Les Français et la police

Confiance en forte baisse pour la police et la justice

60% (-9) des Français ont confiance dans la police, dont 18% (-5) tout à fait confiance. Une confiance en baisse de 9 points en 6 mois et de 16 points par rapport à avril 2019. La baisse de cette confiance se fait principalement sur les 18-24 ans où elle devient minoritaire (47%, -18), les catégories populaires (54%, -12), les habitants des petites agglomérations (59%, -22) et, politiquement, elle s’effondre auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (36%, -19 en six mois, -31 depuis avril 2019), et de Benoît Hamon (40%, -11 en six mois, -35 depuis avril 2019). Malgré de légères baisses, la confiance dans la police reste solide auprès des 65 ans et plus (72%, -4), cadres (67%, -6), électeurs de François Fillon (79%, -7), d’Emmanuel Macron (76%, -4) et de Marine Le Pen (64%, -6).

41% (-10) des Français ont confiance dans la justice, dont 7% (-1) tout à fait confiance. A l’inverse, 58% (+9) n’ont pas confiance, dont 18% (+5) pas confiance du tout. A l’exception des cadres (57% confiance, -4), des électeurs d’Emmanuel Macron (61%, -6) et de Benoît Hamon (55%, -8), la confiance est minoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats. Elle est particulièrement faible auprès des 18-24 ans (38%, -21), catégories populaires (37%, -11) et des électeurs de Marine Le Pen (27%, -11).

83% des Français ont confiance dans l’armée, dont 34% tout à fait confiance. Un niveau de confiance quasi-stable (-2 points par rapport à l’enquête ELABE/BFMTV du 10 juin 2020), et largement majoritaire au sein de toutes les catégories de population. Seuls les 18-24 ans se distinguent par une confiance en baisse (69%, -17).

76% des Français (-6) ont confiance dans la gendarmerie, dont 28% (-1) tout à fait confiance. Une confiance très forte et stable auprès des 65 ans et plus (89%, +1), des cadres (85%, -1), et, politiquement, auprès des électeurs d’Emmanuel Macron (90%, +3), de François Fillon (91%, -3). Elle reste majoritaire mais enregistre des baisses importantes auprès des 18-24 ans (59%, -17), catégories populaires (67%, -9), et auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (62%, -13) et de Benoît Hamon (68%, -8). A la faveur d’une baisse importante, la confiance envers la gendarmerie reste largement majoritaire mais devient plus faible dans les petites agglomérations (2 à 20 000 hab., 72%, -14) qu’au sein des autres catégories d’agglomération (75%-80%, avec des baisses entre -4 et -7).

Les violences policières sont marginales et le fait d’une minorité de policiers pour 2 Français sur 3

Pour 64% des Français, les violences policières sont marginales et le fait d’une minorité de policiers qui agissent seuls. A l’inverse, elles ne sont pas marginales et sont représentatives d’un phénomène plus général au sein de la police pour 35%.

L’ampleur du phénomène des violences policières génère un clivage politique :

  • Il s’agit d’un phénomène marginal pour une large partie des électeurs de François Fillon (81%) et une majorité de ceux d’Emmanuel Macron (73%) et de Marine Le Pen (66%)
  • C’est un phénomène plus général au sein de la police pour la majorité des électeurs de Benoît Hamon (55% phénomène général, 44% phénomène marginal) et de Jean-Luc Mélenchon (57% phénomène général, 41% phénomène marginal)

La perception d’un phénomène marginal qui est le fait d’une minorité de policiers qui agissent seuls est majoritaire au sein de toutes les catégories de population, et est particulièrement présente chez les 65 ans et plus (75%). Seuls, les habitants de l’agglomération parisienne se montrent plus partagés (54% marginal, 46% général).

Article 24 de la loi « sécurité globale » : 1 Français sur 2 opposé, 1 sur 3 favorable

49% des Français se disent opposés aux principes de l’article 24 de la loi « sécurité globale »*, dont 29% très opposés et 20% assez opposés. A l’inverse, 35% y sont favorables, dont 23% assez favorables et 12% très favorables. 16% des Français n’ont pas d’avis sur le sujet.

Au centre de polémiques et de contestations depuis plusieurs jours, l’article 24 du projet de loi « sécurité globale » rencontre un assentiment fragile ou une opposition franche selon les électorats :

  • Une courte majorité des électeurs de François Fillon (52% favorables, 39% opposés) ET d’Emmanuel Macron (50% favorables, 38% opposés) sont favorables à cet article
  • Les électeurs de Marine le Pen sont partagés : 40% favorables et 40% opposés
  • Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (18%, 74%), de Benoît Hamon (21% favorables, 69% opposés), et les abstentionnistes (29%, 52%) sont majoritairement « contre »

En termes d’âge, les 65 ans et plus sont partagés sur les principes de cet article (42% favorables, 43% opposés), les autres tranches d’âges sont majoritairement opposés (47%-54%). A noter que l’opposition est majoritaire au sein de toutes les catégories socio-professionnelles.

Pour les Français, la police est victime de violences et d’insultes, elle fait globalement bien son travail, mais manque d’exemplarité

Les Français ont globalement un regard positif sur la police, pour une large partie d’entre eux, elle :

  • Est régulièrement la cible de violences et insultes (87% d’accord, dont 44% tout à fait d’accord)
  • Protège la population (73% d’accord, dont 22% tout à fait d’accord)
  • Fait respecter la loi (68% d’accord, dont 14% tout à fait d’accord)

Des éléments reconnus par la majorité des Français au sein de toutes les catégories de population, et en particulier par les 65 ans et plus, les cadres, et par les électeurs de François Fillon d’Emmanuel Macron.

Une majorité de Français se refuse à dire que le police est raciste (34% d’accord, contre 65% pas d’accord, dont 18% pas du tout d’accord). Toutefois, les cadres (55% pas d’accord), les habitants de l’agglomération parisienne (56% pas d’accord), et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (47% pas d’accord, 51% d’accord) sont plus partagés, ceux de Benoît Hamon considèrent en majorité que la police est raciste (58% d’accord, 42% pas d’accord)

La majorité des Français estime qu’elle fait bien son travail (64% d’accord, dont 12% tout à fait d’accord). Une qualité moins perçue par les 18-24 ans (45% d’accord) et beaucoup plus par les 65 ans et plus (79%), politiquement, moins par les électeurs de Benoît Hamon (44%) et de Jean-Luc Mélenchon (50%), que par ceux de François Fillon (84%) et d’Emmanuel Macron (78%).

En revanche les Français sont plus partagés sur l’usage excessif de la violence lors des manifestations (52% d’accord, 48% pas d’accord). Un attribut à l’origine d’un clivage politique, les électeurs d’Emmanuel Macron, de François Fillon et de Marine Le Pen sont majoritairement en désaccord (respectivement 73%-57%-56% pas d’accord), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon sont majoritairement d’accord (81%-74% d’accord). En termes d’âge, les 65 ans et plus sont plutôt en désaccord (63% pas d’accord), les 50-64 ans partagés (51% d’accord, 48% pas d’accord), les moins de 50 ans plutôt d’accord (58%-63% d’accord).

Enfin, la majorité des Français considère que la police n’est pas exemplaire (58% pas exemplaire, 42% exemplaire). Une critique émise par une majorité de Français au sein de toutes les catégories de population, à l’exception des 65 ans et plus (55% exemplaire, 45% pas exemplaire) et électeurs de François Fillon (66% exemplaire, 34% pas exemplaire).

Français sur 3 fait confiance à Gérald Darmanin pour répondre efficacement aux problèmes de sécurité

33% des Français font confiance au ministre de l’intérieur Gérald Darmanin pour répondre efficacement aux problèmes de sécurité des biens et des personnes qui se posent actuellement dans le pays, dont 6% qui lui font tout à fait confiance et 27% plutôt confiance. A l’inverse, 66% des Français ne lui font pas confiance, dont 40% pas vraiment confiance et 26% pas du tout confiance.

La confiance envers le ministre de l’intérieur est clivée politiquement :

  • La majorité des électeurs du 1er tour de François Fillon (57%) et d’Emmanuel Macron (56%) lui font confiance
  • Elle est en revanche largement minoritaire auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (13%), de Benoît Hamon (15%) et de Marine Le Pen (27%)

Au-delà de ces clivages politiques, la confiance en Gérald Darmanin est minoritaire au sein de toutes les catégories de population, avec quelques différences d’intensité, notamment d’un point de vue générationnel : elle est plus élevée auprès des 65 ans et plus (44%), et nettement moins élevée chez les 25-34 ans (25%), et les 35-49 ans (28%).

D’un point de vue socio-économique, la confiance est plus faible chez les catégories populaires (23%), que chez les professions intermédiaires (30%) et les cadres (34%).

Gérald Darmanin : une image plutôt négative

L’actuel ministre de l’intérieur Gérald Darmanin est perçu par près d’1 Français sur 2 comme une personnalité arrogante (54%), autoritaire (51%), mais aussi dynamique (48%).

Une minorité de Français (44%) le voit comme une personne courageuse, et près d’1 Français sur 3 comme quelqu’un d’honnête (35%) et de sympathique (34%).

Il est perçu comme proche des Français par près d’1 sur 4 (comprend les gens comme vous, 27%).

Moins d’1 sur 4 juge qu’il obtient des résultats (23%) et qu’il est en mesure de rassembler les Français (21%).

De manière générale, l’image du ministre de l’intérieur est meilleure auprès des 65 ans et plus, des cadres et des électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon : une nette majorité d’entre eux le voit comme une personnalité dynamique et courageuse, ils sont en revanche plus partagés son honnêteté, et sceptiques sa capacité à obtenir des résultats et à rassembler les Français.

En revanche, son image est particulièrement négative auprès des catégories populaires et des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon, en particulier sur les traits d’image d’honnêteté, obtient des résultats, capacité à rassembler et comprend les gens comme vous.

Mobilisations contre les violences policières : des Français divisés

Concernant les mobilisations dénonçant les violences policières qui ont eu lieu en France, 41% des Français les approuvent, dont 17% les soutiennent et 24% en ont de la sympathie. A l’inverse, 40% les désapprouvent, dont 22% qui y sont opposés et 18% hostiles. 18% des Français déclarent y être indifférents.

D’un point de vue politique, trois blocs émergent :

  • Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Benoit Hamon approuvent majoritairement ces mobilisations (71% et 60% total soutien/sympathie)
  • Les électeurs d’Emmanuel Macron (34% total soutien/sympathie, 47% total opposition/hostilité) et de Marine Le Pen (37% total soutien/sympathie, 47% total opposition/hostilité) sont une majorité relative à les désapprouver
  • Les électeurs de François Fillon désapprouvent majoritairement ces mobilisations (71% total opposition/hostilité)

Ces mobilisations sont également à l’origine de différences générationnelles : les 65 ans et plus les désapprouvent en majorité (62% total opposition/hostilité), les 50-64 ans dans une majorité relative (43% total opposition/hostilité, 37% total soutien/sympathie). Les moins de 50 ans les approuvent en majorité (45-55% total soutien/sympathie, 25%-31% total opposition/hostilité).

D’un point de vue géographique, ces mobilisations obtiennent le soutien ou la sympathie de plus d’1 habitant sur 2 de l’agglomération parisienne (52% total soutien/sympathie), contre 36% à 41% au sein des autres catégories d’agglomération.

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