A mi-mandat, un jugement plus critique sur l’élection d’Emmanuel Macron
A mi-mandat, l’élection d’Emmanuel Macron le 7 mai 2017 est considérée comme un évènement positif pour le pays par 37% des Français. Ce chiffre est en baisse de 11 points par rapport à avril 2018, un an après son arrivée au pouvoir. A l’inverse plus de 6 Français sur 10 (61%) qualifient négativement son élection.
Si le soutien de son cœur électoral s’est un peu effrité, il lui reste très fidèle (76% de ses électeurs du 1er tour de la présidentielle de 2017 estiment que son élection est une bonne chose, -15 points). Le président maintien stable son assisse parmi l’électorat de François Fillon (57%, =), mais décroche parmi les électeurs de Benoît Hamon (31%, -15). Enfin seulement 19% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (-11) et 14% de ceux de Marine le Pen (-5) considèrent à mi-mandat que son élection a été une bonne chose pour la France.
Au-delà des clivages politiques, un fort clivage social émerge du regard que les Français portent sur l’élection d’E. Macron : 46% des cadres et professions intermédiaires (-9) et 55% des personnes en très bonne situation financière (-8) portent un regard positif sur son élection, ce taux chute à 26% chez les employés et ouvriers (-10) et à 25% chez les personnes en forte difficulté financièrement (-3).
Plus de la moitié des Français sont déçus de l’action du président
Ce déclin du jugement de son élection fait écho à une action jugée décevante par 55% des Français (-7 point par rapport à avril 2019), 32% estime qu’il est encore trop tôt pour se prononcer (+6) et 12% que son action est satisfaisante (=).
Trois quarts des électeurs de J-L. Mélenchon (75%), de B. Hamon (78%) et de M. Le Pen (78%) jugent son action décevante. Alors que les électeurs de F. Fillon sont partagés entre déception (42%) et attente (40% encore trop tôt pour se prononcer), et que ceux d’E. Macron sont partagés entre attente (47%) et satisfaction quant à l’action du président (31%) .
Socialement, deux tiers des personnes en situation financière difficile (66%) et des catégories sociales populaires (64%) jugent décevante l’action du président alors que les catégories sociales aisées (47%) et les personnes en très bonne situation financière (38%) ne sont qu’une minorité à partager cet avis.
Un président mieux noté sur le régalien que sur les questions économiques et sociales
L’action d’Emmanuel Macron est jugée la plus satisfaisante dans les domaines d’action en lien avec la sécurité nationale et le statut international de la France : la politique de lutte contre le terrorisme (44%), la place de la France sur la scène internationale (43%), l’action de la France dans les conflits internationaux (43%) et le rôle de la France dans l’Union Européenne (42%).
A l’opposé, les domaines où son action est jugée la plus insatisfaisante sont la baisse des dépenses publiques (74%), la politique en matière d’immigration (74%), la politique environnementale (73%), la politique sociale (72%) et la politique en faveur du pouvoir d’achat (71%).
A noter que sur la question de la baisse des dépenses publiques, l’insatisfaction s’exprime à la fois parmi les électorats de J-L. Mélenchon (82%) et de B. Hamon (92%) qui traditionnellement s’opposent à cette baisse et l’électorat de F. Fillon (73%) qui traditionnellement souhaiterait une baisse des dépenses plus prononcée. Même constat sur la politique migratoire entre les tenants d’une politique plus accueillante, comme les électeurs de J-L. Mélenchon (80%) et de B. Hamon (75%) et les tenants d’une politique plus stricte, comme les électeurs de M. Le Pen (91%), qui dans les deux cas jugent insatisfaisante l’action du président dans ce domaine.
Les Français jugent sévèrement la capacité du président à améliorer leur situation personnelle ou celle du pays
80% des Français jugent que depuis le début du quinquennat l’action du président n’a pas amélioré leur situation personnelle et 80% estiment que d’ici la fin du quinquennat l’action du président n’améliorera pas leur situation personnelle. Ce constat est quasi unanime chez les personnes en très mauvaise situation financière (respectivement 90% et 93%) et chez les électeurs de B. Hamon (respectivement 95% et 91%).
71% des Français jugent que depuis le début du quinquennat l’action du président n’a pas amélioré la situation du pays et 68% estiment que d’ici la fin du quinquennat l’action du président n’améliorera pas la situation du pays. La croyance des Français sur la capacité du président à agir sur la situation du pays s’est assez dégradée par rapport au début de son mandat : seulement 31% des Français estiment aujourd’hui que d’ici la fin du mandat l’action d’E. Macron permettra d’améliorer la situation du pays, contre 42% en avril 2018 (-11 points).
Une capacité à transformer le pays mise en doute
58% des Français considèrent que depuis le début du quinquennat, E. Macron a modifié quelques aspects seulement du pays, 30% qu’il n’a pas changé le pays et 11% qu’il a transformé le pays en profondeur.
Et d’ici la fin du quinquennat, 51% des Français considèrent qu’il aura modifié seulement quelques aspects (-6 points par rapport à avril 2018), 33% qu’il n’aura pas changé le pays (+11) et 14% qu’il aura transformer le pays en profondeur (-6). L’opinion selon laquelle le président n’aura pas changé le pays d’ici la fin de son mandat a notamment augmenté parmi les 25-34 ans (35%, +18), les 50-64 ans (39%, +16) et les cadres et professions intermédiaires (29%, +15).
Les mesures fiscales jugées les plus positives
Interrogés sur les mesures et réformes les plus marquantes depuis l’élection d’E. Macron, les Français ont principalement cité :
- La suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages (35%, dont 14% en 1er)
- La mise en place du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu (34%, dont 14% en 1er)
- La réforme des retraites (29% dont 11% en 1er)
- La hausse de la CSG (24% dont 10% en 1er)
- La limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes départementales (23%)
- La baisse de 5 euros des APL (16%)
- Le remplacement de l’ISF par l’IFI (14%)
- La baisse des charges sociales pour les salariés (12%)
- L’extension de la PMA aux couples de femmes homosexuelles et aux femmes célibataires (11%)
- La réforme de l’assurance-chômage (11%)
Toutes les autres mesures sont citées par 10% ou moins des Français.
Parmi les 21 mesures et réformes testées, les mesures considérées comme les plus positives par les Français sont :
- La baisse des charges sociales pour les salariés (75% une bonne chose)
- La suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages (72%)
- La défiscalisation des heures supplémentaires (70%)
- La mise en place du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu (67%)
- La prime exceptionnelle annuelle exonérée d’impôts et de cotisations sociales (dans la limite de 1 000 euros) (63%)
- Le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les zones défavorisées (60%)
Au contraire, les mesures et réformes considérées comme les plus négatives par les Français sont :
- La hausse de la CSG (70% une mauvaise chose)
- La limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes départementales (67%)
- La baisse de 5 euros des APL (63%)
- La réforme des retraites (52%)
- Le remplacement de l’ISF par l’IFI (50%)
Le pouvoir d’achat reste le sujet n°1, nettement devant l’environnement, l’emploi et les retraites.
Le pouvoir d’achat reste le sujet de préoccupation qui rallie le plus grand nombre de Français (36% de citations, dont 14% en 1er). Il devance nettement l’environnement qui apparait comme une préoccupation majeure pour 24% (dont 9% en 1er), l’emploi 24% (dont 9% en 1er) et les retraites 24% (dont 8% en 1er).
Si le niveau de préoccupation concernant le pouvoir d’achat a oscillé en fonction du contexte social pendant toute la première partie de l’année 2019 (une hausse de 5 points entre janvier et mars, suivie d’une baisse de 8 points entre la fin du « grand débat national » et l’été), il n’a presque pas évolué depuis août (baisse de 1 point).
Après avoir connu une nette progression en début d’année (+6 points en janvier et mars), la préoccupation environnementale est en baisse de 5 points depuis août.
La préoccupation pour l’emploi est restée stable, et dans le contexte de la réforme des retraites, celle des retraites est en hausse de 2 points depuis août.
Suivent l’immigration (23%), les inégalités sociales (21%), la santé (19%), la sécurité (18%), la menace terroriste (18%), la dette publique (17%), l’éducation (14%), la fiscalité (12%), la dépendance (10%), la laïcité (9%), la protection sociale (8%), le logement (8%) et les inégalités hommes-femmes (6%).
Une majorité de Français estiment que ni le style ni l’orientation de la politique du président n’ont changé depuis le mouvement des « gilets jaunes »
Depuis le mouvement des « gilets jaunes », 64% des Français jugent que l’orientation de la politique d’E. Macron n’a pas changé, 31% a changé un peu et 4% beaucoup. 57% que son style n’a pas changé, 36% un peu et 6% beaucoup.
Politiquement, trois quarts des électeurs de J-L. Mélenchon (75%), de B. Hamon (77%) et de M. Le Pen (77%) jugent que l’orientation de la politique du président n’a pas changé depuis le mouvement des « gilets jaunes », alors que les électeurs de F. Fillon et d’E. Macron estiment plutôt que celle-ci a un peu changé, respectivement 49% et 45%. Sur son style, une majorité des électeurs de M. Le Pen (72%), de J-L. Mélenchon (64%) et de B. Hamon (58%) estiment qu’il n’a pas changé, alors qu’une majorité des électeurs de F. Fillon (52%) et d’E. Macron (55%) jugent qu’il a un peu changé.
L’image d’Emmanuel Macron se détériore par rapport à la rentrée politique.
Par rapport à début septembre 2019, lors de la rentrée politique, Emmanuel Macron est jugé plus autoritaire (+2), moins courageux (-7), moins sincère (-7), moins capable de réformer le pays (-3) et moins capable de rassembler les Français (-3).
Au-delà de ces évolutions, à mi-mandat, l’image d’Emmanuel Macron reste structurée autour des dimensions suivantes : autoritaire (71%, +2), arrogant (67%, -5), dynamique (64%, =), courageux (53%, -7) et bon ambassadeur de la France à l’étranger (53%, -3). Cette structure d’image reste marquée par une certaine hostilité (57% « vous inquiète », +1).
S’il clive davantage sur sa capacité à réformer le pays (40%, -3), sa sympathie (39%, -3) et sa sincérité (33%, -7), ces traits d’image lui sont reconnus par une partie de l’opinion publique, notamment son cœur électoral et plus de la moitié des électeurs de François Fillon.
Il continue d’enregistrer un déficit d’image sur la capacité à rassembler les Français (22%, -3) et la proximité (23%, -1).
Enfin, il respecte ses engagements pour 39% des Français et obtient des résultats pour 36.
Derrière ces évolutions de l’image d’Emmanuel Macron, on observe par rapport à septembre 2019 des dynamiques différentes en fonction des catégories sociales et des électorats. Le « divorce » entre les classes populaires et l’exécutif s’aggrave : l’image du président se détériore très fortement chez les catégories sociales populaires (courageux -19, sincère -17) alors qu’elle s’améliore chez les cadres et professions intermédiaires (courageux +14).
La polarisation politique sur l’image du président s’accentue puisque ces mêmes traits d’image se détériorent fortement au sein des électorats de J-L. Mélenchon (respectivement -17 et -26) et de M. Le Pen (respectivement -18 et -16) alors qu’ils s’améliorent au sein de son cœur électoral (respectivement +19 et +26).
Emmanuel Macron et Marine Le Pen, une forte polarisation des intentions de vote.
L’ensemble des hypothèses testées inclut les candidatures suivantes : Philippe Poutou, Nathalie Arthaud, Jean-Luc Mélenchon, Bernard Cazeneuve, Yannick Jadot, Emmanuel Macron, François Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen.
Les trois candidatures de droite testées sont celles de Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et François Baroin.
Un duel E. Macron / M. Le Pen au 1er tour
Quelque soit l’hypothèse testée M. Le Pen (29-27,5%) et E. Macron (29-27%) sont au coude à coude et devancent très largement les autres candidats potentiels. A mi-mandat, la polarisation politique entre les deux finalistes de l’élection présidentielle de 2017 continue de s’accentuer et de structurer le débat politique. Les deux candidats réussissent à conserver leurs électorats du 1er tour de 2017 : 90-95% pour M. Le Pen et plus de 70-75% pour E. Macron. Ils augmentent leurs scores respectifs de 2017 (E. Macron 24% et M. Le Pen 21,3%) en attirant chacun une partie de l’électorat de F. Fillon : entre 15% et 20% pour M. Le Pen et entre 30% et 40% pour E. Macron.
Jean-Luc Mélenchon, en troisième position
Avec 12,5-13% des intentions de vote dans les 3 hypothèses, J-L. Mélenchon conserve un potentiel électoral important quoi que largement réduit par rapport à 2017. Il conserve 60% de son électorat de 2017 et attire selon les hypothèses entre 10 et 15% de l’électorat de B. Hamon.
Un électorat de droite dispersé
Les différentes candidatures de la droite testées recueillent 9,5% des suffrages pour F. Baroin, 9% pour X. Bertrand et 5% pour V. Pécresse. Ces trois candidatures pâtissent d’une forte dispersion de l’électorat de F. Fillon (exprimant une intention de vote) qui ne se reporte que partiellement vers les personnalités issues des Républicains : 40% pour F. Baroin, 35% pour X. Bertrand et 23% pour V. Pécresse. Entre 30% à 40% de l’électorat de F. Fillon voterait pour E. Macron, entre 15% à 20% pour M. Le Pen et environ 10% pour N. Dupont-Aignan qui dans les trois scénarios testés obtient 6-6,5% des voix.
Une candidature écologiste et une candidature socialiste qui peinent à émerger
Sans doute pénalisés par une notoriété moins forte, ni l’écologiste Y. Jadot (6,5-7%) ni le socialiste B. Cazeneuve (4,5-5,5%) n’émergent. Ces deux candidatures potentielles partagent le même cœur électoral : 25-30% de l’électorat de B. Hamon voterait pour Y. Jadot et environ 20% pour B. Cazeneuve.
Enfin, P. Poutou obtient 3-3,5% des suffrages exprimés, F. Asselineau 1,5-2% et N. Arthaud 0,5-1%.
A noter que 28 à 29% (selon les hypothèses) des personnes inscrites sur les listes électorales n’ont pas exprimé d’intention de vote.
A mi-mandat, 39% des Français estiment qu’Emmanuel Macron serait réélu en 2022.
39% des Français estiment que si Emmanuel Macron se représentait à l’élection présidentielle de 2022 (-1 point par rapport à avril 2018), il serait réélu (5% certainement, 34% probablement) et 59% qu’il ne serait pas réélu (40% probablement pas, 19% certainement pas).
Socialement, seules les personnes âgées de 65 ans et plus (55%) et les personnes en très bonne situation financière (51%) sont une majorité à estimer qu’E. Macron serait réélu en 2022.
Politiquement, ses électeurs (74%) et les électeurs de F. Fillon (56%) jugent majoritairement qu’il serait réélu alors que les électeurs de B. Hamon (34%), de J-L. Mélenchon (31%) et de M. Le Pen (23%) ne sont qu’une minorité à partager cette opinion.
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