Saint-Gaudens : zoom sur une partielle à suspens

Dimanche 11 mars aura lieu une législative partielle à suivre avec intérêt.

Dans ce territoire du Comminges rural, où le chômage a fortement progressé entre 2006 et 2014, marqué par une forte proportion de retraités (35%), on pourra mesurer tout à la fois le degré d’impatience et de déception vis-à-vis d’Emmanuel Macron, la confirmation ou pas de l’affaiblissement politique du Front National, la dynamique ou le sur-place de la France Insoumise, la force de l’implantation locale de « l’ancien monde » représenté par le sortant socialiste, et le degré de réceptivité en zone rurale du nouveau discours de la droite de Laurent Wauquiez.

Fortement ancrée à gauche, cette circonscription qui avait donné près de 55 % des voix à Ségolène Royal en 2007 et près de 60 % à François Hollande en 2012, est détenue par le Parti Socialiste depuis 40 ans.

C’est une circonscription où la gauche fait toujours mieux que son score national, et c’est encore plus le cas aux élections locales grâce à l’enracinement des sortants. Si le PS perdait ce siège, ce serait un signe supplémentaire de son effacement.

Pour la Droite, le Comminges est une terre de mission, elle y est toujours plus faible que son score national (François Fillon : 14.68%). Pour rappel Jean Lassalle y avait obtenu près de 5 % des voix le 23 Avril 2017

Depuis les régionales de 2015, preuve de sa progression en zone rurale, Le Front National y fait mieux que son score national. D’ailleurs Marine Le Pen y est arrivée en tête au premier tour de la Présidentielle de 2017, avec 23.56 % devant Jean-Luc Mélenchon 21.4% et Emmanuel Macron 21.31%. Mais aux législatives, comme cela a souvent été le cas, le candidat FN en recul n’a obtenu que 15,27 % au premier tour et n’a pu se qualifier.

Lors de ce même premier tour, le candidat LREM Michel Monsarrat profite à plein de l’effet de souffle de la présidentielle. Il vire en tête avec 33% des suffrages, soit dix points de plus que le score obtenu par Emmanuel Macron (avec près de 20 points de participation en moins, à un mois d’intervalle, l’étiquette en Marche a d’ailleurs rassemblé le même score en voix soit un peu plus de 14.000 voix).

Mais au second tour, la rectification constatée au niveau national joue également à plein. Le sortant PS, Joël Aviragnet, pourtant devancé au premier tour de près de 7.000 voix, l’emporte de 91 voix.

Le député sortant, bien implanté, qui a succédé en 2015 à Carole Delga devenue Présidente de Nouvelle Occitanie, a progressé de 9.531 voix entre les deux tours, Montsarrat seulement de 2.638.

Après que le scrutin ait été invalidé pour « irrégularités », les deux finalistes se retrouveront ce dimanche.

A noter : Comme en juin, la France Insoumise et le PC sont à nouveau divisés, alors que si on additionne le total de leurs scores, le candidat de la gauche de la gauche se serait retrouvé à une encablure du sortant socialiste.

Pour le premier tour de cette partielle, tous les scénarii semblent possibles. Si le PS qui détient ce siège a le plus à perdre, l’élimination au premier tour du candidat En Marche sonnerait comme un avertissement pour Emmanuel Macron. La qualification au second tour de la France Insoumise ou de LR donnerait à chacun une bouffée d’oxygène sur le chemin escarpé de l’opposition. On regardera notamment avec attention les scores du FN et de LR pour voir si le nouveau discours de la droite Wauquiez grignote les déçus de Marine Le Pen. Plus globalement, ce scrutin permettra de mesurer l’état de l’opinion en milieu rural. A la déception des villes mesurée notamment dans la partielle du Val d’Oise, l’exécutif devra-t-il faire face à la colère des champs ?

 

Bernard SANANES