1 Français sur 2 sur-estime la part de la population immigrée en France, près d’un tiers disent l’ignorer
Alors que l’Insee indique que le taux de la population immigrée est de 10,3% en 2021 (selon la définition de cet organisme, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France, qu’elle ait acquis ou pas la nationalité française par la suite), 50% sur-estiment ce taux. 39% le sur-estiment même largement, indiquant qu’il serait supérieur à 20% (25% indiquent un taux entre 20% et 40%, et 14% l’estiment à plus de 40%). Ce phénomène de sur-estimation est diffus dans la population et dans tous les segments politiques (au moins 39%), mais est plus fort chez les électeurs de Marine Le Pen (55%) et d’Éric Zemmour (77%).
29% disent ne pas connaître le taux de la population immigrée ; 11% le sous-estiment (23% dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon) ; seuls 10% l’estiment correctement.
Cette sur-estimation dans l’opinion publique n’est pas nouvelle, elle avait déjà été mesurée à ce niveau-là en octobre 2019, en amont d’un débat sur l’immigration à l’Assemblée Nationale.
Plus d’un Français sur deux estiment qu’il y a aujourd’hui trop d’immigrés en France
56% des Français jugent qu’il y a trop d’immigrés en France, contre 40% qui répondent « juste ce qu’il faut », et 4% qu’il n’y en a pas assez. Cette opinion selon laquelle il y aurait trop d’immigrés en France est fortement corrélée à l’appartenance politique, mais aussi à l’âge et au niveau de diplôme :
- Elle est beaucoup plus forte à droite et à l’extrême droite (85% des électeurs de Valérie Pécresse, 90% de ceux de Marine Le Pen, 98% de ceux d’Éric Zemmour), que dans les électorats d’Emmanuel Macron (49%) et a fortiori de Jean-Luc Mélenchon (27%).
- « Seuls » 35% des 18-24 ans partagent cette opinion, alors qu’ils sont plus de 6 sur 10 parmi les plus de 50 ans.
- « Seuls » 41% des diplômés Bac+5 estiment qu’il y a trop d’immigrés en France, contre 55% pour les diplômés de 1er cycle universitaire et 55% pour ceux qui ont un niveau Bac, et 67% de ceux qui ont un diplôme inférieur au Bac.
Régularisation des travailleurs dans les métiers en tension : 57% y sont favorables
La proposition du gouvernement de faciliter l’obtention d’un titre de séjour pour les personnes employés dans les secteurs en manque de main-d’œuvre recueille l’approbation de 57% des Français ; 42% y sont opposés.
Elle est nettement soutenue parmi ceux qui estiment que le nombre actuel d’immigrés en France est le bon (82%), alors qu’elle est majoritairement rejetée (mais pas unanimement) chez ceux qui pensent qu’il y en a trop (63% opposés / 37% favorables)
Alors que la mesure fait débat entre le gouvernement et notamment Les Républicains, le clivage se retrouve dans l’opinion publique : la proposition est largement soutenue dans l’électorat d’Emmanuel Macron (74%) et celui de Jean-Luc Mélenchon (75%), elle clive chez les sympathisants Les Républicains (46% favorables, 54% opposés). Elle est encore plus largement rejetée par l’électorat de Marine Le Pen (70% opposés) et celui d’Éric Zemmour (77%).
A noter que dans l’agglomération parisienne, la mesure est particulièrement soutenue (75%).
Les mesures proposées par LR sont largement soutenues par l’opinion publique, y compris celles relatives à la modification de la Constitution (référendum sur l’immigration et dérogation du droit européen et international)
L’ensemble des mesures testées recueillent l’avis favorable de plus de 2 Français sur 3 :
- Rétablir la « double peine », c’est-à-dire la possibilité de condamner puis expulser un étranger qui a commis un délit ou crime : 85% (dont 56% « très favorable »)
- Rétablir le délit de séjour irrégulier des étrangers concernés par une OQTF : 81%
- Inciter les Etats qui refusent de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière à le faire, en menaçant de réduire les aides au développement et la délivrance de visas : 79%
- Mettre en place des quotas migratoires, dont le nombre serait défini chaque année par le Parlement : 75%
- Supprimer le droit du sol pour la situation où les parents étrangers étaient en situation irrégulière au moment de la naissance de l’enfant, ou quand le postulant a un casier judiciaire au moment de la demande de nationalité : 74%
- Modifier la Constitution pour pouvoir organiser des référendums sur les questions migratoires : 72%
- Inscrire dans la Constitution la possibilité de déroger au droit européen et aux traités internationaux quand « les intérêts fondamentaux de la nation sont en jeu », notamment sur les questions migratoires : 70%
- Réduire le dispositif de l’Aide Médicale d’Etat : 68%
Alors que le débat s’est engagé entre le gouvernement et notamment le parti Les Républicains, les propositions de LR font consensus entre ces deux partis (et même au-delà) : plus de 75% des électeurs d’Emmanuel Macron sont favorables à ces propositions, hormis sur l’AME et les modifications constitutionnelles où la majorité est légèrement moins forte (60% à 70%). Plus de 80%, voire 90% des électeurs de droite, de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour approuvent ces propositions. Dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, l’accueil est nettement moins favorable, mais une courte majorité s’exprime cependant en faveur de ces mesures (hormis pour la réduction de l’AME).
L’accueil de ces propositions est beaucoup plus partagé auprès de ceux qui estiment qu’il n’y a pas trop d’immigrés en France, mais reste légèrement majoritaire.
Dans l’accueil de ces propositions, on retrouve le schéma observé sur l’opinion à l’égard du nombre d’immigrés : les moins de 35 ans et les plus diplômés ont un avis beaucoup plus partagés sur ces mesures.
Sur l’immigration, Marine Le Pen est celle qui recueille la plus large confiance dans l’opinion publique
41% affirment lui faire confiance sur les questions d’immigration, nettement devant LR (28%), Emmanuel Macron et le gouvernement d’Elisabeth Borne (26%) et Jean-Luc Mélenchon et la NUPES (23%).
Marine Le Pen atteint ce score en parvenant (sur ce sujet) à élargir son socle électoral : 86% de ses électeurs de 1er tour la soutiennent, mais c’est également le cas de 82% de ceux d’Éric Zemmour et 64% de ceux de Valérie Pécresse. Elle obtient même sur ce sujet la confiance d’une frange minoritaire des électeurs d’Emmanuel Macron (24%) et de Jean-Luc Mélenchon (17%).
Gérald Darmanin : 36% seulement jugent que c’est un bon ministre de l’Intérieur
A l’inverse, 63% estiment qu’il est un mauvais ministre de l’Intérieur. En comparé avec le niveau de confiance accordée à Emmanuel Macron sur les questions migratoires, il bénéficie d’une petite prime de confiance, notamment dans l’électorat de Valérie Pécresse (43% estiment qu’il est un bon ministre de l’Intérieur / 10% font confiance à Emmanuel Macron) et dans une certaine mesure de Marine Le Pen (20% estiment qu’il est un bon ministre de l’Intérieur / 9% font confiance à Emmanuel Macron).
Il est soutenu par 69% des électeurs d’Emmanuel Macron, alors que 75% de ceux de Jean-Luc Mélenchon sont critiques à son égard.
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Crédits image : Passeport Visas Frontière – Pixabay