Si la moitié des Français continue d’approuver la mobilisation contre la réforme des retraites, ce soutien est en net recul depuis début novembre.
A une semaine de la mobilisation du 5 décembre, 53% des Français approuvent la mobilisation contre la réforme des retraites, ce chiffre est en recul de 11 points par rapport à début novembre (étude ELABE du 7 novembre pour Les Echos, Radio Classique et l’Institut Montaigne), 30% (+6 points) la désapprouvent et 17% (+5) y sont indifférents.
Dans le détail, 26% la soutiennent (-11), 27% ont de la sympathie pour cette mobilisation (=), 17% y sont opposés (+2) et 13% y sont hostiles (+4).
Malgré un recul au sein de l’ensemble des catégories sociales de la population, l’approbation de la mobilisation contre la réforme des retraites reste la première opinion exprimée sauf chez les retraités (48% la désapprouvent et 42% l’approuvent). Au sein des catégories socioprofessionnelles d’actifs, l’approbation de la mobilisation atteint 65% chez les catégories sociales populaires (66% chez les ouvriers et 64% chez les employés), 56% chez les professions intermédiaires. Les cadres et professions intellectuelles supérieures sont plus partagés : 41% approuvent la mobilisation et 40% la désapprouvent.
La baisse de l’approbation de la mobilisation est la plus forte chez les femmes (-16 points), les 35-49 ans (-15), les habitants des communes rurales (-22) et les habitants des agglomérations de plus de 100 000 habitants (-15).
Politiquement, la mobilisation contre la réforme des retraites polarise les électorats de l’élection présidentielle de 2017 puisque l’approbation est largement majoritaire parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (81%, =), de Marine Le Pen (65%, -15) et de Benoît Hamon (64%, -9) alors qu’elle est minoritaire parmi les électeurs d’Emmanuel Macron (31%, -18) et de François Fillon (32%, -12). Entre les deux, les abstentionnistes sont 51% (-18) à approuver la mobilisation.
Près de trois quarts des Français considèrent que la mobilisation contre la réforme des retraites sera la début d’un mouvement social de grande ampleur.
73% des Français estiment que la mobilisation prévue le 5 décembre sera le début d’un mouvement social de grande ampleur, ce chiffre est hausse de 7 points par rapport à l’étude ELABE du 7 novembre pour Les Echos, Radio Classique et l’Institut Montaigne et 26% (-7 points) estiment que cela ne sera pas le cas.
Dans le détail, 27% répondent oui certainement (+7), 46% oui probablement (=), 22% non probablement pas (-6), 4% non certainement pas (-1) et 1% n’ont pas d’opinion (=).
L’ensemble des catégories sociales de la population estiment majoritairement que la mobilisation prévue le 5 décembre sera le début d’un mouvement social de grande ampleur.
Même constat au sein des électorats, cette opinion est partagée par 85% (+11) des électeurs de Benoît Hamon, 84% (+6) de ceux de Jean-Luc Mélenchon, 77% (+15) de ceux de François Fillon, 71% (=) de ceux de Marine Le Pen et 65% (+12) de ceux d’Emmanuel Macron.
Pour les Français, la mobilisation prévue le 5 décembre est plutôt une mobilisation globale d’opposition à la politique menée par l’exécutif.
Interrogés sur les raisons de cette mobilisation prévue le 5 décembre : –46% des Français estiment que c’est une mobilisation globale d’opposition à la politique menée par Emmanuel Macron et le gouvernement, –29% une mobilisation avant tout pour défendre les régimes spéciaux, –et 24% une mobilisation contre l’ensemble de la réforme des retraites prévue par le gouvernement.
Pour l’ensemble des catégories sociales de la population, le moteur de la mobilisation prévue le 5 décembre est l’opposition globale à la politique menée par l’exécutif, sauf chez les cadres et professions intellectuelles supérieures qui citent la défense des régimes spéciaux (40%) davantage que l’opposition globale à la politique menée par l’exécutif (33%).
Politiquement, on constate que les principales raisons de cette mobilisation diffèrent selon les électorats. Les électeurs de Marine Le Pen sont 59% à estimer que c’est une mobilisation globale, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont partagés entre le fait que ce soit une mobilisation globale (43%) ou une mobilisation contre la réforme des retraites (36%), et les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron sont partagés entre le fait que ce soit une mobilisation pour la défense des régimes spéciaux (respectivement 47% et 38%) et une mobilisation globale contre la politique menée par l’exécutif (42% pour les deux électorats).
7 Français sur 10 jugent que la phase de « concertation » autour de la réforme des retraites ne sera pas prise en compte et que tout est déjà décidé.
70% des Français estiment que la phase de « concertation » autour de la réforme des retraites ne sera pas prise en compte et que tout est déjà décidé. Ce chiffre confirme et accentue le ressenti des Français vis-à-vis de cette « concertation », puisque début octobre 2019, 61% des Français estimaient que tout était déjà décidé (étude ELABE du 3 octobre 2019 pour BFMTV*).
A l’opposé, 30% des Français considèrent que la phase de concertation sera prise en compte pour améliorer la réforme.
L’opinion selon laquelle tout est déjà décidé, la phase de concertation ne sera pas prise en compte est largement majoritaire parmi l’ensemble des catégories sociales de la population et particulièrement parmi les catégories sociales populaires et moyennes (81%), les 35-49 ans (77%) et les 50-64 ans (73%).
Politiquement, les électeurs de Marine le Pen sont 88% à estimer que tout est déjà décidé, la phase de concertation ne sera pas prise en compte, ceux de Jean-Luc Mélenchon 87%, de Benoît Hamon 72%, les abstentionnistes 68% et les électeurs de François Fillon 62%. Seuls les électeurs d’Emmanuel Macron sont une majorité à considérer que la phase de concertation sera prise en compte pour améliorer la réforme (55%).
Pour plus de 4 Français sur 10, l’exécutif est le principal responsable du conflit social concernant la réforme des retraites, pour un quart c’est principalement la responsabilité des syndicats de salariés et pour un tiers elle est partagée.
42% des Français estiment qu’Emmanuel Macron et le gouvernement sont les principaux responsables du conflit social concernant la réforme des retraites, pour 24% ce sont les syndicats de salariés et pour 34% ce sont autant l’un que l’autre.
Emmanuel Macron et le gouvernement sont perçus comme les principaux responsables du conflit social notamment par les moins de 35 ans (46% des 18-24 ans et 52% des 25-34 ans), par les catégories sociales populaires et moyennes (53%) et par les salariés du secteur public (53%).
Parmi les autres catégories socio-professionnelles, les catégories sociales supérieures et les retraités sont plus partagés sur l’attribution de cette responsabilité : les CSP+ sont 37% à attribuer la responsabilité à l’exécutif, 27% aux syndicats et 35% autant à l’un que l’autre, pour les retraités ces chiffres sont de 30%, 32% et 37%.
Politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont 64% à attribuer cette responsabilité à l’exécutif, ceux de Marine Le Pen 58%, ceux de Benoît Hamon 51%, les abstentionnistes 42%, les électeurs de François Fillon 26% et ceux d’Emmanuel Macron 16%.
Pour les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron, ce sont les syndicats de salariés (respectivement 43% et 45%) qui sont les principaux responsables du conflit social concernant la réforme des retraites.
Crédits image : Jeanne Menjoulet / Flickr