Le droit à la déconnexion est entré en vigueur le 1er janvier 2017 en France. S’il paraît légitime et justifiable de légiférer pour que les salariés puissent distinguer leur sphère du travail de celle du privé, pour éviter un possible burnout, il est moins légitime de créer un système inégalitaire dans l’économie globale. Pour les employés d’Uber ou Deliveroo (entre autres) ce droit à la déconnexion ne veut pas dire grand-chose. Ils ont certes la liberté de gérer leur temps de travail en toute autonomie, néanmoins la réalité fait que pour qu’ils touchent un salaire décent, ils doivent accumuler beaucoup d’heures de travail et être sur le starter en continu. Le droit à la déconnexion ne ferait que privilégier des salariés déjà protégés alors que les travailleurs des industries ubérisées sont de plus en plus nombreux. Au-delà de l’horizon du code du travail, dans notre vie privée, la déconnexion devient une problématique commerciale. Dans un futur où chaque clic équivaudra à de la création de valeur quantifiable, la contractualisation de nos données personnelles pourra donner lieu à une monétisation entre les entreprises et les particuliers. Si bien que se déconnecter, et donc interrompre le flux de données, équivaudra à un manque à gagner.
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