Jugée conforme aux engagements pour 6 Français sur 10, la politique de l’exécutif est pointée du doigt pour son injustice et sa propension à diviser. L’efficacité économique continue de susciter des doutes.
Injuste et ne rassemble pas les Français : ces deux griefs sont attribués à la politique d’Emmanuel Macron et du gouvernement par 74% et 77% Français.
Ce sentiment d’injustice de la politique actuelle progresse de 6 points en trois semaines et concerne alors près de trois Français sur quatre (74%).
La capacité à rassembler les Français, testée pour la première fois, n’est reconnue que par 22% des Français.
Quelle que soit la catégorie sociale, ces deux constats sont partagés par une nette majorité, et plus particulièrement auprès des catégories populaires, des classes moyennes et des retraités.
D’un point de vue politique, à nouveau, ce constat est majoritairement partagé par la plupart des électorats, hormis celui d’Emmanuel Macron. Cependant, le Président de la République n’obtient pas de soutien net de ses propres électeurs sur ces deux dimensions : seuls 46% considèrent que la politique actuelle rassemble les Français et 54% qu’elle est juste. A noter que c’est auprès de cet électorat que la hausse du sentiment d’injustice est la plus forte (46%, +9).
Concernant l’efficacité économique de la politique menée, le doute persiste : environ deux Français sur trois considèrent qu’elle n’est pas efficace pour relancer l’économie (57%), et qu’elle ne permet pas d’améliorer la situation du pays (59%).
Ce sentiment est nettement partagé par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, et de Marine Le Pen, alors qu’il divise ceux de François Fillon. A l’inverse, les électeurs de 1er tour d’Emmanuel Macron attestent de leur confiance à l’exécutif concernant les effets positifs de la politique sur l’économie (82%) et la situation du pays (84%).
Enfin, le respect des engagements de campagne est affirmé par près de 6 Français sur 10 (58%).
D’un point de vue politique, la conformité aux engagements est soulignée par une majorité auprès des électorats d’Emmanuel Macron (85%), de François Fillon (65%) et de Jean-Luc Mélenchon (60%). A l’inverse, les électeurs de Marine Le Pen ne partagent pas ce constat (seuls 39% la jugent conforme aux engagements de campagne).
Mobilisations sociales : retraités et personnels des EHPAD largement soutenus par les Français. Une opinion plutôt défavorable à l’égard de la mobilisation des agents SNCF, plutôt favorable pour celle des fonctionnaires.
Les mobilisations du personnel d’EHPAD (maison de retraite) et des retraités sont largement approuvées (soutien/sympathie), par respectivement 86% et 81% des Français. Signe d’un réel appui à leurs causes, respectivement 58% et 55% des Français soutiennent ces mobilisations, un taux particulièrement élevé.
Les personnes âgées de plus de 65 ans approuvent encore davantage ces mobilisations (respectivement 96% et 92%), alors que les plus jeunes marquent une certaine distance (69% et 66%).
Quel que soit le segment politique, l’ensemble des principaux électorats approuve nettement ces deux mobilisations.
Si celles des retraités et des personnels d’EHPAD font consensus, les mobilisations des fonctionnaires et des agents de la SNCF divisent davantage l’opinion publique.
La mobilisation des fonctionnaires est plutôt perçue favorablement : 48% des Français soutiennent/ont de la sympathie pour la mobilisation des fonctionnaires, 38% se montrent à l’inverse hostile ou opposé et 13% se montrent indifférents.
Pour celle des agents de la SNCF, les opinions négatives sont à l’inverse plus nombreuses que les opinions positives : 49% sont hostiles ou opposés, 38% témoignent de leur soutien/sympathie, et 12% sont indifférents.
A noter que dans les deux cas, les retraités sont nettement plus opposés ou hostiles que le reste de la population.
D’un point de vue politique, ces mobilisations clivent davantage : les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon approuvent globalement la mobilisation des fonctionnaires et des agents SNCF, alors que ceux de François Fillon les rejettent majoritairement.
Le comportement des électeurs d’Emmanuel Macron diffèrent à l’égard de ces deux publics : la mobilisation des agents SNCF provoquent une nette opposition et hostilité (71%) et dans des proportions comparables à ceux de François Fillon. A l’inverse, ils sont beaucoup plus partagés sur la mobilisation des fonctionnaires (50% d’avis défavorables, 41% d’avis favorables) et se distinguent cette fois nettement du candidat des Républicains.
A noter qu’à l’approche de la grève prévue à la SNCF, le sentiment d’indifférence à l’égard de cette mobilisation baisse de 10 points (par rapport à l’enquête Elabe/Nice Matin du 13 et 14 mars), alors que le sentiment d’opposition/hostilité progresse de 6 points et celui de soutien/sympathie de 4 points.
Le gouvernement doit être à l’écoute des contestations et revoir sa politique actuelle pour 65% des Français
Interrogés sur l’attitude que devrait avoir le gouvernement dans les semaines et mois à venir, 65% des Français pensent que le gouvernement doit revoir l’orientation de sa politique actuelle en tenant compte des contestations et 34% pensent qu’il doit la conserver.
La volonté de réorientation de la politique actuelle est encore plus forte auprès des catégories populaires (72%) et des habitants des zones rurales (71%), alors qu’elle est minoritaires auprès des cadres (42%).
D’un point de vue politique, une nette majorité des électeurs de Marine Le Pen (83%) et de Jean-Luc Mélenchon (80%) souhaite que l’exécutif revoit l’orientation de sa politique, alors que ceux de François Fillon sont plus partagés (45%).
Si une deux électeurs d’Emmanuel Macron sur trois souhaitent qu’il garde l’orientation actuelle (66%), 34% affirment en revanche qu’il doit revoir sa politique actuelle en tenant compte des contestations.
Télécharger ici : Les Français et les mobilisations sociales / Sondage ELABE pour BFMTV
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