L’image de François Bayrou se dégrade
Alors que l’image de François Bayrou s’était détériorée entre sa nomination et notre enquête à l’occasion des 100 jours, elle se dégrade à nouveau sur la plupart des traits d’image testés : il vous inquiète (60%, +7 depuis le 26 mars), arrogant (45%, +5), sympathique (36%, -2), courageux (34%, -1), autoritaire (34%, +4), à l’écoute (31%, =), compétent (30%, -2), a de bonnes idées pour la France (26%, -3), sincère (24%, -5), comprend les gens comme vous (23%, -1), capable de rassembler les Français (22%, -2), rassurant (21%, -4), dynamique (20%, -2) et capable de réformer le pays (20%, =). Une dégradation principalement observée chez les électeurs d’Ensemble (il vous inquiète 45%, +13 / sincère 45%, -10).
A contrario, sa capacité à faire des compromis avec les différentes formations politiques progresse (45%, +4). Une qualité que lui reconnaissent de plus en plus d’électeurs d’Ensemble (76%, +9), de droite (71%, +22) et du NFP (47%, +14) mais pas du RN (38%, +1).
Une majorité de Français juge désormais que son action est décevante
57% (+7 depuis le 26 mars) des Français jugent que l’action du Premier ministre est décevante, 33% (-4) qu’il est encore trop tôt pour se prononcer, et seulement 10% (-2) qu’elle est satisfaisante.
En 2 mois, la déception progresse fortement dans l’électorat d’Ensemble (39%, +16 / contre 47% il est trop tôt / et 14%, -12 satisfait) mais a contrario recule à droite (37%, -4) et reste très élevée chez les électeurs du NFP (70%, +1) et du RN (69%, +9).
Les Français ne lui font pas confiance pour mener à bien les principaux chantiers
82% des Français ne font pas confiance à François Bayrou pour améliorer le pouvoir d’achat des Français, 78% pour contribuer à ce que le travail paie davantage et soit mieux récompensé, 77% améliorer le système de santé et l’accès aux soins, 77% améliorer les finances publiques et réduire la dette, 75% pour réduire les colères dans le pays, 75% améliorer la situation des entreprises, 74% la sécurité des Français et 71% assurer la stabilité du gouvernement.
La défiance est très forte dans les électorats d’opposition (72% à 87% chez les électeurs du NFP, 79% à 90% RN) mais elle est également majoritaire chez les électeurs d’Ensemble (57%-70%) et de droite (55%-70%) hormis sur la stabilité où ils sont très partagés (50%-50%).
6 Français sur 10, en légère hausse, souhaitent qu’il privilégie l’apaisement quitte à reporter des réformes qui peuvent cliver la société
60% (+2 depuis le 26 mars) attendent avant tout de François Bayrou qu’il rassemble les Français et apaise la société, même si cela signifie reporter à plus tard certaines mesures ou réformes qui ne font pas consensus. A l’inverse, 38% (-2) lui demandent de réformer le pays en profondeur même si cela divise les Français et provoque des mouvements sociaux importants. Une volonté d’apaisement très présent chez les électeurs du NFP malgré un recul (74%, -6) mais cette question divise désormais les autres électorats : électeurs d’Ensemble (51% privilégier l’apaisement, -7), de droite (53%, +10) et du RN (50%, +6).
Pour autant, 52% des Français souhaitent que le gouvernement ne soit pas censuré
52% ne souhaitent pas que le gouvernement de François Bayrou soit censuré, dont 38% pas vraiment et 14% pas du tout. A l’inverse, 47% des Français le souhaitent, dont 25% plutôt et 22% tout à fait. La proportion de Français favorable à la censure progresse de 3 points depuis notre mesure des 100 jours (26 mars) mais, à plus court terme, elle recule de 5 points en 1 mois (de 52% le 23 avril à 47% aujourd’hui). La censure clive politiquement : les électeurs d’Ensemble (79%) et droite (75%) y sont opposés, ceux du NFP (63%) et du RN (60%) favorables.
Seul 1 Français sur 4 se dit prêt à faire personnellement des efforts pour améliorer la situation des dépenses publiques
François Bayrou proposera « un plan de retour à l’équilibre des finances publiques » au début du mois de juillet. Ce plan, sur trois à quatre ans, demandera « un effort à tous les Français pour que la France sorte de cette situation ».
23% des Français déclarent être personnellement prêts à faire des efforts (hausse d’impôts taxes, moindre remboursement des frais de santé, travailler plus, etc.) pour améliorer la situation des dépenses publiques, dont 18% plutôt et 5% tout à fait. A l’inverse, 76% ne sont pas prêts, dont 35% pas vraiment et 41% pas du tout.
Le refus ou l’incapacité de faire des efforts est majoritaire dans tous les électorats et catégories de la population. Les catégories les plus enclines à contribuer personnellement pour améliorer les dépenses publiques sont les électeurs d’Ensemble (44%), de droite (38%), les cadres (33%) et les Français qui bouclent leurs fins de mois facilement et en épargnant (31%).
Améliorer les finances publiques : pour l’opinion, l’effort doit porter sur les plus aisés uniquement
Pour améliorer la situation des finances publiques, 82% des Français sont opposés à ce que l’effort et la contribution soient portés par l’ensemble des retraités sans distinction de revenus, 70% par l’ensemble des Français et 67% l’ensemble des actifs. Des pistes largement rejetées au sein de toutes les catégories de la population et en particulier par les Français qui ont des difficultés à boucler leurs fins de mois.
A contrario, les Français sont favorables pour que l’on mette à contribution les entreprises qui font le plus de profits (81%), les Français les plus aisés (77%), les actifs les plus aisés (76%) et dans une moindre mesure les retraités les plus aisés (59%). Des solutions qui rencontrent un assentiment majoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats, et particulièrement chez les électeurs du NFP (+10 à +14 vs l’ensemble des Français).
Le fait de faire contribuer l’ensemble des entreprises sans distinction clive davantage : 50% des Français y sont opposés, 49% favorables. Une courte majorité d’électeurs d’Ensemble (61%) et du NFP (54%) y sont favorables, les électeurs de droite sont partagés (51% favorables, 49 opposés), les électeurs du RN y sont plutôt opposés (57%).
TVA sociale : 66% des Français y sont opposés
La TVA sociale est une mesure fiscale qui consiste à financer une partie de la protection sociale en faisant moins payer les entreprises (en réduisant leurs charges) ou moins contribuer les salariés (en baissant les cotisations sociales) tout en augmentant la TVA que tout le monde paie en achetant des produits.
66% des Français sont opposés à l’instauration d’une TVA sociale, dont 35% plutôt opposés et 31% très opposés. A l’inverse, 33% y sont favorables, dont 28% plutôt favorables et 5% très favorables. D’un point de vue politique, la TVA sociale est rejetée par les électeurs du NFP (71% opposés) et du RN (63%) tandis que les électeurs de droite (56% opposés, 44% favorables) et d’Ensemble sont plus partagés (53%, 46%). D’un point de vue socio-professionnel, les retraités (73%), les employés/ouvriers (63%) et les professions intermédiaires (62%) sont opposés à cette mesure, les cadres sont quant à eux plus partagés (52% opposés, 48% favorables).
2 Français sur 3 souhaitent l’organisation d’un référendum pour décider des choix budgétaires à venir
Dans le détail 68% le souhaitent, dont 39% plutôt et 29% tout à fait. A l’inverse, 31% ne le souhaitent pas, dont 22% pas vraiment et 9% pas du tout.
L’organisation d’un référendum sur ces questions divise les électeurs d’Ensemble (51% opposés, 49% favorables) mais est plutôt soutenu par les autres électorats : électeurs du RN (81%), du NFP (67%) et de droite (56%).
7 Français sur 10 favorables au mode de scrutin proportionnel pour élire les députés
Pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale, 69% des Français sont favorables à l’instauration du mode de scrutin proportionnel au niveau national (il n’y a qu’un seul tour, et les partis politiques sont représentés à l’Assemblée nationale en fonction du % obtenu au 1er tour, de manière proportionnelle), dont 51% plutôt favorables et 18% très favorables. A l’inverse, 29% y sont opposés, dont 21% plutôt opposés et 8% très opposés.
Un mode de scrutin approuvé de manière majoritaire dans tous les pans de la société et électorats : électeurs du RN (81%), de droite (73%), du NFP (67%) et d’Ensemble (62%).
Mobilisation des taxis : 52% des Français approuvent, 26% désapprouvent, 22% sont indifférents
Des chauffeurs de taxi protestent actuellement contre une nouvelle convention de l’Assurance maladie qui prévoit une tarification unifiée pour le transport de patients et contre la concurrence jugée déloyale des plateformes de VTC (comme Uber). François Bayrou a confirmé que la réforme sera bien appliquée en octobre, il a toutefois indiqué souhaiter adopter une nouvelle méthode en associant les taxis aux discussions sur les économies à trouver. 52% approuvent cette mobilisation des taxis, dont 36% qui en ont de la sympathie et 16% qui la soutiennent. A l’inverse, 26% désapprouvent, dont 15% qui y sont opposés et 11% hostiles. 22% des Français déclarent être indifférents.
Par rapport à d’autres mobilisations mesurées ces dernières années, il s’agit d’un niveau d’approbation plutôt élevé par rapport à d’autres mobilisations catégorielles (fonctionnaires 42%-48%, salariés de groupes pétroliers 40%, salariés SNCF 27%-36%) mais inférieure aux mobilisations d’acteurs qui bénéficient d’une excellente image dans l’opinion publique (pompiers 91%, personnels des urgences 88%, agriculteurs 82%-87%, policiers 78%).
On observe relativement peu d’écarts d’un point de vue politique (entre 47% et 55% d’approbation au sein des principaux électorats). L’approbation est particulièrement élevée (59%) parmi les Français qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois.
« Je n’ai pas envie de faire de l’islam un sujet de fixation de la société française. Je sais que c’est la mode, je sais que ça a probablement du succès dans un certain nombre de cercles. Mais nous devons vivre ensemble » : ces propos de François Bayrou divisent l’opinion et clivent politiquement
Concernant la publication d’un rapport sur l’influence des Frères musulmans dans la société française, le Premier ministre François Bayrou a déclaré « je n’ai pas envie de faire de l’islam un sujet de fixation de la société française. Je sais que c’est la mode, je sais que ça a probablement du succès dans un certain nombre de cercles. Mais nous devons vivre ensemble ». 52% des Français déclarent ne pas être d’accord avec ces propos prononcés par François Bayrou lors de son interview télévisée sur BFMTV/RMC, dont 29% pas vraiment et 23% pas du tout. A l’inverse, 47% sont d’accord, dont 33% plutôt d’accord et 14% tout à fait d’accord.
Derrière une opinion en apparence très divisée l’on observe un clivage très fort d’un point de vue politique : Les électeurs du RN (83%) et dans une moindre mesure de droite (55%) ne sont pas d’accord avec ces propos, a contrario les électeurs du NFP (74%) et d’Ensemble (66%) sont d’accord.
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