Les Français sont partagés entre approbation (50%) et opposition (49%) à la réforme des retraites telle qu’annoncée par Edouard Philippe.
Suite à la prise de parole du Premier ministre devant le Conseil Economique Social et Environnemental, 50% des Français se disent très favorables (13%) ou plutôt favorables (37%) à la réforme des retraites, tandis que 49% se disent plutôt opposés (31%) ou très opposés (18%). 1% ne se prononce pas.
En termes d’âge, les Français âgés de moins de 50 ans sont majoritairement opposés à la réforme (entre 55 et 58% selon les classes d’âge). Les Français âgés de 50 à 64 ans sont partagés (49% vs 49%) et, à l’inverse, les Français âgés de plus de 65 ans sont très majoritairement favorables à la réforme (67%).
Socialement, 54% des actifs se disent opposés à la réforme, mais une séparation se forme entre d’un côté les ouvriers (56% opposé), les employés (56% opposé) et les professions intermédiaires (60% opposé) qui affichent leur opposition à la réforme et de l’autre côté les professions intellectuelles et supérieures qui y sont une courte majorité à se dire favorables (53%). Les salariés du secteur public sont majoritairement opposés à la réforme (65% opposé) alors que ceux du secteur privé sont plus partagés (48% favorable et 52% opposé).
Politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (67% opposé), les abstentionnistes (61% opposé), les électeurs de Marine Le Pen (59% opposé) et ceux de Benoît Hamon (58% opposé) désapprouvent la réforme. Tandis que les électeurs d’Emmanuel Macron (77%) et de François Fillon (74%) sont très largement favorables à cette réforme.
Les principales mesures de la réforme des retraites annoncées par le Premier ministre Edouard Philippe sont bien accueillies par les Français, sauf la mise en place d’un âge pivot à 64 ans.
Interrogés sur les principales mesures annoncées par Edouard Philippe, les Français se déclarent largement favorables aux mesures prenant en compte les spécificités des parcours individuels ou professionnels et sont plus partagés sur les mesures qui s’appliquent à tous.
Les Français sont favorables, voire largement favorables, aux principales mesures qui ont été annoncées par le Premier Ministre :
- 91% sont favorables à « la possibilité de partir à la retraite deux ans plus tôt pour les métiers pénibles ».
- 81% sont favorables à « la mise en place d’une pension minimale à 1 000 euros pour une carrière complète au SMIC ».
- 79% sont favorables à « la majoration de la retraite de 5% dès le 1er enfant, à attribuer à l’un des deux parents ».
- 76% sont favorables à « la mise en place d’une pension minimale à 85% du SMIC pour les carrières incomplètes ».
- 75% sont favorables au « maintien de l’âge minimal de départ à la retraite à 62 ans ».
- 70% sont favorables à « la suppression des 42 régimes existant dont les régimes spéciaux », les salariés du secteur public sont plus partagés sur cette mesure (56% y sont favorables et 44% opposés).
- 63% sont favorables au « passage progressif au régime de retraite universel : les personnes nées avant 1975 ne sont pas concernées par la réforme des retraites proposée par le gouvernement », les personnes âgées de moins de 50 ans sont plutôt partagées sur cette mesure (45% des 35-49 ans y sont opposés, 47% des 25-34 ans et 40% des 18-24 ans) ainsi que les salariés du secteur public (51% y sont opposés).
- 58% sont favorables à « la mise en place d’un système universel de retraite par points », par contre cette mesure n’est soutenue que par 45% des salariés du secteur public (54 % défavorables) et clive fortement entre les différents électorats du 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 entre d’un côté, les électorats d’Emmanuel Macron (80% favorables) et de François Fillon (80%) et d’un autre côté, les électorats de Marine Le Pen (47%), de Benoît Hamon (41%) et de Jean-Luc Mélenchon (41%).
Mais « la mise en place d’un âge pivot à 64 ans avec un système de bonus/malus » est désapprouvée par une majorité de français (54%).
Parmi les catégories sociales de la population, seuls les retraités sont majoritairement favorables (62%) à la mise en place d’un âge pivot à 64 ans. Politiquement, le soutien à cette mesure varie fortement entre les électeurs de François Fillon (70%), d’Emmanuel Macron (63%), de Benoît Hamon (44%), de Marine Le Pen (35%) et de Jean-Luc Mélenchon (26%).
56% des Français considèrent que le nouveau système de retraite ne permettra pas de bénéficier d’un niveau de pension de retraite équivalent au système actuel.
Malgré les trois mesures annoncées par Edouard Philippe pour garantir le niveau de pension dans le prochain système de retraite*, 56% des Français (38% pas vraiment et 18% pas du tout) considèrent qu’elles ne permettront pas de garantir un tel niveau de pension. A l’inverse, 44% pensent qu’elles permettront plutôt (34%) ou tout à fait (10%) de le garantir.
L’opinion selon laquelle ces mesures ne sont pas suffisantes pour garantir le niveau de pension actuel est majoritaire auprès des Français âgés de moins de 65 ans : 58% des personnes âgées de 18 à 34 ans, 66% des celles âgées de 35 à 49 ans et 58% des celles âgées de 50 à 64 ans. A l’inverse, les Français âgées de 65 ans et plus considèrent en majorité ces mesures suffisantes (59%).
Cette opinion est également majoritaire auprès de l’ensemble des catégories d’actifs : 57% des cadres et professions intellectuelles supérieures, 61% des employés, 63% des professions intermédiaires, 63% des ouvriers, 59% des salariés du secteur privé et 71% des salariés du secteur public.
Politiquement, ces mesures apparaissent suffisantes pour garantir le niveau de pension actuel auprès des électeurs d’Emmanuel Macron (68% oui) et de François Fillon (55% oui), mais insuffisantes auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (68% non), des abstentionnistes (66% non) et de Marine Le Pen (64% non) et, dans une moindre mesure, de Benoît Hamon (54% non).
*Les trois mesures étaient présentées comme ceci :
Le Gouvernement a annoncé que :
- La valeur du point acquis ne pourra pas baisser
- La valeur du point sera indexée sur les salaires et non pas sur l’inflation des prix
- La valeur du point sera déterminée par les partenaires sociaux sous le contrôle du Parlement
Une majorité de Français (54%) approuve toujours la mobilisation contre la réforme des retraites, l’approbation baisse néanmoins de 4 points en une semaine.
Dans le détail, 54% des Français approuvent la mobilisation contre la réforme des retraites, ce chiffre est en baisse de 4 points par rapport à la période précédent le début des mobilisations (étude ELABE du 3 décembre pour BFMTV), 36% (+6) la désapprouvent et 9% (-3) y sont indifférents. A noter : l’approbation recule de 10 points dans l’agglomération parisienne mais reste majoritaire (48/42)
Plus précisément, 28% la soutiennent (-6), 26% ont de la sympathie pour cette mobilisation (+2), 19% y sont opposés (+2) et 17% y sont hostiles (+4).
L’approbation de la mobilisation contre la réforme des retraites baisse ou est quasi stable auprès de quasiment l’ensemble des classes d’âge de la population mais reste majoritaire auprès des Français âgés de moins de 50 ans. Elle atteint son maximum auprès des Français âgés de 35 à 49 ans, à 64% (+1). Elle est en revanche minoritaire auprès des 65 ans et plus (41%; -7)
L’approbation de la mobilisation contre la réforme des retraites est majoritaire auprès de l’ensemble des catégories d’actifs : 54% des cadres et professions intellectuelles supérieures (stable), 60% des professions intermédiaires (-1), 60% des employés (-1) et 69% des ouvriers (+2). En revanche, les retraités sont aujourd’hui une majorité à désapprouver la mobilisation : 51% la désapprouvent (+8), 42% l’approuvent (-8) et 6% y sont indifférents (-1). L’approbation de la mobilisation reste majoritaire à la fois parmi les salariés du secteur privé (58%, stable) et du secteur public (66%, -3).
Politiquement, la mobilisation contre la réforme des retraites continue de polariser les électorats de l’élection présidentielle de 2017, malgré la baisse générale de l’approbation : elle reste majoritaire auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (78%, -2), de Benoît Hamon (67%, -11), de Marine Le Pen (65%, -3) et des abstentionnistes (59%, -2) alors qu’elle reste minoritaire parmi les électeurs d’Emmanuel Macron (35%, -3) et de François Fillon (31%, -5).
Les Français sont partagés sur la suite de la mobilisation : 51% estiment qu’elle doit s’arrêter, 47% qu’elle doit se poursuivre.
51% des Français souhaitent que la mobilisation sur la réforme des retraites s’arrête, contre 47% qui estiment qu’elle doit se poursuivre. 2% ne se prononce pas.
La majorité des Français âgés de 65 ans et plus estime que la mobilisation doit s’arrêter (70%). Les 50-64 ans sont plus partagés, bien qu’une courte majorité se dit favorable à l’arrêt (52% arrêt et 46% poursuite). Le prolongement de la mobilisation obtient en revanche la faveur d’une courte majorité des Français de moins de 50 ans : entre 56 et 58% selon les classes d’âges.
Auprès des actifs, les ouvriers (59%), les employés (55%) et les professions intermédiaires (56%) se positionnent majoritairement en faveur de la poursuite des mobilisations. Les cadres sont, en revanche, plus partagés (50% vs 50%). A noter, 56 % des habitants de l’agglomération parisienne se prononcent pour l’arrêt des mouvements.
Selon le vote au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, trois groupes se distinguent :
- Les électeurs de F. Fillon et d’E. Macron sont très majoritairement en faveur d’un arrêt de la mobilisation (80% et 76%)
- Les abstentionnistes et les électeurs de B. Hamon sont plus partagés (53% poursuite et 46% arrêt)
- Les électeurs de J-L. Mélenchon et de M. Le Pen sont une majorité à souhaiter le prolongement de la mobilisation (69% et 60%).
Pour plus de 4 Français sur 10, l’exécutif est le principal responsable du conflit social concernant la réforme des retraites, pour un quart c’est principalement la responsabilité des syndicats de salariés et pour un tiers elle est partagée.
41% (-1) des Français estiment qu’Emmanuel Macron et le gouvernement sont les principaux responsables du conflit social concernant la réforme des retraites, pour 28% (+4) ce sont les syndicats de salariés et pour 31% (-3) ce sont autant l’un que l’autre.
Emmanuel Macron et le gouvernement sont perçus comme les principaux responsables du conflit social notamment par les moins de 65 ans (entre 38 et 49% selon les classes d’âges), par les catégories sociales populaires et moyennes (51%, -2) et par les salariés du secteur public (51%, -2).
Parmi les autres catégories socio-professionnelles, les cadres sont plus partagées sur l’attribution de cette responsabilité (35% (+9) attribuent la responsabilité à l’exécutif, 31% aux syndicats (-6) et 34% (-2) autant à l’un que l’autre), tandis que les retraités pointent majoritairement la responsabilité des syndicats 42% (+10) – 29 % pointent l’exécutif (-1) et 28% autant l’un que l’autre (-9).
Politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont 64% (stable) à attribuer cette responsabilité à l’exécutif, ceux de Marine Le Pen 57% (-1), ceux de Benoît Hamon 56% (+5), les abstentionnistes 42% (stable), les électeurs d’Emmanuel Macron 24% (+8) et ceux de François Fillon 15% (-11).
Pour les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron, ce sont les syndicats de salariés (respectivement 48% et 51%) qui sont les principaux responsables du conflit social concernant la réforme des retraites.
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Crédits image : Capture d’écran BFMTV