Les Français restent partagés sur la réforme des retraites

Près de 9 Français sur 10 approuvent les mobilisations des pompiers et du personnel des urgences hospitalières, trois quarts approuvent la mobilisation des policiers, deux tiers celle contre la réforme des retraites mais moins de la moitié la mobilisation des « gilets jaunes »

Interrogés sur leur attitude vis-à-vis de différentes mobilisations sociales, les Français sont 90% à approuver la mobilisation du personnel des urgences hospitalières (67% la soutiennent et 23% ont de la sympathie pour cette mobilisation) et 89% à approuver la mobilisation des pompiers (64% la soutiennent et 25% ont de la sympathie).

Derrière, la mobilisation des policiers est approuvée par 75% des Français (41% de soutien et 34% de sympathie) et la mobilisation contre la réforme des retraites est approuvée par 65% des Français (35% soutien et 30% sympathie).

Plus loin, la mobilisation des « gilets jaunes » est approuvée par moins d’un Français sur deux (47% dont 21% soutien et 26% sympathie), 41% la désapprouvent (16% y sont opposés et 25% y sont hostiles) et 12% y sont indifférents. L’approbation de la mobilisation des « gilets jaunes » est en baisse de 3 points par rapport à l’étude ELABE pour BFMTV du 24 avril 2019, sa désapprobation est en hausse de 7 points, et l’indifférence en baisse de 3 points.

Les mobilisations du personnel des urgences hospitalières et des pompiers enregistrent des niveaux d’approbation très élevés parmi l’ensemble des catégories sociales et des électorats. A noter les niveaux d’approbation quasi-unanime chez les personnes âgées de 50 ans et plus (supérieur à 93%) et chez les retraités (97%).

La mobilisation des policiers est également largement approuvée par l’ensemble des catégories sociales, sauf les 18-24 ans qui l’approuvent mais de manière moins prononcée (56% approuvent la mobilisation, 24% y sont indifférents et 19% la désapprouvent). Si l’ensemble des principaux électorats du 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 approuvent largement la mobilisation des policiers, on note des écarts : les électeurs de François Fillon l’approuvent à 93%, ceux d’Emmanuel Macron à 82%, les abstentionnistes à 73%, les électeurs de Marine le Pen à 73% et ceux de Jean-Luc-Mélenchon à 66%.

La mobilisation contre la réforme des retraites est majoritairement approuvée par l’ensemble des catégories sociales de la population, notamment les femmes (70%), les 50-64 ans (75%) et les professions intermédiaires (72%). Par contre on observe des écarts importants d’approbation entre les différents électorats : les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont 82% à approuver cette mobilisation, ceux de Benoît Hamon 80%, ceux de Marine Le Pen 75% et les abstentionnistes 72%, alors que les électeurs de François Fillon ne sont que 49% à l’approuver et ceux d’Emmanuel Macron 43%.

Enfin la mobilisation des « gilets jaunes » est davantage approuvée par les 50-64 ans (55%) et par les catégories populaires (55%, dont les ouvriers 59%), et entraîne une forte polarisation politique puisque les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (66%), de Marine Le Pen (65%), de Benoît Hamon (61%) et les abstentionnistes (52%) qui l’approuvent majoritairement alors que les électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon la désapprouvent largement (respectivement 71% et 70% de désapprobation).

Les Français continuent d’être partagés sur la réforme des retraites prévue par l’exécutif

Les Français sont toujours partagés sur la réforme des retraites prévue par Emmanuel Macron et le gouvernement d’Edouard Philippe : 43% y sont opposés (-1 point par rapport à l’étude ELABE pour Les Echos et l’Institut Montaigne du 3 septembre 2019) et 32% y sont favorables (-1) et 24% ni favorables, ni opposés (+2).

Dans le détail, 23% y sont très opposés, 20% assez opposés, 24% assez favorables, 8% très favorables, 24% n’y sont ni favorables, ni opposés et 1% ne se prononcent pas sur la réforme.

L’opposition à ce projet de réforme est l’opinion la plus exprimée parmi les Français, sauf parmi les personnes âgées de 65 ans et plus chez qui l’opinion la plus répandue est celle du soutien à la réforme des retraites prévue par l’exécutif (45%, -4 points) alors que seulement un tiers ou moins des autres catégories d’âge partage cette opinion.

Par rapport à début septembre, c’est chez les 18-24 ans que l’on observe la plus forte baisse du soutien à la réforme (14% favorable, -19) en faveur d’une hausse de l’indécision (35% ni favorable, ni opposé, +11). Le seconde plus forte baisse du soutien à la réforme s’exprime chez les catégories sociales aisées (28% favorable, -10) qui voient leur opposition à celle-ci augmenter (48%, +7). Alors que chez les catégories sociales populaires et moyennes c’est le soutien à la réforme des retraites qui est hausse mais qui reste minoritaire (29% favorable, +11, contre 48% opposé et 22% ni favorable ni opposé).

Politiquement, la réforme des retraites continue de cliver entre d’un côté les électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017, qui sont respectivement 64% (=) et 57% (-5) à être favorables à la réforme, et d’un autre côté les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, de Benoît Hamon et de Marine Le Pen qui sont respectivement 65% (+11), 64% (+2) et 60% (-8) à y être opposés.

Entre ces deux pôles, les abstentionnistes sont eux aussi plutôt opposés à la réforme (47%, -2) mais près d’un tiers d’entre eux se déclare ni favorable ni opposé (32%, +1).

Les Français craignent d’abord de travailler plus longtemps et de voir le montant de leur pension de retraite diminuer.

Interrogés sur les inconvénients de la réforme des retraites prévue par l’exécutif, les Français ont cité les arguments suivants :Il faudra travailler plus longtemps : 74% de citations (pas d’évolution par rapport à l’Etude ELABE pour Les Echos et l’Institut Montaigne du 3 juillet 2019) dont 34% en 1er, ce sont notamment les électeurs de Benoît Hamon au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 (80%), ceux de Marine Le Pen (79%) et ceux de Jean-Luc Mélenchon (79%) qui citent le plus cet inconvénient. –Le montant des pensions de retraites va diminuer : 68% de citations (-6 points) dont 24% en 1er, ce sont notamment les 50-64 ans (77%) et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (76%) qui citent le plus cet argument. –Il faudra faire de plus en plus appel à des organismes privés pour préparer sa retraite : 54% de citations (-5 points) dont 14% en 1er, ce sont notamment les électeurs de Benoît Hamon (62%), ceux de Jean-Luc Mélenchon (58%) et les personnes âgées de plus de 50 ans (60%) qui citent le plus cet inconvénient. –On ne saura qu’au dernier moment le montant de la pension de retraite : 43% de citations (-3 points) dont 14% en 1er.Les régimes spéciaux vont disparaître : 26% de citations (+1 point) dont 9% en 1er.

Seuls 4% des Français estiment que la réforme prévue n’a aucun inconvénient (=).

6 Français sur 10 ne jugent pas utile la phase de « concertation » autour de la réforme des retraites car tout est déjà décidé

61% des Français estiment qu’en ce qui concerne la réforme des retraites tout est déjà décidé et que les débats organisés à l’occasion de « la concertation publique avec les partenaires sociaux et les professions » et les « consultations citoyennes » ne seront pas utiles, 38% jugent que les débats seront utiles pour améliorer la réforme et 1% n’ont pas d’opinion sur cette question.

L’opinion selon laquelle tout est déjà décidé, les débats ne seront pas utiles est majoritaire parmi l’ensemble des catégories sociales de la population et particulièrement parmi les habitants de communes rurales (70%), les 35-49 ans (67%) et les 50-64 ans (69%). Seuls les 18-24 ans sont partagés sur cette question puisque 50% d’entre eux jugent que les débats ne seront pas utiles mais 47% estiment qu’ils le seront.

Politiquement, cette question clive fortement entre d’un côté les électorats de Marine Le Pen (85%), de Jean-Luc Mélenchon (81%), de Benoît Hamon (66%) et les abstentionnistes (66%) qui jugent majoritairement que tout est déjà décide et que les débats ne seront pas utiles et les électorats d’Emmanuel Macron et de François Fillon qui jugent majoritairement que les débats seront utiles pour améliorer la réforme (respectivement 76% et 55%).

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