de prison : 16%, dont 4% en 1er. 29% des électeurs de Marine Le Pen soutiennent cette proposition
  • Renforcer le renseignement : 11%, dont 3% en 1er
  • Armer les policiers municipaux : 9%, dont 3% en 1er

Un quart seulement des Français (27%) font confiance à Gérald Darmanin pour répondre efficacement aux problèmes de sécurité

Plus précisément, seuls 3% des Français lui font tout à fait confiance et 24% plutôt confiance pour répondre efficacement aux problèmes de sécurité des biens et des personnes qui se posent actuellement dans le pays. A l’inverse, 63% des Français ne lui font pas confiance, dont 29% pas confiance du tout.

Les différences les plus fortes sont enregistrées sur un critère politique. A 47%, les électeurs d’Emmanuel Macron sont une minorité à déclarer avoir confiance dans la ministre de l’Intérieur. Les électeurs de François Fillon sont 33% à lui faire confiance. Les abstentionnistes (23%), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (22%), de Benoît Hamon (22%) sont moins d’un quart à lui faire confiance. Enfin, « seuls » 15% des électeurs de Marine Le Pen partagent cette opinion.

Professionnellement, les catégories populaires (23%) sont légèrement plus critiques que les catégories supérieures (29%). On constate également un niveau de confiance plus élevé dans les communes de plus de 100 000 habitants (33%) que dans les villes plus petites (entre 21% et 27%).

Crédits image : Eryand – wikipedia.org