Les émeutes urbaines, le maintien de l’inflation à un haut niveau et les violents incendies dans le monde sont les événements de l’été qui ont le plus marqué les Français
Parmi une liste de 12 événements survenus pendant l’été, ceux qui ont le plus marqué les Français sont les émeutes urbaines suite à la mort de Nahel (52%) devant le maintien de l’inflation à un haut niveau (44%), l’augmentation de 10% du tarif réglementé de l’électricité au 1er août 2023 (43%), les violents incendies dans le monde (40%) et la disparition mystérieuse du petit Émile dans le hameau du Haut-Vernet (33%).
Moins d’1 Français sur 4 cite : les épisodes de canicule en France (25%, particulièrement citées dans le quart sud-est du pays par 35%), les violences à Nîmes dont le décès de Fayed 10 ans (20%) et moins d’1 sur 10 l’affaire du baiser imposé par Luis Rubiales à la footballeuse Jenni Hermoso (7%), la mort de Evgueni Prigojine, patron du groupe Wagner, dans le crash d’un avion au nord de Moscou (7%), le coup d’Etat au Niger (7%), le remaniement du gouvernement d’Elisabeth Borne (6%) et la polémique autour d’un tweet jugé antisémite du rappeur Médine et de son invitation aux journées d’été du parti EELV (3%),
Les émeutes urbaines survenues après la mort de Nahel ont été un événement marquant au sein de toutes les catégories de la population.
Le maintien de l’inflation à un niveau élevé et l’augmentation du tarif de l’électricité ont également marqué tous les pans de la société, mais particulièrement les employés/ouvriers (50% et 49%) et les habitants des communes rurales (49% et 54%).
Une rentrée face à un cumul d’inquiétudes : économique, climatique, sanitaire, sécuritaire
Les Français expriment une multitude d’inquiétudes et de peurs dans les prochains mois pour :
- Leur situation financière : voir leur pouvoir d’achat baisser (89%, dont 50% beaucoup), devoir faire des choix dans leurs dépenses qu’ils ne faisaient pas avant (84%, dont 40%)
- Les conséquences du dérèglement climatique: vivre les conséquences du dérèglement climatique (85%, dont 39%)
- Leur santé : que leur santé se dégrade (77%, dont 29%) et avoir dans son entourage proche une personne en situation de dépendance (66%, dont 25%)
- Leur sécurité : être victime (ou un de leurs proches) d’une agression (65%, dont 24%), vivre une période de guerre sur le territoire français (62%, dont 23%)
- Et leurs projets personnels (61% craignent de devoir y renoncer, dont 27%)
En revanche, l’inquiétude est moindre pour leur vie professionnelle : 41% des actifs ont peur dans les prochains moins de perdre leur emploi et 40% des Français de devoir renoncer à des projets professionnels.
Il existe une corrélation forte entre la fragilité financière et les craintes ressenties sur l’ensemble de ces sujets, et en particulier sur les inquiétudes d’ordre financier (71% des Français qui doivent se restreindre craignent beaucoup que leur pouvoir d’achat diminue, contre 34% sans se restreindre) et les projets personnels (76% craignent de devoir y renoncer, contre 50% sans se restreindre) et professionnels (55% contre 30%).
Le pouvoir d’achat reste de loin la priorité n°1 des Français, devant la sécurité en forte hausse
Le pouvoir d’achat doit rester, aux yeux des Français, la priorité n°1 de l’exécutif pour les trois prochains mois (cité par 56%, stable depuis le 7 juin 2023), il devance la sécurité en forte progression (35%, +9 depuis juin / +15 depuis avril) et la santé (31%, -3).
Près d’1 Français sur 4 citent l’environnement/écologie (25%, +1), l’immigration (25%, +2) et près d’1 sur 5 l’éducation (20%, +2), les inégalités/injustices sociales (19%, +3) et les retraites (16%, -7).
Les autres thèmes cités sont l’emploi (11%, -5), la dette publique (11%, -4), la protection sociale (9%, +2), la menace terroriste (9%, +4), la fiscalité (8%, +1), le logement (7%, -5), les inégalités hommes-femmes (5%, =), la guerre en Ukraine (4%, -2) et la place de la France dans le monde (4%, =).
Le pouvoir d’achat demeure l’enjeu prioritaire dans la plupart des catégories de population, il est particulièrement cité par les employés/ouvriers (68%), les habitants des communes rurales (64%) et les femmes (60%).
Depuis début juin, la sécurité progresse au sein de toutes les catégories de population et électorats : électeurs de Marine Le Pen (43%, +11), d’Emmanuel Macron (38%, +22), de Jean-Luc Mélenchon (19%, +14) et chez les abstentionnistes (33%, +14).
Gérald Darmanin : 41% des Français jugent qu’il est un bon ministre de l’Intérieur, en hausse depuis mai (+5)
41% (+5 depuis le 24 mai) des Français estiment que Gérald Darmanin est un bon ministre de l’Intérieur, dont 38% (+6) assez bon et 3% (-1) très bon. A l’inverse, 57% (-6) considèrent qu’il est un mauvais ministre de l’Intérieur, dont 38% (-1) assez mauvais et 19% (-5) très mauvais.
Le regard porté sur le ministre de l’Intérieur progresse principalement chez les 65 ans et plus (56%, +14), chez les sympathisants LR (76%, +29) et dans une moindre mesure chez les électeurs de Marine Le Pen (36%, +16). Il conserve le soutien des électeurs d’Emmanuel Macron (74%, +5).
Mais les Français dressent un bilan négatif de son action
Entre 7 et 8 Français sur 10 dressent un bilan négatif de l’action de Gérald Darmanin en matière de violences urbaines (77% mauvais), trafics de drogues (76%), agressions physiques dans la rue (75%), vols à l’arraché dans la rue (75%), agressions sexuelles et sexistes (73%), vols de voitures, de moto ou de vélo (72%) et cambriolages (72%). Les électeurs d’Emmanuel Macron et les sympathisants LR dressent un bilan mitigé : près d’1 sur 2 estime que son bilan est positif. Les autres électorats se montrent très critiques.
Des Français sceptiques après la rentrée politique de Gérald Darmanin
74% des Français considèrent que Gérald Darmanin ne serait pas un bon candidat à l’élection présidentielle (dont 43% pas du tout d’accord) et 68% qu’il ne pourrait pas battre Marine Le Pen (dont 34% pas du tout d’accord).
Les électeurs d’Emmanuel Macron (49% bon candidat et 55% pourrait battre Marine Le Pen) et les sympathisants LR (52% et 55%) sont partagés sur cette question. Les électeurs de Marine Le Pen se montrent particulièrement sceptiques sur sa capacité à la battre (85% non).
Pour 72% des Français, Gérald Darmanin est une personnalité politique qui ne comprend pas les classes populaires (dont 36% pas du tout), une opinion partagée par les employés/ouvriers (72% ne comprend pas).
D’un point de vue politique, une courte majorité d’électeurs d’Emmanuel Macron (51% comprend) et de sympathisants LR (59%) pensent qu’il comprend les classes populaires, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (84% ne comprend pas) et de Marine Le Pen (81%) ne partagent pas cet avis.
Pour les Français et pour les électeurs d’Emmanuel Macron, Edouard Philippe serait le meilleur successeur du Président dans son camp, il devance Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Gabriel Attal
Aux yeux des Français, le meilleur successeur d’Emmanuel Macron dans son camp politique serait Edouard Philippe (31%) qui devance nettement Bruno Le Maire (16%), Gérald Darmanin (12%), Gabriel Attal (11%), François Bayrou (6%), Elisabeth Borne (5%) et Jean Castex (5%). A noter toutefois que 49% des Français pensent qu’aucune de ces personnalités ne serait un bon successeur.
La hiérarchie est identique chez les électeurs d’Emmanuel Macron (E. Philippe 53%, B. Le Maire 34%, G. Darmanin 26%, G. Attal 17%) et chez les sympathisants LR (E. Philippe 44%, B. Le Maire 29%, G. Darmanin 22%, G. Attal 21%).
Abaya : plus de 6 Français sur 10 considèrent que c’est un signe religieux
63% des Français estiment que l’abaya est un signe religieux, 16% pensent que ce n’est pas un signe religieux et 21% n’ont pas d’avis.
D’un point de vue politique, l’abaya est considérée comme un signe religieux pour une large majorité d’électeurs d’Emmanuel Macron (79%) et de Marine Le Pen (74%), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont quant à eux plus partagés (47% oui, 33% non).
Si les 35 ans et plus semblent convaincus du caractère religieux de l’abaya (69%-77% oui), les 18-24 ans (31% oui, 31% non, 38% nsp) et dans une moindre mesure les 25-34 ans (41% oui, 21% non, 38% nsp) sont plus partagés.
7 Français sur 10 approuvent la décision de Gabriel Attal d’interdire le port de l’abaya dans les établissements scolaires
71% des Français jugent que la décision prise par le ministre de l’Education Nationale Gabriel Attal d’interdire le port de l’abaya dans les établissements scolaires est une bonne décision, dont 50% une très bonne décision et 21% une plutôt bonne décision. A l’inverse, 16% estiment qu’il s’agit d’une mauvaise décision, dont 10% une plutôt mauvaise décision et 6% une très mauvaise décision. 13% n’ont pas d’avis.
Cette décision est largement approuvée par les électeurs d’Emmanuel Macron (87%) et les électeurs de Marine Le Pen (86%), et de manière moins unanime chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (55% bonne décision, 35% mauvaise décision).
D’un point de vue générationnel, les 18-24 ans sont très partagés (41% bonne décision, 38% mauvaise décision), l’approbation est plus élevée chez les 25-34 ans (50% bonne, 24% mauvaise) et devient largement majoritaire après 35 ans (73%-84% bonne).
Mais 57% pensent que cette interdiction ne sera pas réellement appliquée
Dans le détail, 57% pensent que cette interdiction ne sera pas réellement appliquée, contre 43% qu’elle sera appliquée. Les électeurs d’Emmanuel Macron (61%) et les sympathisants LR (64%) pensent en majorité que cette mesure sera appliquée, le scepticisme l’emporte au sein de tous les autres électorats.
Près de 3 Français sur 4 approuvent la décision de Gabriel Attal de décaler les épreuves de spécialité du bac de mars à juin
73% des Français estiment que la décision de Gabriel Attal de décaler les épreuves de spécialité du baccalauréat de mars à juin est une bonne décision, dont 35% une très bonne décision et 38% une plutôt bonne décision. A l’inverse, 12% jugent que c’est une mauvaise décision, dont 8% une plutôt mauvaise décision et 4% une très mauvaise décision. 15% des Français n’ont pas d’opinion.
Une décision largement soutenue au sein de toutes les catégories de population et électorats, y compris par les parents de lycéens (76%).
Si une majorité de Français dit aller bien personnellement, ils sont très pessimistes sur la situation du pays
Si une majorité (68%) de Français estiment qu’ils vont bien à titre personnel, ils ont un regard beaucoup plus sombre sur la situation du pays : 79% estiment qu’il ne va pas bien, dont 54% pas très bien et 25% pas bien du tout.
En croisant les résultats de ces deux questions, 4 groupes de Français se distinguent :
- Le pays ne va pas bien mais je vais bien (51%)
- Le pays ne va pas bien et je ne vais pas bien (28%)
- Le pays va bien et je vais bien (18%)
- Le pays va bien mais je ne vais pas bien (2%)
La situation financière en fin de mois impacte très fortement le bien-être individuel : 86% des Français qui bouclent leurs fins de mois sans se restreindre disent aller bien, contre seulement 45% des Français qui doivent se restreindre.
Le sentiment que le pays ne va pas bien est largement majoritaire dans tous les pans de la société, y compris chez les électeurs d’Emmanuel Macron (62%) et parmi les Français qui bouclent leurs fins de mois sans se restreindre (75%). Les électeurs de Marine Le Pen ont un regard particulièrement pessimiste (91% ne va pas bien, dont 36% pas bien du tout).
Les Français abordent cette rentrée avec un état d’esprit encore plus morose que l’année dernière
La lassitude (52%, +8 points par rapport au 24 août 2022), la nostalgie (43%, +3), la tristesse (38%, +7), la colère (38%, +12) et la peur (29%, +4) sont les qualificatifs les plus cités par les Français pour décrire leur état d’esprit en cette rentrée. Ils devancent nettement des mots positifs : la confiance (23%, -7), la satisfaction (22%, -6) la sérénité (22%, -8).
La morosité traverse toutes les catégories de population. En 1 an, elle a particulièrement augmenté au sein des catégories populaires : colère (40%, +15), tristesse (41%, +14), peur (35%, +11).
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