La colère est le mot qui décrit le mieux l’état d’esprit des Français face à l’adoption de la réforme des retraites par 49-3
Concernant l’adoption de la loi sur la réforme des retraites par l’article 49-3, 68% des Français ressentent de la colère, 24% de l’indifférence et 8% de la satisfaction.
La colère est fortement ressentie par les Français opposés à la réforme (88%), les actifs (75%, contre 54% retraités) et plus particulièrement les employés, ouvriers et professions intermédiaires (77%-83%, contre 59% des cadres), par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (93%) et de Marine Le Pen (81%). A noter qu’elle est aussi ressentie par une part minoritaire mais importante d’électeurs d’Emmanuel Macron (41%, contre 41% indifférence et 18% satisfaction) et même des Français qui approuvent la réforme (25%, contre 50% indifférence et 25% satisfaction).
Pour 7 Français sur 10, le 49-3 est un déni de démocratie
69% des Français considèrent que l’utilisation du 49-3 est un déni de démocratie qui permet de faire adopter des lois quand il n’y a pas de majorité à l’Assemblée Nationale. A l’inverse, 29% estiment que l’utilisation du 49-3 ne porte en rien atteinte au bon fonctionnement de la démocratie, c’est un dispositif inscrit dans la Constitution qui permet d’éviter une situation de blocage à l’Assemblée.
L’opinion selon laquelle le 49-3 est un déni de démocratie est très présente chez les opposants à la réforme (83%), les actifs (75%), en particulier les employés/ouvriers (81%), politiquement chez les électeurs de Marine Le Pen de 1er tour (87%), de Jean-Luc Mélenchon (86%) et est majoritaire chez les électeurs de 2nd tour d’Emmanuel Macron (55%).
La critique sur le 49-3 est majoritaire chez les retraités (58%) et est exprimé par une part importante de Français qui soutiennent la réforme (38%).
2 Français sur 3 souhaitent que la motion de censure soit adoptée…
68% souhaitent que la motion de censure déposée par plusieurs partis d’opposition à l’Assemblée nationale soit adoptée, dont 45% tout à fait et 23% plutôt. A l’inverse, 32% souhaitent qu’elle ne soit pas adoptée, dont 21% pas vraiment et 11% pas du tout.
… et, si elle n’était pas votée, qu’Elisabeth Borne démissionne de son poste de Première ministre
Si la motion de censure n’était pas votée, 68% des Français souhaitent qu’Elisabeth Borne démissionne de son poste de Première Ministre, contre 32% qui estiment qu’elle doit rester à la tête du gouvernement.
L’adoption de la motion de censure ou la démission d’Elisabeth Borne sont particulièrement souhaitées par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (91% et 88%), de Marine Le Pen (76% et 82%), par les actifs (74% et 74%), en particulier par les employés/ouvriers (77% et 82%) et par les opposants à la réforme (83% et 83%).
Ces opinions sont majoritaires chez les retraités (56% et 52%) et sont exprimées par près d’1 électeur sur 3 d’Emmanuel Macron (37% et 33%). On observe un clivage au sein des électeurs d’Emmanuel Macron entre ceux qui éprouvent de la colère à l’égard de l’utilisation du 49-3* qui sont majoritairement favorables à l’adoption de la motion de censure et à la démission de la Première Ministre (64% et 60%) ; et ceux qui ressentent de l’indifférence ou de la satisfaction* qui y sont opposés (81% et 85%).
(*) 41% des électeurs d’Emmanuel Macron ressentent de la colère et 59% de l’indifférence ou de la satisfaction.
2 Français sur 3 opposés à la réforme des retraites
68% (stable depuis le 14 mars) des Français se disent opposés à la réforme des retraites proposée par le gouvernement, dont 25% (-2) plutôt opposés et 43% (+2) très opposés. A l’inverse, 32% (+1) sont favorables, dont 24% (-1) plutôt favorables et 8% (+2) très favorables.
L’opposition à la réforme reste très élevée chez les actifs (72%), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (90%) et de Marine Le Pen (75%).
Une courte majorité de retraités (58%, +7) et plus d’1 électeur sur 3 d’Emmanuel Macron (36%, +6) y sont opposés.
2 Français sur 3 approuvent la mobilisation contre la réforme des retraites
65% (-2 points depuis le 14 mars) des Français approuvent la mobilisation contre la réforme des retraites, dont 47% (+1) qui la soutiennent et 18% (-3) qui en ont de la sympathie. A l’inverse, 23% (+3) la désapprouvent, dont 13% (=) qui y sont opposés et 10% (+3) hostiles. Enfin, 12% (-1) des Français déclarent être indifférents. L’approbation de la mobilisation est relativement stable depuis fin janvier, oscillant entre 64% et 68%.
La mobilisation est fortement approuvée par les actifs (70%), et plus particulièrement par les professions intermédiaires (76%), les employés/ouvriers (74%, contre 58% des cadres) et politiquement par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (90%) et de Marine Le Pen (76%).
Elle est approuvée par une majorité de retraités (53%) et par 38% d’électeurs d’Emmanuel Macron, une proportion en hausse en 4 jours (+6).
Le soutien à la grève et au blocage de certains secteurs pour s’opposer à la réforme des retraites progresse (58%, +4)
58% (+4 depuis le 10 mars) des Français soutiennent la grève et le blocage de certains secteurs (raffineries de pétrole, des transports, des collectes de déchets, etc.), dont 36% (+4) tout à fait et 22% (=) plutôt. A l’inverse, 42% (-3 ne soutiennent pas, dont 20% (-2) pas vraiment et 22% (-1) pas du tout.
Le soutien à la grève et le blocage de certains secteurs est élevé et progresse chez les actifs (65%, +5), et en particulier chez les employés/ouvriers (74%, +12), chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (88%, +12) et de Marine Le Pen (68%, +7).
A la faveur d’une hausse, 1 électeur sur 4 d’Emmanuel Macron soutiennent désormais le blocage (24%, +8). Dans le détail, on observe que ce soutien progresse fortement chez les électeurs d’Emmanuel Macron opposés à la réforme (59%, +20) tandis que le rejet du blocage reste massif (95%, stable) chez ses électeurs favorables à la réforme.
67% des Français souhaitent que la mobilisation continue, dont 45% (en légère hausse) qu’elle se durcisse
45% (+3 depuis le 14 mars) des Français estiment que la mobilisation doit se durcir, s’accentuer (mobilisation plus importante, blocages, grèves reconductibles, etc.), 22% (-4) qu’elle doit continuer de la même façon qu’actuellement et 32% (+1) qu’elle doit s’arrêter.
En 5 jours, le souhait que la mobilisation se durcisse progresse fortement chez les plus jeunes (52% des moins de 35 ans, +10), chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (75%, +10) et dans une moindre mesure chez les actifs (52%, +3). La dynamique est inverse chez les retraités, une majorité d’entre eux souhaite désormais qu’elle s’arrête (53%, +3).
Au global, 68% (-7) des électeurs d’Emmanuel Macron souhaitent que la mobilisation s’arrête, contre 32% (+7) qu’elle continue dont 14% (+5) qu’elle se durcisse. Dans le détail, on observe une accentuation de la polarisation entre les électeurs d’Emmanuel Macron opposés à la réforme qui souhaitent de plus en plus que la mobilisation continue (73%, +12) voire qu’elle se durcisse (34%, +8) et les soutiens à la réforme qui se prononcent toujours en faveur de l’arrêt de la mobilisation (92%, stable).
2 Français sur 3 pensent que la réforme sera maintenue et appliquée, une opinion en recul (-6)
68% (-6 points depuis le 14 mars, -10 depuis le 10 mars, deux baisses qui font suite à une forte hausse de 14 points mesurée entre le 3 et le 10 mars) des Français pensent que la réforme des retraites annoncée par le gouvernement sera maintenue et appliquée*, contre 31% (+6) qu’elle sera retirée face aux contestations.
Le sentiment que cette réforme sera maintenue et appliquée reste majoritaire mais recule dans la plupart des catégories de population et électorats.
A ce jour, cette issue demeure le scénario pronostiqué tant par les soutiens (83%, -5) que par les opposants (61%, -7) à la réforme.
3 Français sur 4 estiment qu’Emmanuel Macron doit prendre la parole dans les prochains jours pour s’exprimer sur la réforme des retraites
74% (-5 depuis le 10 mars) des Français estiment qu’Emmanuel Macron doit s’exprimer dans les prochains jours au sujet de la réforme des retraites (contre 25% non, +6).
Cette opinion est largement majoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats. A noter qu’elle progresse fortement chez les soutiens à la réforme (75% doit s’exprimer, +10) mais à l’inverse recule chez les opposants (74%, -10).
Politiquement, le souhait que le chef de l’Etat s’exprime sur la réforme des retraites progresse chez ses électeurs (81%, +13) et baisse dans les électorats d’opposition (79%, -8 J.-L. Mélenchon ; 70%, -14 M. Le Pen).
Aux yeux des Français, les syndicats de salariés et le RN/M. Le Pen sortent renforcés de cette séquence sur la réforme des retraites, l’exécutif et Les Républicains affaiblis. L’opinion est très partagée concernant la Nupes/J.-L. Mélenchon
Une nette majorité de Français estime que les syndicats de salariés notamment la CFDT et la CGT (68%) et Le Rassemblement National / Marine Le Pen (63%) sortent renforcés de cette séquence politique sur la réforme des retraites.
A l’inverse, ils estiment qu’Emmanuel Macron (85% affaiblis), Elisabeth Borne (84%), Olivier Dussopt (80%) et Les Républicains (76%) en sortent affaiblis.
Ils sont beaucoup plus partagés sur l’opposition de gauche (NUPES) et Jean-Luc Mélenchon : 50% des Français estiment qu’ils en sortent renforcés, 48% affaiblis.
Les syndicats de salariés et le RN/Marine Le Pen sortent renforcés de cette séquence pour une majorité de Français au sein de tous les électorats.
L’opposition de gauche (NUPES) et Jean-Luc Mélenchon sont jugés différemment selon les électorats : ils sortent renforcés pour une nette majorité d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon (78%) et une très courte majorité d’électeurs de Marine Le Pen (52%) mais affaiblis pour une majorité d’électeurs d’Emmanuel Macron (67%).
Les Républicains et l’exécutif sortent affaiblis de cette séquence pour une majorité de Français au sein de tous les électorats, y compris pour les électeurs d’Emmanuel Macron (75% à 79%).
Télécharger le rapport : Les Français et la réforme des retraites (vague 10)
Crédits image : Commons wikimedia / Sunala