Les Français et la sécurité

Présidentielle 2022 : la sécurité, thème prioritaire dans le choix des électeurs (36%)

Interrogés sur les thèmes qui compteront le plus dans leur choix à l’élection présidentielle de 2022, les Français répondent en priorité la sécurité (36%, +1, dont 16% en premier). Viennent ensuite, autour de 30% de citation, le pouvoir d’achat (33%, stable, dont 13% en 1er) et la santé (30%, -7, dont 10% en 1er). Puis, autour d’un quart de citation, l’emploi (25%, -6, dont 9% en premier), l’environnement, l’écologie (24%, -4, dont 10% en 1er) et l’immigration (24%, +2 dont 9% en premier). La menace terroriste préoccupe par ailleurs de plus en plus les Français (21%, +8, dont 6% en 1er).

Politiquement, la sécurité sera un thème particulièrement important pour les électeurs se situant à droite du spectre politique. D’abord pour les électeurs de François Fillon (55%, dont 28% en 1er), puis pour ceux de Marine Le Pen (46%) ; ces deux électorats citent également l’immigration, première préoccupation pour les électeurs de Marine Le Pen (40% Fillon et 50% Marine Le Pen) et la menace terroriste (33% et 34%). 35% des électeurs de Marine Le Pen citent également la santé. Les électeurs d’Emmanuel Macron citent également la sécurité en premier (43%), ils mentionnent ensuite la santé (35%) et le pouvoir d’achat (29%). Les électeurs de Benoît Hamon sont d’abord préoccupés par l’environnement (48%), puis par l’emploi (36%) et le pouvoir d’achat (35%). Le trio de tête reste le même mais la hiérarchie s’inverse pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon : le pouvoir d’achat (43%), l’environnement (38%), l’emploi (32%).

En termes d’âges, la sécurité est le premier thème cité par les plus de 65 ans (45%), loin devant la santé (30%), l’immigration (30%), la menace terroriste (27%) et les retraites (26%). La génération précédente cite d’abord la sécurité (41% pour les 35-49 ans et 34% pour les 50-64 ans) et le pouvoir d’achat (40% pour les 35-49 ans et 36% pour les 50-64 ans) ; les 35-49 ans citent ensuite l’emploi (33%), tandis que les 50-64 ans mentionnent plus fortement les retraites (33%). Les 25-34 ans sont la classe d’âge la plus nombreuse à citer la santé (39%) et mentionnent ensuite le pouvoir d’achat (35%) et l’environnement, l’écologie (33%). Les 18-24 ans se préoccupent d’abord de la santé (35%) et de l’environnement (34%), puis de l’emploi (27%) et de la sécurité (27%).

En termes professionnels, les cadres citent en priorité la sécurité (42%), puis l’emploi (29%), le pouvoir d’achat (29%) et la santé (28%). Les professions intermédiaires sont assez partagés entre sécurité (34%), pouvoir d’achat (31%), santé (30%), emploi (29%) et environnement (29%). Les mêmes thèmes reviennent auprès des catégories populaires, mais ces derniers citent d’abord le pouvoir d’achat (41%), puis la sécurité (35%) et ensuite la santé (29%) et l’emploi (29%).

Géographiquement, la sécurité est fortement citée dans l’agglomération parisienne (43%) alors qu’en région, les Français sont plus partagés entre sécurité (35%) et pouvoir d’achat (35%).

Recul de l’autorité et laxisme de la justice : un constat partagé par les Français

  • Le recul de l’autorité est un problème majeur dans la société française : 85% des Français sont d’accord, dont 43% tout à fait d’accord. Cette opinion est très fortement ressentie au sein des plus de 25 ans (>84%) et plus particulièrement auprès des plus de 65 ans (91%, dont 52% tout à fait). Politiquement cet avis est finalement plutôt homogène : plus fortement ressenti néanmoins auprès des électeurs de François Fillon (93%) et moins fortement auprès des électeurs de Benoît Hamon (73%).
  • La justice est trop laxiste : un constat partagé par 8 Français sur 10, dont 46% sont tout à fait d’accord. Bien que majoritaire dans toutes les catégories socio-professionnelles, cette critique à l’égard de la justice est moins fortement partagée par les moins de 25 ans (70%), mais davantage par les catégories populaires (87%). Ce laxisme est fortement dénoncé par les électeurs de Marine Le Pen (92%, dont 66% tout à fait), et majoritairement mais moins fortement par les électeurs de Benoît Hamon (69%) et de Jean-Luc Mélenchon (71%).
  • En revanche, les français ne considèrent pas cette violence comme inéluctable : 70% d’entre eux ne sont pas d’accord avec l’affirmation « que soit les moyens que l’on donne à la police et à la justice, on ne peut rien faire contre la hausse de la violence », dont 30% pas du tout d’accord. Les populations les moins nombreuses à partager ce constat sont les 25-34 ans (39% inéluctable) et les catégories populaires (38%).
  • Les Français sont partagés quant à l’idée de dire que la violence se répand dans toute la société : 49% des répondant pensent que c’est faux, la violence est le fait de quelques uns (dont 11% tout à fait), tandis que 50% constatent qu’elle se répand dans toute la société. Les 18-24 ans et les plus de 65 ans considèrent la violence comme le fait de quelques uns (60% et 57%), tandis que les 35-64 ans sont majoritaires à penser qu’il s’agît d’un phénomène plus global (59% et 54% selon la catégorie). Professionnellement, les cadres sont plus nombreux à considérer qu’il s’agît d’un phénomène qui se répand dans la société (62%). Politiquement, les électeurs de Benoît Hamon et d’Emmanuel Macron penchent pour un phénomène restreint (61% et 59%), tandis que les électeurs de Marine Le Pen considèrent la hausse de la violence comme un phénomène qui se répand dans la société (61%). Les autres électorats sont partagés.
  • Malgré ces constats, 62% pensent également que les politiques et les médias parlent trop d’insécurité en ce moment, dont 22% tout à fait d’accord. Un constat finalement plutôt homogène et majoritaire dans la population. Politiquement, seuls les électeurs de François Fillon sont partagés (51% pas d’accord, 49% d’accord). Ce sont les électeurs de Benoît Hamon (76%) et de Jean-Luc Mélenchon (74%) qui sont le plus nombreux à partager ce constat.

Sécurité : deux tiers des Français ne font pas confiance en l’exécutif

Sur les questions de sécurité, 33% des Français font tout à fait (5%) ou plutôt (28%) confiance à Emmanuel Macron et aux membres du gouvernement de Jean Castex. A l’inverse, 66% d’entre eux ne leur font pas vraiment (39%) ou pas du tout (27%) confiance.

Ce sont logiquement les électeurs d’Emmanuel Macron qui sont le plus nombreux à lui faire confiance (71%) ; elle est également majoritaire auprès de ses électeurs de second tour (53%). Mais elle minoritaire dans tous les autres électorats : de François Fillon (41%), de Benoît Hamon (30%), de Jean-Luc Mélenchon (22%), de Marine Le Pen (17%) et des abstentionnites (29%). A noter qu’elle est encore plus basse auprès des électeurs de Marine Le Pen de second tour (15%).

Cette confiance est minoritaire quelle que soit la classe d’âge, mais est supérieure auprès des 18-24 ans (44%) et des plus de 65 ans (42%). Professionnellement, elle est plutôt homogène (autour de 30-35%).

Mesures proposées par Jean Castex : les Français sont partagés sur leur efficacité

Jean Castex a reçu les syndicats de policiers et a évoqué les mesures suivantes pour lutter contre les agressions de policiers : 

  • L’allongement de la peine de sûreté à trente ans pour les personnes condamnées à la perpétuité en raison d’un crime commis contre un policier ou un gendarme.
  • La création de « délits spécifiques plus durement réprimés »
  • La « stricte limitation » des réductions des peines
  • L’ « aggravation » des sanctions pénales en cas de refus d’obtempérer
  • L’abrogation du rappel à la loi

Exposé à cette liste, 50% des Français estiment que ces mesures seront efficaces pour lutter contre les agressions de policiers (dont 6% très efficace), tandis qu’à l’inverse 49% doutent de leur efficacité (11% pas du tout efficace).

Les 18-24 ans (56%) et les plus de 65 ans (55%) sont majoritaires à croire en leur efficacité, à l’inverse des 25-64 ans (46-48%). Professionnellement, seules les professions intermédiaires doutent majoritairement de cette efficacité (53% pas efficaces).

On retrouve ici un clivage politique assez traditionnel : les électeurs d’Emmanuel Macron (70%) croient majoritairement en leur efficacité. Les électeurs de François Fillon (54%) et de Benoît Hamon (57%) penchent plutôt vers cette opinion. Les abstentionnistes sont partagés (51% efficaces et 47% pas efficaces) tandis que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (44% efficaces) et de Marine Le Pen (40% efficaces) sont majoritaires à ne pas y croire.

La confiance dans la police est en forte hausse et revient à son niveau de 2019, la confiance dans la justice est minoritaire

77% (+17 points) des Français ont confiance dans la police, dont 27% (+9 points) ont tout à fait confiance. Cette proportion est donc en forte hausse depuis le 2 décembre 2020 (60%), mesure effectuée après l’affaire Michel Zecler et les débats autour des violences policières.

Cette confiance est en forte hausse dans toutes les catégories socio-professionnelles et politiques. En termes d’âges, cette confiance est devenue majoritaire dans toutes les catégories : elle est très solide auprès des plus de 65 ans (87%, +15 points) ; elle se situe entre 70% et 79% pour les 25-64 ans (entre +14 point et +21 points) ; elle est de 64% (+17 points) auprès des 18-24 ans. Professionnellement, elle est haute et plutôt homogène. Elle progresse fortement notamment auprès des catégories populaires (76%, +22 points), et des professions intermédiaires (80%, +19) et était déjà très solide auprès des cadres (77%, +10).

Politiquement, la confiance à l’égard de la police apparaît clivante, bien que majoritaire dans tous les électorats. Elle atteint des sommets auprès des électeurs d’Emmanuel Macron (96%, +20) et de François Fillon (89%, +10). Elle est également haute auprès des électeurs de Marine Le Pen (79%, +15), de Benoît Hamon (74%, +34) et des abstentionnistes (75%, +17). Elle est plus fragile bien qu’en forte hausse auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (58%, +22).

Bien qu’en hausse, la confiance dans la justice reste minoritaire (45%, +4 points).

Cette mesure est finalement assez homogène en termes socio-professionnels. Les 50-64 sont en un peu moins nombreux à avoir confiance dans cette institution (40%, +2). A noter également qu’elle est en baisse auprès des cadres (47%, -10), catégorie qui lui faisait majoritairement confiance en décembre 2020 (57%).

Politiquement la mesure est moins homogène : les électeurs d’Emmanuel Macron (62%, +1), de Benoît Hamon (59%, +4), voire de Jean-Luc Mélenchon (49%, +7) font majoritairement confiance dans la justice de leur pays, à l’inverse des abstentionnistes (42%, +3), des électeurs de François Fillon (39%, =) et de Marine Le Pen (33%, +6).

La confiance dans l’armée est très forte mais évolue peu (85%, +2).

Elle évolue fortement et positivement auprès des moins de 25 ans (81%, +12) et des employés (85%, +8), mais négativement auprès des plus de 65 ans (88%, -5) et des cadres (84%, -3). Elle est comprise entre 81% et 88% quelle que soit la classe d’âge ou la catégorie professionnelle. Politiquement, elle est hégémonique auprès des électeurs de François Fillon (96%, -2), d’Emmanuel Macron (92%, +2) et de Marine Le Pen (91%, +1), mais est également très forte auprès des abstentionnistes (82%, =), des électeurs de Benoît Hamon (73%, -4) et de Jean-Luc Mélenchon (73%, +3).

La confiance dans la gendarmerie est très forte et progresse (84%, +9).

Elle augmente avec l’âge (passant de 73% auprès des 18-24 ans à 93% auprès des plus de 65 ans), mais évolue plus fortement auprès des plus jeunes et des 50-64 ans (+14). Politiquement, la structure de l’opinion est proche de celle enregistrée pour l’armée.

La mobilisation des policiers prévue le 19 mai massivement approuvée

Interrogé sur leur attitude à l’égard de la marche citoyenne organisé le 19 mai à Paris, 51% répondants soutiennent cette mobilisation et 35% éprouvent de la sympathie. Seule une infime minorité (4%) y est opposée (3%) ou hostile (1%). 10% y sont indifférents.

Cette attitude positive est très largement majoritaire quelle que soit la population étudiée. Elle évolue en fonction de l’âge des répondants passant de 77% auprès des moins de 25 ans à 92% auprès des plus de 65 ans. Dans le détail, les plus de 35 ans expriment d’abord un soutien (entre 55% et 62%), tandis que les moins de 35 ans éprouvent majoritairement de la sympathie (42%-43%).

Politiquement, cette attitude ouverte à l’égard de de cette mobilisation est partagée par plus de 8 Français sur 10 quel que soit l’électorat : les électeurs de François Fillon (70% soutien vs 25% sympathie), de Marine Le Pen (62% soutien vs 27% sympathie), voire d’Emmanuel Macron (53% soutien vs 40% sympathie) et les abstentionnistes (45% soutien vs 37% sympathie) la soutiennent en priorité, à l’inverse des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (37% soutien vs 43% sympathie) et de Benoit Hamon (42% soutien vs 46% sympathie) qui éprouvent d’abord de la sympathie.

Ce soutien est l’un des plus élevés enregistrés à l’égard d’une mobilisation sociale ou professionnelle depuis septembre 2017 ; il est supérieur au niveau enregistré lors de la dernière mobilisation des policiers en novembre 2019 (78%).

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