Des violences contre les policiers et contre les bâtiments publics très fortement condamnées
93% condamnent les violences contre les bâtiments publics et 89% les violences contre la police. Ces condamnations sont unanimes, quelle que soit la catégorie de population et l’appartenance politique. Seuls les plus jeunes sont un peu plus en distance concernant les violences contre les forces de l’ordre mais une nette majorité les condamne sans appel (78% les condamnent vs. 22% ne les condamnent pas).
En parallèle, 20% des Français comprennent les violences contre les policiers (et notamment 40% des moins de 25 ans et 35% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon). En revanche, une très faible minorité dit comprendre les violences contre les bâtiments publics (7%).
Pour 9 Français sur 10, la mort de Nahel a été utilisée comme un prétexte pour « casser »
La mort de Nahel à la suite du tir d’un policier est considérée par 89% des Français comme un prétexte pour la plupart des émeutiers pour « casser ». Seuls 10% estiment que les émeutiers ont une réaction de colère et un sentiment d’injustice face à la mort de Nahel.
Face à ce drame et après plusieurs jours de violences urbaines, le sentiment d’un prétexte pour « casser » fait consensus au sein de la population.
L’opinion est à peine plus nuancée chez les électeurs de J-L. Mélenchon (23% « réaction de colère ») et les jeunes de moins de 35 ans (15% des 18-24 ans et 16% des 25-34 ans).
Violences urbaines : l’opinion pointe du doigt le manque d’autorité des parents, de sévérité de la justice et la présence du trafic de drogues
Interrogés sur les principales causes des violences urbaines, les Français citent d’abord le manque d’autorité des parents (66%, 3 réponses possibles parmi 9 items), nettement devant le manque de sévérité de la justice (55%) et le trafic de drogues dans certains quartiers (43%).
Derrière ce trio de tête, environ 3 Français sur 10 citent l’immigration (34%), l’échec des politiques publiques menées dans ces quartiers (33%) et la pauvreté et les inégalités sociales (29%).
Moins de 2 Français sur 10 évoquent les discriminations dont sont victimes les habitants de certains quartiers (17%) et le comportement de certains policiers (15%).
La lecture des évènements est politique avant tout, et dans une moindre mesure générationnelle :
- Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon mettent en cause avant tout le manque d’autorité parentale mais de manière plus modérée que les autres électorats (56% électeurs Mélenchon vs.66% en moyenne), et mentionnent ensuite l’échec des politiques publiques (48%), la pauvreté et les inégalités sociales (43%). 38% évoquent le manque de sévérité de la justice, 36% les discriminations dont sont victimes les habitants de certains quartiers, puis 32% le trafic de drogues et 31% le comportement de certains policiers.
- Le regard des électeurs d’Emmanuel Macron et de Valérie Pécresse sont proches de celui de la moyenne des Français, avec un seul point qui les distinguent : 41% des électeurs de Valérie Pécresse évoquent l’immigration contre 25% de ceux d’Emmanuel Macron.
- Pour les électorats de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour, les 3 principales raisons sont le manque de sévérité de la justice (respectivement 73% et 71%), l’immigration (65% et 75%) et le manque d’autorité des parents (70% et 60%).
- Les jeunes sont moins nombreux que la moyenne à évoquer le manque d’autorité parentale, de sévérité de la justice, la présence du trafic de drogues et l’immigration, et ont davantage tendance à citer la pauvreté, les discriminations et le comportement de certains policiers.
« Dialoguer avec les quartiers et être ferme avec les voyous » : la position de Gérald Darmanin largement approuvée par les Français (80%).
La posture d’Emmanuel Macron, au lendemain de la mort de Nahel, divise l’opinion
80% se disent en accord avec les déclarations de Gérald Darmanin ce lundi évoquant la nécessité d’ouvrir le dialogue avec les quartiers tout en restant « ferme avec les voyous ». 20% sont en revanche en désaccord.
L’opinion défendue par Gérald Darmanin est majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats. Elle est encore plus largement partagée par les plus de 35 ans (83%). D’un point de vue politique, il rencontre l’approbation de 93% des électeurs d’Emmanuel Macron, 90% de ceux de Valérie Pécresse, 75% de ceux de Marine Le Pen et dans une moindre mesure 62% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon.
53% des Français se disent en accord avec les déclarations d’Emmanuel Macron au lendemain de la mort de Nahel, évoquant que sa mort est « inexplicable » et « inexcusable », 47% sont en revanche en désaccord. Cette opinion est plus largement partagée par les moins de 25 ans (71%). D’un point de vue politique, elle convainc 66% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 64% de ses propres électeurs. Elle est en revanche rejetée par les électorats de Marine Le Pen (70%) et d’Éric Zemmour (77%).
La confiance dans la police reste élevée (71%)
71% des Français déclarent avoir confiance dans la police (+2 points depuis le 29 mars dernier, durant les mobilisations contre la réforme des retraites), contre 28% pas confiance.
Le niveau de confiance dans la gendarmerie est de 80% (+4).
En revanche, la défiance est majoritaire à l’égard de la justice (57% pas confiance, 43% confiance, +/- 1).
D’un point de vue politique, une large majorité d’électeurs d’Emmanuel Macron (94%) et dans une moindre mesure de Marine Le Pen (74%) a confiance dans la police. Mais à l’inverse, la majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon n’a pas confiance (56% pas confiance, 44% confiance).
D’un point de vue générationnel, la confiance envers la police est plus élevée chez les 65 ans et plus (83%) que chez les moins de 35 ans (56%, dont seulement 51% chez les 18-24 ans).
Concernant la justice, ce sont les électorats de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour qui sont les plus défiants (respectivement 73% et 78%), et dans une moindre mesure les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (64%).
Pour 7 Français sur 10, les violences illégitimes (hors du cadre de la loi) sont marginales et le fait d’une minorité de forces de l’ordre
71% des Français estiment que les violences illégitimes (hors du cadre de la loi) des forces de l’ordre sont marginales et le fait d’une minorité de policiers et gendarmes.
A l’inverse, 28% considèrent qu’elles sont représentatives d’un phénomène plus général au sein de la police et la gendarmerie.
Cependant, cette perception clive : si la plupart des catégories partagent cette opinion, les moins de 35 ans (43%, et notamment les 18-24 ans à 49%) et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (55%) estiment que les violences sont systémiques au sein des forces de l’ordre.
Une opinion publique en soutien de la police, même si des reproches sont exprimés sur son exemplarité, son usage de la force et le racisme
Les Français portent globalement un regard positif sur la police. Pour une large partie d’entre eux, elle :
- est régulièrement la cible de violences et insultes (92% d’accord, dont 57% tout à fait d’accord)
- protège la population (79%, dont 33%)
- fait respecter la loi (77%, dont 25%)
- fait bien son travail (74%, dont 23%)
Des caractéristiques reconnues par la majorité des Français au sein de toutes les catégories de population, à l’exception des moins de 25 ans moins positifs à certains égards (49% fait bien son travail, 63% fait respecter la loi, 64% protège la population) et des électeurs de J.L Mélenchon (respectivement 47%, 60%, 60%).
L’opinion est plus divisée sur son exemplarité (58% d’accord contre 42% pas d’accord), près de 4 Français sur 10 estiment qu’elle fait un usage excessif de la violence lors des interpellations (38%, contre 61%) et 3 sur 10 qu’elle est raciste (28%, contre 71%).
Son exemplarité est notamment remise en cause par les moins de 35 ans : 71% des 18-24 ans et 59% des 25-34 ans estiment que la police n’est pas exemplaire contre 62% à 67% des autres catégories d’âge qui pensent le contraire.
Politiquement, le clivage se fait entre d’un côté les électeurs d’Éric Zemmour (85%), de V. Pécresse (78%), E. Macron (71%) et M. Le Pen (68%) qui sont majoritairement d’accord pour qualifier la police d’exemplaire et les électeurs de J-L. Mélenchon qui sont nettement en désaccord avec cette idée (70% pas d’accord).
Des clivages similaires (générationnels et politiques) sont à observer concernant l’usage de la violence et le racisme : respectivement 67% et 47% des 18-24 ans, et respectivement 68% et 59% des électeurs de J-L. Mélenchon.
Pour 58% des Français, l‘ascenseur social est en panne dans les quartiers « sensibles »
A l’inverse, 42% estiment qu’il fonctionne. Ce sont les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui affirment le plus largement qu’il est en panne (70%), les autres électorats sont partagés.
Un Français sur deux estime que les quartiers sensibles sont des territoires « oubliés » de la République
48% pensent que ces quartiers ne sont pas écoutés ni considérés par les décideurs publics (70% chez les moins de 25 ans, 64% chez les habitants de l’agglomération parisienne, 71% chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon).
A l’inverse, 51% jugent que ce n’est pas le cas (62% dans le rural, 64% des électeurs de Marine Le Pen).
Pour l’opinion publique, le problème des quartiers sensibles n’est pas le montant des dépenses publiques, mais leur efficacité
78% estiment que « ce n’est pas une question de montant, mais de la façon dont l’argent est utilisé et de l’efficacité des dépenses publiques ». Une position très largement partagée dans l’ensemble des catégories de population.
Seuls 11% estiment qu’il faudrait augmenter les moyens et 10% les baisser.
Une situation héritée de longue date, pas de la seule responsabilité d’Emmanuel Macron
84% des Français pensent que la situation des quartiers « sensibles » est la conséquence des politiques menées depuis plusieurs dizaines d’années, seuls 15% jugent qu’Emmanuel Macron en est le principal responsable.
L’exécutif critiqué sur sa gestion des évènements
76% estiment qu’Emmanuel Macron et les principaux ministres concernés n’ont pas su bien gérer les évènements. Une critique qui est même partagée par 49% de ses électeurs de 1er tour de 2022.
Pour 61%, il aurait fallu mettre un place un couvre-feu pour mettre fin plus rapidement aux émeutes. Une opinion partagée par 76% des électeurs de Marine Le Pen, mais aussi 60% de ceux d’Emmanuel Macron et 54% de ceux de Jean-Luc Mélenchon.
Marine Le Pen, gagnante de la séquence
Pour 50% des Français, Marine Le Pen ressort renforcée de la séquence d’émeutes urbaines (dont 46% la citent en 1er). 20% citent Les Républicains, 11% la NUPES et 9% Emmanuel Macron et le gouvernement.
Quelle que soit l’appartenance politique, une majorité partage ce constat.
43% des Français jugent qu’il n’y a aucun gagnant dans cette séquence.
Invités à se prononcer sur la capacité de chaque opposition à faire mieux que l’exécutif, 31% considèrent que Marine Le Pen et le RN auraient fait mieux (46% « ni mieux ni moins bien » et 23% « moins bien »).
Pour LR, 76% estiment qu’ils n’auraient fait ni mieux ni moins bien.
Concernant Jean-Luc Mélenchon et la NUPES, 48% partagent cette opinion et 43% jugent qu’ils auraient fait moins bien que l’exécutif.
Télécharger le rapport : Les Français la police et les émeutes urbaines suite à la mort de Nahel
Crédits image : Police Bouclier Feu – Pixabay