Réforme des retraites : l’opposition reste majoritaire dans l’opinion

L’opposition à la réforme des retraites reste majoritaire

Suite à l’annonce du retrait provisoire de l’âge pivot de 2022 à 2027 et l’organisation d’une conférence de financement, 56% (+3 par rapport au 6 janvier) des Français sont opposés à la réforme des retraites telle qu’annoncée par le Premier ministre Edouard Philippe.

Dans le détail, 31% (+2) sont plutôt opposés et 25% (+1) très opposés. A l’inverse, 43% (-3) des Français sont favorables à la réforme des retraites, dont 34% (=) plutôt favorables et 9% (-3) très favorables.

La réforme des retraites fait toujours l’objet d’une double fracture (générationnelle et politique) dans la société française :

  • Les 65 ans et plus sont toujours majoritairement favorables à cette réforme (63%, -1), tandis que les autres tranches d’âges sont majoritairement opposées : 61% (+4 points) des 18-24 ans sont opposés, 64% (+7) des 25-34 ans, 65% (+5) des 35-49 ans et 61% (+3) des 50-64 ans. Parmi l’ensemble des actifs français, 64% (+7) s’y opposent et 36% (-6) y sont favorables.
  • Les électeurs d’Emmanuel Macron (74%, -3) et de François Fillon (73%, -3 points) du 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 sont majoritairement favorables à la réforme. A l’inverse, les autres électorats sont majoritairement opposés : celui de Jean-Luc Mélenchon (77%, -2), de Marine Le Pen (72%, +7), de Benoît Hamon (67%, +7) et les abstentionnistes (69%, +3).

D’un point de vue social, le soutien à la réforme est en baisse auprès des cadres (53%, -8), ces derniers sont désormais très partagés. Les professions intermédiaires et les catégories populaires restent majoritairement opposées : respectivement 63% (+6) et 73% (+9).

Retrait de l’âge pivot jusqu’en 2027 et conférence de financement : si une majorité approuve la décision de retrait de l’âge pivot, 40% considèrent que c’est un geste insuffisant

Concernant la décision d’Edouard Philippe de retirer provisoirement l’âge pivot (jusqu’en 2027) et de demander un accord respectant ses conditions entre les organisations syndicales et patronales, 60% des Français jugent qu’il s’agit d’une bonne décision et 40% d’une mauvaise décision.

Si une majorité jugent que cette décision est bonne en elle-même, 40% des Français la perçoivent comme un « geste insuffisant qui ne change rien à la réforme », 36% comme un « signe d’ouverture et d’écoute du gouvernement » et 24% comme un « recul du gouvernement face aux syndicats ».

Ces résultats s’expliquent par la satisfaction « relative » des Français jugeant que la décision d’Edouard Philippe était bonne : 27% d’entre eux estiment qu’il s’agit d’un geste insuffisant qui ne change rien à la réforme et 20% qu’il s’agit d’un recul face aux syndicats. « Seuls » 53% d’entre eux perçoivent cette « bonne » décision comme un signe d’ouverture et d’écoute.

Et a l’inverse, les Français reprochant cette décision à Edouard Philippe sont partagés entre ceux jugeant qu’il s’agit d’un geste insuffisant (60%) et ceux qui estiment qu’il s’agit d’un recul face aux syndicats (29%).

Deux Français sur trois critiquent la gestion du dossier par Edouard Philippe et le gouvernement

67% estiment que la réforme du système des retraites est mal gérée par Edouard Philippe et le gouvernement. A l’inverse , « seuls » 32% estiment que le dossier est bien géré.

L’ensemble des catégories de population jugent majoritairement que la réforme des retraites est mal gérée, à l’exception des retraités qui sont plus mesurés (55% mal gérée / 45% bien gérée).

D’un point de vue politique, les électorats de Marine Le Pen, de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon expriment très largement une mauvaise gestion du dossier (respectivement 86%, 76% et 76%).

Les électeurs du 1er tour d’Emmanuel Macron et de François Fillon sont partagés : respectivement 53% et 51% d’entre eux saluent la gestion, alors qu’ils sont 47% et 47% à penser l’inverse.

A noter que parmi les électeurs de second tour, 52% estiment que la réforme est mal gérée et 48% qu’elle est bien gérée.

L’approbation de la mobilisation baisse de 6 points mais reste majoritaire

47% des Français (-6 par rapport au 6 janvier) approuvent la mobilisation, dont 25% (-3) la soutiennent et 22% (-3) qui expriment de la sympathie. A l’inverse, 40% (+2) désapprouvent la mobilisation, dont 20% (-1) qui y sont opposés et 20% (+3) hostiles. 12% (+3) des Français sont indifférents. Sur le long terme (8ème vague d’enquête depuis début octobre), l’approbation de la mobilisation est en baisse alors qu’elle était relativement stable depuis la mi-décembre (entre 50% et 55%, contre 35%-40% de désapprobation).

Malgré une baisse auprès de la plupart des tranches d’âge, l’approbation à l’égard de la mobilisation est majoritaire au sein de toutes les tranches d’âges (de 44% à 56%) à l’exception des 65 ans et plus qui sont une majorité à désapprouver la mobilisation (28% approbation/-11 points, 62% désapprobation/+6 points).

Les cadres restent très partagés (43% approbation, 46% désapprobation). En baisse de 5 points auprès des classes moyennes, elle reste également majoritaire (51% contre 38%). Auprès des catégories populaires, elle est relativement stable et toujours majoritaire (60%, -2).

A noter que dans l’agglomération parisienne, l’approbation est stable (46%, contre 45% de désapprobation). La baisse de l’approbation s’observe dans les autres grandes villes, ainsi que dans la France rurale et des villes moyennes.

Politiquement, la mobilisation polarise toujours les électorats : l’approbation reste majoritaire auprès des électeurs de J-L. Mélenchon (71% approbation, -3), de B. Hamon (63%, -5), des abstentionnistes (51%, -16), et de M. Le Pen (58%, -8). A noter que sur les deux dernières mesures (depuis mi-décembre), l’approbation a chuté de 19 points auprès de l’électorat de Marine Le Pen. L’approbation de la mobilisation reste minoritaire chez les électeurs d’E. Macron (28%, -1) et de F. Fillon (21%, +2).

Les Français divisés sur la poursuite de la mobilisation : 53% souhaitent son arrêt, 46% sa poursuite

Par rapport au 11 décembre, ce chiffre est quasiment stable : 51% souhaitaient son arrêt, 47% sa poursuite. Pour rappel, à la veille des fêtes de fin d’année (18 décembre), 63% souhaitaient son arrêt pendant les fêtes, 36% sa poursuite. la mesure réalisée avant les fêtes de fin d’année concernant une « trêve » à cette période.

Alors que les retraités sont les plus favorables à un arrêt de la mobilisation (71%), les catégories populaires sont celles qui sont le plus en faveur de sa poursuite (60%). A noter que dans l’agglomération parisienne, 60% souhaitent son arrêt, et 40% sa poursuite.

Politiquement, 67% des électeurs de Mélenchon et 58% de ceux de Marine Le Pen souhaitent la poursuite de la mobilisation, alors que 78% des électeurs d’Emmanuel Macron et 80% de ceux de François Fillon plaident pour son arrêt.

A noter que parmi les Français opposés à la réforme des retraites, si une nette majorité souhaite la poursuite de la mobilisation (74%), 25% demande son arrêt.

Téléchargez le rapport d’études ici : Les Français et la réforme des retraites / Sondage ELABE pour BFMTV – L’Opinion en direct

 

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