Retraites : des Français davantage opposés à la réforme, mais favorables à une trêve pour les fêtes

L’opposition à la réforme des retraites progresse de 8 points en une semaine, à 57%.

57% des Français sont opposés à la réforme des retraites telle qu’annoncée par le Premier ministre Edouard Philippe, une part d’opinions négatives en hausse de 8 points en une semaine (Etude ELABE/BFMTV du 11 décembre). Dans le détail, 31% sont plutôt opposés (stable) et 26% (+8) très opposés. A l’inverse, 43% (-7) des Français sont favorables à la réforme des retraites, dont 32% (-5) plutôt favorables et 11% (-2) très favorables.

La réforme des retraites fait toujours l’objet d’une double fracture (générationnelle et politique) dans la société française :

  • Malgré une forte baisse en une semaine, les 65 ans et plus sont toujours majoritairement favorables à cette réforme (53%, -14), tandis que les autres tranches d’âges sont majoritairement opposées : 67% (+11 points) des 18-24 ans sont opposés, 62% (+7) des 25-34 ans, 59% (+1) des 35-49 ans et 56% (+7) des 50-64 ans.
  • Les électeurs d’Emmanuel Macron (77%, stable) et de François Fillon (70%, -4 points) du 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 sont majoritairement favorables à la réforme. A l’inverse, les autres électorats sont majoritairement opposés : Jean-Luc Mélenchon (81%, +14), abstentionnistes (70%, +9), Marine Le Pen (66%, +7) et Benoît Hamon (64%, +6).

D’un point de vue social, les cadres sont partagés sur leur soutien à la réforme (52% favorables, 48% opposés), mais les professions intermédiaires et les catégories populaires y sont majoritairement opposées (respectivement 58% et 67%). Au sein des catégories populaires, l’opposition gagne 11 points en une semaine, que ce soit auprès des ouvriers ou des employés.

Les Français sont favorables à la suppression des régimes spéciaux, partagés sur la mise en place d’un système par points, mais s’opposent de plus en plus à la mise en place d’un âge pivot.

Interrogés sur 3 mesures clés de la réforme des retraites annoncée par le Premier ministre :

67% (-3) des Français sont favorables à la suppression des 42 régimes existants dont les régimes spéciaux, contre 33% (+4) qui y sont opposés.

La majorité des Français au sein de toutes les catégories de population sont favorables à cette mesure, c’est notamment le cas des 65 ans et plus (81% favorables) et des électeurs d’E. Macron (90%) et de F. Fillon (86%). L’approbation à cette mesure connaît toutefois une baisse importante chez les employés (51%, -17).

52% (-6) des Français sont favorables à la mise en place d’un système universel de retraite par points, contre 48% (+7) opposés.

Ce nouveau système de retraite est particulièrement approuvé par les cadres (63% favorables), les Français âgés de 65 ans et plus (61%, -12), les électeurs d’E. Macron (82%) et ceux de François Fillon (70%).

A l’inverse, les salariés du public (59% opposés), les 25-34 ans (57%, +14), les catégories populaires (57%, +11), les électeurs de J-L Mélenchon (66%) et de Marine Le Pen (57%) y sont particulièrement opposés.

« Seuls » 33% des Français sont favorables à la mise en place d’un âge pivot à 64 ans avec un système de bonus/malus, contre 67% opposés, dont 33% très opposés. L’opposition à cette mesure est en forte hausse cette semaine (+13 points).

Toutes les catégories de population sont majoritairement opposées à l’instauration d’un âge pivot à 64 ans, c’est notamment le cas des salariés du public (79% opposés), des employés (74%), des femmes (70%), des électeurs de J-L Mélenchon (86%) et de Marine Le Pen (76%).

Les électeurs de F. Fillon (60% favorables, contre 40% opposés) et d’E. Macron (53% favorables, contre 47% opposés) font exception.

L’opposition à cette mesure enregistre des hausses au sein de l’ensemble des catégories de population, et notamment chez les 65 ans et plus (59%, +24), chez les 25-34 ans (71%, +17), chez les 18-24 ans (68%, +16), ainsi que chez les employés (74%, +21).

 

De manière générale, l’opinion à l’égard de ces trois mesures est caractérisée par une triple fracture (générationnelle, politique et sociale) : les 65 ans et plus, les électeurs d’E. Macron et de F. Fillon ainsi que les cadres ont une opinion plus positive que la moyenne de l’ensemble des Français. Tandis que les 18-64 ans, les catégories populaires et les autres électorats en ont une opinion plus négative.

Pour près de la moitié des Français, le Gouvernement doit modifier en profondeur le projet de loi sur les retraites.

Les Français sont 49% à attendre une révision en profondeur de la réforme de la part de l’exécutif, 26% souhaitent qu’elle soit maintenue en l’état et 24% sont favorables à son retrait.

Toutes les catégories d’âges sont favorables à une refonte en profondeur de la réforme des retraites. Les moins de 35 ans sont les plus nombreux à souhaiter son retrait (30-31%), a l’inverse des retraités (15% retrait) qui sont une plus forte majorité à souhaiter sa modification en profondeur (55%).

Ce sentiment est également majoritaire auprès de l’ensemble des catégories d’actifs. Néanmoins, les cadres se montrent partagés entre maintien en l’état (37%) et modification en profondeur (40%), tandis que les employés sont plus nombreux que la moyenne des actifs à souhaiter son retrait (32%). A l’inverse, les retraités sont peu nombreux à souhaiter son retrait (16%) au profit d’une modification en profondeur (54%).

Politiquement, seuls les électeurs d’Emmanuel Macron sont majoritairement favorables au maintien de la réforme en l’état (56%). Les électeurs de François Fillon sont plus partagés (49% modification, 42% maintien). Si sur l’ensemble des autres électorats, la majorité des Français est favorable à une modification en profondeur de la réforme, le souhait d’un retrait est plus marqué auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (39%) et de Marine Le Pen (31%).

46% des Français (+5) considèrent désormais qu’Emmanuel Macron et le Gouvernement sont les principaux responsables du conflit social

Selon 46% des français, la responsabilité du conflit social incombe à l’exécutif, un chiffre en hausse de 5 points. 26% attribuent la responsabilité aux syndicats (-2), et 28% aux deux (-3).

Le sentiment de responsabilité gouvernementale est majoritaire quels que soient l’âge ou la catégories sociale envisagée :

  • Il est très largement majoritaire auprès des Français âgés de moins de 50 ans (entre 45% et 54% selon la catégories d’âge). Alors que les retraités pointaient d’abord la responsabilité des syndicats la semaine passée, ils se montrent maintenant très partagés : 37% (+11 points) mettent en avant la responsabilité du Gouvernement et 28% (-15) celle des syndicats, quand 35% (-5) estiment que la responsabilité incombe autant à l’une ou à l’autre des parties.
  • Les actifs sont 49% (+3) à estimer que l’exécutif est responsable du conflit social (entre 42% et 53% selon la catégorie professionnelle). Au sein des actifs, les cadres sont plus nombreux à pointer la responsabilité des syndicats (32% vs entre 20% et 26% pour les autres catégories professionnelles).

Politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont 76% (+12) à attribuer cette responsabilité à l’exécutif, les abstentionnistes 52% (+12), les électeurs de Benoît Hamon 48% (-8), les électeurs de Marine le Pen 53% (-4).

Pour les électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon, les syndicats de salariés restent les principaux responsables du conflit social concernant la réforme des retraites (respectivement 50% et 44%).

La majorité des Français (54%) continue d’approuver la mobilisation contre la réforme des retraites, un niveau d’approbation stable en une semaine

Près d’une semaine après les manifestations contre la réforme des retraites qui se sont tenues dans de nombreuses villes de France, 54% des Français (stable en une semaine) approuvent la mobilisation, dont 31% (+3) qui la soutiennent et 23% (-3) qui en ont de la sympathie. A l’inverse, 37% (+1) désapprouvent le mouvement, dont 20% (+1) qui y sont opposés et 17% (stable) hostiles. 9% (stable) des Français sont indifférents.

L’approbation à l’égard de la réforme est majoritaire au sein de toutes les tranches d’âges (de 54% à 59%) à l’exception des 65 ans et plus qui sont une majorité relative à désapprouver la mobilisation (44% approbation, 49% désapprobation).

Elle est également majoritaire au sein des professions intermédiaires (61%) et des employés (60%), mais les cadres sont plus partagés (46% approbation, 45% désapprobation). Les ouvriers sont une majorité à approuver le mouvement mais, cette approbation enregistre une forte baisse en une semaine (55%, -14). Elle reste majoritaire à la fois parmi les salariés du secteur public (62%) et du secteur privé (54%).

Politiquement, la mobilisation est toujours à l’origine d’une polarisation des électorats : l’approbation reste majoritaire auprès des électeurs de J-L. Mélenchon (81% approbation), de B. Hamon (66%), des abstentionnistes (63%), et de M. Le Pen malgré une baisse notable (55%, -10). Mais elle est minoritaire chez les électeurs d’E. Macron (27%) et de F. Fillon (35%).

Néanmoins, près de deux tiers des Français (63%) considèrent que la mobilisation contre la réforme des retraites devrait s’arrêter pendant les fêtes de fin d’année.

63% des Français souhaitent que la mobilisation sur la réforme des retraites s’arrête, contre 36% qui estiment qu’elle doit se poursuivre. 1% ne se prononce pas.

Les Français sont largement favorables à un arrêt de la mobilisation quelle que soit leur catégorie d’âge. C’est particulièrement vrai pour les 65 ans et plus qui sont 77% à vouloir un arrêt de la mobilisation. Les plus partagés sont les 25-34 ans qui sont 54 % à être favorables à un arrêt de la mobilisation lors de cette période de festivité contre 45% à souhaiter un prolongement de la mobilisation.

Au sein des actifs, ce sont les catégories sociales populaires qui sont les plus divisées sur cette question avec 57% qui souhaitent l’arrêt de la mobilisation contre 43% qui se disent favorables à sa poursuite. En revanche, chez les catégories sociales supérieures et les retraités, l’arrêt de la mobilisation est largement demandé (respectivement 65% et 75%).

Politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon sont 83% à souhaiter un arrêt de la mobilisation pendant les fêtes. Sont également favorables à un arrêt de la mobilisation, mais dans une moindre mesure : les électeurs de Marine Le Pen (61%), ceux de Benoît Hamon (59%) et les abstentionnistes (58%).

Seuls les électeurs de Jean-Luc Mélenchon se démarquent : ils sont 62% à souhaiter un prolongement de la mobilisation pendant les fêtes.