Une majorité de Français estime dépenser trop pour se loger

Pour les Français, le principal problème du logement est son coût trop élevé (loyer, achat, taux d’intérêt)

Aux yeux des Français, les problèmes du logement aujourd’hui en France sont avant tout les loyers trop élevés (45%) et le prix d’achat trop élevé (44%) devant les taux d’intérêt des emprunts trop élevés (34%). Derrière ce trio de tête, les Français évoquent le nombre trop important de logements utilisés pour les locations touristiques et de courte durée (24%), le manque de logement en général (21%), le fait qu’il y a trop de résidences secondaires (14%) et le trop grand nombre de normes écologiques (13%).

Le coût (loyer, achat, taux d’intérêt) est le principal problème du logement pour toutes les catégories socio-professionnelles et générations.

On observe toutefois une différence importante entre les locataires qui évoquent, nettement devant tous les autres motifs, des loyers trop élevés (60%) tandis que les propriétaires sont plus partagés entre le prix d’achat (44%) et les taux d’intérêt trop élevés (39%).

On peut également noter que le trop grand nombre de logements utilisés à des fins touristiques et de courte durée est particulièrement cité par les 65 ans et plus (32%) et les électeurs d’Emmanuel Macron (35%).

En moyenne, les Français déclarent consacrer 32% de leurs revenus à leur logement, un chiffre en hausse depuis 2016

Les Français déclarent consacrer en moyenne 32% (+4 points depuis le 1er juin 2016) de leurs revenus à leur logement. Dans le détail :

  • 22% (-3) consacrent moins de 20% de leurs revenus à leur logement
  • 40% (-4) entre 20% et 39%
  • Et, en très forte hausse depuis 2016, 37% (+10) d’entre eux déclarent y consacrer 40% ou plus de leurs revenus

La part des revenus qui est consacrée au logement varie sensiblement selon l’âge, le statut d’occupation et la catégorie socio-professionnelle :

  • Les moins de 35 ans déclarent consacrer 39% de leurs revenus à leur logement, une proportion qui diminue avec l’âge : 36% chez les 35-49 ans, 29% chez les 50-64 ans et 23% chez les 65 ans et plus
  • Les propriétaires qui n’ont pas terminé de rembourser leur crédit immobilier tout comme les locataires estiment consacrer en moyenne 38% de leurs revenus à leur logement tandis que les propriétaires qui ont fini de rembourser leur emprunt 21%
  • Les employés/ouvriers y consacrent, en moyenne, 37% de leurs revenus, les professions intermédiaires 34% et les cadres 28%

On ne note, au global, pas de variations géographiques : en moyenne 32% pour les communes rurales 32% pour les communes urbaines de province et 30% en agglomération parisienne.

Une majorité de Français considère désormais la part de leur budget logement trop lourde

Le sentiment que la part des revenus allouée au logement est trop lourde progresse fortement depuis juin 2016 est devient majoritaire (53%, +15).

A contrario, 46% (-16) considèrent que cette part est acceptable.

On observe également un clivage selon l’âge, le statut d’occupation et la catégorie socio-professionnelle :

  • La majorité des moins de 50 ans jugent trop lourde la part de leurs revenus qu’ils consacrent au logement (63%), tandis que les 50-64 ans sont partagés (51% acceptable, 48% trop lourde) et les 65 ans et plus considèrent en majorité qu’elle est acceptable (64%)
  • Une majorité des locataires la juge trop lourde (67%) et des propriétaires acceptable (55%). Une nuance importante est cependant à distinguer entre les propriétaires ayant déjà remboursé l’ensemble de leur crédits immobiliers (69% acceptable) et ceux qui les remboursent encore (60% trop lourde).
  • Enfin, la majorité des employés/ouvriers (62% trop lourde) et des professions intermédiaires (57%) estiment que leurs dépenses en matière de logement sont trop lourdes, un sentiment moins exprimé par les cadres (45%)

En toute logique, les dépenses en matière de logement sont jugées trop lourdes par les Français qui y consacrent plus de 40% de leurs revenus (83% trop lourdes) mais sont majoritairement perçues comme acceptables lorsqu’elles mobilisent entre 20 et 39% (53% acceptables, 46% trop lourdes) et surtout lorsqu’elles représentent moins de 20% des revenus (84% acceptables).

Les Français anticipent une dégradation de la situation du logement dans les années à venir

75% (+4 depuis le 31 janvier 2022) des Français pensent que la situation en matière de logement va se dégrader dans les années à venir concernant son coût (loyer, prix au m², conditions pour emprunter), 56% (+5) concernant le nombre de logements disponibles (35% pensent que la situation restera la même) et 50% (+6) pour la qualité des logements disponibles (34% restera la même).

Le sentiment que la situation va se dégrader dans les années à venir traverse l’ensemble des catégories de population. Les locataires se montrent encore plus pessimistes (76% coût, 62% nombre, 55% qualité) que les propriétaires (74%, 52%, 47%).

Le regard de l’Institut Montaigne :

Les résultats de cette enquête confirment un phénomène économique et social désormais bien ancré dans le paysage français : celui du problème de l’accessibilité au logement.

En effet, la France connaît une demande en logement croissante depuis ces vingt dernières années, qui se traduit par une augmentation notable du coût du logement. Entre 2005 et 2020, le prix au mètre carré des appartements neufs est ainsi passé de 2 757 € à 4 318 €, soit une augmentation de 57 % en quinze ans. Cette tendance est clairement ressentie par une part significative des Français puisque près de 45% d’entre eux estiment que les problèmes du logement reposent désormais sur des loyers ou des prix d’achat trop élevés.  

Cette dépense contrainte est également perçue comme beaucoup trop lourde par la majorité des Français – 53% d’entre eux – et tout particulièrement pour les moins de 50 ans. Cette situation est d’autant plus préoccupante et source de défis à venir que les dépenses publiques françaises liées au logement représentent 1,6% de notre PIB en 2020 – contre 0,7% au sein de l’Union européenne – pour une moindre efficacité.

Il semble ainsi plus prioritaire que jamais d’engager une réflexion ambitieuse et de long terme sur la politique du logement en France pour répondre aux besoins des classes moyennes et populaires comme le suggérait une note de l’Institut Montaigne publiée en février 2022.

Lisa Thomas-Darbois – Directrice adjointe des études France


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Crédits image : Immobilier – Pixabay / OleksandrPidvalnyi