L’action d’Emmanuel Macron est jugée décevante par 64% des Français, en forte hausse depuis octobre (+7)
5 ans et 9 mois après sa première élection et 9 mois après sa réélection, 64% (+7 depuis le 28 octobre 2022) des Français jugent l’action d’Emmanuel Macron en tant que président de la République décevante, 21% (-9) estiment qu’il est encore trop tôt pour se prononcer, et 15% (+2) la trouvent satisfaisante. Alors qu’elle était stable à 52% en fin de 1er mandat, la déception progresse de manière constante depuis sa réélection (+16 points depuis juillet 2022) et atteint le 2ème point le plus haut enregistré depuis 2017 (derrière novembre 2018 période des « Gilets Jaunes » à 69%).
D’un point de vue politique, la déception demeure largement majoritaire chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (84%, +7) et de Marine Le Pen (77%, -4). Si une majorité relative des électeurs d’Emmanuel Macron demeure satisfaite de l’action du Président (45%), la déception progresse (20%, +9).
D’un point de vue socio-professionnel, la déception augmente fortement chez les cadres/professions intermédiaires (64%, +11) et les retraités (62%, +10), elle rejoint le niveau des employés/ouvriers (65%, -1).
Le regard des Français sur Elisabeth Borne se dégrade fortement : 57% (+20 depuis septembre) estiment qu’elle est une mauvaise Première ministre
57% (+20 depuis le 28 septembre 2022) des Français estiment qu’Elisabeth Borne est une mauvaise Première ministre, dont 27% (+5) plutôt mauvaise et 30% (+15) très mauvaise. A l’inverse, 25% (-6) considèrent qu’elle est une bonne Première ministre, dont 23% (-6) plutôt bonne et 2% (=) très bonne. Près d’1 Français sur 5 (18%, -14) ne se prononce pas.
L’image de la Première Ministre se dégrade dans toutes les catégories de populations et électorats.
D’un point de vue politique, elle suscite un fort rejet des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (80%, +23) et de Marine Le Pen (71%, +19) et des abstentionnistes (61%, +21). Elle bénéficie d’une bonne image majoritaire mais en baisse chez les électeurs d’Emmanuel Macron (66%, -2 ; 18% mauvaise, +13).
L’opposition à la réforme des retraites s’intensifie dans l’opinion (72%, +6)
72% (+6 points en 1 semaine, +13 en 2 semaines) des Français se disent opposés à la réforme des retraites annoncée par le gouvernement, dont 32% (+3) plutôt opposés et 40% (+3 en 1 semaine, +18 en 2 semaines) très opposés. A l’inverse, 27% (-7) sont favorables, dont 22% (-6) plutôt favorables et 5% (-1) très favorables.
L’opposition à la réforme progresse fortement en 1 semaine et devient pour la première fois majoritaire chez les retraités (59%, +13).
Elle reste stable à un niveau très élevé chez les actifs (78%, +2) et en particulier chez les professions intermédiaires (81%, -1) et les employés/ouvriers (80% ,+1).
Le clivage politique demeure entre les électeurs d’Emmanuel Macron majoritairement favorables à la réforme (68% favorables, -4) et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (88% opposés, =), de Marine Le Pen (82%, +3) et des abstentionnistes (82%, +8) opposés.
Une opposition motivée avant tout par le contenu de la réforme plutôt que par la simple opposition à l’exécutif
Parmi les Français opposés à la réforme, 84% (soit 60% de l’ensemble des Français) disent que leur opposition est avant tout une opposition au contenu de la réforme, contre 16% (soit 12% des Français) une opposition à Emmanuel Macron et au gouvernement d’Elisabeth Borne.
Une réforme de plus en plus perçue comme injuste, inefficace pour assurer la pérennité du système et jugée pas nécessaire par une majorité
Concernant la réforme des retraites annoncée par le gouvernement :
- 74% (+10 en 1 semaine, +16 en 2 semaines) des Français l’estiment injuste, contre 19% (-8) juste
- 62% (+5 en 1 semaine, +11 en 2 semaines) considèrent qu’elle est inefficace pour assurer la pérennité du système de retraites, contre 30% (-2) efficace
- 54% (+1) la jugent pas nécessaire, contre 39% (+1) nécessaire
Le jugement sur la réforme se dégrade fortement chez les retraités : une majorité d’entre eux la perçoit désormais comme injuste (61%, +19) et de plus en plus comme inefficace pour assurer la pérennité du système (47%, +12) et pas nécessaire (40%, +5). Les actifs demeurent quant à eux très critiques (79% injuste, 69% inefficace, 60% pas nécessaire).
Autre évolution notable cette semaine : la perception d’une réforme injuste est en forte hausse chez les électeurs d’Emmanuel Macron (40%, +13).
« Cette réforme a été démocratiquement présentée et validée » : 71% des Français en désaccord avec l’argument prononcé par Emmanuel Macron
A la lecture de cette phrase prononcée il y a quelques jours, 71% des Français estiment qu’Emmanuel Macron a tort, il a été élu pour d’autres raisons notamment pour « faire barrage » à Marine Le Pen, il est faux de dire que la réforme est démocratiquement validée. A l’inverse, 28% estiment qu’il a raison, la réforme était dans son programme et puisqu’il a été élu, on peut considérer qu’elle est démocratiquement validée.
Seuls les électeurs d’Emmanuel Macron lui donne raison (69%), le désaccord est majoritaire dans toutes les autres catégories de population et électorats.
L’approbation de la mobilisation contre la réforme progresse fortement (64%, +8 en 1 semaine)
64% (+8 en une semaine) des Français approuvent la mobilisation contre la réforme des retraites, dont 40% (+1) la soutiennent et 24% (+7) en ont de la sympathie. A l’inverse, 22% (-7) désapprouvent, dont 14% (-2) y sont opposés et 8% (-5) hostiles. Enfin, 14% (-1) des Français déclarent être indifférents.
L’approbation de la mobilisation contre la réforme progresse fortement en 1 semaine et devient majoritaire chez les retraités (55%, +15) et reste largement majoritaire chez les actifs (69%, +4).
D’un point de vue politique, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (83%), de Marine Le Pen (71%) et les abstentionnistes (71%) soutiennent ou éprouvent de la sympathie pour les mobilisation. La désapprobation reste majoritaire mais recule fortement chez les électeurs d’Emmanuel Macron (46%, -12) au profit de l’approbation (36%, +8).
Pour s’opposer à la réforme du gouvernement, une majorité de Français comprendrait le blocage du pays
57% (+2 points en 1 semaine) des Français déclarent qu’ils comprendraient que les grévistes bloquent le pays, car c’est le seul moyen pour que le gouvernement retire ou modifie sa réforme des retraites. A l’inverse, 42% (-2) ne comprendraient pas que les grévistes bloquent le pays, et n’approuvent pas ce type d’action.
Les actifs (64%, +1), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (85%, +7) et de Marine Le Pen (69%, +2) comprendraient que les grévistes bloquent le pays.
Le rejet de ce type d’action reste majoritaire, malgré une baisse sensible, chez les retraités (56%, -7) et chez les électeurs d’Emmanuel Macron (79%, -1).
Pour autant, une majorité pense que la réforme sera votée et appliquée
71% (-4 en 2 semaines) des Français pensent que la réforme des retraites annoncée par le gouvernement sera votée et appliquée, une opinion qui demeure majoritaire au sein de toutes les catégories de population y compris chez les opposants à la réforme (66%).
A l’inverse, 28% (+4) pensent qu’elle sera retirée face aux contestations, une opinion en hausse chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (42%, +10), chez les retraités (29%, +10) et chez les Français qui soutiennent (item « vous la soutenez ») la mobilisation (39%, +4).
1er opposant à la réforme : si aucune personnalité syndicale ou politique ne se détache clairement, P. Martinez (32%) devance M. Le Pen (25%), J.-L. Mélenchon (22%) et L. Berger (18%)
32% des Français considèrent que Philippe Martinez (CGT) est la personnalité qui incarne le mieux l’opposition à la réforme des retraites, il devance légèrement Marine Le Pen (RN, 25%), Jean-Luc Mélenchon (LFI, 22%) et Laurent Berger (CFDT, 18%).
P. Martinez arrive en tête des 4 personnalités testés chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (44%, juste devant ce dernier à 41%) et d’Emmanuel Macron (40%). Marine Le Pen incarne le mieux l’opposition aux yeux de ses électeurs (65%).
Les actifs sont très partagés entre M. Le Pen (30%), P. Martinez (28%) et J.-L. Mélenchon (25%) tandis que chez les retraités, P. Martinez se détache (47%).
Les Français ont plutôt une bonne connaissance de la réforme, de ses modalités et de ses conséquences pour les futurs et actuels retraités
20% des Français déclarent très bien la connaitre la réforme des retraités prévue par le gouvernement et ses modalités, 68% dans les grandes lignes mais pas vraiment dans le détail et 11% ne pas la connaitre.
Ce ressenti est assez conforme à la réalité. En effet, pour déterminer « objectivement » le niveau de connaissance des Français, les personnes que nous avons interrogées ont été invitées à répondre à un quizz (plusieurs réponses proposées) sur 5 modalités de la réforme : l’âge légal de départ, la durée de cotisation, les carrières longues, les petites pensions et les régimes spéciaux.
Voici les résultats :
- Modalité phare de la réforme, l’augmentation de l’âge de départ à la retraite à 64 ans est connu par une large majorité de Français (79%)
- La fin de plusieurs régimes spéciaux dont la RATP, des industries électriques/gazières et de la Banque de France est une modalité bien identifiée par une majorité (55%, 18% pensent qu’elle ne changera rien, 27% ne savent pas)
- Une majorité relative (45%) de Français a connaissance du fait que la hausse à 1200€ brut du minimum de la pension pour une carrière complète concerne les nouveaux et les retraités actuels mais 30% pensent que cela concerne uniquement les nouveaux et 21% ne savent pas
- La réforme prévoit qu’une personne ayant commencé à travailler avant 20 ans pourra partir en retraite complète à l’âge de 62 ans (contre 60 actuellement) : cet élément est connu par 43% des Français (26% surestiment et répondent 63 ans, 15% sousestiment en répondant un maintien à 60 ans, 16% ne savent pas)
- L’allongement de la durée de cotisation à 43 ans (contre 42 ans aujourd’hui) pour une pension « à taux plein » suscite plus d’imprécisions : 35% ont la bonne réponse, 34% surestiment (44 ans), 11% sousestiment (maintien à 42 ans) et 20% ne savent pas
Le niveau de connaissance des opposants à la réforme est analogue à celui des soutiens (à titre d’exemple, 83% des soutiens et 77% des opposants ont donné la bonne réponse sur l’augmentation de l’âge de départ à 64 ans). Ce résultat nous indique que le rejet de la réforme n’est pas motivé par la méconnaissance de ses modalités et de ses conséquences.
De manière générale sur ces 5 questions, la réforme est mieux connue par les 50 ans et plus que par les moins de 50 ans.
Télécharger le rapport : Les Français, l’exécutif et la réforme des retraites
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