Le Conseil Objectivé

Le regard des Français sur la politique et les oppositions

Entre inquiétude, exaspération et colère, l’état d’esprit des Français est très sombre quand ils pensent à la situation du pays

Les mots qui décrivent le mieux l’état d’esprit des Français quand ils pensent à ce qui se passe aujourd’hui en France sont l’inquiétude (64% 3 réponses possibles parmi 15 items), l’exaspération (44%), la colère (42%), la lassitude (35%), la peur (23%), la fatigue (20%) et la tristesse (19%). Ils devancent largement les mots positifs cités par une très faible part de Français : la résilience (7%), l’espoir (5%), l’optimisme (5%), la confiance (3%) ou la sérénité (1%).

Cet état d’esprit très sombre traverse tous les pans de la société, quel que soit l’âge, la situation financière en fin de mois ou l’orientation politique. Si les jeunes (18-24 ans) ressentent davantage d’optimisme (20%) et d’espoir (14%) que leurs aînés (moins de 10% dans les autres tranches d’âge), ils partagent eux aussi de l’inquiétude (55%), de l’exaspération (36%) ou encore de la lassitude (30%).

La colère est particulièrement exprimée par les retraités (49%), les femmes (46% vs 38% des hommes) et politiquement par les électeurs RN (58%, contre 43% NFP et 29% Ensemble).

Pour plus de 8 Français sur 10, la séquence politique que nous vivons est un spectacle navrant donné par une classe politique pas à la hauteur de la situation

Concernant la séquence politique que nous vivons, 82% des Français estiment que c’est un spectacle navrant donné par la classe politique qui n’est pas à la hauteur de la situation, contre 17% qu’il s’agit de la vie normale d’une démocratie et d’un parlement où il n’y a pas de majorité absolue.

Ce regard est largement majoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats, il est particulièrement prégnant chez les retraités (88%) et les électeurs RN (91%).

L’opinion publique juge sévèrement les responsables et élus politiques, perçus comme inefficaces pour résoudre les problèmes du pays, éloignés de leurs préoccupations et pas honnêtes

De manière générale, 91% des Français considèrent que les responsables et élus politiques ne sont pas proches de leurs préoccupations, 90% qu’ils ne sont pas efficaces pour répondre aux problèmes des Français, 90% qu’ils ne sont pas visionnaires et n’ont pas de projet pour le pays, 88% pas honnêtes, 87% ne défendent pas l’intérêt général, 86% pas ouverts au dialogue et ne recherchent pas de compromis, 85% pas compétents et 83% pas courageux.

Ces critiques sont majoritaires au sein de toutes les catégories de population et électorats. Elles sont particulièrement intenses chez les 50 ans et plus, les femmes, les Français qui ont des difficultés à boucler leurs fins de mois (doivent se restreindre, puiser dans des réserves ou emprunter) et, politiquement, chez les électeurs du RN et les abstentionnistes.

Le pays est politiquement fragmenté : 39% ne se sentent proche d’aucun parti, 20% se sentent proches du RN, 20% d’un parti de gauche et 17% de l’un des partis du « socle commun »

Sans penser aux élections :

  • 39% des Français ne se sentent proches d’aucun mouvement politique
  • 20% des Français se sentent proches du Rassemblement National (2% de Reconquête, et 1% de Debout la France)
  • 20% d’un parti de gauche, dont 8% du Parti Socialiste, 6% de la France Insoumise, 5% des Ecologistes et 1% du Parti Communiste français
  • 9% d’un parti du bloc central, 6% de Renaissance, 2% d’Horizons, 1% du MoDem
  • 8% d’un parti de droite, dont 7% Les Républicains et 1% de l’UDI

D’après une lecture des résultats par bloc, on observe que le bloc de gauche est la 1ère proximité partisane (après l’absence de préférence partisane) chez les 18-24 ans (29%), les cadres et professions intermédiaires (25%) et les habitants de l’agglomération parisienne (30%) ; le socle commun (Ensemble et LR) chez les retraités (24%).

Si l’on analyse les résultats par parti, le Rassemblement National arrive en tête (après l’absence de préférence partisane) dans la plupart des catégories de population. Ses zones de force sont les employés/ouvriers (29%), et les communes rurales (24%, jusqu’à 30% en y incluant Reconquête).

1 Français sur 2 se dit toujours ou de temps en temps d’accord avec les idées du RN, des LR, des Ecologistes et du PS

4 sur 10 des idées des partis du bloc central, et 1 sur 3 du PCF, de Reconquête et de LFI

Concernant leur adhésion aux idées exprimées par les personnalités des différentes formations politiques, 52% des Français se disent toujours ou de temps en temps d’accord avec les idées du RN, 50% aux idées des Républicains, 50% aux idées des Ecologistes, 49% du PS, 42% de Renaissance, 37% du PCF, 36% du MoDem, 35% d’Horizons, 33% de Reconquête et 32% de La France Insoumise.

D’un point de vue politique, on observe une certaine porosité entre les électeurs de droite et du RN (la majorité des électeurs de droite est de temps en temps d’accord avec les idées du Rassemblement national, et vice versa), entre les électeurs de droite et du bloc central, entre les électeurs du bloc central d’une part et du PS et des écologistes d’autre part. Si les sympathisants LFI adhèrent (au moins de temps en temps) aux idées du PS (82%), la réciproque est moins vraie (seuls 43% des sympathisants PS disent partager les idées de LFI).

Sur les principaux enjeux du pays, et en particulier sur la dette, les partis politiques font face à la défiance des Français

Le RN est le mouvement qui bénéficie de la confiance la plus élevée, notamment sur la sécurité et l’immigration

Sur 9 thèmes (sécurité, immigration, défense, santé, économie/emploi, pouvoir d’achat, environnement/écologie, éducation, dette), entre 36% (sécurité, immigration) et 47% (dette) des Français ne font confiance à aucun des principaux mouvements politiques du pays pour améliorer la situation.

A l’exception de l’environnement/écologie où Les Ecologistes est le parti arrivant en tête (25%, contre 13% le RN), le Rassemblement National devance largement les autres formations politiques sur la sécurité (30%, 8% LR, 6% Ensemble) et l’immigration (32%, 6% LR) et également sur les autres thèmes quoique de manière moins nette.

Les partis de gauche pâtissent individuellement d’une dispersion de l’opinion. Analysés comme un bloc, ils devancent légèrement le RN sur la santé (22% vs 19%), l’éducation (20% vs 19%) et surtout sur l’environnement/écologie (33% vs 13%).

Les partis Ensemble et Les Républicains sont plus en retrait (10%-11% au plus haut).

Le Rassemblement National bénéficie d’une confiance solide de ses électeurs sur la sécurité/l’immigration (75%) et dans des proportions moindres sur les autres thèmes. Ensemble et Les Républicains ne bénéficient que d’une confiance partielle de leurs électeurs respectifs (entre 20% et 40% selon les thèmes). Le choix des électeurs du NFP est partagé entre la France Insoumise et le Parti Socialiste.

Pour 37% des Français, aucun parti politique n’incarne le mieux l’opposition à Emmanuel Macron

Le Rassemblement National (33%) devance nettement les autres partis d’opposition

33% des Français estiment que le Rassemblement National incarne le mieux l’opposition à Emmanuel Macron, 13% La France Insoumise, 6% le Parti Socialiste, 4% les Républicains, 3% Les Ecologistes, 2% Reconquête et 1% le Parti Communiste français ; et pour 37%, aucun d’entre eux.

Le Rassemblement National est perçu comme le 1er opposant à Emmanuel Macron par les électeurs d’Ensemble (29%, contre 41% aucun) et de droite (29%, contre 34% aucun). Les électeurs du NFP considèrent qu’il s’agit de La France Insoumise (38%) devant le Parti Socialiste (19%).

Pour les Français, les oppositions agissent avant tout pour leur propre intérêt et pour des raisons électorales

De manière générale, 73% des Français ont le sentiment que les oppositions se contentent surtout de critiquer, agissent pour leur propre intérêt et pour des raisons électorales, contre 26% qu’ils proposent des alternatives pour le pays et agissent dans l’intérêt du pays.

Cette critique adressée aux oppositions est majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats, y compris au sein des électeurs du NFP (64%) et du RN (56%).

Sceptique sur la capacité des oppositions à faire mieux qu’Emmanuel Macron, l’opinion accorde cependant davantage de crédit au RN

Si chacune des formations politiques d’opposition était au pouvoir :

  • 33% des Français estiment que le Rassemblement National ferait mieux qu’Emmanuel Macron, 34% ni mieux ni moins bien, 32% moins bien
  • 13% que Les Républicains ferait mieux, 61% ni mieux ni moins bien, 24% moins bien
  • 13% que Le Parti Socialiste ferait mieux, 56% ni mieux ni moins bien, 29% moins bien
  • 13% que Reconquête ferait mieux, 48% ni mieux ni moins bien, 37% moins bien
  • 14% que Les Ecologistes ferait mieux, 45% ni mieux ni moins bien, 40% moins bien
  • 10% que Le Parti Communiste français ferait mieux, 50% ni mieux ni moins bien, 38% moins bien
  • 13% que La France Insoumise ferait mieux, 39% ni mieux ni moins bien, 47% moins bien

Le Rassemblement National (80% de ses électeurs estiment qu’il ferait mieux qu’Emmanuel Macron) et la France Insoumise (79% de ses sympathisants) bénéficient d’une confiance massive de leur socle, ce qui est moins le cas des Républicains (58% de ses sympathisants), des Ecologistes (57%) et du PS (52%). Les électeurs d’Ensemble estiment que le RN, LFI et Les Ecologistes feraient moins bien qu’Emmanuel Macron, mais une majorité d’entre eux considère que LR (62%) et le PS (53%) feraient ni mieux ni moins bien.

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